La méticuleuse destruction du marché immobilier se poursuit

La destruction du marché immobilier est, pour Simone Wapler, la conséquence inévitable d’un cercle vicieux entretenu par la puissance publique.

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La méticuleuse destruction du marché immobilier se poursuit

Publié le 7 juin 2023
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La méticuleuse destruction du marché immobilier se poursuit.

Les propriétaires bailleurs viennent de prendre un nouveau coup avec la prolongation du blocage des indices d’indexation des loyers.

À la sauvette, sans débat, le plafonnement de revalorisation de la variation annuelle des indices locatifs a été prolongé par l’Assemblée nationale selon la proposition de loi adoptée fin mai.

Cette mesure figurait déjà dans la loi pouvoir d’achat parmi celles portant sur « la protection du niveau de vie, sur la protection du consommateur et sur la souveraineté énergétique » promulguée en 2022.

L’évolution des indices de référence des loyers (IRL et ILC) était plafonnée à 3,5 % jusqu’au deuxième trimestre de l’année 2023. Dit autrement, si vous aviez à réviser un loyer, l’augmentation ne pouvait pas excéder 3,5 %.

Voici l’évolution de l’IRL publiée par l’INSEE :

Comme vous pouvez le constater sur l’année 2022, la progression de l’IRL a bien été plafonnée à 3,5 %. Dans le même temps, le taux d’inflation se montait à 5,2 %. Autant de rendement perdu pour le propriétaire bailleur.

La situation est similaire pour les loyers commerciaux.

Le député Renaissance rapporteur de cette loi, Thomas Cazenave, a donc réussi à faire prolonger d’un an les blocages « temporaires », au motif de protéger les locataires des hausses des prix.

 

Un vilain diable dans les détails : la falsification des indices

Notez qu’un gouvernement moins malhonnête dans sa communication aurait pu décréter de plafonner les augmentations de loyer sans pour autant demander à l’INSEE de publier un indice ne correspondant plus à aucun calcul. Ainsi les choses eussent été plus transparentes.

Plus il dure, plus la sortie de ce dispositif serait douloureuse pour les locataires. Car si l’INSEE reprend ses calculs sur les mêmes bases qu’au début de 2021, les indices des loyers devraient faire un bond très important pour recoller à l’indice des prix.

Mais je doute que la sortie se fasse dans des conditions honnêtes… pour les propriétaires.

Macron n’aime pas l’immobilier, contrairement aux Gaulois réfractaires. Il a maintenu l’impôt sur la fortune pour la pierre seulement et c’est ainsi que l’ISF est devenu IFI (comme fortune immobilière).

Les gouvernements Macron – comme d’ailleurs les gouvernements précédents – n’aiment pas non plus les propriétaires bailleurs. Ils sont réputés riches et il est bien connu qu’en France un riche est nécessairement quelqu’un qui, d’une façon ou d’une autre, a exploité des plus faibles que lui. En outre, le propriétaire bailleur ne doit pas se plaindre, car il est riche de plus-values fictives qui lui tombent du ciel grâce à la hausse vertigineuse de l’immobilier.

 

La destruction du marché immobilier par la planche à billets et les encadrements de loyer

La hausse de l’immobilier est essentiellement due à la politique de création monétaire et de manipulation des taux à la baisse. Elle pousse bien évidemment à la hausse les loyers puisque les propriétaires investisseurs entendent bien évidemment obtenir un rendement de leur épargne placée ainsi.

Poussant aussi au renchérissement, sont venues s’ajouter plus récemment une multitude de normes énergétiques ou de sécurité qui augmentent encore le coût de l’habitat. Selon le rapport d’Olivier Sichel, directeur général délégué de la Caisse des Dépôts et directeur de la Banque des Territoires, passer d’une catégorie F ou G à C ou B coûte 25 000 euros pour un appartement en logement collectif et 46 000 euros pour une maison. Malgré les « aides » de l’État, la facture à charge du propriétaire bailleur reste très lourde.

Pour retrouver un peu de rentabilité, beaucoup de propriétaires qui le pouvaient se sont tournés vers les locations saisonnières, locations de courte durée, Airbnb et équivalents. Face à la grogne des habitants non saisonniers qui éprouvent des difficultés à se loger, les mairies ont recours à des solutions coercitives qui vont continuer à aggraver la crise de l’immobilier.

Face aux effets pervers des politiques monétaires et publiques, la solution est toujours la même : encadrements, réglementation, blocage. Sans oublier la nationalisation du marché locatif d’habitation, l’ambition étant de proposer le plus de « logements sociaux » possibles.

Dans le cas de l’immobilier et de la mainmise de l’État sur le parc locatif d’habitation, on peut s’attendre à une crise encore plus grave que celle des hôpitaux publics. Dans ce dernier cas, au moins, les services des hôpitaux privés continuent à fonctionner, ne coûtent pas plus chers aux patients et ne pèsent pas sur les contribuables.

« Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ».

Cette citation apocryphe de Bossuet devrait figurer sur le bureau de chaque élu et de chaque fonctionnaire qui s’apprête à corriger un effet pervers d’une mesure qu’il a instaurée.

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  • Si le gouvernement veut baisser les loyers, il n’a qu’à baisser les taxes qui peuvent s’élever à plus de 50% (CSG + Impôt sur le revenu).
    Bloquer les loyers implique une dégradation de l’immeuble puisque ses charges et particulièrement celles du syndic, du gardien, du plombier, etc suivent l’inflation et sont même taxées à plus de 50% avec les charges URSSAF, TVA, etc.
    Les bailleurs professionnels (AXA, BNP, …) n’investissent plus en France. Donc la source de financement se tarit au profit de l’immobilier du reste de l’Europe.

  • J’ai un immense respect pour vous et pour votre travail, Madame Wapler, mais j’ai quand même l’impression qu’avec cet article, on tourne en rond, on rabâche sans cesse les mêmes arguments. Il n’y a à ce point personne dans ce pays capable d’émettre des idées neuves? Certes on pourra me retourner ce commentaire contre moi-même, je ne vaux sans doute pas mieux que les autres!

    @JR: Baisser les taxes? Vous n’y songez pas sérieusement? S’il faut en échange couper dans les prestations sociales, comment voulez vous ensuite que ces pauvres politiciens assurent leur réélection? Car ne nous y trompons pas, le coeur de métier des politiciens, qu’ils soient de gauche, de droite, ou de je ne sais où, c’est de gagner des élections. Tout le reste n’est qu’accessoire. Une fois qu’on a admis ça, on comprends mieux la politique de ce pays.

    • Je suis tout à fait en accord avec vos remarques.

    • Il y a un air de déjà vu mais l’article a toute sa place dans un contexte où le gouvernement vient justement d’annoncer des mesures sur l’immobilier.

      Cela montre que finalement la situation ne peut que s’aggraver malgré les discours récents et alors que le blocage des loyers non seulement ne coute rien à l’Etat mais en plus constitue un manque à gagner.

  • L’ UE fait la Loi. Il ne reste qu’ à publier dans le JO du Portugal le même plafonnement des bails.
    Coïncidence ?

    -1
  • Avatar
    The Real Franky Bee
    7 juin 2023 at 15 h 08 min

    L’immobilier français est une véritable bombe à retardement, et pas uniquement d’un point de vue financier. L’envolée des prix entraînée par la politique monétaire hyper-laxiste des vingt dernières ainsi que les mesures d’aide à l’achat en tout genre, rend de plus en plus compliqué le financement de la rénovation des biens, ce qui fait que beaucoup de logements (payés à prix d’or) sont dans un état de plus en préoccupant (et c’est parfois sous la surface qu’il faut gratter pour s’en apercevoir). Bombe à retardement enfin d’un point de vue social, avec d’un côté le sentiment d’étouffement côté locataires, et de l’autre l’exaspération croissante de propriétaires de plus en plus contraints par un État tout-puissant qui n’assume pas les choix politiques passés.

    • L’exaspération des propriétaires est bien faible par rapport à ce qu’elle devrait logiquement être. 58% des ménages seraient propriétaires de leur logement, ces gens ne votent-ils donc pas ?

  • Et vous avez oublié le projet de loi déposé le 10 mai 2023 qui prévoit un contrôle technique périodique des bâtiments avec appropriation du foncier par l’Etat pour payer les travaux en vous faisant payer un loyer pour le foncier.

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