Paris envahi par les surmulots

Certains conseillers municipaux alertent sur la prolifération de rats à Paris, mais les militants du parti animaliste préfèrent parler de « surmulots », terme « moins connoté négativement ».

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Paris envahi par les surmulots

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 16 juillet 2022
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Partout dans le monde, Paris est connu pour ses monuments historiques et son romantisme. En France en revanche, la capitale est célèbre pour une particularité moins glamour : elle est envahie par les rats. Mais lorsque certains conseillers municipaux alertent sur la prolifération de ce nuisible, les militants du parti animaliste rétorquent qu’il serait préférable de parler de « surmulots », terme « moins connoté négativement ». Si les rats se réjouiront peut-être de ce choix sémantique plus clément à leur égard, il n’est pas tout à fait certain que les habitants des logements sociaux concernés accueillent cette réponse avec le même enthousiasme.

 

Discours lunaire et mépris social

Le choix de ce terme n’est évidemment pas innocent et vise à faire croire que ces animaux ne sont pas vraiment un problème. De l’aveu même de ces conseillers de la Mairie de Paris ou de celle de Strasbourg, lorsque vous refusez des termes comme nuisibles ou rats pour leur préférer ceux de animaux liminaires ou de surmulot, vous cherchez à changer la représentation collective de ces animaux pour mieux appliquer votre agenda politique.

L’élu animaliste semble chercher davantage à ne pas infliger des souffrances à ces petits êtres sans défense qu’à trouver des solutions pour les habitants qui subissent cette situation au quotidien. Les Parisiens ont ainsi pu apprécier que ces élus voient d’abord dans les rats un « apport dans la gestion des déchets » plutôt qu’un danger sanitaire évident.

Ce mépris social, qui consiste à préférer afficher ostensiblement sa vertu en matière de souffrance animale plutôt que de se préoccuper de ses habitants, est ce qu’on appelle une croyance de luxe : il faut vraiment vivre dans des quartiers suffisamment privilégiés et éloignés de ces problèmes pour avoir l’audace se soucier autant du sort des rats que de ceux qui subissent leur présence. Une fois de plus, les plus pauvres font ainsi les frais des bonnes intentions des élus de gauche, qui préfèrent protéger leur bonne conscience plutôt qu’essayer d’aider les plus démunis, dont ils se targuent pourtant d’être les représentants.

 

Changer les représentations pour contrôler la réalité

S’il ne s’agissait que du cas isolé d’une élue un peu hors sol, l’affaire ne serait pas si grave.

Mais ce fait divers s’inscrit dans une tendance plus générale de la politique française : plutôt que de résoudre les problèmes, on préfère nier leur existence et culpabiliser ceux qui s’obstinent à regarder les choses en face. Cela fait des années qu’on nous parle d’un « sentiment d’insécurité » ou « d’inflation ressentie », comme pour mieux rejeter la faute sur les Français. Au rythme où vont les choses, il ne serait pas surprenant qu’on nous demande un jour de remplacer le terme vol par perte au profit d’autrui, ou de préférer le terme sobriété économique à celui d’appauvrissement.

Mais si les politiques sont si prompts à remettre en question les représentations des Français en matière de sécurité, on pourrait aisément leur adresser le même reproche. On se souvient par exemple de Marlène Schiappa et de ses « baromètres annuels pour mesurer dans quels quartiers le harcèlement de rue sévit le plus », signe qu’elle ne semble avoir aucune idée des quartiers où l’on évite de laisser sa fille ou son amie rentrer seule le soir. Un an plus tard, l’absence de nouvelles du projet permet d’ailleurs de soupçonner que les résultats de l’enquête n’étaient peut-être pas tout à fait compatibles avec le politiquement correct.

On sait en tous cas que nos impôts ont encore été gaspillés dans un projet ridicule et aux résultats parfaitement prévisibles, tant tous les Parisiens savent déjà parfaitement quels quartiers éviter pour rester en sécurité.

En matière d’inflation également, les politiques se réfugient derrière les chiffres de l’INSEE pour affirmer que les Français surestiment les hausses de prix. On ne peut que leur rétorquer que la pertinence de tels chiffres est très relative puisqu’ils tiennent à peine compte des dépenses de logement, alors qu’ils représentent régulièrement le tiers des dépenses des ménages. Ajoutons que l’INSEE déduit « l’effet qualité » des prix réels : si vous achetez un smartphone au même prix que l’année dernière, l’INSEE considère qu’il est en fait moins cher car il a été amélioré depuis. Cela fait une belle jambe au consommateur, qui lui paye bien le prix affiché sur le ticket de caisse, et non celui calculé par l’INSEE. S’il n’est pas invraisemblable que les gens aient tendance à surestimer un peu les hausses de prix, il est aussi indéniable que les chiffres de l’INSEE sont construits pour être sous-estimés autant que possible.

Dans le cas de l’inflation comme de la sécurité, il semble donc bien que ce soit les politiques et non les Français qui soient en décalage avec la réalité. Cette volonté politique de tordre la réalité et les représentations collectives n’est qu’un moyen de cacher le bilan catastrophique des différents gouvernements dans ces domaines. Ce déni de réalité ne peut qu’alimenter le populisme, les électeurs étant fatigués qu’on refuse d’aborder les problèmes auxquels ils sont confrontés et même qu’on tente de leur faire croire que le problème vient d’eux.

 

La nécessité d’une presse libre et indépendante

Ce rejet de la politique s’accompagne d’une profonde défiance envers les médias, parfaitement logique : plutôt que de dénoncer ces manipulations politiques, ils s’en font les relais. Tant que la presse restera aussi largement et abondamment financée par des subventions publiques, les suspicions de collusion avec le pouvoir politique ne disparaîtront jamais.

Il est donc urgent de couper court à toutes les subventions qui abreuvent les médias et encourager les projets comme Contrepoints qui vivent de leurs propres revenus. C’est la seule façon d’avoir des informations réellement indépendantes du pouvoir politique.

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  • Il est plus facile de nier un problème que de le résoudre. Et nos professionnels de l’ENA ou de la politique ont étudié comment convaincre le petit peuple de la non existence d’un problème pour pantoufler à ses dépends.
    Mais la poussière sous le tapis finit par s’accumuler et faire une bosse. Et là, le petit peuple commence à grogner.
    1789 va bientôt se répéter. Des têtes vont tomber et peut-être pas qu’au sens figuré.

    • Pitié par un bis repetita de 1789 ! Pourquoi ? Parce que les pauvres ou les victimes de misères n’ont pas le temps de penser à le faire, ils doivent survivre et ça prends tout leur temps et leur énergie. En revanche le risque est que d’autres le fassent à leur place pour leur bien ! Et là les têtes qui tomberont ne seront pas les bonnes…
      La seule manifestation des pauvres est l’abstention. Et peut être d’espérer que les surmulots en surpopulation envahissent d’autres lieux !

  • paris est envahi par les rats.. les fact checkeurs( euses ) crient fake news! ils s’agit de surmulots..

    je ne vois pas pourquoi ne pas tuer un animal donne bonne conscience. parce que je ne vois rien de mal à tuer un animal par nécessité, il y a une différence entre avoir bonne conscience et SE DONNER bonne conscience..

    ce qui est « mal » est la cruauté…
    tuer un rat sans raison autre que la satisfaction de le faire.. est cruel…

    l’acceptation de la nécessité de la souffrance est un la clef du passage à l’âge adulte..

    • @jacques passer à l’âge adulte ? et pourquoi pas travailler pour vivre pendant que vous y êtes

      • j’ai déjà rencontré des personnes qui ne faisaient aune différence qualitative entre l’esclavage et le travail rémunéré volontaire… .. plus exactement qui le disaient..

        • Le travail rémunéré est pire que l’esclavage,
          car les esclaves bénéficiaient du gîte et du couvert gratuitement.

          • il n’y pas de repas gratuit…

            mais certes l’esclave est parfois , à rome, vu comme un membre de la famille…famille où le patriarche a le droit de vie et de mort sur ses enfants…

            j’espere que c’est ironique..

        • @jacques lemiere
          Bel exemple de travestissement du sens des mots, ici dans le sens mot à connotation positive (salariat volontaire donc libre) par mot à connotation négative (esclavage, soit le contraire du premier).

          • je n’ai pas utilisé le mot salariat!!!! le salariat justement est une forme d’aliénation… des travailleurs par les travailleurs!!!

          • j’ai bien choisi travail rémunéré volontaire.. parce que l’esclavage est un travail non rémunéré forcé… le mot esclavage n’a pas une connotation négative…pour les esclavagistes

            l’esclavage est simplement un crime dans nos sociétés et un crime contre les droits humains…

            le salariat , plutôt la rémunération au temps et non à la production, travail horaire..est déjà une forme subtile d’aliénation…

            attention quand on accuse il faut être irréprochable.

            • on travaille est on chome…ne serait que quand on dort ou mange..

              on est salarié en continu…même en congé même quand on chome,

              l’entrepreneur indépendant est le vrai contraire de l’esclave.. le salarié est déjà lié de ses pairs..mais ennemi des non salariés…

    • Il y a toujours une bonne raison pour tuer un rat. Le tout est de le faire sans qu’il soufre plus qu’inévitable.

  • Pour les ecolos, le cancer de la planète c’est le genre humain, ce dernier est donc méprisable et tout en bas de leurs préoccupations. Et des membres de ce genre humain sont assez manipulés pour voter pour eux

    • « Pour les ecolos, le cancer de la planète c’est le genre humain », Eh bien , chers écolos, commencez donc par donner l’exemple en éradiquant votre part de ce cancer!

  • Le monde politique est envahi de surbuses

  • Quand les sursinges parlent des surmulots !

  • La Fontaine devra revoir sa fable. Souvenez-vous : lors d’un dîner réunissant le rat des villes et le rat des champs à Paris, un mauvais bruit interrompit leur fête.
    Inquiet, le rustique rentra chez lui, maugréant :
    – (Chez moi) rien ne vient m’interrompre, je mange tout à loisir ; adieu donc ; fi du plaisir que la crainte peut corrompre.
    Les temps ont changé : désormais, à Paris, plus d’anicroche au menu pour nos deux compères !

  • Ne vous inquiétez pas : le surmulot rôti au feu de bagnole sur son lit de champignons de cave sera un plat de luxe très recherché et apprécié dans l’hiver qui vient.

    • Avec une bonne rat-atouille ?
      Pour ma part, privé de la chance d’être sujet de la reine Anne de Triche, je me contenterai des classiques : rat-clette, souris d’agneau, tête de veau rat-vigote…

  • Il faut appeler un chat , un chat, dirait un surmulot, heu non un rat. Ne pas v(p)ouloir regarder les choses en face, c »être malvoyant, heu, non, aveugle. Ne pas v(p)ouvoir entendre c’est être mal entendant, heu, non, sourd.
    Le sentiment d’insécurité a remplacé l’insécurité.
    Avant l’élection présidentielle, et même longtemps avant la guerre UK, le principal sujet était la défense du pouvoir d’achat. On allait quand même pas faire mauvaise campagne en annonçant qu’on allait sérieusement se serrer la ceinture, çà aurait fait mauvais effet. Quelques annonces timides, quelques recommandations modérées se font entendre progressivement pour les hivers prochains …

  • J’habite à Paris (contrairement à vous) et je n’ai constaté aucune invasion de rats, on doit en voir un par an à tout casser, rien d’anormal donc (j’en voyais bien plus souvent à la campagne), nous avons bien d’autres problèmes plus sévères.

    -2
    • Cela dépend ou vous vous trouvez , ancien résident de la porte Champerret je puis vous affirmer que des rats j’en voyait par centaine traverser le garage ou je garait ma voiture .

  • Travestir le sens des mots est une arme majeure contre la pensée, dont le but est de maintenir la confusion des esprits, pour empêcher toute compréhension cohérente des méfaits et crimes perpétrés par les hommes de l’État et partant, des arguments pour les dénoncer et s’y opposer. Le remplacement d’un mot à connotation négative par un mot à connotation positive (ici surmulot à la place de rat ou sobriété à la place de pénurie, restriction et pauvreté, mais on peut trouver des dizaines d’autres exemples) est l’un des signaux d’alarme de l’escroquerie.

  • Une idée pour liquider les vaccins non utilisés : Vacciner les Surmulots !!
    Viva Anne Muleta Hidalgo ! La queue et les deux oreilles !!

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