Game of Thrones : la leçon d’économie du café Starbucks

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Game of Thrones : la leçon d’économie du café Starbucks

Publié le 20 juillet 2022
- A +

Par Dane Stuhlsatz.
Un article de Foundation for Economic Education

Si vous avez regardé, ou pas, l’épisode 4 de la saison 8 de Game of Thrones (GoT) dimanche soir, vous avez peut-être vu, ou du moins entendu parler de la désormais célèbre tasse de café – pas de Starbucks comme cru à l’origine – à la table principale de la fête de la victoire. Que vous soyez aficionado ou non, ce petit contretemps a créé tout un buzz médiatique. Mais la tasse de café est à moitié pleine : il y a un moment d’enseignement précieux enveloppé dans cet accident stupide – une démonstration de la « présomption fatale » de F.A. Hayek.

Hayek a publié La présomption fatale : Les erreurs du socialisme en 1988. Dans ce livre, il s’est attaqué à la fois aux sophismes logiques inhérents au socialisme et aux prémisses erronées sur lesquelles ils sont fondés.

L’une des prémisses fondamentales est que l’efficacité ne découle que de la conception ciblée des experts. Plutôt que de décentraliser la prise de décisions découlant du libre échange de millions de personnes poursuivant leurs propres intérêts sur la base d’informations qui leur sont transmises par le biais de signaux de prix concernant l’économie dans laquelle elles agissent, le socialisme postule que les bureaucrates qui nous donnent des ordres sont la meilleure voie à suivre.

Cette notion selon laquelle des experts ayant des connaissances suffisantes peuvent pleinement connaître les causes d’un problème donné et anticiper tous les résultats possibles des solutions qu’ils proposent est la présomption fatale que Hayek réfute si efficacement.

 

L’erreur de la planification centrale

Nous pouvons voir la prémisse erronée qui suppose la prétendue efficacité des plans délibérés d’experts dotés de pouvoir tout autour de nous aujourd’hui. Derrière chaque politique, du salaire minimum au Green New Deal, se cache cette prémisse, nous disant que seuls les experts en charge sont assez intelligents pour résoudre tous les problèmes, allant des niveaux de salaire à la destruction totale de la planète.

Les bureaucrates éclairés nous disent qu’ils sont les seuls à savoir quel devrait être le prix du travail dans tous les segments du marché. Eux seuls savent quels modes de déplacement, quels animaux consommer et quels bâtiments réaménager afin d’éviter Armageddon. Ils ont lu toutes les études, ils ont interrogé tout le monde, ils ont tenu compte de toutes les conséquences négatives de leur politique et ils nous ont assurés que leurs politiques seront adoptées partout dans le monde pour atteindre ces objectifs. Tout ce que nous avons à faire, c’est de leur donner le pouvoir d’y parvenir, d’avoir confiance qu’ils n’abuseront pas de ce pouvoir et de les regarder construire une utopie pour nous et notre postérité.

Au contraire, Hayek a démontré ce qu’il a nommé « l’ordre étendu » dans La Présomption Fatale. Il a montré comment les merveilles de la civilisation humaine, que les socialistes modernes tiennent presque entièrement pour acquises, sont nées des traditions sociales qui prévoyaient la protection de la propriété privée. Cette protection de la propriété privée dans le monde pré-industriel a fourni un terrain fertile pour l’expansion du commerce, la division internationale du travail, et finalement, le système capitaliste moderne.

En retour, les connaissances dispersées acquises par des milliards de personnes dans le monde entier, poursuivant leurs propres fins avec l’assurance que la protection de leur propriété privée vaudra la peine de leurs efforts, conjuguées dans des signaux de prix pour les biens et services dans l’économie, qui ont permis aux participants à cette économie de mettre les ressources à leurs fins les plus utiles.

Puisque ces coutumes et traditions ont mené à la civilisation moderne d’aujourd’hui, ces mêmes coutumes et traditions sont naturellement nécessaires à sa continuité. Les changements fondamentaux apportés à ce système ne sont pas sans conséquences, et les efforts pour contrôler le système via le socialisme sont voués à l’échec.

 

Comment les experts peuvent-ils passer à côté d’un détail aussi important ?

C’est là que la tasse à café de Daenerys devient notre outil pédagogique. On pourrait penser que l’expertise collective de tous ceux qui participent à une production aussi mondialement connue que Game of Thrones permettrait de remarquer quelque chose d’aussi simple et apparemment évident qu’une tasse de café dans une scène que des millions de personnes verraient. Pourtant, ni le réalisateur, ni le décorateur, ni le directeur de la photographie, ni l’accessoiriste, ni le monteur, ni aucun des acteurs, ni les figurants, ni le producteur n’ont repéré la tasse au moment du tournage ou tout au long du processus de production.

Les experts dans le domaine – qui sont payés de grosses sommes d’argent pour capter chaque détail et créer une expérience aussi réaliste que possible pour le spectateur – l’ont raté. Ce n’est que lorsque la tasse de café s’est trouvée devant des millions de téléspectateurs non-experts que quelqu’un l’a repérée. Les connaissances, la sagesse et l’expérience de douzaines de spécialistes en production cinématographique n’étaient pas à la hauteur des yeux des masses.

En fin de compte, le fait est que les experts travaillant sur Game of Thrones sont humains. Ils font des erreurs comme nous tous. Cette petite erreur n’a donné lieu qu’à des discussions devant la machine à café du lundi matin et à des mèmes rigolos.

Les erreurs des bureaucrates qui nous assurent que tout le moteur de notre civilisation moderne devrait être fondamentalement modifié pour toujours, ou que eux seuls sont dignes d’avoir les outils pour le réparer peuvent renverser des nations entières et entraîner la mort de millions de personnes.

Nous nous devons au moins d’admettre que ces bureaucrates sont issus du même moule que l’équipe de production de Game of Thrones et le reste d’entre nous : ils sont humains. Ils sont faillibles et leurs ordres ne méritent pas plus de présomption d’exactitude que n’importe qui d’autre.

Traduction Contrepoints.

Article publié initialement le 15 mai 2019

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  • Encore faut-il partir du principe que ce gobelet à bien été placé là par erreur… 😉

  • Sans vouloir contredire les conclusions de l’article – les erreurs et les faux raccords sont inhérents à la production cinématographique et ne sont pas une métaphore des erreurs des bureaucrates. Il faut avoir assisté à des tournages de petites ou grosses productions pour savoir que même si la planification hiérarchique est très importante – dans le langage des productions cela s’appelle justement “plan de travail” – c’est aussi le règne de l’improvisation, des solutions de dernière minute, avec une grande autonomie et une grande responsabilité d’équipes très professionnelles.

    -2
    • “c’est aussi le règne de l’improvisation, des solutions de dernière minute, avec une grande autonomie et une grande responsabilité d’équipes très professionnelles.”
      Lol.
      Parce que l’improvisation et les solutions de dernières minutes n’existent pas chez les bureaucrates? C’est même de plus en plus souvent fréquent devant l’inadéquation de leur “procédures” devant la réalité.
      Par contre, il est exact que les bureaucrates n’ont aucune “grande autonomie’ et aucune “grande responsabilité” sans parler d’un professionnalisme laissant souvent à désirer. Or ce sont ces 3 derniers éléments qui permettent le plus souvent de compenser ou rattraper certaines erreurs.
      Donc franchement, l’erreur du gobelet de Games of Thrones malgré la quantité de professionnels compétents, responsables intervenant dans la conception et le suivi d’une telle production ne peut que confirmer l’horreur à venir de la bureaucratisation de notre société.

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