Le gaspillage de l’argent public, grand absent de la croisade gouvernementale contre les fraudes

Alors que le gouvernement lance une grande opération de communication contre les fraudes, la problématique majeure du gaspillage des dépenses publiques est complètement occultée.

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Le gaspillage de l’argent public, grand absent de la croisade gouvernementale contre les fraudes

Publié le 13 mai 2023
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La dernière croisade gouvernementale contre les fraudes n’est que de la poudre aux yeux. Cette opération de propagande masque l’essentiel : l’indispensable réduction des dépenses publiques, à commencer par le gaspillage.

Le parti du « en même temps » a fait monter au créneau Gabriel Attal, ministre des Comptes publics, pour une grande opération de com’. Oyez, oyez, braves gens, une croisade contre les fraudes fiscales et sociales débute ! Bercy aura sa propre cellule de renseignements.

Les étatistes de gauche sont contents, la traque aux riches reprend.

« En même temps », les étatistes de droite sont satisfaits, la traque aux allocations indues devient à l’ordre du jour.

Gabriel Attal sur BFMTV le 18 avril 2023 :

« J’ai proposé à l’ensemble des groupes parlementaires de l’Assemblée nationale et du Sénat de participer à l’élaboration d’un plan. Je le présenterai dans les prochaines semaines avec des mesures fortes pour lutter davantage contre la fraude fiscale et sociale dans notre pays. »

Certes, la balance penche un peu plus en faveur des étatistes de gauche :

« Chaque fraude fiscale est grave, mais celle des plus puissants est impardonnable », nous dit le ministre des Comptes publics d’un gouvernement en quête d’une coalition susceptible de lui donner une majorité. La chasse aux riches est ouverte, en espérant appâter les suppôts de la Nupes.

Pour parachever la propagande, le site En avoir pour mes impôts nous est donné.

De quoi conforter le consentement à l’impôt s’il fallait rapidement augmenter la température de l’enfer fiscal pour faire face au service de la dette.

 

Fraudes contre gaspillages

Que ce soit la fraude fiscale ou sociale, les montants sont évidemment sujets à caution. Les fraudeurs tiennent rarement une comptabilité ouverte.

Pour la fraude fiscale, il s’agirait de 80 à 100 milliards d’euros annuels selon le syndicat Solidaires finances publiques (syndicats de fonctionnaires employés par les finances publiques). De l’ordre de 20 milliards, relativise Bercy qui emploie lesdits syndiqués. Pour la fraude sociale, ce serait entre 13,5 milliards et 45 milliards selon un rapport parlementaire de 2020.

La seule certitude est que pour les étatistes de gauche, la fraude fiscale surpasse la fraude sociale alors que pour les étatistes de droite, c’est l’inverse.

En revanche, aucun étatiste ne parle du gaspillage de l’argent des contribuables. Pourtant, dans ce domaine, les chiffres sont plus fiables. Malheureusement les rapports de la Cour des comptes s’empilent, année après année, suscitant au moment de leur parution quelques couinements vite oubliés et couverts par d’autres sujets sociétaux bien plus important.

Entre 2019 et fin 2022, les dépenses publiques sont passées de 53,8 % du PIB à 55,7 % du PIB. Soit 50 milliards d’euros de plus sur un montant de 1465 milliards.

Diverses associations ou médias épinglent au cas par cas des dérives ubuesques mais, hélas, aucune compilation d’ensemble n’est faite. Pourtant 10 % de gaspillage et de dépenses inutiles représentent plus de 146 milliards ; soit largement la somme des deux fraudes.

Ne serait-ce pas là qu’il conviendrait d’abord de balayer, dans la cour même de Bercy ? Une façon certainement plus efficace de s’assurer du consentement à l’impôt qu’un site élaboré par des fonctionnaires.

 

Fraude contre optimisation

« Le cash, c’est notre paradis fiscal à nous, les petits. Les gros, ils ont des avocats, des experts-comptables, des conseillers », me dit un jour un chauffeur de taxi qui s’intéressait au bitcoin.

Dans notre joyeux enfer fiscal, taxes et impôts sont devenus un maquis, une jungle impénétrable. Évidemment, ceux qui sont lourdement taxés essayent de payer moins. L’optimisation fiscale est même un devoir vis-à-vis de sa famille et de ses héritiers. Plus la fiscalité est compliquée et lourde, plus l’optimisation est possible et nécessaire.

Car il y a deux possibilités :

  1. Soit un riche l’est devenu parce qu’il a extorqué, volé, dépouillé ou profité de la gigantesque pompe étatique taxation-subvention. Dans ce cas, les lois sont mal faites et il faut les revoir.
  2. Soit le riche l’est devenu parce qu’il a vendu avec profit des produits, des services ou son travail à des gens ayant librement choisi d’échanger avec lui, et pas avec un concurrent. Pourquoi vouloir punir celui qui propose le plus d’échanges gagnant-gagnant ?

 

L’échange gagnant-gagnant est la seule façon d’enrichir la collectivité. Les étatistes sont incapables de comprendre que les richesses se créent. Pour eux, elles se prennent à d’autres. Heureusement, ce n’est pas le cas, sinon nous en serions toujours à nous partager les silex taillés et les peaux tannés de Cro-Magnon. Et les droits de succession n’auraient pas changé le problème. Ceux qui créent le plus de richesses sont plus riches que ceux qui en consomment sans beaucoup en créer. C’est normal et juste.

 

Le faux consentement à l’impôt

Comme le souligne justement Jean-Baptiste Noé dans cet article, l’impôt ne sert plus que marginalement à financer les fonctions dites régaliennes :

« … Sous le mouvement de l’État providence, à l’impôt classique, se sont ajoutées deux fonctions nouvelles : redistribution et construction.

L’impôt, particulièrement en France, contribue à niveler les populations pour créer une société la plus égalitaire possible via la redistribution (prendre aux « riches » pour donner aux « pauvres »). Il sert aussi à modifier les comportements en contrôlant et orientant les choix des individus (taxes sur les voitures dites polluantes pour limiter leur achat, taxe soda pour en décourager la consommation, etc…).

La philosophie qui sous-tend cette vision fiscale est une philosophie constructiviste qui, via l’impôt, construit l’homme pensé et voulu par l’État. »

 

Le problème est que beaucoup de ces choix de société ne sont pas clairement énoncés. Une élite dite éclairée pense que l’immigration, l’alimentation végétarienne, la gestation pour autrui, la marche vers le fédéralisme européen, etc. sont bons pour la masse. Elle va vouloir l’imposer sans le dire au motif que la masse n’est pas prête. Pour arriver à ses objectifs, cette élite taxe, mais n’est pas prête à un référendum pour faire valider son objectif : le peuple n’est suffisamment intelligent que pour élire un représentant omniscient.

Dans mon livre La Rage de l’impôt, je défends la thèse que toute taxe ou impôt qui ne sert pas l’intérêt général est inique.

La place que nous voulons accorder à l’État est primordiale dans la réflexion sur les impôts. Elle n’est jamais posée en France.

Chacun a certainement son dada, la cause qui lui tient à cœur, et dont il aimerait que l’État s’occupe. Mais la seule cause qui soit commune à tous les êtres, sans exception, la seule cause unanime, est celle des droits naturels : liberté, propriété, résistance à l’oppression.

Si la cause entre dans la catégorie de l’intérêt général, alors il est normal d’envisager qu’elle soit financée par l’impôt. Si elle n’y entre pas, elle doit être financée par l’initiative privée – entreprise dans le cas d’une activité rentable, ou alors mécénat et charité dans le cas contraire.

Alors, nous serons certains que chacun en aura pour ses impôts.

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  • Avatar
    Francois Brault
    13 mai 2023 at 8 h 06 min

    A visée pédagogique, je cherche toujours un volontaire pour préparer deux budgets 2019 à l’équilibre (dernière année avant covid), l’un en baissant les dépenses (et en supposant que l’on peut licencier les fonctionnaires), l’autre en augmentant les impôts.

  • Le gouvernement ne fait que de la com., le gaspillage public est sans commune mesure avec la fraude fiscale, par ailleurs déjà bien mieux cernée qu’auparavant. Le ramassage des ordures à Paris coûte 3 fois plus cher lorsqu’il est effectué par le public, la comparaison est simple puisque certains arrondissements sont ramassés par le privé. Un élève du public coûte 2 fois plus cher qu’un élève du privé. Et partout des services publics défaillants coûtent excessivement chers : surnombre de fonctionnaires non formés entraînant une incompétence notoire sauf bonne volonté individuelle (ça existe encore un peu), incompétence, gaspillages, interventions dans des domaines qui ne regardent pas la collectivité publique (exemple : subventions de la ville de Paris à des associations sans lien avec le service public, à l’outre-mer ou à l’étranger…).
    Lorsque nous allons rencontrer le mr de la dette, le gouvernement qui ne gère qu’à court terme en achetant des voix va se faire très mal, nous n’en sommes malheureusement qu’au début.

  • Avatar
    jacques lemiere
    13 mai 2023 at 9 h 03 min

    le terme de gaspillage conduit à une impasse…

    un gaspillage est constatable quand on a d’un part un objectif à atteindre et que l’on connait un moyen moins couteux de l’atteindre que celui qu’on utilise…
    le concept de gaspillage est soit technique soit subjectif..

    mais tiens prenez la justice ou encore la défense….
    les gaspillages sont facilement nanifiés par des objectives stupides… reposant sur des spéculations douteuses…
    tiens se préparer ou non à une guerre symétrique…

    -3
  • IL faut surtout revenir sur cette décentralisation ratée et ruineuse
    3 millions de fonctionnaires territoriaux , avec moult doublons, alors que l’on manque d’infirmières, de policiers et de magistrats . Mais là on touche à des acquis fortement enracinés avec des statuts en béton où le cantonnier (que je respecte et qui n’y est pour rien) est fonctionnaire à vie. Pour être maire d’une grande ville avec des budgets considérables, il n’est besoin d’aucun diplôme. Ajoutez y une dose de copinage , d’idéologie, voire de corruption, le contribuable peut payer ad infinitum. Il n’y a en plus aucune volonté de régler cette question. Voir ce qui s’est passé à Lyon où l’association de contribuables Canol a fini par jeter l’éponge.

  • Où voyez vous de l’argent gaspillé par l’État ? L’État sait dépenser à bonne escient.
    Les dos d’âne à 20.000€ tous les 100m ainsi que les ronds points à 1 million d’€ tous les 300m sont pour le bien de tous.
    L’allocation du RSA à vie pour les personnes sans formation dont les jobs sont donnés aux immigrés est pour le bien de tous.
    Le niveau le plus bas de l’OCDE de notre éducation est pour le bien de tous.
    La mise en liberté de délinquants multirécidivistes qui frappent des mamies pour voler 20€ montre que la justice est pour le bien de tous.
    La clémence pour les saccageurs dans les manifestations est pour le bien de tous.
    La tranquilité dont bénéficie les dealers dans les quartiers est pour le bien de tous.
    Les subventions aux migrants sont pour le bien de tous.
    Bref. Je ne vois absolument pas de quoi vous parlez.

    12
  • Une fois établi ce constat indiscutable, que faire ? Attendre l’effondrement final ? Le gouvernement par l’empire le mieux placé ?

    • Non pas besoin d’en arriver là je pense. Il suffit de se poser les bonnes questions. Affirmer que le problème est lié aux étatistes revient à dire que la pluie vient des nuages, ce qui ne nous avance pas beaucoup car d’où viennent ces nuages de pluie ? C’est un raisonnement circulaire.
      Alors d’où viennent les étatistes ?
      Il y a évidemment plusieurs conditions nécessaires pour former de beaux et gros nuages de pluie. Une des principales qui fournit l’humidité à l’atmosphère est l’évaporation/transpiration. Pour les étatistes, la cause principale de leur sur-représentation est le régime présidentiel au suffrage universel direct avec les pouvoirs ad hoc. Gardons pour le Président un rôle de représentation principalement. Parce qu’un tel point central, aussi bien dans la lutte pour s’en emparer (incarnation) que dans sa pratique (divination) donne nécessairement le résultat auquel nous assistons. Un homme qui décide de tout ne peut jamais rien trancher disait Revel.
      L’Etat étant identifié à un seul homme, le citoyen se voit privé de ses responsabilités politiques et civiles : la technocratie a les coudées franches pour construire « un monde imaginaire où les individus sont contribuables, automobilistes, piétons, assujettis à la sécurité sociale, usagers du métro, visiteurs de musée ou de zoo, jamais citoyens responsables» pour citer G. Koenig.

      • Les étatistes sont en majorité « écrasante » depuis longtemps dans un pays qui, sauf quelques parenthèses de courte durée, a toujours embrassé un pouvoir exécutif autocratique pour ne pas dire fasciste. Et les déconvenues, obligatoires, n’ont pas empêché le bon peuple de remettre ça (ce qui n’est d’ailleurs pas un signe d’intelligence).

  • Le poids des mots:
    La fraude c’est honteux (frauder les aides sociales).
    La résistance c’est vertueux (résister à la spoliation fiscale).
    Mais le résistant minoritaire est qualifié d’infame fraudeur pour plaire aux parasites jaloux qui exigent cette démocratique spoliation.
    Et comment qualifier ce trucage des dépenses publiques seulement utiles à s’acheter toujours plus de suffrages?

  •  » Bercy aura sa propre cellule de renseignements.  »
    Une cellule pour rechercher les incompétences dans ce lieu serait source d’économies.
    Une cellule de formation économique des élus par de véritables responsables d’entreprises permettrait de faire beaucoup de progrès pour le profit de tous . Comprendrez peut-être mieux les conséquences de leurs votes sensés nous représentés.
    Nous sommes en pleine déclaration des revenus 2022 . Ubuesque Déclaration 2042 RICI Réductions et crédits d’impôts . Rubrique : Services à la personne, emploi à domicile = 28 cases possibles !!!!
    Cette déclaration comporte 12 pages !!!!
    Qui sont les auteurs d’une telle usine à gaz ? Les bénéficiaires des régimes spéciaux intouchables
    Emploi à vie, Calcul très avantageux , réversion sans limite de ressource etc.
    Les élus bénéficiant de beaucoup d’avantages similaires se contentent du silence .

  • Avatar
    francois vissac
    14 mai 2023 at 18 h 13 min

    Excellent article. Après je pense que la lutte contre le changement climatique et la sortie des énergies carbonés qui nous sera imposée de toute façon par la physique (épuisement des stocks) entre dans le cadre de l’intérêt général.

    -1
  • Les commentaires sont fermés.

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