NewB, la banque durable qui aura duré trois ans

Jamais NewB n’aurait pu augmenter son capital jusqu’à obtenir sa licence bancaire sans le soutien amoureux, la clameur unanime de la presse francophone.

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NewB, la banque durable qui aura duré trois ans

Publié le 9 novembre 2022
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Tout avait pourtant si bien commencé. Le 17 mai 2011 étaient déposés au greffe de Bruxelles les statuts de la coopérative NewB, visant à « préparer la fondation d’une nouvelle banque coopérative en Belgique » (article 3).

Parmi les parents statutaires de cette belle et noble initiative, la fine fleur de la gauche bien-pensante belge : Bond Beter Leefmilieu-Vlaanderen, Caritas Catholica, CND-111111, Greenpeace Belgium, Inter-Environnement Bruxelles, Médecins du Monde, Vredeseilanden, etc. Comment un enfant né de la morale pourrait-il ne pas croître et prospérer ?

Bien sûr, les débuts furent un peu chaotiques.

En 2014, NewB sollicitait une première fois l’obtention de la licence bancaire auprès de la Banque nationale de Belgique. Cramponnée à des critères bassement capitalistes, le BNB refusait à NewB sa licence bancaire au motif de fonds propres insuffisants et de l’absence d’un actionnaire de référence aguerri au métier bancaire.

En 2016, le groupe d’assurances français Monceau entrait au capital de NewB, lui offrant tout à la fois un supplément de capital, et l’actionnaire de référence qui lui manquait. Les coopérateurs de NewB passent du même coup de 40 000 en 2013 à 50 000 coopérateurs en 2017 (Coopérateurs et non clients. More on that later). Malgré ces résultats, toujours cramponnée à ses critères arithmétiques, la banque centrale ne voulait rien entendre : NewB n’est pas une banque.

On reconnaît le gauchiste à cela qu’il n’abandonne jamais que lorsque la réalité le pulvérise. Non pas que le gauchiste ait davantage de tempérament. Mais il est si persuadé d’incarner le Bien, Dieu et l’Avenir (biffer selon vos convictions), qu’il refuse absolument de concevoir la possibilité de son propre échec.

Unanimement soutenue par une presse francophone aussi compétente en finances que Tinne Vander Straeten l’est en énergie, NewB lançait en 2019 une nouvelle campagne de collecte de fonds. 77 000 souscripteurs y participent, ce qui permet à NewB d’atteindre les 30 millions de capital conditionnant son agrément bancaire. À noter la participation à cette levée de fonds de l’hyper-endettée Région wallonne (400 000 euros), de l’hyper-endettée Région bruxelloise (400 000 euros) et de trois universités francophones (pour un total de 400 000 euros). Quand on aime, on ne compte pas.

Le 31 janvier 2020, la Banque centrale européenne octroyait, enfin, à NewB sa précieuse licence bancaire. Heureuse conclusion d’un processus qui aura duré 10 ans.

 

Heureuse conclusion, mais heureuse pour qui ?

NewB bénéficie depuis le début d’une gigantesque et permanente campagne de presse gratuite. Ce rabattage médiatique a permis à NewB de multiplier le nombre de ses coopérateurs, jusqu’à 120 000. Mais le nombre des clients, quant à lui, ne dépassait pas 20 000 vs. 120 000 coopérateurs ! Ce qui signifie que NewB n’a jamais paru crédible comme banque qu’auprès de un sixième de ses propres coopérateurs !

Tout le problème est là. Quand retombent les cendres du discours gauchiste, on revient à des fondamentaux. Pour prospérer, une entreprise a besoin de clients ; pas de client, dépôt de bilan. C’est vrai pour le boucher du coin, c’est vrai pour une entreprise de services, c’est vrai pour la KBC. C’est aussi vrai pour NewB.

En réalité, jamais NewB n’aurait pu augmenter son capital jusqu’à obtenir sa licence bancaire sans le soutien amoureux, la clameur unanime de la presse francophone. 46 % des journalistes francophones votent écolo. NewB, banque éthique et durable, transition énergétique : comment résister ?

 

Une entreprise qui peine à rameuter des clients meurt

C’est la permanente désinformation de la presse qui a maintenu NewB dans une sorte de cocon hors du réel, donnant l’illusion de la viabilité à une institution qui n’aurait jamais dû obtenir sa licence bancaire, ni survivre à ses premières années d’échec.

Dans ses comptes annuels déposés à la Banque nationale le 6 juin 2022, la mort à crédit de NewB était inscrite. Si les journalistes faisaient leur travail, au lieu de prendre leurs émotions pour des faits, il suffisait de les consulter.

Le rapport de gestion du conseil d’administration annexé au bilan ne laisse en effet guère de doute : si NewB a des coopérateurs, elle n’a pas de clients. Son nombre de clients est, reste et a toujours été dérisoire. Le conseil d’administration a beau habiller cette réalité élémentaire d’un nuage de mots, sacrifiant à tous les poncifs de la gauche, la réalité commerciale est nette. NewB, est-il stipulé, porte 27 millions de pertes au 31 décembre 2021 et elle a besoin de 40 millions tout de suite, ou elle meurt. La Région wallonne a bien envisagé de cracher une nouvelle fois dans le tonneau des Danaïdes, mais la clameur populaire, notamment sur les réseaux, a mis un terme à cette nouvelle aberration.

Pour conclure, on notera le rôle étrange joué dans cette pantalonnade par l’un des experts financiers favoris des médias francophones : Étienne de Callataÿ. Fin septembre 2022, alors que les carottes de NewB étaient manifestement cuites et que les derniers comptes NewB étaient de longue date disponibles à la Banque nationale, Étienne de Callataÿ se fendait d’un message sur Linkedin, appelant solennellement tous les Belges à soutenir NewB :

« Une vraie spécificité, qui enrichit l’écosystème. Voilà pourquoi il fait sens pour les gardiens de l’intérêt général (sic) de soutenir cette alternative. »

Callataÿ se compte-t-il au nombre des gardiens de l’intérêt général ? Même pas de la galaxie ?

Trente jours calendriers plus tard, par défaut de clients, NewB cessait ses activités bancaires, même pas trois ans après l’obtention de sa licence bancaire. Ses 120 000 coopérateurs ne récupéreront qu’une fraction dérisoire de leurs mises : ils ont tout perdu.

Étienne de Callataÿ est-il l’un de ces coopérateurs ? On l’ignore. Mais ce que l’on sait, en revanche, est que le fonds d’investissement de Étienne de Callataÿ, ORCADIA, était celui qui commercialisait les SICAV de NewB.

Le monde de la finance belge « éthique » est petit.

 

Article publié initialement par l’hebdomadaire flamand ‘t Pallieterke.

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