Ukraine : trois scénarios pour la suite (et la fin ?) du conflit

Dans le conflit Ukraine-Russie, trois scénarios majeurs sont aujourd’hui envisageables.

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Ukraine : trois scénarios pour la suite (et la fin ?) du conflit

Publié le 28 janvier 2023
- A +

Par Cyrille Bret et Florent Parmentier.

Près d’un an après le déclenchement de l’opération militaire russe contre l’Ukraine, le 24 février 2022, quelles sont les évolutions possibles du conflit dans les mois qui viennent ? La difficulté de la prospective est particulièrement marquée pour ce conflit car les « surprises » militaires, diplomatiques et stratégiques ont été nombreuses.

D’un côté, la combativité des forces ukrainiennes, le soutien de l’UE et des États-Unis à Kiev, les difficultés logistiques et tactiques des forces armées russes ont pris Moscou de court. D’un autre côté, la résistance de l’économie russe aux sanctions, l’ampleur des migrations ukrainiennes vers l’Europe, le blocage des instances de l’ONU ainsi que le soutien mesuré de la Chine, de l’Inde et de plusieurs pays d’Afrique à la Russie ont surpris les chancelleries occidentales.

Trois scénarios majeurs sont aujourd’hui envisageables.

 

Scénario 1 : un revers russe caractérisé

Sur le plan militaire, les forces armées de Moscou lanceraient une nouvelle offensive sur Kiev, comme en février 2022, ainsi que sur le bassin du Don (le Donbass, dont une large partie se trouve toujours aujourd’hui sous le contrôle des Ukrainiens) et sur la province de Kherson afin d’essayer d’obtenir un succès éclatant aux yeux de la population russe.

Mais ces attaques échoueraient. La Russie perdrait de nombreux hommes et une grande partie des quatre provinces ukrainiennes illégalement rattachées à la Fédération de Russie en septembre 2022. Elle constaterait que son objectif stratégique initial (le changement de régime à Kiev) s’est soldé par un échec. L’Ukraine reprendrait des bastions russes dans le Bassin du Don et ferait mouvement vers la Crimée.

Plusieurs facteurs pourraient consacrer cette défaite russe. Sur le plan intérieur, la mobilisation et l’entraînement des réservistes se heurteraient à plusieurs limites : nouvelle fuite des mobilisables hors du territoire russe ; incapacité du commandement russe à entraîner efficacement les nouvelles recrues ; épuisement de la Base industrielle et technologique de Défense (BITD) russe ; montée en puissance des effets des sanctions occidentales sur le budget de la Fédération ; crise dans les cercles dirigeants russes, notamment au niveau du ministère de la Défense.

En Ukraine, la réalisation de ce scénario est subordonnée à plusieurs conditions : la résistance de la présidence ukrainienne à l’usure de la guerre, sa capacité à remporter les élections législatives de l’automne 2023, la poursuite de l’aide militaire américaine et européenne à un niveau compatible avec la consommation inévitable de matériels de guerre sur les champs de bataille, et la capacité à tenir plusieurs fronts en même temps. Le chef d’état-major ukrainien, Valeri Zaloujny, a exprimé un certain nombre de souhaits en décembre : 300 chars, 600-700 véhicules de combat d’infanterie, 500 obusiers pour la victoire.

Enfin, sur le plan international, ce scénario suppose que la Russie perde la position de force que lui a conférée en 2022 la hausse des prix des produits énergétiques. Il faudrait pour cela que ses clients développent des sources d’approvisionnement alternatives, ce qu’ils ont déjà commencé à faire.

L’horizon de ce scénario favorable à l’Ukraine serait l’ouverture de négociations de cessez-le-feu puis de paix.

Toutefois, si la défaite russe est d’ampleur, un désordre politique interne pourrait paralyser le leadership russe et instaurer à Moscou un chaos privant le pays de la capacité à s’engager réellement dans des négociations. Pour que de telles négociations soient couronnées de succès, il conviendrait donc tout à la fois que la Russie considère la guerre comme durablement perdue, et qu’elle conserve une chaîne de commandement efficace. Deux points redoutablement durs à traiter seraient le sort de la Crimée et l’avenir de la candidature de l’Ukraine à l’OTAN. En somme, ce scénario serait l’extrapolation des contre-offensives ukrainiennes réussies d’août à octobre 2022.

 

Scénario 2 : un succès tangible pour la Russie

Le scénario inverse consisterait en une série de succès militaires pour la Russie à partir de la fin de l’hiver. Par exemple, la Russie réussirait à reprendre l’essentiel de la province de Kherson, menacerait directement Kiev en pénétrant dans ses faubourgs à partir de la Biélorussie et reprendrait une progression marquée vers le sud-ouest en direction d’Odessa. La réalisation de ce scénario découlerait de plusieurs hypothèses, la principale étant l’épuisement humain et matériel des forces armées ukrainiennes.

Du côté russe, cela supposerait la réussite de plusieurs actions pour le moment infructueuses. Notamment, la mobilisation réalisée à l’automne 2022 serait efficace en matière d’entraînement et correctement utilisée sur le plan tactique. Et les chaînes logistiques russes résisteraient aux difficultés d’approvisionnement sur trois fronts majeurs (Nord sur Kiev, Est dans le Donbass et Sud en direction de Kherson). L’armée russe a déjà disposé de centres logistiques à plus de 80 km de la ligne de front, soit une distance hors de portée des HIMARS, tirant les leçons de la contre-offensive ukrainienne.

Ces succès déboucheraient sur une victoire nette de la Russie en Ukraine : les annexions illégales dans l’est seraient consolidées, le gouvernement de Kiev (fragilisé et possiblement renversé en raison de l’offensive russe) serait issu de négociations de paix et prendrait une orientation plus ou moins ouvertement pro-russe, l’ouest du pays revendiquerait une forte autonomie avec le soutien de la Pologne, etc. L’objectif stratégique de la Russie serait ainsi atteint : disposer d’une zone tampon avec l’OTAN.

Du côté ukrainien, ce scénario du pire pourrait gagner en crédibilité si plusieurs évolutions se constatent : usure des forces armées, insuffisance du nombre de nouvelles recrues, diversité trop forte des livraisons d’armes internationales, engendrant des difficultés à articuler les différents dispositifs ; fragilisation de la présidence Zelensky à l’approche des élections législatives de l’automne 2023 sous la pression d’un « parti de la paix » ou au contraire de nationalistes réclamant un pouvoir plus fort ; incapacité à conserver et accroître le soutien des Occidentaux, par exemple en raison d’un maximalisme stratégique visant la défaite complète de la Russie, la découverte de détournements de fonds ou tout simplement du fait de la « fatigue » des opinions occidentales et de leur volonté de se recentrer sur des questions politiques internes.

Sur le plan international, ce scénario suppose un maintien des cours et des exportations de produits énergétiques russes vers l’Asie (Chine et Inde au premier chef) ; une stratégie de prix de la part des puissances gazières ; une mobilisation des réseaux diplomatiques russes pour montrer que le pays n’est isolé qu’à l’Ouest ; un appui marqué de la Chine face à l’influence américaine ; une perte d’influence dans l’UE des gouvernements les plus favorables à l’Ukraine, notamment en Europe du Nord (législatives finlandaises en février) et en Pologne (élections générales à l’automne 2023). Un tel scénario serait favorisé par une crise à Taïwan ou au Moyen-Orient qui absorberait l’attention des États-Unis, déjà fortement polarisés dans leur politique intérieure.

 

Scénario 3 : un conflit qui s’enlise

Un troisième type d’évolution pour ce conflit pourrait être caractérisé par l’incapacité des deux protagonistes à prendre l’ascendant sur l’autre sur une période de plusieurs années.

Il se manifesterait par une stabilisation (violente et meurtrière) des grandes lignes de front sur les positions actuelles mais des batailles régulières pour des localités d’importance secondaire, des nœuds routiers, des verrous fluviaux ou des ponts. Par exemple, les forces armées russes pourraient être tentées de reprendre l’offensive par le nord en direction de Kiev avec des succès limités et de concentrer leurs efforts sur la consolidation des parties du Donbass contrôlées ou contrôlables par elles.

De son côté, l’Ukraine pourrait essayer de pousser son avantage à partir de Kherson vers le sud afin de menacer le bastion criméen à l’horizon d’août 2023. Ce scénario n’exclut pas – loin de là – des combats intensifs, des changements de zones de contrôle et des succès limités de part et d’autre. Mais l’équilibre général du conflit ne serait pas modifié, la Russie continuant à contrôler 15 % à 20 % du territoire ukrainien dans des zones essentielles (Crimée, Donbass, région de Kharkiv) et l’Ukraine démontrant sa capacité à résister sur le long terme.

Plusieurs facteurs pourraient se conjuguer pour faire advenir cette situation. Un « plateau » pourrait être atteint dans l’aide militaire occidentale à l’Ukraine en raison de l’état des stocks et de la nature des armements envoyés sur le front. La combativité ukrainienne pourrait demeurer sans pour autant produire les effets spectaculaires de la fin de l’été 2022 en raison d’une « courbe d’apprentissage » du côté russe, notamment dans l’articulation entre les différentes armées et les autres forces (milices Wagner, Kadyrovtsy).

Côté russe, ce statu quo violent pourrait advenir en raison des limites structurelles de l’outil militaire manifestées en 2022 : rigidité tactique, logistique déficiente, étirement des fronts et des chaînes d’approvisionnement, limites des ressources humaines, culture du mensonge dans les administrations publiques, etc.

Des facteurs exogènes pourraient conduire à un pourrissement militaire et diplomatique. Aucun des deux protagonistes n’est en mesure de faire accepter à sa propre population et à son propre réseau d’alliances l’entrée en négociation sur la base du rapport de force militaire actuel. Pour la Russie, aucun succès indiscutable n’a été remporté ; pour Kiev, l’intégrité territoriale reste à restaurer. Entrer en négociation serait un aveu d’échec pour Vladimir Poutine et le mettrait à risque. Accepter de discuter serait pour Volodymyr Zelensky un renoncement qui lui ferait perdre le soutien très large dont il bénéficie aujourd’hui à l’intérieur et à l’extérieur : un autre leadership devrait se mettre en place, et serait vraisemblablement moins soucieux de compromis en raison des coûts irrécupérables de cette guerre.

Dans cette option, l’Ukraine deviendrait en 2023 un nouveau conflit non résolu de l’espace post-soviétique, mais de grande envergure. Cela n’empêcherait pas un durcissement des hostilités, notamment contre les populations civiles ou les prisonniers, bien au contraire.The Conversation

Cyrille Bret, Géopoliticien, Sciences Po and Florent Parmentier, Secrétaire général du CEVIPOF. Enseignant à Sciences Po. Chercheur-associé au Centre HEC Paris de Géopolitique, Sciences Po

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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  • 4 ème scénario, le plus probable, l’économie européenne s’écroule. Acculés es pays européens font de la surenchère et provaquent la catastrophe tant redoutee.. Des. Panzer en Ukraine, la goutte qui fera voir rouge les russes…

    • Votre scénario est très probable. L’UE semble bien décidée à faire la guerre jusqu’au dernier Ukrainien et le naufrage de l’économie européenne a déjà commencé, avant même la guerre en Ukraine, sous les coups de boutoirs des écolos et des covidistes.
      La médiocrité de nos dirigeants, qui ignorent tout de l’histoire et qui n’ont même pas fait leur service militaire, nous laisse peu d’espoir.

  • … ou comment parler pour ne rien dire, si ce n’est qu’on emploie les termes politiquement corrects et qu’on est donc digne d’un poste bien rémunéré.

    • Le scénario III l’emporte au nom de trop d’intérêts. Je me demande ce qui aurait fait cesser la grande guerre si les EU n’avaient été contraints en février 17 de prendre la décision d’intervenir pour faire cesser la partie.

      • oui comme dans la guerre du Péloponnèse ou autre guerre civile, la puissance extérieure est intervenue.

      • Quels intérêts à une guerre éternelle enlisée ? Ils ont presque tous disparu, sauf peut-être pour les USA celui d’éviter que l’économie européenne ne s’en relève un jour, et pour certains dirigeants à titre individuel celui de rester au pouvoir. Vous en voyez d’autres, vous ?

        • Le Deep State américain et le complexe financiaro-militaro-industriel ont tout intérêt dans ce conflit qui permet de faire de bonnes affaires et de renforcer la dépendance d’une UE en déliquescence économique et politique au moment où la suprématie du dollar est en train de s’effondrer sous les abus de pouvoir et de manipulation monétaire.

        • Je recommderais la lecture de Michel Corday « Le journal de la Huronne, Les Hauts Fourneaux », cela pourrait participer à un début de compréhension. PDF gratuit sur le net.

  • Je ne suis pas spécialiste en géopolitique, mais il me semble que les auteurs oublient d’autres scénarii, dont celui du pire qui serait que Poutine pète définitivement les plombs s’il se sent acculé à la défaite, et appuie sur le bouton nucléaire. Est-ce que son état major le suivrait dans cette folie suicidaire, l’occident ayant la capacité de riposter et raser une bonne partie de la Russie?
    Il me semble avoir lu dans un article de CP que les Russes ( et les slaves en général) n’ont pas le même système de pensée que les occidentaux ou les chinois, ce qui ferait craindre précisément des réactions suicidaires du niveau d’un primate ( du genre puisque je ne peux avoir ça, personne ne l’aura!). Cette menace potentielle me semble beaucoup plus grave et immédiate que le prétendu réchauffement climatique dû au méchant CO2, et risque de nous coûter beaucoup plus cher! La disparition de l’humanité est peut-être à craindre, mais pas de la façon dont les écolos la prédisent!

    -5
    • prendre Poutine pour un irrationnel est la première erreur à faire dans ce conflit.

    • OUILLE!!!!!!!!!!! Moins 2!
      Manifestement mon pessimisme n’est pas communicatif! Pourtant le pire n’est jamais sûr mais fortement probable et le pessimisme incite à s’y préparer ( résistance, protection, etc….).
      L’humain a besoin de sécurité et il semble que le scénario N°3 ne soit pas le meilleur car il fige la situation dans une incertitude dangereusement susceptible d’évoluer vers la reprise brutale de l’incendie que l’on croyait contenu!
      La question de MichelO me parait la bonne, à savoir quels intérêts pourraient avoir les belligérants ( et leurs alliés) à cet enlisement de la situation? L’économie mondiale ( les économies) semble durablement impactée, la confiance et les alliances entre les nations ne semble guère plus solide, les Etats se tiennent tous par la barbichette, et le premier qui rira (et perdra son sang-froid) pourrait bien déclencher l’apocalypse! Mais bon, heureux ceux qui voient le monde en rose sans se poser de questions, au moins ils n’auront pas d’ulcère d’estomac!

      • Comme l’a écrit un autre lecteur, les États-Unis bénéficient de la prolongation et de l’enlisement de ce conflit, notamment parce que cela leur permet (i) d’étendre leur influence en Europe orientale, voire en Eurasie et (ii) de renforcer leur emprise sur leurs vassaux de l’OTAN et assimilés (ex : Australie) avec le consentement actif desdits vassaux dont les dirigeants sont en-dessous de tout par leur lâcheté ou leur sottise ou encore parce qu’ils sont corrompus, raison la moins aberrante qui me rappelle le propos d’un personnage de l’album d’Astérix, « Le tour des Gaules » dans lequel un personnage qui vend Astérix et Obélix aux Romains soliloque ainsi « Je suis un infâme, mais après tout, il en faut aussi ! Et puis je ne fais pas ça sans raison ; je le fais pour l’argent !”
        En revanche, cet enlisement du conflit est ruineux, voire catastrophique, pour l’Ukraine et la Russie : les deux subissent des pertes humaines, matérielles et financières colossales. En outre, l’Ukraine se fait détruire ses infrastructures.
        Mais compte-tenu du poids et de l’influence de l’hyperpuissance étasunienne, il suffit qu’elle veuille la prolongation de cette guerre pour que ce conflit dure encore longtemps.

  • hmmmm….comment dire..

    -1
  • La guerre en Ukraine après les désastres du Covid a permis à nos élus réélus grâce à l’appui des écologistes , de continuer la guerre contre le CO2; notre président , qui était président de l’UE quand ce conflit a démarré a tout loupé pour résoudre le conflit , mais que voulez vous, quand on n’est pas capable de comprendre le climat terrestre , comment voulez vous comprendre le climat politique
    Mais je pense que le conflit va s’enliser parce que côté occident tout le monde va se réjouir de la destruction ( du suicide) d’un état russe ; et c’est pour cela que l’on fournit chars et avions de chasse à l’Ukraine ; la guerre a toujours précipité le monde dans la misère et la récession et donc à moins dépenser et bruler les énergies fossiles
    Plus ce conflit perdure et plus la Russie va se rapprocher de problèmes intérieurs , comme d’ailleurs l’Ukraine aussi où la corruption, les démissions et les évictions au plus haut niveau gouvernemental s’accélèrent ; d’ailleurs je voudrais qu’on nous fasse savoir un jour le détail de la chute de l’hélicoptère du ministre de l’intérieur ukrainien
    Mais comme j’ai dit ailleurs , il n’y a pas que Poutine en Russie et dans dix ans les Européens seront contents de pouvoir se fournir en gaz et en pétrole russe

  • Étonnant de lire ici ce papier médiocre écrit à la va-vite, cachant bien mal son parti-pris anti-Russe et venant de « The convesation » haut lieu de la cooptation d’universitaires de gauche bien-pensants, sentant la collusion, les regards entendus et .. la défense des prés-carrés : sur-glose assurée.
    Croire un instant que c’est l’armée Ukrainienne qui ramènera les Russes dans leurs frontières est une idée sans fondements, donc soit ce sont les troupes de l’OTAN qui le font, soit elles restent où elles sont ; à moins que la négociation trouve des compensations acceptables par Poutine … et par les Russes.
    Bien qu’il se trouve en « occident » des gens assez vénaux ou inconséquents pour désirer l’engagement militaire, je crois que les opinions publiques sauront résister (voir le dernier sondage sur ce sujet). La Russie semble s’organiser, avec assez de réussite jusqu’à présent, pour vivre avec un minimum de contact avec les pays de l’OTAN (le reste du monde représentant les 2/3 de l’humanité !), elle peut donc rester dans le Donbass actuellement sous son administration, en grignotant de-ci delà afin d’assurer la sécurité des habitants, de Donetsk en particulier ; elle continuera sa politique actuelle d’irrigation financière, de reconstruction rapide (voir Marioupol) et d’intégration -réintégration selon la terminologie du Kremlin- à la « mère-patrie ». Qui tiendra le plus longtemps ? L’U.E. ? bien sur que non !
    Reste donc la négociation, cet été l’Ukraine aurait du le faire, mais grisée par l’incroyable déroute des Russes jusqu’au sud de l’Oskil elle s’est cru en mesure de vaincre militairement, aujourd’hui ce n’est pas la même armée qu’elle à en face d’elle, la victoire de Soledar n’est pas anecdotique ; à Artmovsk (Bakhmout) les Russes ont inversé le paradigme et ce sont les Ukrainiens qui aujourd’hui perdent des bataillons entiers dans une lutte symbolique … mais dont la chute entrainerai celle de Siviesk et au-dela de Sloviansk.
    La négociation est moins favorable maintenant c’est pourquoi Zelinsky et les faucons de l’OTAN escomptent une offensive ukrainienne réussie vers la mer d’Azov, si elle échoue Poutine obtiendra peut être aussi Odessa ! Si elle réussie, ce dont beaucoup doutent, Poutine conservera quand même le Donbass de l’Oskil à Melitopol, et il faut craindre une intensité guerrière sans commune mesure avec la guerre faible actuelle. Voir ceci : https://lesouverainiste.wordpress.com/europe-contre-europe/

  • C’est un article assez réaliste. Mais le scénario est incomplet. Oui, la Russie peut gagner, mais que se passe-t-il après ? Il n’est guère possible d’imaginer que les ukrainiens courbent l’échine facilement, les armes individuelles sont partout, bref, l’occupation sereine de l’ukraine paraît hors de portée désormais. Les haines sont installées durablement, et c’est justement dans l’ouest, la partie la mieux préservée des destructions qu’elle se manifesterait avec envergure. Alors oui, les russes pourront occuper le champ de ruines qu’ils ont créé à l’Est, là où il ne reste que quelques personnes âgées nostalgiques de l’urss, mais ailleurs, cela ressemblera à l’Afghanistan, et au bout du compte, on évoluera vers le scénario 3.

    • Les Russes ne cherchent pas à occuper l’Ukraine, au mieux ils souhaitaient un pouvoir plus pro-Russe, mais ils ont échoués et maintenant recherchent la partition de l’Ukraine ; tout porte à croire qu’ils l’obtiendront.

  • Les commentaires sont fermés.

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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