Stop à la tyrannie syndicale

Ainsi, les syndicats, qui ne représentent en France qu’à peine plus de 5 % des électeurs, s’arrogent indûment le droit d’imposer leurs positions, archaïques d’ailleurs, par la rue quand ils n’y arrivent pas par la négociation.

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Syndicats By: Blandine Le Cain - CC BY 2.0

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Stop à la tyrannie syndicale

Publié le 18 janvier 2023
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Un article de l’IREF Europe

 

Depuis longtemps les syndicats français cherchent à faire la loi en France. La Constitution de 1958 leur en a fixé l’horizon en proclamant que « la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ». Puis M. Gérard Larcher leur en a offert les moyens en faisant voter la loi du 31 janvier 2007 sur le dialogue social transposée notamment ainsi à l’article 1 du Code du travail :

Tout projet de réforme envisagé par le gouvernement qui porte sur les relations individuelles et collectives du travail, l’emploi et la formation professionnelle et qui relève du champ de la négociation nationale et interprofessionnelle fait l’objet d’une concertation préalable avec les organisations syndicales de salariés et d’employeurs représentatives au niveau national et interprofessionnel en vue de l’ouverture éventuelle d’une telle négociation.

À cet effet, le gouvernement leur communique un document d’orientation présentant des éléments de diagnostic, les objectifs poursuivis et les principales options.

Lorsqu’elles font connaître leur intention d’engager une telle négociation, les organisations indiquent également au gouvernement le délai qu’elles estiment nécessaire pour conduire la négociation.

Est ainsi instituée une obligation de négociation collective préalable à toute loi sociale. Depuis lors, les syndicats se considèrent comme législateurs aux côtés du législateur sinon à sa place. Mais le poison était déjà dans le préambule de la Constitution de 1946 qui a transformé le droit de travailler sans discrimination en droit « au » travail en affirmant que « Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi ».

La relation entre le salarié et l’employeur s’est fondue alors dans des négociations collectives dont les syndicats ont revendiqué le monopole ( Cf. Jacques Garello). Ainsi a été légitimée la démocratie sociale qui substitue la dictature des syndicats à la liberté des contrats.

 

Une puissance syndicale inversement proportionnelle à sa représentativité

Une telle substitution est d’autant plus inadmissible que les syndicats dits représentatifs par les vertus de la loi ne représentent pas grand monde.

Dans sa dernière étude datée du 21 décembre 2021 la direction de l’Animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) explique qu’en 2019, « 10,3 % des salariés déclarent adhérer à un syndicat, 11,0 % des hommes et 9,5 % des femmes, en France (hors Mayotte) »

Il y aurait 18,4 % de syndiqués dans la fonction publique et 7,8 % dans le secteur privé. Entre l’âge de 40 et de 49 ans, le pourcentage moyen est de 12,6 % et à partir de 50 ans, il remonte à 14,7 %. Chez les plus jeunes, les moins de 30 ans sont seulement 2,7 % à adhérer à un syndicat.

C’est dire que l’avenir syndical est sombre en France. Les salariés se détournent des syndicats qui s’occupent moins de leur sort que de politique et d’idéologie. Trop d’organisations syndicales œuvrent à l’encontre des entreprises avec l’argent des contribuables et des employeurs qui les financent pour l’essentiel, puisque les cotisations ne représentent sans doute pas plus de 10 % de leurs ressources et que ces cotisations donnent droit au bénéfice des cotisants à un crédit d’impôt de 66 %.

Par comparaison les cotisations comptent pour 80 % des ressources des syndicats en Europe du nord où le taux de syndicalisation est très élevé : 49 % en Autriche, 67,5 % au Danemark, 60 % en Finlande, 50 % en Norvège, 65,5 % en Suède… Mais les syndicats nordiques rendent des services, eux !

 

La démocratie sociale est une démocratie dévoyée

À l’instar des démocraties dites populaires, la notion même de démocratie sociale est dangereuse parce qu’elle est floue et sans limite et qu’elle accorde des droits excessifs à des minorités agissantes qui dénaturent ainsi la démocratie plus qu’ils ne la consolident.

Ainsi, les syndicats, qui ne représentent en France qu’à peine plus de 5 % des électeurs, s’arrogent indûment le droit d’imposer leurs positions, archaïques d’ailleurs, par la rue quand ils n’y arrivent pas par la négociation. Ou ils utilisent des procédés déloyaux comme ceux qui consistent à faire faire la grève à de très petits groupes de salariés clés dans leur secteur pour bloquer tout un pays. Ainsi quand une partie des aiguilleurs des voies ferrées – 3000 emplois sur les 270 296 employés de la SNCF en 2021 – se mettent en grève, ils interrompent tout le trafic ferroviaire et bloquent la France.

La démocratie repose sur la règle de la majorité dans le respect des droits de tous. Il est souhaitable qu’elle recherche les consensus et le dialogue préalablement à toute décision difficile, mais il ne faut pas qu’elle tombe pour autant sous la tyrannie des minorités. Elle ne remet pas le pouvoir directement entre les mains du peuple mais elle lui permet d’élire régulièrement des représentants pour décider en son nom. En transportant le pouvoir dans les mains des syndicats comme de quelconque convention citoyenne et autre Conseil national de la refondation (CNR), la République affaiblit la démocratie plus qu’elle ne la renforce ou la renouvelle. Les représentants du peuple y perdent leur crédibilité et leur légitimité abandonnées à ces comités populaires dont l’histoire a montré l’habituel dévoiement.

Il est utile qu’il y ait des contre-pouvoirs dans les entreprises comme ailleurs mais pour autant qu’ils soient contributifs. Il est temps de limiter le pouvoir destructeur des syndicats en cantonnant leur action au monde de l’entreprise et sans entraver le travail de ceux qui ne partagent pas leurs opinions.

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  • Il ne faut pas lutter ouvertement contre les syndicats, simplement leur couper les vivres.

    • Exactement ! Qu’est-ce que c’est que ce pays qui finance des syndicats ? Seule l’URSS communiste pure et dure le faisait.
      L’État n’a qu’à leur proposer de supprimer leur financement et de l’allouer aux retraites pour conserver ainsi le régime actuel.

    • Ce serait un bon début mais le comportement de certains d’entre eux justifierait aussi la qualification d’association de malfaiteurs et le recours à la force publique.

    • @MichelO
      Bonjour,
      … et faire pareil avec les partis politiques.

  • Sur la pancarte des manifestants on pourrait lire les souhaits comm tasse de thé : Communisme et abondance. Deux mots qui ne vont pas vraiment ensemble.
    Cette manif commence mal… ça ne veut pas dire qu’elle finira mal, car je pense que la France souffrante finira dans le communisme, c’est si bien…mais ce ne sera pas la voie de l’abondance

  • Les syndicats c’ est une chose: cela fait du bien de répéter qu’ ils ne représentent plus grand chose. En revanche, leur place est garantie par nos institutions et leurs actions dans le droit. Il y a un manque de légitimité démocratique évident, mais que dire de celle du président qui nous envoie une énième réforme de bout de ficelles dans les gencives?
    Le problème numéro un: c’ est que nous sommes gouvernés par des pleutres, avec en opposition des pleutres, et que la retraite devrait être un sujet de référendum sans coup et question tordue. Posez la question correctement aux français en leur expliquant les en quoi un système est mieux ou moins bien qu’ un autre, et les syndicats seront mis le nez dans leur caca par tout ou partie du pays.

    • J’ ajoute que tout ceci est bien évidemment un jeu de dupes, et que nous serons les dindons de la farce. Les pensées de Coluche devraient rejoindre les classiques de la philosophie.

      -1
    • Le référendum ne vaut guère mieux que les syndicats. Car qui décide quelle question poser ?
      Pour les retraites par exemple, il est impératif de laisser la possibilité à ceux qui le souhaitent d’échapper à la répartition sans être surtaxés. Comme pour plein d’autres sujets, une minorité y paie pour la majorité. Donc tout référendum est voué à l’échec et les questions ne feraient que paraphraser les syndicats : jusqu’où peut-on faire payer les uns, et comment répartir le butin entre les autres en favorisant les petits copains ?

    • Un pays qui se base sur le droit et uniquement sur le droit se condamne à dépérir.

      • @Calixte
        Bonjour,
        « Un pays qui se base sur le droit et uniquement sur le droit se condamne à dépérir. »
        Ah bon !?
        Vous écrivez « droit » pas « loi ».
        Il me semble que quand la protection des droits n’est pas assurée/ garantie, c’est là que commencent les ennuis et que le pays, sans Constitution du coup, sombre et se dirige vers la décrépitude.

  • « Une puissance syndicale inversement proportionnelle à sa représentativité » : et, pour être plus précis : un pouvoir de nuisance inversement proportionnel à sa représentativité !
    Petite question ou interrogation sur la représentativité :
    « Il y aurait 18,4 % de syndiqués dans la fonction publique et 7,8 % dans le secteur privé. »
    « les syndicats, qui ne représentent en France qu’à peine plus de 5 % des électeurs » : cela signifie-t-il que les leaders syndicaux vont racoler non seulement chez les gens d’origine immigrée et français, mais aussi chez les salariés étrangers (RATP, SNCF,…) ?
    Quoi qu’il en soit, les syndicats sont en très grande partie des corporations de régimes spéciaux, dont les fonctionnaires.

  • « « Les représentants du peuple y perdent leur crédibilité et leur légitimité abandonnées à ces comités populaires dont l’histoire a montré l’habituel dévoiement. >>
    Oui mais ils s’entendent tous bie, bénéficiant d’avantages aussi exorbitants que les syndicalistes et leurs adhérents de la fonction publique et des régimes spéciaux.
    NON à cette réforme, il faut se faire entendre dans la rue pour refuser les 64 ans et 43 années de cotisations.
    Combien de personnes auront le nombre de trimestres validés à 64 ans ?
    Fonctionnaires embauchés à vie, pas de chômage prévisible, calcul sur 6 derniers mois, réversion sans conditions de ressource …… etc
    Commençons par harmoniser l’ensemble, réfléchissons aux abus.
    Arrêtons de fermer des entreprises pour payer des chômeurs car leur travail est transférer dans des pays à bas coût. Tout profit pour les mondialistes. Le commerce entre pays ,OUI, le laisser faire sous les règles de L’UE , NON.
    Malheureusement nos dirigeants sont des pantins.

    -1
  • C’est bien un jeu de dupes
    Commentaires filtrés

  • Si les syndicats veulent influer sur la politique de la nation, alors que leurs dirigeants soient élus au suffrage universel !

  • Aucune entreprise privée, gérée comme l’est la France, ne survivrait et ses dirigeants seraient sans doute jetés en prison. Déficit record de la balance du commerce extérieur (supérieur à 2 fois la somme des déficits des quelques autres pays européens, la plupart étant bénéficiaires). Dette à 120% du PIB. Record européen du plus petit nombre d’heures annuelles travaillées. % de l’industrie dans le PIB le plus faible d’Europe, la Grèce exceptée. Un âge de la retraite en-dessous de quasiment celui de tous les autres pays européens… Eh bien ?Des syndicats « subventionnés » (à 90%), ne représentant que 5% du total des salariés, vont bloquer le pays record du monde du nombre de journées de grève. Et Près de 60% des Français, pardon, des « sondés », les approuvent ! Pauvre France !

  • « Mais le poison était déjà dans le préambule de la Constitution de 1946 qui a transformé le droit de travailler sans discrimination en droit « au » travail en affirmant que « Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi ».
    Il y a quelqu’un qui lit mal. L’auteur et/ou les syndicats. Il est vrai que c’est plutôt subtil. Avec, comme souvent avec les Constitutions, un parfait usage du « en même temps ».
    Le droit d’obtenir un emploi n’est pas un droit au travail, particulièrement quand on écrit au préalable que travailler est un devoir.
    J’ai parfaitement le droit d’obtenir une Ferrari. En ai-je les moyens ? L’usine produit-elle assez pour tout le monde ? Etc.

    • @Abon Néabsent
      Bonjour,
      La dite Constitution dit que travailler est un devoir pas un « droit à » ni un « droit de ». Un devoir, donc une obligation, certainement soumise à sanction par une loi pour qui ne remplissait pas son devoir. Elle sentait fort le communisme cette Constitution.

      « J’ai parfaitement le droit d’obtenir une Ferrari. »
      Pour faire un parallèle, si chacun avait le devoir de posséder une Ferrari était un devoir et le droit d’en obtenir une, nous serions tous dans la m…e car très peu en aurait les moyens.
      C’est comme écrire qu’on a le droit de défendre sa vie quand elle est menacée avec les moyens adéquats, mais interdire l’obtention ou l’acquisition des dits moyens adéquats.

  • « Stop à la tyrannie syndicale. Depuis longtemps les syndicats français cherchent à faire la loi en France. »
    Je comprends que vous incriminez les corrupteurs (certaines organisations syndicales) plutôt que les corrompus (les hommes de l’État, notamment les gouvernements qui se sont succédé). Si c’est le cas, je ne partage pas votre point de vue : je crois que la cause première du déclin, ce ne sont ni les dirigeants syndicaux, ni le personnel politique. Je pense que ce n’est pas un problème de personnes, mais de principes et que ce problème persistera tant que le principe personnaliste (qui s’oppose à l’usage de la contrainte par quiconque) ne sera pas respecté. Pour être plus précis : tant que la population légitimera le recours à la contrainte par le personnel politique (l’État), ledit personnel sera corruptible et il se trouvera toujours des riches en argents (les hommes du forum de Davos, Big-Pharma, etc.) ou en influence auprès de la population (les syndicats) pour le corrompre.
    C’est la raison pour laquelle Syndicatho vise à faire connaître et promouvoir le principe personnaliste, principe de base de la DSÉ (Doctrine Sociale de l’Église) auprès de la population et du personnel politique.
    Thierry Jallas, président de Syndicatho

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