Vincent Bolloré, l’homme que la gauche adore détester

Tous les ingrédients sont réunis pour créer un vent de panique dans le petit milieu médiatique, traditionnellement ancré à gauche, voire à la gauche de la gauche.

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Vincent Bolloré, l’homme que la gauche adore détester

Publié le 15 février 2023
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C’est un grand patron de droite, catholique et breton : Vincent Bolloré a tout pour déplaire à la gauche. Pire, depuis les années 2000, son empire s’étend aux médias et à la communication, chasse gardée d’une caste qui n’accepte l’argent et le pouvoir qu’à condition d’être adoubée par ses relais, influenceurs et amuseurs nécessairement très à gauche.

Seulement, quand les amuseurs, les influenceurs et les relais commencent à parler la langue de Bolloré plus que celle du progressisme médiatique, c’est la boussole du petit people de gauche qui commence à faire des bonds.

Imaginez que l’amuseur le plus populaire du moment s’attaque à un élu LFI qui osait critiquer le milliardaire. Que Canal + sous Bolloré, autrefois source de financement exclusive de navets gauchistes, se mettent aussi à subventionner des navets droitards. Que sur les 4 chaînes d’info françaises, celle de Bolloré accueille des éditorialistes de droite, voire d’extrême droite (dont certains finissent candidats à la présidentielle). Que finalement C8 et CNews se fassent taper sur les doigts plus de 30 fois par l’Arcom, obligeant la société Bolloré Média à débourser 3, 5 millions euros d’amende pour des insultes sur C8.

Tous les ingrédients sont réunis pour créer un vent de panique dans le petit milieu médiatique, traditionnellement ancré à gauche, voire à la gauche de la gauche.

 

« Menace » contre la liberté d’expression

Après l’extrême gauche, c’est la Macronie par la voix de sa ministre de la Culture qui désigne Vincent Bolloré comme une menace contre la liberté d’expression. Ici, on pense au proverbe africain : quand deux esclaves se rencontrent, ils disent du mal de la liberté : les premiers réclament la censure, le second la brandit également, le tout pour sauver la liberté de s’exprimer.

Dans l’imaginaire de ses ennemis, Vincent Bolloré a pris la place de ses prédécesseurs Robert Hersant, Marcel Dassault, Silvio Berlusconi ou Martin Bouygues.

On retrouve aujourd’hui les mêmes lubies qu’hier, mélange de détestation des riches, du capitalisme entrepreneurial, de peur panique d’une monopolisation de la parole publique par une droite jugée populiste. Le patron breton a l’immense mérite de synthétiser en sa personne tout ce que la gauche déteste à droite. En d’autres termes, c’est un bon client, une « tête à claques » parfaitement alignée sur ses préjugés égalitaristes.

 

L’empire Bolloré est une pieuvre qui ne cesse de s’étendre

Toute initiative de Vincent Bolloré est interprétée comme une contestation du monopole de la gauche dans son rôle d’éditorialisation de l’actualité. Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer le climat de guerre culturelle et estiment son influence grandissante sur des chaînes d’infos accusées de populisme.

Erik Orsenna, écrivain et surtout ex-plume du mitterrandisme, ne s’y est pas trompé. Dans son dernier essai tout en allusion, Bolloré est un « ogre », un « nécrophage », qui après avoir pillé l’Afrique, s’attaque au « Royaume de France ».

C’est donc toute la tradition française, curieusement alignée sur une gauche caviar beaucoup moins bavarde quand Mitterrand poussait André Rousselet à la conquête du PAF, qui parle par la bouche des personnages d’Orsenna pour condamner le grand méchant patron.

 

La peur de l’idéologie qui n’est pas la sienne

Les élus d’extrême gauche se plaignent et pétitionnent, les rédactions s’inquiètent : l’influence de Bolloré n’est plus seulement grandissante, elle serait même devenue dominante. En quelques années, subrepticement, son idéologie droitière se serait emparée de l’ensemble du spectre médiatique, au détriment du pluralisme idéologique.

Peu importe si les médias du service public, France Inter en tête, continue à assurer à la gauche le magistère éditocratique dominant. Peut-être ont-ils tendance à inverser les causes et les conséquences, c’est parce que la population se droitise que l’offre médiatique se diversifie, au grand dam des éternels donneurs de leçons.

 

Le blasphème : privatiser l’audiovisuel public

Cyril Hanouna, qui pourtant accueillait sur son plateau des chroniqueurs de la Nupes et relayait avec complaisance les messages de la Macronie, a blasphémé en réclamant la privatisation de l’audiovisuel public.

Ce tabou, qui bouscule une institution suradministrée et gavée de subventions, a semble-t-il été le chiffon rouge qui mobilise actuellement tout le ban et l’arrière-ban de l’étatisme socialisant qui est au cœur du paysage médiatique français. De quoi provoquer un vrai débat public sur le sujet ?

Il y a pourtant une solution pour empêcher et contraindre ces empires médiatiques considérés comme menaçant, solution qui s’est toujours révélée efficace, que ce soit pour Hersant, Dassault ou Berlusconi. C’est le marché : davantage de concurrence, de meilleurs produits culturels et de meilleures réponses aux attentes des consommateurs de médias pourraient tailler des croupières aux médias jugés blasphématoire pour l’Église de progessologie. Comme l’avait déjà écrit Murray Rothbard, c’est la pression concurrentielle qui interdit la constitution de monopoles, et inversement, la capture réglementaire par l’État qui encourage la constitution de géants rentiers.

Cela suppose que ces derniers sortent de leur léthargie, se déparent de leur mentalité de citadelle assiégée et se mettent à travailler pour offrir aux consommateur autre chose que la promesse d’une capture réglementaire de l’audiovisuel au service des intérêts et de l’idéologie d’une nomenklatura française toujours plus étroite.

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  • le problème est que bolloré est fort critiquable..mais ils le critiquent pour de mauvaises raisons;.

    et je serais curieux de savoir la définition de la démocratie de bolloré..et pourquoi elle est « bonne  » en soi.

    -4
    • pardon de Orsenna…
      je présume qu’il suppose que démocratie signifie liberté d’expression ou état de droit ou justice avec due process.. pas de bol…

      la démocratie on la voit dans les petits point s que les gens donnent aux commentaires..

  • Il fut un temps pourtant où Bolloré était persona grata à gauche.
    Quand il refilait des Autolib à la mairie de Paris.
    Quand Schiappa venait faire le show chez Hanouna pour caresser le GJ dans le sens du poil.
    Cette gauche-là est ingrate. Pas même la reconnaissance du ventre.

  • Excellent article, et fort bien écrit. La posture hallucinante de la ministre de la culture à l’égard de CNews me paraît très révélatrice du surmoi macroniste. Le fait, d’ailleurs, que Renaissance et Nupes ne cessent de s’écharper à l’assemblée nationale en est une autre manifestation : ces gens se détestent parce qu’ils sont les mêmes. Leur sectarisme n’est pas forcément dirigé sur les mêmes objets mais les uns et les autres cultivent une même vision intégriste de leurs marottes idéologiques respectives et dans l’un et l’autre cas, la liberté en sort bien amochée (même si elle a l’habitude de prendre des coups…).

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  • Vivement que nos milliardaires et nos entreprises du CAC40 se domicilient hors de France : nos petits staliniens ne pourront plus demander à taxer les résultats de leurs travails pour s’acheter des voix par encore plus d’assistanat. Ils devront trouver autre chose : ce sera alors la fin du droit à la paresse et des lendemains qui chantent.

  • Médias de gauche : tout le service public (C à Vous, Salamé, France Inter, France Info, La 2 , la3), Niel, Libération, L’OBS, Mediapart, l’ARCOM, Ouest France, etc, etc… çà en fait un paquet.

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