Incendies en Gironde : la défiance envers les propriétaires en procès

Ce ne sont pas seulement des considérations écologiques qui ont freiné les décideurs des quatre fers, mais aussi la crainte de voir les propriétaires jouir d’une propriété qui, depuis des centaines d’années, était partagée avec les usagers.

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Incendies en Gironde : la défiance envers les propriétaires en procès

Publié le 20 juillet 2022
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La forêt millénaire de La Teste-de-Buch est partie en fumée à plus de 80 % suite aux terribles incendies qui continuent de ravager la Gironde. Parmi les raisons retenues par les experts pour expliquer la catastrophe, le mauvais entretien du lieu, qui a ralenti la bonne marche des pompiers et a assuré la propagation rapide du feu.

Sur le banc des accusés, la mésentente proverbiale entre propriétaires de la forêt et ses usagers, divisés sur la meilleure manière de gérer cette « forêt usagère », c’est-à-dire fractionnée entre propriétaires obligés par des servitudes particulières au profit des usagers de ladite forêt.

 

Des écolos qui soufflent sur les braises

Mais ce n’est pas tout, parce que la politique s’en est vite mêlée : les écolos locaux sont accusés d’avoir soufflé sur les braises de la discorde en s’opposant avec force à tout aménagement améliorant la sécurité du lieu. Au nom d’une vision romantique de la nature plaquée sur la forêt, ils auraient finalement poussé une catastrophe écologique largement évitable par des aménagements adéquats.

Comme le rappelle le Chasseur Français, tout commence fin 2020 avec le dépôt par un propriétaire de la forêt usagère d’une demande pour mettre en place un Plan Simple de Gestion : « En gros le propriétaire veut gérer sa forêt… ce qui a suscité une vive réaction de certains acteurs locaux, notamment des usagers, qui y voyaient une atteinte à leurs droits. » Les travaux sont prévus pour 2021, mais un recours est déposé par une association d’usagers devant le Tribunal administratif de Bordeaux.

Et c’est au tour des écolos d’entrer dans la danse : « Pour les écologistes il ne fallait pas toucher la forêt, ne surtout pas la couper, et encore moins l’entretenir, il fallait laisser faire la nature. »

C’est la sénatrice de Gironde Monique de Marco (EELV) qui se fera l’avocate du point de vue des usagers en la matière, plaidant auprès de la préfète et de la ministre de la Transition écologique pour : « qu’elles fassent cesser les coupes et respecter le droit des usagers qui cogèrent la forêt de manière vertueuse pour l’environnement ». Aujourd’hui, ses cris de victoire sur Twitter lui reviennent comme autant de boomerangs médiatiques en pleine figure.

L’aveuglement politique aurait pris le pas sur le bon sens et la responsabilité. C’est qu’il existe aujourd’hui en France une écologie des villes et une écologie des champs, l’une produite par les métropoles et les centres urbains, l’autre par les acteurs du tertiaire et ceux qui vivent dans les campagnes les plus éloignées des ministères et des pistes cyclables.

 

Il n’y avait pas que les écolos

Seulement, France Info vient apporter quelques précisions complémentaires à cette affaire : les écolos ne sont pas les seuls à soutenir l’association des usagers en colère. C’était aussi le cas de la députée LREM du bassin d’Arcachon Sophie Panonacle, qui déclarait en 2021 que l’initiative du propriétaire allait « mettre en danger un statut unique en France qui répond à une logique de gestion durable d’un massif forestier au pied de la dune du Pilat ».

Le maire LR de La Teste-de-Buch lui-même s’est opposé au plan de gestion en question, jouant à la fois sur la carte écolo… et antilibérale.

On peut ainsi lire dans le procès-verbal du conseil municipal du 29 juin 2021 que pour le maire, la société n’avait qu’un seul objectif « faire des transactions commerciales en se moquant bien des conséquences que cela puisse avoir » et que le plan risquerait d’engendrer des coupes d’hectares entiers « … qui mettraient en danger notre équilibre, la biodiversité et même la sécurité. »

Ce ne sont donc pas seulement des considérations écologiques qui ont freiné les décideurs des quatre fers, mais aussi la crainte de voir les propriétaires vouloir jouir d’une propriété qui, depuis des centaines d’années, était partagée avec les usagers. Pour la mairie, il s’agissait aussi d’éviter « un appel d’air auprès d’autres propriétaires désireux de faire du commerce de ces bois coupés en totale contradiction avec les baillettes et transactions. » En d’autres termes, les coutumes féodales devaient primer le droit de propriété.

Finalement, précise France Info, le gouvernement a fini par commander un rapport sur l’harmonisation entre droits des usages et adaptation du système. Celui-ci préconisait la réalisation de travaux de défense des incendies, travaux qui devaient être réalisés en 2021, au-delà des considérations politiques locales.

Ceux-ci ont pris du retard à cause d’une nouvelle opposition de l’association des usagers (Addufu), qui ne jouira sans doute plus jamais des droits féodaux hérités des « baillettes et transactions », désormais en cendres au grand désespoir de nous tous.

 

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  • On en revient à une gestion saine de la forêt, dans laquelle le rajeunissement par le feu est une occurrence normale.
    Mais pas lorsque des incendies criminels ont lieu, ce qui est à peu près le cas d’un incendie sur deux, qui justifient des mesures de lutte contre la propagation

  • Les propriétaires devraient déposer une plainte contre Monique Demarco pour crime écologiste pour lui montrer ce que produirait ce délit que les écolos veulent créer et mise en danger de la vie d’autrui.

  • Enfin un exemple irréfutable de ce à quoi conduisent les prescriptions écolo !

  • Il ne faut pas se tromper, désigner la responsabilité des écolos est bien pratique.
    Pourtant, ce ne sont pas les écolos qui gouvernent la France mais bien des partis tout à fait classiques comme LR, PS ou la synthèse des deux, LREM.
    En 2007, Nicolas Hulot a exercé un incroyable chantage envers les candidats à la présidentielle : signez mon pacte ou je me présente. Presque tous l’ont signé alors que Nicolas Hulot n’a aucune compétence scientifique.
    En ce qui concerne les incendies, on peut également noter que c’est bien le gouvernement Castex qui a suspendu les pompiers non vaccinés et que pas grand monde n’a contesté cette décision, à commencer par les députés LR dont leur candidate avait même proposé d’enfermer les non vaccinés, pompiers ou pas.
    L’idéologie écologiste est certes irresponsable mais la responsabilité de tout ce qui nous arrive incombe avant tout à Sarkozy, Hollande et Macron !

    • On peut critiquer l’idéologie des uns qui infusent la société ET les décisions politiques des autres qui s’ensuivent même si ils ne sont pas le fait de partis politiques écologiques.
      D’ailleurs c’est ce qui est fait.

    • En effet les « militants » et « politiciens » écologistes ne sont pas seuls directement responsables. Mais sans leurs hurlements permanents à propos de la mise en danger d’une nature qu’ils ne connaissent qu’à peine et ne comprennent pas du tout, les politiciens plus « classiques » ne feraient pas toutes ces bêtises (ils en feraient sûrement d’autres, cela dit).
      Bref, c’est pas forcément les écolo mais l’écologisme qui pose problème (et comme il est désormais implanté dans presque toutes les têtes dès le primaire -le réchauffement climatique anthropique est une part importante du programme de CM2 de nos jours- les cris des hurluberlus sont facilement entendus et écoutés avec une oreille complaisante par un peu tout les demi habiles que compte le pays (ils sont nombreux).

  • Les mesures dites « écologiques » ont été également jugées responsables antérieurement pour des incendies en Australie et en Californie. Du moment que c’est pour la « bonne cause » ce n’est pas grave.

    • Sauf que les informations sur la responsabilité des écolos ne sont pas relayées par les grands médias (du moins pas aux heures de grande écoute) contrairement aux élucubrations de ces mêmes écolos.

      10
      • Oui ça serait super si les grands media véhiculaient mes idées plutôt que celles des autres, là ça serait de l’information objective.
        ( Je trolle )
        Plus sérieusement, ce qui est important c’est la pluralité des opinions mais pas nécessairement dans le même media ( j’ai jamais lu de tribune écologiste ou communiste dans CP ou libertarienne dans l’Huma et cela ne me choque pas ), mais je la trouve assez facilement en ne regardant pas les grands media.
        Je suis évidemment totalement d’accord avec vous si vous parlez des media du service publique où la pluralité des opinions devraient être la règle mais comme par ailleurs je suis pour que le service public crève…

        • Bon j’ai tort finalement, puisqu’il s’agit ici de décision ayant entraînées des difficultés à éteindre un incendie.
          Les masquer volontairement ce n’est pas une opinion. Même un politique ou un journaliste a le droit d’être honnête et de reconnaître une erreur.
          Après je ne renie pas ce que j’ai écrit, mais ça n’a rien à voir avec la choucroute.

        • En fait c’est pas tellement le service public le problème, c’est son mode de financement (pomper directement dans nos poches) et de gouvernance ( le retour sur investissement ou l’efficacité sont des notions inconnues dans ces milieux) qui me gênent.

          • Oui, il faudrait 3 ou 4 administrations (forcément beaucoup plus « maigres » que l’actuelle), une gérée par les socialistes écolo-progresso-gauchistes (NUPES et l’aile gauche de LREM), une gérée par les socialistes centristes (LREM-Modeml) une autre par les socialistes de droite (LR et RN) et une gérée par les liberaux-Libertariens (réduite au régalien et encore). Les gens au lieu de voter et de faire assumer ces choix par « les autres » voteraient avec leur argent en allant se rattacher à l’une ou l’autre. Ils ne payeraient que pour elle et n’auraient de services que d’elle. On peut, par générosité, imaginer que l’armée serait commune et co-gérée/co-financée. On verrait bien, alors qui fait quoi et si ça marche mal ou bien, tous les « partis » seraient toujours « au pouvoir » et sans opposition, et tous les 4 ou 5 ans les Français pourraient changer leur administration/parti.

            Je suis prêt à parier que les forêts ne brûleraient plus trop, les administrations soudain feraient preuve de modestie et d’une gestion au cordeau, les impôts baisseraient… Et les fadaises socialistes/écolo/trucmuche seraient rapidement oubliées de beaucoup !

  • Qui est responsable, nous en sommes au jeu de « c’est pas moi c’est l’autre ». Ainsi brûle la France. Pourtant il n’y a pas de fumée sans feu. Écolo, bobo, politico, vélo, dodo, picolo, histoires d’O, pipO… plein le dOs allons-y molo. Pour ne pas se tromper et faire feu de tous bois : Vive les pompiers !

  • Il ne faudrait pas se laisser aveugler par l’émotion du moment : les incendies sont le moyen naturel par lequel les forêts se régulent et se renouvellent, surtout dans les régions sèches. Ils posent problème quand des humains ont la riche idée de construire leur maison dans la forêt sans prendre les mesures de protection nécessaires (je crois que c’était le cas en Californie), mais il n’en reste pas moins qu’ils ne sont pas un « désastre écologique dont la forêt mettra des dizaines d’années à se remettre » : aussi désagréables soient-ils, ils sont nécessaires pour une forêt naturelle.
    Il en va bien sûr autrement d’une futaie d’eucalyptus plantée rapidement pour produire de la pâte à papier, mais il n’est pas sûr qu’on puisse qualifier ça de « forêt ».
    Quant à la gestion de la forêt, je me pose une question. J’ai rendu visite cet été à une amie qui habite dans les Hautes Alpes et qui a un bout de forêt sur son terrain. Elle m’a dit qu’il faudrait qu’elle fasse des coupes dans son bois pour la prévention des incendies, mais que pour faire ses coupes, il était nécessaire qu’un haut fonctionnaire lui rende visite et valide son plan de coupe, haut fonctionnaire qui est seul dans tout le grand Sud-Est et dont elle ne peut espérer la visite avant au mieux 4 ans, s’il vient. Cette complexité administrative n’aide pas forcément à éviter les incendies…

    • Il faudrait une loi qui oblige le haut fonctionnaire responsable à faire son inspection un an avant l’incendie.

      • Disons que si un incendie survient alors qu’un plan de coupe a été déposé auprès de l’administration ad hoc mais tjrs pas validé, c’est le fonctionnaire en charge du dossier qui devient responsable (et non pas le blob administratif anonyme et insaisissable dans son ensemble) avec, évidemment, un dispatching nominatif immédiat de toutes les demandes dès qu’elles arrivent.
        On peut rêver… Fonctionnariat et responsabilité sont deux choses opposées.

  • La commune se nomme La Teste de Buch (sans « e »). 😉

    Contrepoints >> Coquille corrigée. Merci !

  • Des écolos qui soufflent sur les braises… Qui trop embrase mal éteint ?

  • Un petit rappel : la forêt des Landes est la plus grande forêt ARTIFICIELLE d’Europe occidentale conduite intensivement et majoritairement en une MONOCULTURE de pins maritimes.

  • Trop fort le maire LR… Plus de problème de sécurité maintenant. De grand-prés en perspective 🙂

  • Les ecolos politiques et militants, les écolos de metier, ne sont pas que des abrutis d’idéologie, et des incultes. Ils représentent un réel danger pour la planéte.

  • En même temps une forêt non entretenue qui brûle… ça fait une forêt entretenue.
    Et contrairement à ce que les journalistes prompts à vendre du négatif peuvent raconter, une forêt qui brûle est généralement en pleine forme après 2 ou 3 ans et donc on n’a pas du tout de « désastre écologique ». Le seul désastre c’est pour les gens qui ont construit en pleine forêt, sans respecter les précautions « naturelles » mais en suivant des « normes » et « autorisations » administratives et trop souvent plus clientélistes que réalistes.

  • Monsieur MAS, ne vous faites pas la simple cloche sonnant avec la seule cloche d’un des deux partis en conflit. Venez et renseignez-vous avant d’écrire.
    La forêt de la Teste est une ‘forêt primaire’, ce n’est pas une forêt créée par l’homme. Sa nature est totalement différente des forêts landaises, tant en relief terriblement accidenté qu’en espèces végétales sauvages, ceci explique la difficulté immense à combattre le feu.
    Le souci de la protection du feu est partagé par tous, propriétaires, usagers, écolos, administration .Un des propriétaires – normalent chargés de ce souci – a bien daigné s’y mettre, à condition que par la même occasion soit actée une large abolition des droits (millénaires et confirmés par la justice) des usagers (tous les citoyens de la Teste, Arcachon et Gujan). Il a été retoqué par la justice.
    La construction d’un plan respectant les droits de chacun a donc été établi et devait démarrer cette année.
    Les associations écologistes (je n’en suis pas , au contraire..), ni l’ADFU, ni les propriétaires, ne sont donc pour rien dans la catastrophe.
    Mais chaque parti a déja démarré sa propagande pour saisir de placer ses interêts particuliers.
    SVP ne vous faites pas le haut-parleur (l’xxx utile) au service naïf d’un des camps !’

  • Il n’y a rien faire, les propriétaires protègent leur patrimoine, mais en face il y a des débiles mentaux élus et non élus…. Ça brûle, comme toutes les forêts à l’abandon, on n’y peut rien. Ce matin cela sentait le pin brûlé… Et c’est la première fois…. Plus rien ne fonctionne en France !.

  • Un mode « primaire » de la régénération naturelle de la forêt de pin maritime, c’est le feu… Dans ce sens, les écolos ont gagné, mais au détriment des aspects humain, social et économique (une fois de plus).
    Plus sérieusement, et ayant eu à gérer des peuplements naturels de pins en zone sensible, il n’existe pas 36 stratégies de protection contre le feu: 1) protection physique avec pare-feu installés de façon judicieuse, 2) voies d’accès pour se positionner au plus vite sur les points stratégiques, 3) possibilité donnée aux pompiers d’agir en autonomie sur le terrain pour l’allumage de feux tactiques (contre-feux).
    Les pompiers connaissent leur boulot, qui ne s’apprend pas dans les cabinets ministériels ou préfectoraux, mais sur le terrain, où l’on ne sort pas le parapluie à la moindre averse : sur le terrain, on agit !

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