Guerre en Ukraine : ne laissons pas à Orban le rôle de l’arbitre réaliste

Sommes-nous en train de laisser la voix du réalisme en relation internationale aux démocraties illibérales comme celle d’Orban ?

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Guerre en Ukraine : ne laissons pas à Orban le rôle de l’arbitre réaliste

Publié le 27 juillet 2022
- A +

Le dernier discours du Premier ministre hongrois Viktor Orban a fait réagir la presse et l’opinion occidentales. En effet, à propos de la guerre en Ukraine, il a déclaré le 23 juillet en Roumanie : « Nous devons essayer d’affirmer notre position et tenter de persuader l’Occident de développer une nouvelle stratégie pour remplacer les rapports vides de la victoire. » Depuis le début de la guerre en Ukraine la Hongrie est réticente à appliquer un certain nombre de sanctions européennes et souhaite rester en dehors du conflit.

À l’instar de la Turquie, Viktor Orban cherche à se positionner en tant que médiateur entre la Russie et l’Occident (et plus précisément les États-Unis), ce qui soulève la question suivante : sommes-nous en train de laisser la voix du réalisme en relations internationales aux démocraties illibérales ? Une telle situation risque de faire du tort aux démocraties libérales déjà mal en point à cause de leurs problèmes internes.

 

Que critique Viktor Orban dans la stratégie de l’ouest ?

Selon le Premier ministre hongrois, dans cette crise la stratégie occidentale repose sur quatre affirmations :

« La première est que l’Ukraine ne peut pas gagner une guerre contre la Russie par elle-même, mais avec le soutien des Anglo-Saxons et les armes de l’OTAN. »

« La deuxième affirmation stratégique est que les sanctions affaibliraient la Russie et déstabiliseraient les dirigeants à Moscou. »

« Le troisième élément stratégique est que — bien qu’elles nous affecteraient également — nous serions en mesure de faire face aux conséquences économiques des sanctions, de sorte qu’ils seraient plus touchés que nous. »

« Et la quatrième considération stratégique est que le monde se rangerait derrière nous, parce que nous étions dans notre bon droit. »

Pour Orban cette stratégie a échoué et ces quatre points ne se sont pas déroulés comme prévu. De plus, s’il réaffirme l’attachement de la Hongrie à l’OTAN, il pointe que les États-Unis ont les mains moins liées que les Européens sur la question des sanctions. Il estime que grâce au gaz de schiste, les Américains ont désormais une position plus forte en matière d’énergie, ce qui leur permet d’atteindre leurs objectifs de sécurité au niveau international.

De plus, selon le Premier ministre hongrois, l’énergie est désormais une arme au service des États-Unis. Toujours selon l’analyse d’Orban, les États-Unis cherchent à rendre dépendante l’Europe de leur gaz et à travers l’Allemagne, l’Europe aurait répondu à cela avec un plan de transition énergétique qui ne marche pas.

 

Allons-nous laisser à Orban la géopolitique ?

L’analyse d’Orban sur la question ukrainienne décrit un monde qui suit une logique de confrontation de puissances veillant à assurer leurs intérêts. Il ne fait aucun doute que les États-Unis comme la Russie et la Chine raisonnent réellement de cette façon. On peut critiquer beaucoup d’éléments dans ce discours, mais on ne peut nier le fait que le monde est redevenu un monde de confrontation.

Nous pouvons nous demander si toutefois le raisonnement d’Orban n’est pas partagé tout bas par les dirigeants d’Europe de l’Ouest. Les hésitations de Macron sur l’Ukraine posent question.

Toujours est-il que laisser l’exclusivité de ce discours au héraut de la démocratie illibérale risque d’être dangereux pour la démocratie libérale. Le reste du discours de Viktor Orban est l’apologie d’un conservatisme avec une approche civilisationnelle franchement réactionnaire.

Si les démocraties libérales ne font pas preuve de réalisme et d’intelligence, c’est leurs survies qui seront en jeu. N’oublions pas qu’Orban a été réélu en avril avec une large majorité, tandis qu’en Italie le gouvernement Draghi s’est effondré entre autres du fait de sa gestion du dossier ukrainien, laissant la porte ouverte à une droite potentiellement plus radicale que celle du Fidesz hongrois.

Au-delà de ça, un affaiblissement de l’Europe comme du monde libéral occidental serait aussi une victoire pour la Russie de Poutine.

 

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Créer un compte Tous les commentaires (12)
  • on commence par dire qu’orban est une anomalie dans le cadre de l’ue!!!! ce qui n’est pas faux dans le cadre non expliqué de l’ue…

    mais le problème est l’ue est son sens..sa cohérence!!!

    10
  • La Hongrie, une démocratie “illibérale ” ?
    çà veut dire quoi ?
    Un pays qui se refuse à obtempérer aux injonctions absurdes d’une Commission européenne non élue
    qui se comporte lliégalement comme un gouvernement européen qu’elle n’est pas ?
    Cette Commission a échoué dans tous les domaines où elle a trempé: économique, monétaire, sanitaire, vaccinal, énergétique, diplomatique; Elle fait montre de sectarisme, d’incompétence, et d’absence de dialogue. L’Europe sous sa tutelle c’est le totalitarisme, les pénuries, et la guerre.
    M Orban s’il était logique devrait pousser son pays à quitter ce bazar.

    16
    • Même si je partage votre avis concernant les décisions absurdes de la commission européenne, il ne faut pas oublier que ces dernières années en Hongrie, de nombreux journaux ont été forcés de fermer. Il y a même une université qui a dû déménager de Budapest à Vienne, sous la pression d’une campagne de calomnie menée par le gouvernement Orban, laquelle campagne s’attaquant ouvertement à la religion juive du principal mécène de cette université.

      Alors oui, on peut dire que le régime d’Orban est illibéral, même s’il arrive parfois aux pires dictateurs de prendre des décisions de bon sens!

      -2
  • “Les démocraties libérales…”
    Les auto-proclamées démocraties auto-proclamées libérales, ou les procédurocraties connivento-corrompues, vous voulez dire…

    12
  • C’est marrant, mais j’ai l’impression que le réalisme n’est absolument pas où on le pense (la bien pensante j’entends). Les 4 affirmations indiquées par Orban ont en effet toutes (sans exception) été ratée, comme l’avaient prédit les “complotistes” ou les “pro-poutine” (les “anti-Urkainien” ou “eurosceptiques” cqfd) ; le nier confirme l’incompétence et le non réalisme de l’UE.

  • On comprend mal ici l’argumentation mais on voit clairement où l’auteur veut en venir : la Russie est plus forte et il faut la ménager. Les Poutinophiles rasent les murs depuis Bucha mais ils refusent d’avoir eu tort depuis toujours. Dans le camp de l’auteur, il y a du monde, extrême droite ou gauche, Macron, Scholz, Conte et cie. Leur aveuglement les conduit à agréer à la dépendance gazière artificiellement crée par le fournisseur. Pensez donc, nous lui achetons désormais avec difficulté le gaz à 2,3 $ le m3, ce qui équivaut à environ 400 dollars le baril de pétrole. A ce prix là, on pourrait le récupérer dans le derrière des vaches de manière rentable. Quant à l’armée russe invincible, elle fait pitié. La conclusion devrait être pourtant sans nuances : sans aucune relation avec ce curieux pays qu’est la Russie, il n’y aurait pas de guerre et nous aurions l’indépendance énergétique. Cela va arriver mais plus tard et après bien des souffrances. Alors enfin, nous pourrons enterrer le “de l’Atlantique à l’Oural” du funeste de Gaulle.

    -7
    • Les raisonnements à base de bons sentiments à deux balles agrémentés d’une facile Putinophobie ambiante nous éloignent de toute saine analyse géopolitique.
      Quand on regarde les choses froidement, c’est pourtant simple de voir que les États-Unis veulent à tout prix conserver voire développer (vers l’est…) leur emprise/leadership sur l’Europe, déjà excessivement prégnante et absolument éviter toute possibilité de rapprochement avec “l’abominable” ours considéré comme un danger pour leur main-mise sur le continent. Quant on voit les conséquences et dégâts de cette guerre americano-russe sur l’UE et son économie, l’écrasement de cette malheureuse Ukraine et son président fantoche, la Russie poussée dans les bras de la Chine, le monde “non-occidental” (Inde, Chine, Afrique, …) renforçant son hostilité… on a du mal à demeurer americano-bidenophile et a à avoir envie d’acheter du gaz de schiste américain en plus des armes américaines, des produits made in GAFAM, … en dollar dans un environnement de lois extraterritoriales américaines …

    • La question de l’incompétence et de la politique de gribouille de l’UE n’a rien à voir avec la poutinophilie ou phobie. Et il faut une bonne dose d’ignorance des mécanismes économiques, de la logique, et de l’arithmétique pour ne pas tirer les mêmes conclusions qu’Orban.
      Moi, j’aime bien les Hongrois. Que ma famille ait été amie avec une famille réfugiée de 56 et ayant bien réussi aux US ensuite y est sans doute pour quelque chose…

    • La dépendance gazière de l’UE n’a pas été créée par le fournisseur (la Russie), mais bien par le demandeur (l’UE)… Le reste n’est que littérature de café bobo parisien. 😉
      Les personnes qui avaient prédit cette situation (au moins depuis 2014) sont désormais appelé “russophiles” ou “pro-poutines”.
      Dans l’expression “il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis”, certaines fois, il est agréable d’être l’imbécile qui a eu raison depuis le début dans ses décisions / opinions…

  • Les démocraties libérales ne le sont plus, c’est pourquoi elles sont mal en point.

  • Oui, il faut aussi analyser ça à la lumière géopolitique:
    Une partie de l’actuelle Ukraine est un morceau piqué à la Hongrie, morceau que Orban souhaite certainement récupérer quand l’Ukraine sera dépecée.
    C’est un élément à ajouter à la réflexion…

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