L’avenir des retraites : déclin de la répartition ?

Le blocage de toute réforme du système par répartition en France provient en définitive de l’instrumentalisation de la convoitise par une classe politique dévoyée.

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manifestation pour une autre réforme des retraites by parti socialiste (creative commons) CC BY-NC-ND 2.0)

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L’avenir des retraites : déclin de la répartition ?

Publié le 13 février 2023
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Où nous conduit l’obstruction systématique à toute réforme du système français de retraites ? Faudra-t-il remettre l’ouvrage sur le métier tous les cinq ans avec à nouveau grèves et manifestations ? Et pendant combien de temps ?

La réponse à ces questions relève de spéculations sur l’avenir mais la démagogie actuelle des partis politiques et l’histoire récente, avec ses multiples réformes, permettent de penser que le système quasi-généralisé par répartition n’est pas viable à long terme.

 

Les retraites par répartition, un régime très politique

L’opposition entre répartition et capitalisation est principalement juridique et politique. Économiquement, c’est toujours l’activité qui finance l’inactivité, bien évidemment. Dans la répartition, les droits des inactifs résultent d’une obligation de cotisation des actifs afin de distribuer des retraites. Dans la capitalisation, les droits des inactifs résultent de l’accumulation préalable d’un capital pendant la période d’activité et de la distribution des revenus de ce capital. C’est le droit de propriété sur un capital qui fonde le système.

Il est clair que la répartition accroît la puissance du pouvoir politique puisqu’elle résulte d’obligations de cotiser et de règles de répartition pouvant être à tout moment remises en cause par le pouvoir. Les montants en jeu (330 milliards d’euros) stimulent les appétits politiciens tant en ce qui concerne les recettes (cotisations et emprunts) que les dépenses (retraites versées). De faibles variations en pourcentage représentent des montants très importants (0,5 % du total = 1,6 milliards d’euros) et donc des enjeux électoraux scrutés à la loupe par ceux qui prétendent nous représenter.

Au contraire, la capitalisation est beaucoup moins sensible politiquement. Elle résulte de choix individuels ou de parcours professionnels lorsqu’elle est associée à une entreprise. Les débats sur les avantages accordés à telle ou telle catégorie ne sont pas exclus (par exemple des avantages fiscaux pour les versements) mais ils ne sont pas consubstantiels au système.

 

Controverses techniques et blocage politicien

Le système par points proposé en 2019 était certainement l’un des meilleurs dans le domaine de la répartition. Il éliminait les traitements différenciés selon les secteurs et permettait une adaptation souple à l’évolution économique par la fixation de la valeur du point. Juste et efficace. Son abandon signe probablement le recul sur le long terme en France du système généralisé par répartition.

La politisation outrancière de la micro-réforme de 2023 par une classe politique et syndicale qui a visiblement perdu la raison, met en évidence la fragilité du principe de répartition. La gauche n’a pas perçu l’aspect dernière chance de ce projet et se complaît dans des controverses pseudo-techniques sur le sujet (carrières longues, pénibilité, situation des femmes, etc.). Son objectif est politique : affaiblir le pouvoir. Le prétexte est toujours le même : la justice sociale

Quant aux sondages indiquant que 70 % des Français sont opposés à la réforme, ils sont certainement sérieux techniquement mais ne nous apprennent rien. Demandez à un quidam peu informé (l’écrasante majorité) s’il consentirait à travailler deux années supplémentaires sans supplément de retraite. Évidemment, il vous répondra négativement.

La médiocrité de notre classe politique, qui ne cesse de s’accentuer, condamne donc le principe même de la répartition généralisée. Il est toujours possible de gloser à l’infini sur la justice ou l’injustice de telle mesure. Les politiciens adorent développer ces platitudes. Mais ils ne semblent pas se rendre compte qu’ils suggèrent ainsi maladroitement que c’est le régime par répartition lui-même qui est ingérable. L’accentuation politique des clivages et le refus de tout compromis conduisent à sa marginalisation à terme.

 

Redistribution, convoitise haineuse et infantilisme

Le blocage de toute réforme du système par répartition en France provient en définitive de l’instrumentalisation de la convoitise par une classe politique dévoyée. Il est possible de prendre beaucoup à certains pour donner plus à d’autres. Voilà le message subliminal des politiciens et des syndicalistes. En semant la confusion dans les esprits et dans les rues, en utilisant systématiquement la convoitise haineuse pour activer les mécontentements, les politiciens condamnent à terme le principe même qu’ils prétendent défendre.

La retraite généralisée par répartition suppose des règles assez simples, consensuelles et compréhensibles par tous. En se crispant de façon infantile sur des problématiques accessoires au lieu de prendre de la hauteur comme leurs fonctions dirigeantes le leur imposent, nos petits politiciens vont droit dans le mur. Le conseil le plus précieux à donner à la jeunesse d’aujourd’hui est simple : ne comptez pas sur l’État pour vos vieux jours. Agissez par vous-mêmes.

 

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  • Je suis en désaccord avec la prémisse de cet article. Il faut encore et toujours répéter que dans la capitalisation il n’y a pas d’inactifs. Le mise à disposition du capital est une activité productive de richesse. Le capital est un facteur de production.

    • C’est éxactement ça: Capitalisder met l’épargne au service de l’économie, la répartition met l’épargne au service de la politique. L’un produit, l’autre consomme.

    • Oui, l’apporteur de capitaux est dans l’entreprise un actif aussi indispensable (dont on ne peut pas se dispenser) que chacun des autres. Et c’est un rôle qu’on peut conserver aussi longtemps qu’on a toute sa tête à soi…

    • En théorie, vous avez plus ou moins raison mais dans les faits, c’est totalement faux.
      Le rôle des fonds de pension (américains) dans l’économie actuelle n’est pas du tout de contribuer à la bonne santé des entreprises dont ils possèdent les capitaux (par l’investissement) mais au contraire, de pressurer les entreprises pour en retirer le maximum de rentabilité à court terme et ce, quelques soient les conséquences pour l’entreprise (vous voulez la liste des entreprises et secteurs d’activités détruits par les fonds de pension, partout dans le monde occidental?).
      La contribution de ces fonds de pension n’est donc pas positive comme vous le supposez, elle n’est même pas nulle, elle est carrément négative et pèse lourdement sur l’économie.

      En France, la part d’investissement du privée (celle venant des actionnaires) est ridiculement basse par rapport aux investissements du public (ceux venant de nos impôts)… On est sur un rapport de 1 sur 10.
      En d’autres termes, c’est la population dans son ensemble, par ses impôts (et ses chutes de niveau de vie, la déstabilisation de son économie par la stagflation, etc.), qui soutient l’économie et qui permet aux actionnaires de s’enrichir considérablement sans que ces mêmes actionnaires ne contribuent en retour à l’économie. D’un point de vue purement concret, ils ne bénéficient absolument pas à l’économie. Au contraire, ils représentent un poids considérable, une charge, qui ne remplie même pas un peu son rôle d’investisseur…

      Je suis totalement opposé à la retraire par capitalisation parce que dans la configuration économique qui est la nôtre, cela signifiera simplement qu’une majorité de la population se retrouvera, à l’âge de la retraite, sans aucun revenu… Non pas par choix, mais simplement parce que le coût de la vie leur aura imposé de ne jamais pouvoir capitaliser (BEAUCOUP de français sont à l’euro près chaque mois, dans ces conditions, épargner est un véritable luxe inaccessible à la majorité).

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      • Faux. Le montant à consacrer à sa retraite par capitalisation au cours de sa carrière est de 4% de son salaire, et 4% de 35 heures, ça veut dire travailler une heure et demie par semaine pour sa retraite. C’est à la portée de chacun, surtout que ça libérerait des cotisations à la répartition, et qu’il n’y aurait même pas besoin que ce soient des heures supplémentaires.

      • Etonnant de lire tant de contre vérité. Tout d’abord les fonds de pension sont des investisseurs bien plus stables à long terme que les autres, et surtout prélèvent moins de dividendes que l’Etat Français, champion dans le lessivage des trésoreries des entreprises publiques pour boucler ses budgets de fin d’année.
        Ensuite, nous découvrons un monde magique d’actionnaires s’enrichissant sans investir, assez amusant, pourtant être actionnaire c’est avoir été investisseur sauf à avoir volé les actions. Un simple clic et hop : https://www.insee.fr/fr/statistiques/5412397?sommaire=5354786
        Donc en 2020 le montant total des investissments en France c’est 528 milliards dont 86 public, tout le reste privé.
        Bref, votre commentaire semble à la limite du trolling

      • Et j’ajoute que je ne suppose absolument rien, que j’analyse ce que j’observe, que j’ai eu des profs d’économie réputés même si je ne suis pas forcément d’accord avec ce qu’ils racontaient (un certain Lionel Stoleru, entre autres), et que ça n’est pas vous qui allez m’apprendre ce qu’est une action ni comment fonctionne une entreprise.
        Le mal de bien des hommes vient de ce qu’ils ouvrent la bouche quand ils feraient mieux d’ouvrir leurs yeux et leurs oreilles…

      • Ah, les actionnaires qui s’enrichissent considérablement sans contribuer à l’économie, et les donneurs de leçons de morale qui préfèrent crever avec la répartition plutôt que de s’enrichir comme eux !

  • La retraite par répartition est une forme de Ponzi , on ne sort pas d’un Ponzi , il explose . Pour les jeunes c’est compliqué : immobilier au top , idem prélèvements , mettre de côté pour sa retraite c’est franchement pas à la portée du plus grand nombre d’entre eux … La gauche aura réussi sont projet : il y aura les héritiers … et les autres , il en aura fallu du travail (de sape) pour que leurs théories bourdieusiennes deviennent réalité

    • Pas d’accord. Pour les jeunes, mettre de côté pour sa retraite n’a jamais été aussi facile. Les jeunes d’autrefois avaient des moyens dérisoires en comparaison avec ceux d’aujourd’hui, demandez à vos parents et grands-parents comment ils vivaient après le certificat d’études. Les seuls héritiers prospères sont ceux qui ont hérité de convictions et de détermination, et de la conscience qu’il leur appartient de prendre personnellement en main leur avenir. Pour toucher 1200€ à la retraite, il faut (et il suffit) investir 100€ d’aujourd’hui par mois dès le début de sa carrière et jusqu’à la fin. Dans les priorités, ça vient juste après manger et dormir, avant la bagnole, la sortie en boite, les clopes, les gadgets et les bonbons. Quand on a ouvert à 20 ans ses esgourdes et son esprit à ces notions, on n’aura pas besoin d’autre héritage.

      • C’est marrant mais ce n’est pas du tout ce que me disent mes parents (nés dans les années 50) et tous ceux nés avant les années 70. Pour eux la vie était bien plus facile et ils sont souvent aujourd’hui ceux qui portent à bout de bras les jeunes générations, à leur grand désespoir. Avec le certificat d’étude, ils pouvaient malgré tout faire une carrière tout à fait convenable (dans une seule entreprise et sans période de chômage ou de temps partiel subi), se payer des vacances régulièrement, être propriétaire de leur logement principal vers 30 ans et, pour beaucoup, avoir une résidence secondaire vers 50-60 ans.

        Pour beaucoup de jeunes et moins jeunes (en gros, pour beaucoup de ceux nés des années 70 aux années 2000), économiser ne serait-ce qu’un euro est impossible parce que tout ce qu’ils gagnent passe dans le logement, la nourriture et le transport (avoir une voiture est une obligation absolue pour qui vit et travaille en province)… Je ne parle pas pour moi qui ai un peu plus de chance que ça (bien que mon boulot soit techniquement d’un « niveau » supérieur à celui de mes deux parents, mon niveau de vie reste inférieur au leur au même âge et eux en sont parfaitement conscients). Donc les belles leçons de morale déconnectées de toute réalité (avec une pointe d’élitisme gérontocratique du style « moi, eu’d’mon temps, la vie étions ben difficile, j’travaillons à la mine dès mes 9 ans, mouais, et pis j’avions droit qu’à une orange à Noël! »), vous pouvez vous les garder…

        « Les seuls héritiers prospères sont ceux qui ont hérité de convictions et de détermination, et de la conscience qu’il leur appartient de prendre personnellement en main leur avenir.  »

        Voilà typiquement le genre de phrase qui montre votre déconnexion totale des réalités du monde qui vous entoure. Vous en êtes encore à croire que la méritocratie existe, que « si on veut, on peut », que « l’on construit sa propre chance » et toute autre formulation de ce genre qui tend à rendre responsable des personnes qui ne peuvent que subir. Parce que oui, lorsque l’on nait dans un milieu favorisé, on aura TOUJOURS plus de confort, de facilités, de portes ouvertes que lorsque l’on nait dans un milieu défavorisé. TOUJOURS! Même si vous êtes un idiot absolu, vous ne finirez jamais dans l’indigence ou dans les galères qu’un « pauvre », même brillant, rencontrera… Il suffit d’ouvrir les yeux et ne pas regarder le monde à travers un filtre idéologique.

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        • Eh bien si vous ne voulez pas de mes conseils, je les garde effectivement. Je ne les offrais que pour permettre à ceux qui le souhaitent de s’en sortir comme je l’ai fait, par mes seuls efforts personnels quoi que vous racontiez. Si vous préférez rester à vous faire plaindre de la dure vie de nos jours et que ça marche avec d’autres, grand bien vous fasse !

      • @michel mes ancêtres ? ils se sont tous constitué un capital immobilier solide. Les petits enfants ? Sans apport , aucun ne pourrait acheter quoi que ce soit (les salaires n ont pas suivi la hausse de l immo). La crèche de ma petite fille coûte 750 €/mois à ses parents. Il n y a et n y aura pas de croissance dans les 10 prochaines années, les salaires stagnent.Beaucoup de jeunes ne s en sortent que parce que les anciens les aident. Il faut a un moment arrêter de dire que les jeunes sont feignants et claquent leur fric en c*nneries. La classe moyenne s effondre et comme les vieux (qui ont l immo) meurent tardivement ce sont des vieux qui héritent (à 70 , 80 ans ). Les donations sont possibles mais très limitées.

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        • Vous ne m’avez pas compris. Je ne dis pas que c’est facile, je dis que c’était bien plus difficile encore du temps de nos parents, ou même du mien, et que pourtant beaucoup ont fait preuve de la détermination nécessaire à se constituer justement le patrimoine nécessaire à leurs vieux jours en même temps qu’ils se débattaient dans leurs difficultés quotidiennes. Aujourd’hui, ils se contentent de subir et se gardent de prévoir. C’est normal que les parents et grands-parents aident leurs enfants, moi-même je le fais pour mes « neveux » et « nièces ». Ce qui est anormal, c’est que les jeunes prétendent qu’ils ne pourraient pas s’en tirer sans cette aide. Comment avons-nous fait, nous, comment ont fait nos parents ? Nous avions bien moins que ce que les jeunes appellent aujourd’hui le strict nécessaire. Et pourtant, contrairement à eux, nous avons mis tout en place pour nous retrouver aujourd’hui dans l’aisance, en faisant des sacrifices qui sont devenus parfaitement inimaginables pour les nouvelles générations. Eh bien, quand ils auront 60 ans, il sera trop tard.
          Ca n’est pas une question de fainéantise, c’est une affaire de responsabilité et de priorités.

          • On vous a bien compris, donc…
            Si on vous dit qu’aujourd’hui pour les jeunes, c’est devenu impossible d’épargner, c’est tout simplement parce que pour les jeunes, c’est VRAIMENT devenu impossible d’épargner… Impossible, ça veut dire que peu importe votre sens de la responsabilité et vos priorités, à la fin du mois, à moins de squatter son logement et de ne pas manger un jour sur 2, il vous est impossible d’épargner parce qu’une fois toutes les dépenses essentielles payées (eau, électricité, essence, etc.) , il ne reste rien.

            Pensez-vous que les jeunes salariés qui dorment dans leur voiture (de plus en plus nombreux) parce qu’ils n’ont pas les moyens de se loger (ni des parents en capacité de les aider) n’aient pas dans leurs priorités de mettre de côté un pécule pour leurs vieux jours? Mais comment pourraient-ils faire puisqu’ils n’ont même pas les moyens de se loger???

            La situation actuelle est incomparable avec la situation qu’ont connu les générations passées (en tout cas, post-seconde guerre mondiale)…

            • Eh bien je regarde comment moi et mes camarades avons vécu, et comment vivent ceux de la jeune génération, et je persiste à vous dire que vous vous faites des illusions sur ce qu’était la vie des jeunes d’autrefois. Nous étions favorisés, l’élite, et nous vivions à 4 dans une coloc (8 en fait avec les petites amies), dont un mois de loyer coûtait le salaire d’un d’entre nous, pas question de dormir dans la bagnole, un seul en avait une, une vieille Diane pourrie avec laquelle il nous emmenait si besoin, etc. Et je le répète, nous faisions partie des plus riches. Mais oui, nous nous sommes regroupés et nous avons investi. Vous vous faites beaucoup d’illusions sur ce qu’ont connu les générations passées, il n’y a que très récemment qu’elles se sont abandonnées aux joies de l’assistanat.
              D’un autre côté, je reconnais que tous nous savions établir un budget et faire les soustractions sans nous tromper.

          • @michel et vous non plus vous ne me comprenez pas : nos ancêtres ramaient dur sur un courant favorable, les nôtres souquent tout aussi fort à contre courant. Et le contre courant est parti pour être de plus en plus fort et les jeunes moins armés que nous sur le plan de l instruction et ils sont en compétition mondiale avec d’autres jeunes mieux formés qu eux (alors que personne ne nous surclassait il y a 40 ans). Refuser de voir les difficultés rencontrées par la jeune génération m agace . Avez vous lu « les déshérités  » de FX Bellamy ? Je vous conseille de le lire.

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            • Mais non, le courant n’était pas favorable ! Et non, nos jeunes ne souquent pas aussi fort, et de loin. Sans doute parce que justement, on est toujours prêts à les plaindre et que ça n’est effectivement pas comme ça qu’ils apprendront à surmonter les difficultés. Quand vous parlez de courant favorable, je reconnais que je perds mon sang-froid. Mon grand-père s’est retrouvé à 12 ans au lycée, rythmé par le tambour du concierge, réveil à 6h (5h30 à partir du printemps), 1/2 heure pour la toilette, étude jusqu’à 7h30, 1/4 heure de petit déj. et autant de récré, cours jusqu’à midi avec 5 et 10mn de récré, etc., étude jusqu’à 20h, dîner pris au dortoir (où il y avait interdiction de parler), du 1er octobre au 31 juillet avec 3 jours à la Toussaint, 8 à Noël et 15 à Pâques. A 20 ans, il était à la guerre, à l’arrière parce que deux de ses frères étaient déjà morts dans les tranchées. A 45 ans, une autre guerre, il a perdu sa femme sous les bombes et sa maison a été saccagée, sa vie brisée. Ma mère avait alors 20 ans, elle étudiait seule à Paris et n’a pu rentrer qu’après la Libération. Elle a dû construire sa vie alors que tout était détruit. Alors quand au lycée, j’ai eu un coup de mou une année et qu’elle m’a dit que sans amélioration immédiate, elle me mettait en apprentissage, je n’ai pas fait valoir que la mort de mon père à 12 ans pendant mon séjour aux US et le déménagement vers une ville où je ne connaissais personne y étaient peut-être pour quelque chose, j’ai cravaché.
              Quand vous dites que nous avions le courant avec nous, quand je compare avec les jeunes de ma famille, jeunes normaux de maintenant, comment voulez-vous que je ne sois pas choqué ?

              • @Michel le courant était favorable cela veut dire qu’il y avait de la croissance , cela veut dire que la France était l’une des plus grosses économies du monde . Vous ne le voyez pas le déclassement de la France ? Il est parfaitement factuel pourtant . lisez donc ceci : atlantico.fr/article/decryptage/le-niveau-de-vie-des-francais-s-effondre-relativement-a-celui-de-leurs-voisins-et-voila-les-responsables-pouvoir-d-achat-france-zone-euro-pib-par-habitants-union-europeenne-effondrement-industriel-christian-saint-etienne Il est bien plus facile de réussir dans un pays en pleine croissance , qu’en pleine déroute , est ce si difficile à comprendre ?

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                • Mais pour votre retraite par capitalisation, vous n’avez pas besoin de réussite éclatante, juste de mettre de côté, essentiellement investi ailleurs qu’en France, un petit investissement régulier. Si vous êtes jeune taxi ou livreur, vous faites 3 heures de plus par semaine, et dans 10 ans vous aurez en plus du début de votre capitalisation, un apport personnel pour penser à vous acheter une baraque. Pas besoin, au contraire de la répartition, que le pays s’en sorte bien.

                • Et hors capitalisation, avec une répartition qui coûte entre 2 et 4 fois plus cher aux salariés et qui conduit le pays dans le mur, vous proposez quoi pour s’en sortir ?
                  Je ne comprends pas, je vous explique pourquoi la capitalisation marche, vous me répondez que si ça marche ça ne peut pas continuer, que les jeunes ne peuvent pas mettre de côté le moindre centime et vont s’effondrer le mois prochain, et qu’il faut quoi ? Soutenir la répartition qui ne marche pas ?

              • « Quand vous dites que nous avions le courant avec nous, quand je compare avec les jeunes de ma famille, jeunes normaux de maintenant, comment voulez-vous que je ne sois pas choqué ? »

                Vous vous rendez compte que vous prenez l’expérience de votre grand-père à votre compte, comme si c’était la vôtre? Je tiens à vous rappeler que vous n’êtes pas votre grand-père, vous n’êtes pas DU TOUT de sa génération… Vous êtes deux générations plus jeune… Vous avez donc connu LA meilleure période de toute l’Histoire de l’humanité sur le plan de la prospérité économique (les fameuses 30 glorieuses). La période où l’espérance de vie est montée en flèche (alors qu’aujourd’hui, elle diminue). Et derrière, vous reprochez aux jeunes générations, qui, elles, connaissent une situation économique TRES dégradée, de ne peut être aussi formidables et courageuses que vous alors que pour montrer à quel point vous êtes formidables et courageux, vous prenez l’exemple de votre grand-père…
                Parce que je suis désolé mais l’exemple que vous prenez sur vous-même, en tant « qu’élite » de la nation obligée de vivre en colocation a été vécue PAR TOUT LE MONDE et n’est donc pas très probant.
                Là où je vous rejoins tout à fait par contre, c’est dans la chute du niveau scolaire (en particulier avant le bac) et l’impact que ça a sur les capacités cognitives des plus jeunes. La chute du QI (qui ne mesure pas réellement l’intelligence mais les capacités attendues dans une société technologique) est réelle…

                Non, la situation actuelle est vraiment bien plus difficile que ce que vous-même (pas vos parents ni grand-parents) avez connu au même âge…
                Aujourd’hui, ce ne sont pas que des jeunes d’une vingtaine d’années qui sont obligés de vivre dans leur voiture alors qu’ils ont un boulot mais aussi les trentenaires et de plus en plus de personnes de plus en plus âgées… Les travailleurs sont obligés de changer tout le temps d’entreprises, avec le salaire qui reste en permanence au ras des pâquerettes… Et ils sont en concurrence avec toute la planète, ce qui n’était pas le cas avant les années 2000…

                Le problème, c’est que tant que les personnes de votre genre (à savoir, les français d’un certain âge et qui n’ont pas encore totalement perdu foi en notre modèle démocratique et qui donc, votent) resteront dans cette forme de déni de réalité (le succès générationnel de Fillon dont le programme était pourtant tout aussi néfaste que celui de notre très cher président), on ne pourra pas sortir de la spirale infernale dans laquelle nous sommes plongée (destruction totale de notre économie au profit d’intérêts étrangers, particulièrement américains)… On mettra systématiquement à la tête de l’Etat les individus qui ont contribué à pourrir la situation par des décisions économiquement incohérentes. La réforme des retraites de notre bon Macron (mais les propositions des Républicains ne sont pas meilleures) va dégager des euros à court terme mais va très lourdement peser sur l’économie pour trois raisons totalement ignorées du pouvoir, de ses relais de propagande et des pseudo-économistes :

                1-L’entrée sur le marché du travail des jeunes est déjà bouché, ça ne va faire qu’empirer le phénomène et faire, encore une fois, grimper le chômage (que l’on masquera comme sait si bien le faire l’Etat français).

                2-Les travailleurs occupant des postes avec une forte pénibilité et ceux travaillant pour des entreprises qui mettent au chômage les seniors (il y a aussi le combo des deux, évidemment) ne pourront de toute façon pas atteindre l’âge de la retraite au travail et se retrouveront être, de toute façon, un poids important pour tout le reste de la société (qu’ils se retrouvent en invalidité ou au chômage avec aucune perspective d’embauche).

                3-Un travailleur de 60 ans, complètement rincé par sa carrière, aura une productivité NETTEMENT plus basse qu’un plus jeune, pas encore totalement démotivé et usé (c’est extrêmement flagrant dans mon entreprise par exemple). Conserver ce genre de personnes sur leur poste va être un cout pour l’entreprise.

                En encore, avec ces 3 points, je n’ai abordé que le poids économique de cette réforme et pas le poids social qui est vraiment considérable…

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                • Il n’y a pas de problème. Vous savez tout mieux que personne, et en particulier comment c’était pour les générations précédentes, internet vous permet de vous poser en donneur de leçons, vous subissez aujourd’hui la fin de l’argent des autres qui a fait les beaux jours de l’idéologie socialiste depuis 1981, vous allez crever la bouche ouverte avec votre répartition, et moi qui ai fait ce que je conseille, y-compris les sacrifices que ça implique, j’aurai été préservé par mes efforts et j’en éprouverai une certaine jubilation. Je serai plus triste pour Val, dont l’absence de prises de conscience me paraît de bonne foi. Moi, j’aurai expliqué ce qui marche, et en quoi vos objections sont injustifiées, j’aurai la conscience tranquille.

  • Je suis perdu : l’article et la plupart des commentaires décrivent des humeurs, des généralités ou des images. Beaucoup de libéraux se focalisent sur la différence entre capitalisation et répartition au lieu d’examiner le problème de fond. Ce dernier, que l’on soit en répartition ou en capitalisation, est de fournir les biens et les services nécessaires à tous et d’abord aux retraités. Voir mes articles sur Contrepoints. Je serais heureux d’avoir une discussion concrète à leur sujet..

    • On ne peut pas discuter avec vous. Vous confondez actifs au sens administratif et productifs, vous raisonnez à frontières fermées, et vous voulez faire le bonheur des gens à partir de vos principes plutôt que de les aider à construire leur bonheur à votre idée. Vous vous plaignez que nous donnions dans le sentiment, mais quand je donne des chiffres, personne ne veut y croire, quand bien même c’est en faisant des calculs analogues à mes 20 ans que j’ai construit mon patrimoine et mon indépendance pour ma retraite.
      Vous voulez des chiffres ? Si les 42 années passées vous aviez investi chaque année une fraction x de votre salaire dans le Nasdaq, vous auriez aujourd’hui un capital d’environ 400x, qui pourrait vous verser indéfiniment une rente annuelle d’environ 30x indexée sur l’inflation des salaires. Si cette fraction x est de l’ordre d’entre le demi-mois et le mois de salaire, comme pour la répartition, cela signifie que votre retraite sera très supérieure, avant impôts, à votre salaire et pourra aller jusqu’à plus du double. Mais j’imagine que vous allez nous montrer que le Nasdaq ne peut pas maintenir sa performance faute d’allocations familiales françaises suffisantes ?

      • « leur bonheur à leur idée »

      • @Michel vous raisonnez à l’échelle de votre génération. Ce qui a été valable pour votre génération ne l était pas avant et ne l’est pas maintenant . Allez raconter votre histoire à ceux qui ont pris des emprunts russes , à ceux qui ont investi en actions avant le krach de 29 , de 2008 , l’éclatement de la bulle internet de 2000 , à ceux qui ont investi en immobilier avant les guerres . Construire un patrimoine a toujours été de tout temps fort hasardeux . La martingale n’existe pas . C’est pourquoi le système mixte : capitalisation et répartition est le plus sûr (cf système de piliers suisse) . La période post 2e guerre que vous prenez comme référence est un eldorado : croissance forte , début du ponzi de retraite favorisant les premiers entrants, pas de guerre . Cette période est révolue : guerre à nos porte, pas de croissance , ponzi qui pèse sur les cotisants et dont ils ne verront pas la couleur .

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        • La période que je prends pour référence est celle où j’ai des données, mais elle comprend par exemple l’éclatement de la bulle internet de 2000 et le krach de 2008 ! Vous dites qu’on est en France en pleine glissade, mais aujourd’hui-même le CAC GR, dividendes réinvestis, a battu son record historique. Quand on investit pour sa retraite, on diversifie. Les secteurs, les pays, les supports, etc. Pas pour limiter l’effet des krachs inévitables, mais pour avoir un ou deux champions qui vont à eux seuls vous assurer les 6 à 8% de performance dont vous avez besoin (pour le CAC GR, c’est probablement l’émergence de LVMH et les dividendes de Total qui auront suffi à rendre les chutes négligeables). Quelle importance que vous ayez eu 10% d’immobilier en déconfiture et 10% de technos prises dans le krach si dans votre patrimoine il y avait aussi 10% de luxe ? La répartition ne sera jamais un champion, et elle se crashera bien pire que les emprunts russes (« Prêter à la Russie, c’est prêter à la France ! »). La liberté a toujours été hasardeuse pour les irresponsables, mais aussi un atout incomparable pour ceux qui s’y lancent sur la foi de longues réflexions.
          Ca n’est pas ce qui aurait été valable pour ma génération que je défends, c’est ce qui est fait partout ailleurs sauf dans notre beau pays, qui réussit parfaitement à ceux qui le font correctement, que vous êtes libre de refuser si vous préférez vous fier à la répartition française, mais que je vous demanderai de ne pas déformer et condamner sur des arguments de sensationnalisme mal placé sans en avoir examiné l’application correcte.

          • Je vais ajouter pour répondre à M. Montenay qu’il y a quand même une contradiction entre vouloir augmenter le nombre de jeunes et affirmer qu’ils ne parviennent pas à s’en sortir comme ils le faisaient prétendument quand ils étaient moins nombreux.

  • La retraite par répartition est assise sur une équation insolvable : les cotisations assises majoritairement sur les revenus du travail, en pénalisant la compétitivité des entreprises, génèrent des délocalisations ou de la robotisation. Le résultat est moins de cotisants et plus de prestations (chômage, retraites). Donc financement impossible. La solution est d’asseoir le financement du social sur la consommation qui n’est pas délocalisable. La TVA sociale, ne s’appliquant pas à l’export, soulage les produits exportés du coût du social, fait participer les produits importés au financement social et rééquilibre la balance commerciale en rapatriant l’emploi.

    • Un problème, sur la description duquel nous sommes d’accord, et donc une taxe. Vous êtes bien français ! La solution viendra justement de cesser de réagir en Français.

    • Permettre les délocalisation est un choix politique. Ce n’est pas une catastrophe contre laquelle on ne peut rien et à laquelle il faut s’adapter, comme une tornade ou un séisme par exemple… On pourrait, si on avait des dirigeants digne de ce nom et qu’on n’était plus contraints par les GOPE de l’UE(RSS), régler le problème assez vite…
      A vrai dire, Poutine, il y a des années, l’avait fait en Russie. Il a réussi à imposer aux oligarques/grands patrons russes de ne pas délocaliser. Alors certes, la contrainte n’était ni très libérale ni très démocratique (« Tu signes ou tu finis ta vie en prison et tous tes biens saisis ») mais ça a permis à la Russie, à ce moment-là, d’avoir une vraie croissance économique…

      -2
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