[Entretien Liber-thé] Alain Laurent : « Nous vivons désormais dans un climat général d’irresponsabilité.»

Entretien de Liber-thé avec avec Alain Laurent : une réflexion sur la perte de la valeur de la responsabilité individuelle.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 3

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

[Entretien Liber-thé] Alain Laurent : « Nous vivons désormais dans un climat général d’irresponsabilité.»

Publié le 30 avril 2023
- A +

Chaque semaine, Contrepoints publie un nouvel entretien vidéo proposé par Liber-thé.

 

En France, chaque année, environ 20 millions de rendez-vous médicaux ne sont pas honorés. Mais pourquoi ?

Selon Alain Laurent, philosophe et essayiste, cet exemple illustre une tendance plus générale, la déresponsabilisation des citoyens.

Dans une interview avec le média Liber-thé, disponible ci-dessous, il démontre comment la valeur de la responsabilité individuelle a perdu en importance, en laissant croire que les individus peuvent se comporter comme ils le souhaitent, sans conséquence pour la communauté.

 

Alain Laurent est un philosophe et essayiste français, ainsi que le directeur des collections aux éditions Les Belles Lettres. Il est connu pour son expertise des différents penseurs libéraux ainsi que pour son analyse du concept d’individualisme. Dans son dernier livre Responsabilité – Réactiver la responsabilité individuelle, il soutient que la responsabilité individuelle est une valeur essentielle de la vie en société, mais que différents courants de pensée ont affaiblie. Et si la déresponsabilisation générale des citoyens était la source de certains problèmes contemporains, comme les comportements dangereux au volant ?

Dans cette interview, il cherche à éclairer ce phénomène de société et réfléchit aux possibles solutions.

Comment expliquer, que chaque année, les secours doivent intervenir afin de sauver des randonneurs peu préparés qui se décident à gravir le Mont-Blanc en baskets et en T-shirt ? Alain Laurent dénonce avec véhémence ce genre de comportements : « Nous vivons désormais dans un climat général d’irresponsabilité. »

Durant l’entretien, le philosophe aborde les raisons derrière ce changement de paradigme vis-à-vis de la responsabilité. Selon lui, deux courants de pensée ont contribué à cette tendance :

  1. Le sociologisme, qui prétend que nous sommes tous déterminés par des facteurs sociaux.
  2. Certains neuroscientifiques, qui affirment que nous ne prenons jamais de décision individuelle et lucide.

 

Ce scepticisme envers la responsabilité est partagé par la plupart des personnalités publiques et médiatiques, qui pourtant, encouragent en même temps « une culpabilisation des individus qui se sentent coupables de tous les malheurs du monde ». Il note que la gestion de la pandémie a laissé des traces importantes sur la responsabilisation des individus face aux événements imprévus. La tolérance au risque est moins élevée que par le passé.

Alain Laurent nous éclaire sur un phénomène de société inquiétant. Dans cet entretien, il explique et complète les propos de son dernier livre avec différentes anecdotes et exemples et nous amène à nous demander si, comme il le dit « dans une société où on pense la voiture autonome, il ne serait pas essentiel de promouvoir aussi l’humain autonome ? »

Voir les commentaires (20)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (20)
  • « gravir le Mont-Blanc en baskets et en T-shirt ». Et pourquoi pas? Si le randonneur le souhaite? Le hic, c’est qu’il ne paye pas pour le sauvetage, car la santé, c’est « gratuit ». Et que donc pour corriger cet effet pervers il y a des contrôles de police pour vous empêcher de le faire si vous n’êtes pas « bien préparé ». Et que donc il a été défini ce que signifie « être bien préparé », avec des choses bien précises. Et que donc ces choses bien précises (accès au refuge du Gouter, guide de haute montagne etc) ont vu leurs prix exploser. Maintenant, la seule question qui se pose est: à quand la subvention?

    • « Et pourquoi pas? Si le randonneur le souhaite? Le hic, c’est qu’il ne paye pas pour le sauvetage, car la santé, c’est « gratuit ». »
      Objection votre honneur! Le sauvetage d’un accidenté imprudent en montagne ne relève pas de la santé, mais de l’assurance en responsabilité civile. Donc il faut (faudrait?) bien séparer ce qui relève du « sauvetage », et ce qui relève des soins ultérieurs prodigués par l’hôpital et qui relèvent effectivement de la « santé ». ( Je mets les guillemets parce que dans une affaire où la responsabilité du patient quant à sa « santé » est engagée, l’indemnisation des divers intervenants -sauveteurs ou personnels médicaux- doit être répartie en fonction du niveau de responsabilité assumé (ou pas) par le patient secouru.

      • Ni faux ni vrai. La responsabilité civile s’entend normalement des préjudices occasionnés aux autres, c’est la raison pour laquelle les assurances auto par exemple prévoient une option protection du conducteur. On pourrait donc prévoir, si ce n’est déjà le le cas, une assurance « protection de l’assuré et des siens » adossée à la RC habitation, pour réparer toutes les bêtises que peut faire un individu. Ca risque de coûter cher …

        • Ben non, ceux qui font les bêtises ne sont jamais assurés.

        • Ben non, ceux qui font les bêtises ne sont jamais assurés.

        • Erreur, celui qui par son irresponsabilité provoque l’engagement des secours au frais du contribuable et aux risques et périls des sauveteurs a une responsabilité civile parce qu’il cause un préjudice à la société. Quant au système d’assurance que vous évoquez il existe déjà !

    • Evidemment. Le problème ce n’est pas l’individu, c’est l’état.
      Etat qui néglige ce qui devrait être son coeur de métier (la justice, la défense, etc) pour venir s’immiscer chaque jour un peu plus dans nos vies privées.

  • TL;DR
    La question des rendez-vous médicaux est un exemple très paradoxal, à un moment où il faut prendre son rendez-vous 6 mois à l’avance et où le secrétariat médical laisse sonner sans décrocher sauf la première semaine de chaque trimestre. L’irresponsabilité est un jeu de tennis auquel tous jouent, ce qui ne fait que la renforcer. Il n’y a qu’en faisant assumer de force et sans états d’âme toutes les responsabilités qu’on pourrait s’en sortir, mais on n’en prend pas le chemin.

    • Comment Michel? Vous ne prévoyez pas 6 mois à l’avance quelle maladie vous allez bien pouvoir attraper? Quelle imprévoyance! Enfin, si vous voulez que l’Etat nounou vous prenne en charge correctement, mettez y du vôtre que diable! Vous semblez ignorer que nos services publics sont finement planifiés et que votre inconséquence va nuire gravement à leur fonctionnement harmonieux et efficace! ( c’est de l’humour bien sûr je précise!).

      • Si, je prévois, mais les réservations ne sont ouvertes qu’entre le 1er et le 6 février pour la période d’avril à juin, pas avant. Et je reconnais que la secrétaire n’a pas la tâche facile non plus, occupée qu’elle est à recaser les rendez-vous que le médecin doit annuler la semaine prochaine pour participer à la formation de 3 jours sur le remplissage des nouveaux cerfas destinés à réduire d’un an à seulement 6 à 7 mois le délai d’obtention de la carte de stationnement bleue pour personne en situation de handicap.
        Encore une fois, ce serait pourtant si simple de faire payer en attendant les contraventions par le fonctionnaire actif de 10h30 à midi les jours impairs qui a reçu la demande et tarde à l’instruire !

  • La médecine est gratuite. Alors ça ne coûte rien de ne pas se rendre à son rendez-vous médical. Tout simplement. Quand vous avez besoin d’une pièce d’identité, vous pouvez y aller quand vous voulez et même y aller plus tard.
    Le jour où les plombiers seront payés par l’État comme les médecins, ils trouveront souvent porte close lors qu’ils viendront à un rendez-vous. C’est aussi simple que ça !
    Des solutions existent et régleraient immédiatement le problème : il suffirait que les médecins créent un fichier commun de ces personnes et refusent leurs rendez-vous. Même chose pour les restaurateurs et autres professions qui subissent ces incivilités. Mais ce serait une levée de boucliers à gauche :  » Mon pôve Monsieur, c’est pas sa faute si le jour du rendez-vous il a perdu son téléphone, il n’y avait pas de réseau, le métro à crevé un pneu, le conducteur de bus a eu une crise cardiaque et Poutine a attaqué l’Ukraine 1 an avant « . C’est donc normal qu’il n’ai pas pu se rendre ni annuler son rendez-vous !

    • Avant de faire des listes noires, il faudrait aussi valider l’info. Les mêmes médecins qui se plaignent des no-show ont tous toujours une heure de retard, une salle d’attente qui déborde dans la rue, et une réticence marquée à prendre de nouveaux patients. Donc le problème est peut-être plutôt qu’ils s’estiment (sans doute à raison) insuffisamment payés par la sécu, et qu’ils ont trouvé une astuce pour toucher un petit supplément (sans doute pas très justifié en lui-même) en accusant les supporters anglais sans billet.

      • La liste noire contiendrait d’ailleurs à 90% des CMU et des AME, et donc le gouvernement passerait un décret pour obliger les médecins à les prendre gratuitement quand même…

  • L’enfant a besoin d’être éduqué et instruit.
    On a confié l’instruction aux écoles, mais qui s’occupe encore de l’éducation ?
    Qui sait encore que l’éducation, c’est l’apprentissage de la frustration ?

    • Les écoles ne fournissent pas l’instruction puisqu’ arrivés au bac, les élève ne savent ni lire ni compter. Mais ils y sont éduqués dans le socialisme écologique, la haine du riche, le wockisme, etc. Ils sont convaincus qu’il faut moins travailler pour gagner plus et qu’un zadiste au RSA est plus heureux qu’un smicard en entreprise. Quant à la frustration, y a qu’à prendre l’argent des riches pour le distribuer.

  • La vraie source de la disparition du sens de la responsabilité c’est la notion d’Etat Providence à toutes les sauces, et pour tout. Au bout de 50 ans de ce régime, cela nous donne des nouvelles générations qui voient le monde en se disant « j’ai droit à », et une aversion maladive de toute la société à l’égard de la prise de risque au point que les politiciens démagogues ont introduit le « Principe de Précaution » dans la constitution.
    Il est là l’opium du peuple, dans la croyance que l’Etat peut tout et doit tout assurer, et cela de façon collective. C’est bien commode pour diluer l’irresponsabilité des décideurs politiques, et entretenir le bon peuple dans la soumission.

    • Pour une fois, je pense que l’Etat-providence a un rôle très secondaire par rapport à la bien-pensance associative. Les « droits à » sont d’abord le fait de tout un tas d’associations plébiscitées pour leur prétendue vertu qui viennent au secours des irresponsables. Pas la SNSM ou le secours en montagne, mais le droit au logement, au refuge, au vivre-ensemble, à l’asile, à la non-précarité, etc. Des associations que presque chacun se donne bonne conscience en aidant financièrement (surtout avec l’argent des autres) et contre lesquelles absolument personne n’ose élever la voix de peur de passer pour inhumain.

      • ces associations existent car elles sont un moyen d’action de l’Etat providence (qui les paient grassement sans aucun contrôle).

  • Je ne suis pas certain que prendre les RDV médicaux non honorés comme exemple soit pertinent quand vos RDV chez le dentiste, l’ophtalmologue, rhumatologue, etc.. est à plus de 6 mois, c’est déjà une farce!

    • La dernière fois que j’ai vu un ophtalmo, la salle d’attente était pleine, j’ai attendu 1h30. La secrétaire gênée nous disait que le docteur avait été retenu par une urgence, alors que d’autres patients évoquaient dans la salle d’attente qu’il n’apparaissait jamais avant 10h30. Quand je fus introduit dans son bureau et que j’évoquais son « urgence », il me répondait « quelle urgence? » alors que visiblement, il avait footing quotidien avant de commencer sa journée.
      Son monumental bureau était trop lourd pour que je le lui retourne sur la gueule, mais ce fut la plus grosse colère de ma vie. Je lui ai planté son RDV en l’engueulant de façon mémorable. Et comme il me courrait après pour se justifier, je lui en ai remis une devant tous les patients dont il abusait journellement de la patience.
      La désinvolture de certains toubibs qui se foutent du temps de leurs clients est aussi une incivilité inacceptable.
      Depuis, je me contente de loupes standard et je préfère entraîner ma vue plutôt que d’abuser des lunettes qui pour nombre de personnes vieillissantes ne font qu’aggraver le problème de la presbytie au fur et à mesure qu’ils en changent. La vue aussi se rééduque, soit dit en passant.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Dans Woke fiction - Comment l'idéologie change nos films et nos séries, Samuel Fitoussi* élabore une critique libérale du wokisme et de son impact sur le monde du cinéma et de la série. Un entretien réalisé par Baptiste Gauthey, rédacteur en chef de Contrepoints.

Contrepoints : Bonjour Samuel Fitoussi. Dans les dernières années, de nombreux essais politiques ont été publiés sur la question du wokisme. Pourquoi avoir choisi d’écrire sur ce sujet, et qu’est-ce qui fait l’originalité de votre ouvrage ?

Passionné de cinéma,... Poursuivre la lecture

Une nouvelle psychose collective s’est emparée des Français. Le réchauffement climatique ? Un nouveau variant de la covid ? La menace d’un conflit nucléaire ? Non ! Les punaises de lit !

Cela pourrait prêter à sourire si la séquence politique et médiatique que nous traversons ne mettait pas en lumière ce que la culture politique française fait de pire : l’addiction à l’État et le délitement de la responsabilité individuelle.

Certes, ces insectes ont un pouvoir de nuisance non négligeable. Mais était-il nécessaire de faire de l’i... Poursuivre la lecture

Image générée par IA
6
Sauvegarder cet article

Qu’est-ce que le wokisme ? Commençons par définir le terme : le wokisme est une idéologie qui perçoit les sociétés occidentales comme étant fondamentalement régies par des structures de pouvoir, des hiérarchies de domination, des systèmes d’oppression qui auraient pour but, ou en tout cas pour effet, « d’inférioriser » l’Autre, c’est-à-dire la figure de la minorité sous toutes ses formes (sexuelle, religieuse, ethnique etc.) par des moyens souvent invisibles. Le « woke » est celui qui est éveillé à cette réalité néfaste et qui se donne pour m... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles