Le piège de la spirale inflationniste

La situation économique actuelle est impossible à tenir et il n’y a plus de remèdes connus. Nous allons entrer dans une situation très compliquée à gérer.

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Le piège de la spirale inflationniste

Publié le 17 janvier 2023
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Nombreux sont ceux qui essaient de comprendre le sens du mot inflation.

L’inflation va-t-elle impacter notre façon de vivre ? Représente-t-elle un danger ? Les solutions existent-elles ? Est-il judicieux d’être résilient ou d’être résistant ?

Il semble évident que cette crise touche d’abord les populations les plus fragilisées et nous sommes face à une situation pour laquelle nous nous devons de trouver des solutions.

Le pourcentage de la dette mondiale par rapport au PIB est passé de 200 % en 1999 à 350 % en 2021.

Il nous faut admettre que de nombreux du monde sont impactés et par ce fait tous les repères économiques sont bouleversés. Cela signifie que les réflexes acquis, l’expérience et toutes les théories économiques doivent être oubliés.

 

Inflation conjoncturelle ou structurelle ?

La grande et unique question est la suivante : cette inflation est-elle conjoncturelle ou structurelle ?

L’hypothèse rassurante consisterait à croire que son origine se trouverait dans les mesures adoptées suite à la crise sanitaire conjuguées aux conséquences des mesures prises dans le cadre de la guerre en Ukraine et qui a entraîné une hausse du prix de l’énergie. Nous aurions dans ce cas à faire face à une inflation conjoncturelle.

L’inflation provient d’un décalage entre la masse monétaire et la réalité de la richesse échangée. Un bien ou service acheté devrait correspondre à une vraie valeur, c’est une reconnaissance de dette.

Dans les faits, nous avons un profond problème de lien entre : monnaie – richesse – PIB – masse monétaire mondiale.

Cela signifie que s’il y a problème monétaire c’est sur base de l’émission de la dette mondiale. En clair : par rapport à la richesse mondiale nous avons un niveau de dette trop élevé. Au moment de l’écriture de ce texte la situtation est de 92/350 (92 000 milliards de PIB mondial et 350 000 milliards de dette mondiale).

 

Trop de dette par rapport à la richesse créée

Vu sous cet angle l’inflation que nous découvrons et ressentons n’est en rien conjoncturelle mais bien structurelle, car la monnaie en circulation ne trouve plus de réalité économique sur laquelle elle peut se positionner.

Cela a créé une bulle.

L’inflation est alimentée par la hausse du prix de l’énergie et des taux d’intérêts.

Autant la reprise économique après la crise liée au covid a été saluée autant elle a créé de la pénurie, créant l’augmentation des prix, qui est le point de basculement d’un monde économiquement structuré dans un monde de pénurie soutenu par un choc externe au travers de la perte de la valeur de la monnaie.

Ajouté à ce choc se greffe celui de la pénurie alimentaire, choc sur les matières premières alimentaires celui du choc des mesures dans le cadre de la guerre, celui du choc des mesures prises dans le cadre de la lutte contre le changement climatique.

La hausse des prix alimentaires et celle des prix de l’énergie sont redoutables car elles impactent en temps réel la population aux revenus modestes. Le phénomène inflationniste est perçu violemment. Cela signifie clairement que nous entrons dans la boucle inflationniste prix-salaires.

Concrètement nous avons une perte du pouvoir d’achat de tous les salariés, il n’est d’autre réponse possible que l’augmentation des salaires.

Mais si tous les salaires augmentent, le coût de toutes les productions augmente. L’augmentation des salaires permettra de maintenir le pouvoir d’achat sur un temps court mais risque, et très vite, d’être insuffisante. Les salariés vont acheter des produits dont les prix montent car ces mêmes produits proviennent du travail des salariés dont les salaires ont augmenté…

 

Une spirale inflationniste

Voilà pourquoi déjà l’inflation est incontrôlable et voilà pourquoi déjà nous sommes pris dans la spirale inflationniste.

Ce choc s’accélèrera au travers de l’augmentation du prix de l’énergie, que l’on constate lors du plein de la voiture, prix du gaz, prix de l’électricité et des prix alimentaires. L’impact de l’inflation lancée à pleine vitesse peut d’ici quelques mois amener la famine. Que la guerre en Ukraine s’arrête ou pas l’inflation restera et s’accélèrera.

Tous ces chocs économiques mis bout à bout alimentent l’inflation, alimentant le processus de pénurie, alimentant le processus d’augmentation des prix et donc accélérant la spirale inflationniste du fait de la problématique salaire.

Se pose parallèlement à ce phénomène, la fausse impression de plein emploi en France, rareté de la main-d’œuvre perceptible. C’est à ce niveau que vont se déclencher les problèmes sociaux. Un grand nombre de Français ne trouvent pas ou ne trouveront pas d’emploi et donc pas de situation stable pour pouvoir exister et nourrir leur famille. Ils seront contraints de ne pouvoir compter que sur le soutien de l’État. Ou sur eux-mêmes.

Clairement les propositions d’emplois vont diminuer, les licenciements s’intensifier. Augmenter les salaires alimente d’inflation !

La situation économique actuelle est impossible à tenir et il n’y a plus de remèdes connus. Nous allons entrer dans une situation très compliquée à gérer. Le risque social est dans tous les cas à son niveau le plus élevé. Le danger est aussi présent au niveau de notre épargne personnelle et de l’investissement donc du rentier et du retraité.

 

La stagflation n’est pas loin

Nous voici à la porte de la stagflation, situation particulière et douloureuse humainement.

Voici pourquoi le problème des faibles revenus et de l’endettement de l’État doit être résolu par la banque centrale européenne afin de maintenir coûte que coûte le pouvoir d’achat des Français les plus exposés. Il est donc vital pour l’économie d’augmenter les taux d’intérêts pour ne pas faire disparaître l’épargne et ne pas casser le mécanisme d’investissement.

À nous de penser autrement, de repenser vite et bien et d’apporter des structures libérées de modèles et croyances qui ont vécu. Loin des peurs, des rigidités. Avec espoir, humanité.

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  • Merci pour votre très bon article sur l’inflation .

    Concernant la mesure de la vitesse de la monnaie je vous invite à lire sur https://theoreco.com :
    Un possible retour de l’inflation est-il souhaitable? MV=PT modifié par le numérique

    https://theoreco.com/non-classe/mvpt-david-hume-john-hicks-milton-friedman-banque-centrale-monetaristes-quantitative-easing-creation-monetaire-qe-fed-trappe-a-liquidite-michel-aglietta-alternatives-economiques-inflation-dettes-taux-755.html

    Et je suggère qu’il convient de parler de ce qui déclenche l’inflation :
    https://theoreco.com/non-classe/inflation-hausse-des-taux-dinteret-puis-recession-906.html

  • « maintenir coûte que coûte le pouvoir d’achat des Français les plus exposés »
    Si c’est ça l’objectif, alors la guerre est perdue. « Penser autrement », ça devrait vouloir dire offrir à chacun un cadre où il pourra s’en sortir par ses efforts individuels, au lieu d’avoir intérêt à s’abandonner afin de faire partie des plus aidés.

    • C’est exactement ce que j’ai pensé! Si « maintenir le pouvoir d’achat » signifie envoyer un chèque à chacun de nous, alors on est mal parti pour résoudre le problème.

  • « L’endettement de l’État doit être résolu par la banque européenne » : c’est exactement ce qui a créé l’inflation en Europe quand sa banque centrale a racheté des dettes de ses pays membres. Pour éviter que l’inflation dure, il faut s’attaquer à sa racine : les dépenses de l’état : supprimer (comme Reagan) les 50% de fonctionnaires qui ne font rien et augmenter les autres, supprimer le RSA à toute personne refusant 1 emploi, limiter le RSA à 5 ans maximum par individu, traquer les fraudeurs sociaux avec des peines très dissuasives, diviser par 4 le nombre d’élus sur le territoire, interdire à tout élu le financement d’association (les individus qui sont pour l’association les financeront eux-mêmes), rendre les élus personnellement responsable de dettes générées comme le sont les chefs d’entreprise, payer les députés et sénateurs au salaire médiant des français en âge de travailler (ce qui les inciterait à faire des lois qui aident à la création de richesses et non à la fermeture d’entreprises) , reformer l’éducation nationale, la justice, etc. Chacune de ces actions ferait baisser les impôts indirects sur les biens et salaires, diminuant ainsi les prix.
    Voilà, il y a énormément de solutions pour diminuer la dette responsable de notre inflation. Mais c’est plus opportuniste de donner un chèque énergie pour se faire réélire et éviter la descente dans la rue.

    • Petit rajout: nos représentants nationaux étant issus essentiellement (plus de 2/3) de la fonction publique et assimilée, ils devraient abandonner définitivement leur fonctionnariat s’ils se présentent aux élections pour être députés ou sénateurs. Càd impossibilité de revenir dans la fonction publique et assimilé en cas de défaite.
      Cela limiterait certaines « vocations » qui consistent, in fine, à passer d’une pantoufle à une autre et à défendre ses intérêts de fonctionnaire.
      On se saurait sans difficultés servir à la fois les intérêts de l’Etat et ceux des citoyens. Il y a de nombreux conflits d’intérêt.
      « Un peuple n’a qu’un ennemi dangereux, c’est son gouvernement » Louis Antoine De Saint Just

  • La fameuse équation M.V = P.T issue des réflexions des monétaristes les plus connus, David Hume, John Hicks et Milton Friedman, synthétise un lien théorique selon lequel : à vitesse de circulation (V) et volume de transactions (T) constants, la hausse de la monnaie en circulation par la Banque Centrale (M) se traduit par une hausse globale des prix. Cette théorie a pu être vérifiée empiriquement de 1960 à 2007 sur des économies en fonctionnement normal.
    A partir de 2008, des études ont montré que le niveau d’augmentation des prix s’est décorrélé de la hausse de la masse monétaire (M à 8 % et P à 2%) qui est continue jusqu’en 2020. Cette décorrélation a donné lieu à plusieurs interprétations. Pour les monétaristes, V et T étant constant sur le court terme, c’est M qui agit sur P alors que pour les keynésiens c’est le système des prix qui agit sur M.
    Depuis 10 ans, les banques centrales (Etats Unis, Japon, Europe), utilise le Quantitative Easing, (en français « assouplissement quantitatif ») l’instrument qui favorise la création monétaire directement et indirectement et qui avait pour objectif de relancer l’investissement par des taux d’intérêt bas et par une relance globale. Les montants ont été très importants. De 2010 à 2014, 3500 milliards de dollars par la FED et 2600 milliards de titres achetés par la BCE depuis 2015. En termes de croissance et d’inflation les résultats sont plutôt mitigés, mais quel aurait été le scénario si rien n’avait été fait ?
    L’interprétation keynésienne est celle de la trappe à liquidité qui résulte du comportement des agents dans une conjoncture de récession et d’incertitude et qui se traduit par de la thésaurisation en épargne de précaution et l’absence de placements en raison de leur faible rentabilité.
    Revenons à MV=PT. Quid de V dont on fait très souvent l’hypothèse de stabilité ? Comme le montre le graphique ci-dessous concernant les monnaies du G7, la vitesse de la monnaie a été divisée par 2 depuis la fin des années 70. L’évolution de la masse monétaire M1(1) au sens étroit correspond aux billets, pièces et dépôts à vue est passée d’un indice 60 en 2011 à 130 en 2019.
    Ces deux chiffres : V divisé par 2 et M multiplié par 2 conduisent à revaloriser l’équation MV=PT. Mais ceci n’exclut pas forcément le principe de la trappe à liquidité.
    La baisse continue de la vitesse de la vitesse de circulation a probablement d’autres causes comme le fait que depuis les années 70 de manière continue le nombre de cartes de paiement et de fidélité chez les consommateurs ne cesse de croître. On ne peut que constater dans la grande distribution le nombre de caisses réservées aux cartes de fidélité du magasin. Ce phénomène de la consommation au niveau macroéconomique qui résulte bien de la numérisation de l’économie s’ajoute à celui de la trappe à liquidité pour l’investissement. Il y a également moins d’investissement dans des dépôts à terme rémunérés et des comptes avec préavis contrairement à la période des années 70 et 80 lorsqu’il y avait encore de l’inflation et que les taux d’intérêt étaient faibles.
    Ces hypothèses expliquant le ralentissement de la vitesse de la monnaie et donc le non-retour de l’inflation revalide les fondements explicatifs de l’égalité MV=PT, contrairement à ce qu’affirment des économistes comme Michel Aglietta ou Alternatives Economiques (septembre 2020) dans l’article : « ces lois du marché qui ne fonctionnent plus : Créer massivement de la monnaie nourrit l’inflation ».
    Quoiqu’il en soit, la situation économique de l’après Covid va probablement conduire à des recommandations visant à limiter les politiques de QE et ce pour plusieurs raisons : le fait que les politiques de QE n’ont pas vraiment réussi, la nécessité d’une reprise économique ciblée sur les secteurs particulièrement touchés et les niveaux d’endettement. Les niveaux d’endettement dont certains anticipent des impacts négatifs, vont certainement créer des conflits au sein de l’Europe entre les pays déjà bien endettés et qui continuent à s’endetter, et les pays dits « sérieux ». La recherche de nouvelles solutions pour relancer nos économies et particulièrement le niveau de l’investissement ne sera pas simple dans un contexte d’échanges internationaux complexes que certains (des rêveurs) voudrait remettre en cause. Un retour d’une inflation globale pour diminuer les dettes, augmenter les taux d’intérêt, et permettre des anticipations de marges par des hausses de prix pour favoriser des nouveaux investissements serait souhaitable. Mais dans le contexte actuel de taux d’intérêt négatif (réemprunter pour rembourser les dettes), de risque de chute de confiance, de sous-emploi et de très forte concurrence sur des prix de produits et services majoritairement internationalisés, ce souhait ne relèvera pas du court terme. De plus, les entreprises ne se financent pas aussi facilement que l’on pourrait le penser compte tenu de l’offre de monnaie. Les banques ont de l’argent mais ne l’envoie pas forcément dans la sphère réelle de l’économie. 1)graphique https://data.oecd.org/fr/money/monnaie-au-sens-etroit-m1.htm#indicator-chart). Voir graphique sur Theoreco

    Bernard Biedermann
    Conjoncture et décisions
    http://theoreco.com

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