Super-profits : commençons par revenir à un vrai marché libre

Du côté des extrêmes de gauche comme de droite, l’affaire est entendue : il faut taxer les « superprofits » que les entreprises ont réalisés à la faveur des crises covid et de la guerre en Ukraine. 

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Super-profits : commençons par revenir à un vrai marché libre

Publié le 14 septembre 2022
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Il fallait s’y attendre. Chaque nouvel épisode de crise relance automatiquement la chasse aux « profiteurs » de crise. « Amazon se gave ! » lançait Roselyne Bachelot en novembre 2020, au cœur du débat sur les restrictions d’activité anti-covid. Vite, boycottons Amazon, taxons son chiffre d’affaires, ramenons de la sobriété et de la justice sociale dans ce monde de brutes ! Aujourd’hui même combat : haro sur le transporteur maritime CMA-CGM, haro sur le pétrolier TotalEnergies, haro sur tous les profits trop gigantesques pour être honnêtes.

Du côté des extrêmes de gauche comme de droite, l’affaire est entendue : il faut taxer les « superprofits » que les entreprises ont réalisés à la faveur des crises liées au covid et à la guerre en Ukraine. Du côté du gouvernement, en revanche, la situation est plus confuse. Emmanuel Macron n’a pas mâché ses mots pour fustiger les « profiteurs de guerre », mais au sein de son gouvernement, le ministre de l’Économie a commencé par écarter l’idée d’une taxation spéciale tandis que la Première ministre préférait « ne pas fermer la porte » sur une telle mesure. Une confusion plus formelle que fondamentale car au final, tout le monde est d’accord pour taxer les superprofits.

Il faut se rappeler que Bruno Le Maire a passé ces derniers mois et ces dernières semaines à nous expliquer à quel point le gouvernement avait merveilleusement protégé les Français face aux difficultés engendrées par la pandémie, et maintenant face à l’inflation – tout cela sans augmenter les impôts. Mieux, « non seulement, il n’y aura pas d’augmentation d’impôts, mais nous continuerons de baisser les impôts », expliquait-il cet été au moment du vote sur le paquet « pouvoir d’achat ».

Rectifions. Sans augmenter les impôts, peut-être – et encore faut-il remarquer que pour les propriétaires, la suppression pas encore achevée de la taxe d’habitation est en train d’être largement annulée par une taxe foncière en pleine croissance. Mais quand on s’appuie sur la dette au point de l’avoir fait caracoler de 98 % à 114,5 % du PIB entre décembre 2019 et mars 2022, il devient pratiquement mensonger de se féliciter de sa grande sobriété fiscale. Surtout lorsqu’on est déjà le pays champion du monde des prélèvements obligatoires et des dépenses publiques.

En parlant de dette, justement, il fut une époque où il était de bon ton d’y recourir pour un oui ou pour un non tant elle ne coûtait rien. Or ce n’est plus du tout le cas. La charge de la dette française s’est remise à augmenter en 2021 et elle va continuer à s’alourdir du fait de l’inflation sur laquelle une partie des emprunts publics sont indexés et du fait de la remontée des taux opérée par les banques centrales pour contrecarrer l’inflation.

Nous arrivons donc à ce moment critique (sur lequel des empêcheurs de tourner en rond comme les magistrats de la Cour des comptes avaient pourtant lancé de nombreuses alertes) où l’on commence à se dire qu’il va bien falloir que quelqu’un paye. Problématique bercynoise : comment faire pour amener plus d’agent dans les caisses du Trésor public sans trop se désavouer et sans parler d’impôt ? En s’appuyant sur « un mécanisme de contribution européenne ». Bref, une taxe. Mais si cela vient de l’Union européenne, on pourra dire que « tout le monde le fait », ce qui prouvera que c’était la « bonne solution ».

À entendre nos subtils politiciens s’exprimer, il y a pourtant largement de quoi en douter. Si l’on en croit Mme Borne, « les entreprises qui font des super profits doivent rendre du pouvoir d’achat aux Français ». Le député Renaissance Sacha Houlié demande même que les entreprises « rendent de l’argent » aux Français. Comme si l’acte de vente des entreprises à un certain prix agréé par l’acheteur était du vol.

Dans les faits, les entreprises ont bel et bien fait des gestes en faveur des consommateurs face à l’inflation. TotalEnergies s’y est mis en consentant une ristourne de 20 centimes par litre vendu sur ses carburants jusqu’à fin novembre, CMA-CGM s’y est mis, la grande distribution s’y est mise. Mais cela ne vaut pas. Les profits continuent à être perçus comme un gain illégitime, honteux, presque criminel, qu’il convient d’encadrer au maximum via la fiscalité, le blocage administratif des prix et la détermination administrative des salaires.

Il ne faudrait pourtant pas oublier que les superprofits qu’il est aujourd’hui question de taxer davantage ont déjà subi l’impôt sur les sociétés (à 25 %) comme tous les profits. N’oublions pas non plus que s’agissant des ventes de carburants, l’État prélève des taxes tellement élevées sur la consommation (TICPE et TVA) qu’elles finissent par représenter beaucoup plus que le prix hors taxes des produits. Si certaines entreprises « se gavent » (pour reprendre l’élégante formule de l’ancienne ministre de la Culture), l’État aussi, automatiquement.

Quant aux profits qui restent dans l’entreprise, ils représentent les investissements de demain, donc les emplois et les salaires de demain. Comme disait déjà Vauban aux alentours de 1700, « l’argent du royaume le mieux employé est celui qui demeure entre les mains des particuliers où il n’est jamais inutile ni oisif. » Peut-être l’État pourrait-il commencer lui-même à « rendre de l’argent » aux Français. Mais évidemment, il faudrait alors envisager de baisser les dépenses publiques, abolir la politique systématique des chèques « pouvoir d’achat » ou des primes « remise en selle vélo » – bref, mettre fin à ce petit clientélisme redistributif qui fait toute la carrière d’un politicien.

Du reste, quand peut-on commencer à parler de résultats exceptionnels ? Face à l’inflation, les entreprises spécialisées dans les produits low cost bénéficient actuellement d’un regain d’attention de la part des consommateurs, engrangeant ainsi chiffre d’affaires et marge supplémentaires. Va-t-on considérer qu’elles prospèrent sur la crise ? A contrario, les entreprises de e-commerce qui avaient vu leurs ventes augmenter significativement pendant la période des confinements covid ont enregistré un recul de 15 % au premier trimestre 2022 par rapport à la même période de 2021.

Enfin, dans ce débat fiscal sur les superprofits, difficile de ne pas repenser au texte de Ludwig Von Mises intitulé « Sur un marché libre, aucun profit n’est excessif ! »

Tandis que chez nous, en France, tout discours consensuel sur les méthodes pour éradiquer la pauvreté, le chômage, les injustices sociales, passe obligatoirement par la condamnation des « profits excessifs » réalisés par les entreprises et celle des dividendes non moins scandaleux qu’elles versent à leurs actionnaires, Mises nous donne un autre aperçu du profit. Il le replace dans sa réalité économique et lui réattribue toute sa valeur sociale.

Sous un titre clairement polémique, il explique que ce n’est jamais le capital qui génère les profits, mais la bonne utilisation de ce capital. « C’est de l’intelligence de l’entrepreneur, de son travail de réflexion, que les profits émergent en dernier ressort. » Il en résulte que « l’une des fonctions principales du profit consiste à placer le contrôle du capital entre les mains de ceux qui savent comment l’employer au mieux pour la satisfaction du public. »

Mais voilà, il est bien précisé que tout ceci est vrai sur un marché libre. Les superprofits dont on parle ont-ils été réalisés dans le cadre d’un marché parfaitement libre ? Ceux de CMA-CGM ont été obtenus parce que la brusque reprise de l’activité post-covid a créé des goulots d’étranglement dans les chaînes de production et de transport, avec pour résultat de faire monter les prix face à une offre trop faible par rapport à la demande. Autrement dit, les profits du transporteur dérivent directement des politiques anti-covid imposées par les gouvernements.

Sur le marché de l’énergie, la perturbation vient certes de la rupture des échanges avec la Russie, mais également d’une réglementation tarifaire (sur l’électricité notamment) qui se révèle si insatisfaisante que les ministres de l’énergie des pays de l’Union européenne se sont réunis spécialement vendredi dernier pour l’amender – sans aboutir à ce jour.

Alors oui, il arrive que des crises surviennent. Il arrive que des chocs externes qui perturbent l’offre ou la demande se produisent, plaçant certains acteurs en position favorable et d’autres en position défavorable. Mais l’on sait, avec Jacques Rueff par exemple, qu’elles sont souvent favorisées par trop de régulation initiale mal goupillée et que les réponses à ces crises par distorsions volontaristes sur les prix ou les salaires, donc sur les profits, a pour effet systématique de les prolonger par brouillage du signal des prix puis cascade de mauvaises décisions prises en méconnaissance de cause.

La bonne idée, pour les consommateurs comme pour les producteurs, ne serait-elle pas de revenir à un marché aussi libre possible ?

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  • « le gouvernement avait merveilleusement protégé les Français face aux difficultés engendrées par la pandémie, et maintenant face à l’inflation – tout cela sans augmenter les impôts. Mieux, « non seulement, il n’y aura pas d’augmentation d’impôts, mais nous continuerons de baisser les impôts » »
    Il faudrait quand même ( ET EN MÊME TEMPS) que le petit Bruno Rigolo nous explique que le budget de la France n’est plus jamais en équilibre depuis des décennies, que les dépenses publiques augmentent encore plus vite que les impôts, et que brusquement, miraculeusement, on va continuer à cramer de l’argent public tout en baissant les impôts! Alors, soit il nous prend pour des buses, et dans ce cas pourquoi n’avoir pas appliqué sa merveilleuse méthode plus tôt? ( La quelle méthode n’est pas clairement expliquée ici?), Soit il pilote un simulateur d’économie complètement déconnecté de la réalité!

  • D’où la sortie de Lemaire :
    – Je ne sais pas ce que c’est qu’un super-profit.
    Il a bien raison !

  • Rien ne vaut les supers profits des monopoles comme la SNCF et l’EDF gérés par de supers managers étatiques. Tout ce qui est géré par l’État est en déficit. Comment fait donc le privé pour faire des profits ? C’est un mystère pour nos énarques et autres polytechniciens et même une erreur qu’il faut à tout prix corriger.

    • Les entreprises privées ne font pas toujours des profits. Vous voyez celles qui y réussissent, vous ne voyez pas celles plus nombreuses qui échouent et finissent pas fermer. C’est très compliqué de faire du profit et ce n’est jamais acquis.
      Biais du survivant.

    • « un mystère pour nos énarques et autres polytechniciens »
      S’il vous plaît, évitez de mélanger les torchons et les serviettes.

      • Personne ne semble comprendre que Giscard ou Borne sont des X plutôt atypiques. Au temps de Giscard, environ 1% d’une promo se dirigeait ensuite vers l’ENA. Mme Borne est peut-être moins atypique, mais reflète la médiocrité d’esprit qu’on ne peut éradiquer par une sélection par un concours purement scientifique et ne doit pas jeter d’ombre sur ses camarades plus brillants.
        Il faut juger les gens sur ce qu’ils sont individuellement, et non sur leur formation. Une manière simple et naïve de distinguer le bon grain de l’ivraie chez les X est de considérer leur choix d’une carrière plus civile ou bien dans le corps des Mines ou des Ponts. J’invite le lecteur intéressé à comparer la biographie d’Emmanuel Rosencher, disponible sur Wikipedia, avec celle de notre première sinistre, et à s’interroger sur la mise dans le même sac des deux polytechniciens qu’ils sont.

        • Ce sont des X qui managent avec tant d’efficacité la SNCF et l’EDF. Et pour faire plaisir aux énarques de l’état, rien ne vaut baisser son froque telle une carpette pour rester en place. Et aussi embaucher leurs copains ou des membres de leur famille à des postes de pantouflage.
          C’est une réalité pour qui regarde la situation de ces 2 fleurons français. – -50 milliards quand même et chacun s’il vous plaît ! Beau bilan pour les staffs managériaux composés majoritairement d’X.

  • La solution existe pour lutter contre les Super Profits !
    Renault avec l’abandon du marché russe, l’interdiction des moteurs thermiques, et le reste, ne devrait pas tarder a crever la gueule ouverte !
    Merci a nos Zélites

    • Pour faire court: ne rien produire et faire en sorte que les clients/consommateurs n’aient rien à acheter tout en les payant en monnaie de singe !
      Ça rappelle furieusement les flamboyantes années de l’URSS et de son économie étroitement planifiée!

    • Oui et pendant ce temps là, les énarques et les fonctionnaires continuent de prospérer

  • Quelques entreprises en France font des supers profits, pour ces entreprises c’est l’omerta « Totale », au gouvernement et les politiciens se contentent de passer à la caisse.

  • Et les superprofits des labos pharmaceutiques créés par les tombereaux d’argent des autres déversés par L’ état, idem pour les labos d’analyses médicales avec les tests PCR gratuits avec l’argent des autres par centaines de milions, on en parle? Et les supermoinsfits qui vont être créés dans les entreprises à cause du prix de l’électricité qui a explosé grâce à la gestion avisée de ces saboteurs gouuvernementaux?

  • Super-profits encore un néologisme pour une propagande gauchiste
    Une entreprise fait des profits point barre ce que permet de payer ses dirigeants, ses employés,ses investissements…
    Autrement elle disparaît et plus rien pour personnes
    Quand à l inflation c’est un impôt déguisé ni plus ni moins.
    Produits plus chers plus de taxes
    D ailleurs les recettes fiscales du premier semestre ont bien augmenter non?
    (Recettes fiscales ont augmenté de 27 milliards au premier semestre selon le MEDEF)

    • « Une entreprise fait des profits point barre ce que permet de payer ses dirigeants, ses employés,ses investissements… »
      Il me semble que vous oubliez les taxes impôts et autres charges qui eux peuvent être qualifiés XXL SUPERS!

      • Vous faites bien de rajouter taxes impôts charges cette une omission de ma part

        • Quand on a été gérant de société ce sont des choses difficiles à oublier, surtout quand vous demandez à une pouffe de l’URSSAF un délai de réglement et qu’elle vous suggère finement de déposer le bilan si vous ne pouvez pas payer, sans oublier de vous coller 10% de pénalités!

          • Entièrement d’accord avec vous.
            Le seul point noir si vous
            me le permettez est le terme « pouffe de l URSSAF »
            Je pense que m importe quelle employée ne fait qu appliquer le règlement de l entreprise donc pour moi elle n est pour rien dans la décision finale.
            Non?

            • Pour avoir participé à plusieurs contrôles URSSAF, dans deux cas je pourrai même dire bénéficié (même s’il y a une correction des cotisations) et le dernier subi, les employés n’ont pas le même abord du règlement et de vos problèmes. La dernière était là pour avoir notre peau, ne savait pas ni avant ni après quel était le rôle et l’activité de notre entreprise, ne connaissait que la part du règlement et de la Loi qu’on lui avait inculqué.

            • Sauf que la « dame » de l’URSSAF pouvait faire son boulot en étant aimable et polie, et sa suggestion de déposer le bilan déplacée. Donc mon qualificatif largement mérité !

    • Les entreprises font vivre au delà de ceux que vous citez : tous les élus, tous les fonctionnaires, toutes les professions qui ne sont pas à ´ origine d’une quelconque création de richesse. La réalité est elle

      • C’est exactement ce que j’avais fait remarquer à la « gentille dame de l’URSSAF » pas très fûtée quand même que si les entreprises cessaient de financer son « activité », elle se retrouverait vite au chômage, ce qui je le conçois aurait pu lui faire craindre que les entreprises qu’elle « sollicitait » suivent son judicieux conseil avec les conséquences attendues sur ses revenus:

        • Hélas, ces gens considèrent que se retrouver au chômage leur permettrait de conserver salaire et retraite sans avoir besoin de faire quoi que ce soit.

          • Oui, bien sûr, elle est peut-être proche de la retraite aujourd’hui, mais même fonctionnaire, elle risque comme nous, de s’apercevoir que salaire et retraite sont payés avec des billets de monopoly ayant d’autant moins de valeur quand il n’y aura plus rien à acheter ( gaz électricité, alimentation etc…..)

  • L’État a raison, pour quoi investir en cash, alors qu’on peut comme lui s’alimenter sur les marchés financiers.

  • La politique peut tout faire…de travers. Il faut arrêter la politique tout simplement et le plus rapidement possible

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