Conseil des ministres franco-allemand : de minimis curant ministri agriculturae

À l’occasion du Conseil des ministres franco-allemand tenu le 22 janvier 2023, Marc Fesneau et Cem Özdemir ont publié un communiqué de presse conjoint.

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agriculture matthias ripp(CC BY 2.0)

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Conseil des ministres franco-allemand : de minimis curant ministri agriculturae

Publié le 6 février 2023
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Ce titre tape-à-l’œil n’est pas entièrement exact. Les sujets évoqués ci-dessous sont important, leur appréhension par les ministres laisse grandement à désirer.

À l’occasion du Conseil des ministres franco-allemand tenu le 22 janvier 2023, dans le cadre de la célébration du 60e anniversaire du Traité de l’Élysée, les ministres français et allemand de l’Agriculture, Marc Fesneau et Cem Özdemir, ont publié un communiqué de presse conjoint pour annoncer qu’ils ont « décidé de travailler étroitement ensemble au cours des prochaines années sur la mise en œuvre des projets clés suivants… ».

Ouf ! On a pu craindre que c’était une déclaration générale qui aurait en quelque sorte fait fi de la coopération étroite passée.

Non, elle porte sur quatre « projets clés ».

Vous avez bien lu : quatre. Alors que le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire est confronté à une palanquée de défis.

Et quels projets ! Si M. Marc Fesneau s’est fait discret dans son communiqué – à juste titre comme nous le verrons – M. Cem Özdemir fanfaronne : « Gemeinsam für eine krisenfeste Landwirtschaft in Europa » (ensemble pour une agriculture résiliente à la crise en Europe).

Enfin, pour ce qui est de fanfaronner… On est, selon ce titre, dans la minimisation des dégâts des crises…

 

Étiqueter (davantage) les productions animales

Pour le premier projet, il nous faut citer l’intégralité du texte du communiqué pour ne rien perdre de la saveur de la grande ambition :

« Un étiquetage des produits agricoles et alimentaires harmonisé au niveau européen afin de mieux informer les consommateurs, de renforcer la transparence sur l’origine et la composition et la qualité nutritionnelle des aliments, ainsi que les méthodes de production et de valoriser les efforts de nos producteurs en matière de transition vers des systèmes alimentaires durables auprès des consommateurs. »

C’est un dada de M. Cem Özdemir et des Verts allemands !

Leurs ambitions affichées sont de réduire la consommation de viande et, partant, de l’élevage, et de rendre l’élevage plus respectueux du bien-être des animaux (whatever that means) – voir notamment ici, ici et ici.

À l’évidence, un élevage allemand réduit et soumis à des contraintes supplémentaires – si cela se réalise – aura du mal à résister à la concurrence. Le programme de la coalition gouvernementale, ici inspiré par les Verts, croit pouvoir y remédier par un étiquetage qui inciterait les consommateurs à acheter vertueux, autrement dit allemand.

Marc Fesneau – et le gouvernement français – suit !

Alors que la consommation se tasse, que la décapitalisation bovine est plus rapide que prévu, bref que l’élevage est en crise, en partie en lien avec le problème du renouvellement des générations d’éleveurs, nous allons – en principe, car nous savons ce que valent bon nombre de communiqués – coopérer à un projet largement utopique.

 

Production de protéines végétales

Ici aussi on a versé dans l’emphase, dans le bruit pour succédané de l’action :

« Œuvrer ensemble au renforcement de la production de protéines végétales dans l’Union européenne pour tirer parti de leurs propriétés favorables en termes d’environnement, de climat et d’alimentation, rendant ainsi nos systèmes alimentaires plus indépendants et résilients. Cela suppose à la fois de promouvoir la recherche, la production, la transformation et la consommation. »

Nous allons « œuvrer ensemble » et « cela suppose »… Mais l’ambition est grande puisqu’on vise « l’Union européenne »… Et cultiver davantage de lentilles et de pois chiches sera bon pour le climat… Si, si, on vous assure !

Adaptation et de résilience des forêts : on peut faire court, il y aura « un groupe d’experts dédié à la lutte contre les scolytes ».

 

Réduction de l’usage et du risque des produits phytopharmaceutiques

Un grand chantier consistera à « [r]éaffirmer leur engagement respectif en faveur de la réduction de l’usage et du risque des produits phytopharmaceutiques ». On le fera « en encourageant les échanges sur les méthodes alternatives » et il y aura un « séminaire de travail conjoint ».

Sur ce sujet, nous ne pouvons qu’exprimer une certaine satisfaction : cela aurait pu être pire !

Mais cela n’augure rien de bon pour les discussions et négociations qui devront avoir lieu prochainement sur le projet de règlement de la Commission pour une utilisation durable des pesticides (Règlement SUR). Beaucoup d’observateurs prédisent qu’il aura/aurait un impact dévastateur sur la production agricole et, partant, la souveraineté alimentaire. Mais, implicitement, notre ministre s’est engagé à défendre un projet en l’état indéfendable.

 

Et bien sûr…

…« [l]es deux ministres sont convenus d’échanger régulièrement sur l’avancée de ces nouveaux projets et de poursuivre ensemble la mise en œuvre des coopérations en cours ».

On n’en attendait pas moins…

 

Un partenariat ?

Le communiqué de presse allemand s’ouvre par une déclaration de M. Cem Özdemir :

« Le ministre fédéral Özdemir déclare à ce sujet : « L’Allemagne et la France entretiennent une relation unique et irremplaçable, dont les bases ont été posées il y a 60 ans. J’en déduis également la responsabilité pour moi de trouver une réponse commune aux défis actuels auxquels toute l’Europe est confrontée : crise climatique, disparition des espèces et terrible guerre de Poutine en Ukraine – face à ces crises qui se superposent, nous devons plus que jamais nous engager pour une agriculture résiliente et résistante aux crises. Nous n’y parviendrons qu’ensemble« . »

Le gras souligné est de moi.

Pour un obsédé textuel, cette déclaration signifie, d’une part, que M. Cem Özdemir a été – ou prétend avoir été – et se veut dans le siège du conducteur.

L’agriculture apparaît aussi comme le cadet des soucis ou comme une variable d’ajustement face à des défis qui sont – ou sont censés être (en fait, certains sujets sont liés) – bien plus grands.

« [N]ous devons plus que jamais nous engager… » ? Avec un groupe d’experts sur les scolytes et un séminaire de travail sur les alternatives aux pesticides (rassurez-vous : seulement de synthèse), l’avenir est en bonne voie…

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