Sébastien Laye : « Il faut se remettre au travail, écouter les Français »

Entretien avec l’entrepreneur Sébastien Laye qui a déposé sa candidature pour la présidence des Républicains.

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Sébastien Laye : « Il faut se remettre au travail, écouter les Français »

Publié le 11 août 2022
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L’entrepreneur Sébastien Laye a déposé sa candidature pour la présidence des Républicains. Sébastien Laye est diplômé d’HEC Paris et de Sciences Po Paris et titulaire d’un Commercial Real Estate Executive Education Program du MIT (Boston). Entrepreneur dans le domaine de l’immobilier et du financement de l’immobilier (en Europe et aux États-Unis).

Entretien réalisé par Contrepoints.

 

Contrepoints : Quel est votre parcours, qu’est-ce que vous pouvez apporter aux LR que les autres candidats, même putatifs, n’ont pas ?

Sébastien Laye : Je suis un entrepreneur (depuis presque dix ans, j’ai créé plusieurs sociétés dans les services financiers, aux États-Unis et en France, avant de me spécialiser dans le financement immobilier) et un investisseur dans la technologie. Économiste de formation, je suis affilié à un think tank libéral-conservateur, l’Institut Thomas More, pour lequel je produis notes et rapports depuis cinq ans. J’ai une importante présence médiatique, sur Cnews ou dans mes chroniques pour Capital ou FigaroVox. J’écris aussi dans Contrepoints depuis 2016 et la communauté de ce media me connait depuis longtemps.

Né à Marseille, après mes études (HEC, Sciences Po, Droit, MIT executive education) j’ai vécu dix ans aux États-Unis, avec un parcours qui reste très international. Je travaille depuis des années avec des hommes politiques de LR sur leurs programmes économiques et sociaux. Entrepreneur, jamais élu, avec une belle expérience internationale, je serais le seul candidat jamais rémunéré par les impôts des Français, là où mes concurrents ont tous été collaborateurs parlementaires avant d’être élus. Des élus, il en faut, mais en se coupant totalement de la société civile, le Parti a perdu toute sa force d’attrait pour les Français.

Je suis le seul candidat avec une expérience de l’entreprise, de l’association, de l’international, ou pratiquant même une langue étrangère. Cela devrait être normal pour tout profil politique, mais ça ne l’est pas en France où la reproduction des élites politiques a atteint un paroxysme difficilement compréhensible. Par ailleurs, comme le savent les lecteurs de Contrepoints, j’ai élaboré une vraie pensée, cohérente, aux confins de la liberté économique et de la défense des classes moyennes. J’ai le pragmatisme d’un entrepreneur mais je sais aussi m’entourer de vrais intellectuels (comme lors de collaborations à plusieurs auteurs tous plus brillants que moi dans Contrepoints) et cela sera utile pour renouveler le logiciel idéologique de la droite.

Les leaders du Parti n’ont plus d’idées, ne peuvent pas les incarner (que valent leur discours sur la liberté économique quand ils n’ont jamais pris de risque avec leur argent, se contentant d’être fonctionnaires toute leur vie ?), et en sont réduits à venir voir des personnes comme moi pour établir leurs programmes. Les adhérents LR seront mieux servis en votant directement pour les producteurs d’idées et les chefs d’entreprise qui tiennent encore à bout de bras cette famille politique…

 

Qu’est-ce qui vous pousse à candidater ?

Essentiellement la défense des classes moyennes, de ce bloc populaire de la France qui veut vivre de son travail et préserver ses valeurs. Le mérite doit retrouver sa place dans notre pays.

Pour aider les classes moyennes, il faut d’abord que l’État retrouve sa juste place et cesse de les harasser de normes, lois, impôts et charges aussi absconses qu’injustes. C’est notre illustre ancêtre Georges Pompidou qui nous avait alertés : « Arrêtez d’emmerder les Français ! Il y a trop de lois dans ce pays, on en crève, laissez-les vivre ».

Économiste, j’ai des mesures et un programme crédible afin de dé-normer, débureaucratiser le pays (j’avais par exemple l’an dernier préparé le programme de Denis Payre). Notre droite doit défendre plus clairement les libertés économiques, la baisse des charges, des impôts et des réglementations : mais nous devons mener ce combat en prouvant aux Français que nous serons les meilleurs gestionnaires, capables de ramener les impôts de 46 % à 40 % du PIB (la moyenne européenne) parce que nous aurons réduit la dépense publique de 56 % à 50 % du PIB : pour redonner du pouvoir d’achat aux Français et des forces aux indépendants et entrepreneurs, il faut réduire le périmètre de l’État. Les incantations de notre famille politique en la matière ne suffiront pas : le réel ne se nie pas.

Ensemble, sur la base de mon travail dans l’univers des think tank depuis des années, nous allons proposer le seul programme crédible de redressement économique du pays, avec une trajectoire budgétaire.

Mais la liberté ne se résume pas qu’au domaine économique. À cet égard, il faut redonner un souffle à nos libertés politiques, ce qui est l’héritage historique de la France. Comment tolérer les atteintes à la liberté lors de l’épisode du covid ? les interdictions de territoire pour certains Français de l’étranger, les obligations médicales et la ségrégation entre citoyens ?

Mes orientations vont aller vers la fin de la monarchie présidentielle en matière institutionnelle, dans la lignée des travaux de Philippe Fabry et de mes amis de Génération Libre (voir leur dernier rapport sur les institutions) : pour débureaucratiser le pays, il faut déconcentrer, créer des contrepouvoirs et davantage de checks and balances comme en Angleterre. La politique de grand papa autoritaire, trop souvent demandée par les chefs LR, c’est fini.

 

Qu’est ce qui doit changer à LR pour gagner ?

L’heure des partis uniques, monolithiques, est révolue. Les formations se créent autour de courants et de personnalités, il suffit de voir comment à droite, malgré l’échec final, Reconquête en six mois a aspiré nombre d’adhérents LR. Et ce après le pouvoir d’attraction de Macron sur la droite orléaniste. Avec la seule droite conservatrice, LR ne peut revenir au pouvoir. En réalité, plus aucun parti (ou marque, car dans le cas des marcheurs, il ne s’agit que d’une marque sans idéologie précise) ne peut accéder seul au pouvoir.

Ainsi, non seulement LR doit clarifier son logiciel idéologique, mais il doit accepter de travailler avec d’autres formations (associations, mouvements citoyens, petits partis politiques) en vue de constituer des alliances pour revenir au pouvoir.

Or le parti ne peut s’allier à d’autres mouvements qu’à deux conditions :

  1. Préciser son propre logiciel idéologique
  2. Abandonner le culte de la hiérarchie verticale, du chef, et des chefaillons en dessous du chef, ramant comme des Shaddocks en visant l’élection présidentielle.

 

L’horizon 2027 m’insupporte, car au rythme actuel de gabegie budgétaire et de laxisme généralisé, le pays sera détruit bien avant.

Il faut se remettre au travail, écouter les Français, et oublier les ambitions présidentielles des uns et des autres. C’est aussi le grand intérêt de ma candidature : non aligné, la guerre des chefs et des prétendants élyséens (ici par le truchement d’autres candidats, Ciotti étant par exemple en fait le représentant de Wauquiez) m’est étrangère. Nous allons remettre à plat le logiciel idéologique, clairement le distinguer de Macron et du RN, et aussi gérer le Parti comme une entreprise : aujourd’hui en interne, il n’y a aucune vraie gestion des ressources humaines et des talents, simplement un système de courtisanerie/humiliation. N’importe quelle entreprise ainsi gérée ferait rapidement faillite… n’est ce pas déjà le cas de LR vu ses derniers scores ? Je crois qu’un bon redressement d’entreprise est ici nécessaire !

 

Quelle place pour la liberté dans une plateforme programmatique LR qui semble souvent céder aux sirènes du populisme ?

En premier lieu (et cela transparait dans mes analyses publiées précédemment), je n’oppose pas liberté et populisme. Le populisme, idéologiquement, cela ne veut rien dire. Comme le dit le philosophe Vincent Coussedieres, c’est la situation dans laquelle se trouve un peuple à l’instant T qui considère qu’il n’est plus correctement représenté par ses élites. On peut être dans cette sécession face aux élites tout en défendant la liberté (et même en la défendant comme solution à cette sécession) et on peut même défendre les classes populaires et moyennes face à la prise de distance des élites tout en appartenant statistiquement aux élites.

Dans les deux cas, c’est ma position personnelle, si vous lisez mes analyses ou reprenez mon parcours. À titre d’exemple, je suis allé manifester avec les Gilets Jaunes, pour la liberté contre un État omniprésent.

Une fois ceci posé, la liberté doit être au fondement de la plateforme programmatique de LR, y compris pour mieux défendre les classes moyennes et populaires.

Par exemple, la droite sociale de Pradié n’a aucun sens intellectuellement parce que les classes populaires ne demandent pas plus d’assistanat et de socialisme, mais plutôt de mieux jouir de leur travail : moins d’impôts, moins de charges, moins de règlements ubuesques. Notre programme économique ne peut être que placé sous le sceau de la liberté.

Mais je le redis, il en est de même de notre vision des institutions : la droite autoritaire de Ciotti est aussi hémiplégique, non seulement parce qu’elle ne dit rien de structuré sur l’économie, mais aussi parce que personne ne rêve d’un nouveau chef à la Ciotti ou à la Zemmour qui reprendrait tout en main de manière brutale (honnêtement, comment ces personnalités peuvent-elles croire qu’elles en seraient capables, eu égard à leur parcours qui n’est pas celui d’un de Gaulle ou même d’un Pasqua…). Notre culture politique doit faire confiance aux individus, à leur génie, aux collectifs, elle doit être plus horizontale que verticale, en favorisant les prises d’initiatives et l’innovation. Au-delà du Parti, c’est ainsi que nous redresserons le pays et notamment sa capacité de recherche et d’innovation.

Je conclurais donc avec Cicéron : « la liberté ne consiste pas à voir un bon maitre, mais à n’en point avoir…. »

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  • Une candidature portant le seul consensus entre les différentes ailes opposées des LR, et en plus avec des idées claires et clairement exprimées, ça a peut-être des chances de fonctionner.

  • Un garçon très bien que celui qui cite Cicéron !
    Hélas, confier les clés du camion de la droite française à un conservateur-libéral ne changera pas l’appétence de ce parti pour la loose. Vu que c’est ça qui l’a fait perdre depuis une décennie.
    La folie c’est de se comporter de la même manière et de s’attendre à un résultat différent (Einstein).

    -1
    • Conservateur je vois, mais libéral pas trop… le seul à avoir esquissé une réduction du périmètre de l’Etat dans son programme présidentiel l’a payé très cher…

  • Quelle bouffée d’oxygène dans ce monde déconnecté! Enfin un positionnement clair!
    Halte à tous ces bouffons techno, lèche-bottes, incompétents et arrogants!
    Marre que la ministre déléguée aux PME ait comme seule qualification d’être éducatrice….
    Quel désastre…

  • Pas mal, mais celui que j’attends (et qui, je crois, emportera la timbale) sera celui qui saura prendre le contrepied de la transition écologique autoritaire et de toutes les foutaises ruineuses qui vont avec, en affirmant que c’est le progrès qui nous a permis de nous inquiéter de l’environnement, déjà bien mieux préservé aujourd’hui qu’hier.

  • Enfin un LR qui assume son coté Libéral.
    Ca change de Lisnard qui est un Libéral d’Opérette et surtout d’opportunisme.
    J’avais apprécié le programme de Denis Payre à la primaire LR, ça fait du bien de voir qu’il reste des libéraux en politique en France.
    Bonne Chance

  • Paroles, paroles, paroles ….
    LR ? Ça existe encore, ça ?

  • Référendum d’initiative populaire, consultations referendaires larges pour légitimer les décisions importantes (exemple fin du système pétainiste de secu, retraite, fonctionnariat…). Mise en concurrence des regions comme les cantons suisses, toutes choses qui fonctionnent ailleurs. La France a surtout besoin de démocratie directe et là je ne vois rien sur le sujet….

    • La démocratie directe (demander aux passagers leur destination préférée) ne peut marcher que si l’autobus ne fonce pas déjà vers le gouffre. Sachons établir des priorités.

  • « je suis allé manifester avec les Gilets Jaunes, pour la liberté contre un État omniprésent. »

    plutôt je suis allé manifesté auprés de gilets jaunes qui voulaient un état moins omniprésent..

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