La chute de l’empire européen, de Philippe Fabry

Retour sur La chute de l’empire européen, un livre de Philippe Fabry.

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La chute de l’empire européen, de Philippe Fabry

Publié le 19 février 2023
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« L’Histoire ne peut nous enseigner aucune règle, aucun principe ni loi d’ordre général. Il n’y a aucun moyen d’abstraire d’une expérience historique a posteriori de quelconques théories ou théorèmes concernant la conduite et les politiques humaines. » Ludwig von Mises, L’Action humaine

Philippe Fabry pratique ce qu’il appelle l’historionomie, une autre façon de lire l’histoire que celle de l’Autrichien, donc de lire le monde. À partir d’observation de récurrences historiques, cette discipline comparative conduit à des modèles.

La chute de l’empire européen est un exemple de cette démarche basée non seulement sur l’étude historique mais sur une ethnogéographie en rapport avec elle, un modèle expliquant la construction des États-nations en résulte.

 

Qu’est-ce qu’un État-nation ?

C’est une entité politique assise sur et correspondant à un espace géographique et une population circonscrite, dotée d’une certaine spécificité culturelle.

Philippe Fabry s’est intéressé surtout aux États-nations résultant d’une construction en toute autonomie sur le temps long, dont la constitution se termine par un mouvement national de révolution qui fige les frontières et scelle l’identité nationale.

Philippe Fabry observe cette construction des États-nations de l’Antiquité à nos jours. Elle s’effectue selon un schéma similaire dont le principal ressort est un déterminisme ethnogéographique, ce qu’il résume en ces termes :

« La construction d’un État-nation dure entre six et sept siècles, au cours desquels un espace ethno-géographique s’homogénéise culturellement, sous la férule d’un État impérial, c’est-à-dire de l’édifice administratif et institutionnel d’un pouvoir s’étendant très au-delà de sa zone géographique d’origine (la grande plaine).

D’abord relativement respectueux des disparités culturelles et des institutions traditionnelles, l’État impérial se montre de plus en plus autoritaire et centralisateur. Il est alors confronté à une crise de légitimité doublé d’une faillite. »

Pour sortir de cette crise, l’État impérial opère une mutation, « à l’occasion d’un mouvement de révolution nationale, qui le transforme en un régime parlementaire 1 fondant principalement les distinctions sociales et politiques sur la fortune : l’État impérial devient [à son tour] État-nation. »

 

Une homogénéisation culturelle

Ce modèle sert de grille de lecture à l’auteur pour analyser la situation actuelle de l’Europe et, partant, d’envisager son développement futur, le siège du pouvoir de l’Union européenne se trouvant géographiquement dans l’espace rhénan, « ce grand triangle entre la Belgique, les Pays-Bas et la Bavière. »

En effet, au cours de l’histoire, toutes les autres tentatives d’empire européen ont échoué. La construction actuelle s’est faite suivant le modèle tardif de l’Italie et de l’Allemagne, ses élites se distinguant par des idéologies censées les légitimer :

  • écologisme,
  • multiculturalisme,
  • féminisme,
  • LGBTQuisme.

 

Pour ne pas être en reste, les élites urbaines ont imité cette culture de la mégapole où se situe le centre du pouvoir européen et, en réaction,la population a eu tendance à en adopter les termes si bien qu’une homogénéisation culturelle s’est faite.

 

Un mouvement de révolution

Dans le langage de l’Union européenne, de plus en plus autoritaire et centralisatrice – la Commission européenne a seule l’initiative des lois et il n’existe pas de chambre haute pour représenter l’Europe périphérique -, l’État de droit signifie que « L’État crée le droit et doit le respecter. »

Ce Rechtsstaat germanique, positiviste, est différent de la Rule of Law britannique où le droit est un phénomène naturel que l’intelligence humaine découvre par la recherche du juste : l’État doit respecter ce droit qui lui est extérieur.

Les conditions d’un mouvement de révolution, tel qu’évoqué plus haut, sont aujourd’hui réunies avec le discrédit des idéologies et des institutions européennes, responsables par leurs défaillances des crises économiques, sociales et énergétiques :

  • « tâtonnements dans la gestion de la pandémie,
  • incapacité à voir venir l’invasion russe en Ukraine,
  • impréparation stratégique et énergétique à la survenance de la guerre. »

 

Comment en sortir ?

Dans Le Président absolu, l’auteur avait suggéré des remèdes pour éviter que la France ne sombre dans le chaos.

Les « réformes organiques » qu’il propose à l’échelle européenne sont similaires pour lui éviter une « répétition tragique de l’Histoire » :

  • rendre responsable la Commission devant le Parlement « par la possibilité d’une motion de censure à la majorité simple » ;
  • élire les membres de la Commission par le Parlement ;
  • « adjoindre un Sénat dont la composition serait pondérée afin que les territoires les moins densément peuplés soient représentés équitablement » ;
  • élire éventuellement un chef d’État de l’Union par le Sénat, le Parlement et le Conseil européen avec pour seules attributions un rôle « de représentation et de garantie des institutions. »

 

La chute de l’empire européen, Philippe Fabry, 154 pages, Léo Portal

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  • Conclusions intéressantes mais vaines au vu des prémices totalement faussée entr’autres par la vision anti russe. L’Empire européen serait une réalité si nous avions suivi la vision prophétique de De Gaulle « L’Europe de l’Atlantique à l’Oural » ainsi que sa politique de non alignement à aucun bloc. Nous avons raté le coche dans les années 90 en renonçant à nos souverainetés, politique et défensive, au profit des USA.
    « Être un ennemi de l’Amérique peut être dangereux, mais être un ami est fatal. » Henry Kissinger

  • La Commission européenne doit en revenir à ses fonctions initiales: veiller à l’application des traités, ni plus ni mois. Il n’y a pas besoin de 27 commissaires pour cela. Il n’y a pas non plus besoin d’un parlement nuisible parce que fondamentalement inutile, et il y a encore moins besoin de je ne sais quel président de conseil ou de haut représentant aux affaires étrangères ….

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