Harcèlement de rue : un an après la loi, un bilan médiocre peu surprenant

Finalement, la loi contre les outrages sexistes est un bide, comme prévu, d'autant que la source des problèmes n'est même pas effleurée par la loi.
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Marlène Schiappa by Force Ouvrière(CC BY-NC 2.0)

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Harcèlement de rue : un an après la loi, un bilan médiocre peu surprenant

Publié le 7 août 2019
- A +

Par h16.

On s’en rappelle avec une émotion qui noue la gorge et embue les yeux ; c’était il y a un an : le féminisme de combat de Marlène Schiappa marquait enfin d’une pierre blanche une victoire décisive sur l’adversité et le monde méchant qui en veut à toutes les femmes en faisant adopter la loi contre « Le Harcèlement De Rue ». La France, propulsée dans une nouvelle dimension de citoyenneté duveteuse, avançait enfin dans la lumière.

Un an plus tard, c’est le moment idéal de dresser un petit bilan, histoire de bien montrer à quel point nos secrétaires, nos armoires, nos guéridons et nos potiches d’État sont indispensables à la sécurité de nos compatriotes. Cela tombe bien, toute la presse frémit pour nous transmettre cette information capitale : plus de 700 contraventions ont été dressées.

Malgré tout, s’il est vrai qu’il est toujours plus simple de dresser des contraventions que des individus à ne pas se comporter comme de parfaits crevards, et malgré le tour fanfaron donné par la presse et le gouvernement à ce bilan, force est de constater qu’un peu plus de 700 contraventions pour ce fléau moderne des cités françaises, cela fait franchement médiocre.

Pourtant, tout avait commencé sous les meilleurs auspices : une secrétaire d’État au taquet, qui avait poli son texte de loi en le frottant aux plus abrasives des intelligences, une volonté claire et affichée par tout l’appareil d’État, le soutien inconditionnel de toute la classe jacassante véritablement au garde-à-vous pour bouter le sexisme, le fascisme, le libéralisme et les trottoirs trop étroits hors de France, une loi ciselée, une applicabilité sans faille grâce à une administration policière redoutable d’efficacité doublée d’une Justice irréprochable, vraiment toutes les bonnes fées s’étaient penchées sur cette œuvre schiappatesque.

Manque de bol, la meilleure volonté du monde se heurte parfois au monde moderne, âpre, et à la réalité physique, intransigeante : outre une absence scandaleuse de volonté de la part des pouvoirs publics d’élargir les trottoirs, il faut reconnaître que 713 procès verbaux (soit pas tout à fait 2 par jour), cela semble intuitivement très, très, très en-dessous de la réalité tangible du Harcèlement De Rue ou, pour le dire en français courant, du nombre de tentatives de dragues lourdingues voire d’agressions sexuelles que certaines doivent subir tous les jours dans leurs quartiers animés. Manifestement, choper de l’impétrant en plein outrage sexiste n’est pas aussi simple que ce que Marlène laissait croire lorsqu’elle besognait sa loi entre deux grommellements gutturaux.

Cet écart par rapport à la réalité n’a pas manqué d’être noté par les associations de féministes qui se sont donc fendues de grosses réserves suite à la publication des chiffres officiels. Pas étonnant : on leur avait vendu un outil enfin efficace pour faire taire les harceleurs, stopper les gestes déplacés et en finir avec les attitudes scandaleuses, on se retrouve avec un bricolage administratif approximatif dont l’impact est… nul. Tout porte à croire en effet que les auteurs de ces outrages et de ces harcèlements se débrouillent pour opérer loin de la police, ou, au moins, lorsqu’elle n’est pas là.

Il faut dire qu’à côté du monde fantasmé par la loi, où le harcelé peut déposer plainte aisément contre son harceleur, et dans lequel ce dernier est facilement condamnable, le monde réel n’offre aucune facilité aux victimes.

Ainsi, bien que les lieux où ces harcèlements se pratiquent de façon industrielle soient connus de tous, on n’y voit que très rarement des forces de l’ordre. Forces de l’ordre qui ont de toute façon reçu des consignes claires de ne surtout pas aller « provoquer des incidents » (lire « faire leur travail ») dans ces quartiers, la situation étant déjà tendue et la République ayant d’autres chats (généralement automobiles et solvables) à fouetter. Ce serait tout de même idiot de risquer une bordée d’insultes finissant en « phobes » et une flambée dans certaines banlieues en tentant d’y faire respecter l’ordre et le calme alors qu’aller brigander de la classe moyenne sur les routes du pays est nettement plus lucratif et foutrement moins dangereux.

Ainsi, il est réputé particulièrement complexe de trouver des témoignages solides et concordants pour confondre les perpétrateurs. S’ajoute à cette difficulté le naturel besoin de la Justice de ne surtout pas stigmatiser les mauvaises personnes (« les hommes non blancs », selon Elsa Cardona ou Anaïs Bourdet), qui, bien que défavorablement connues des forces de l’ordre, ont toujours eu pour elles d’être en porte-à-faux avec la société méchante qui les martyrise ou — mode du moment — sont parfois aussi déséquilibrés que le climat.

Bref, derrière les 713 condamnations, on comprend surtout que, comme prévu, la loi Schiappa se traduit par un flop mou dont on peut parier, les prochaines années, qu’on n’en entendra plus parler. La loi perdurera, avec la myriade de ces autres lois de circonstances pondues à la va-vite pour répondre par l’émotion législative à une émotion sociétale, le tout en ayant consciencieusement écarté non seulement toute analyse réelle du problème, mais aussi toute solution opérationnelle efficace.

Pourtant, ni cette analyse ni les solutions ne sont complexes à évoquer.

Pour l’analyse, est-il réellement nécessaire de revenir sur le manque total d’éducation et de tenue des individus qui s’adonnent à ces pratiques ? Est-il utile de détailler l’abandon complet de toute autorité, depuis les parents jusqu’aux administrations en passant par la Justice et les médias qui se relaient depuis 40 ans pour broder des tissus d’excuses à ces attitudes insupportables et à toutes les autres, y compris les plus criminelles ? Est-il vraiment nécessaire d’expliquer que ces attitudes de voyous et de prédateurs frustrés ne sont que le résultat de 40 ans de laxisme qu’on a fait passer, avec la décontraction caractéristique des hypocrites manipulateurs, pour une lutte contre le racisme, la xénophobie ou toute autre niaiserie sociétale destinée à camoufler le problème ?

Quant aux solutions, en plus de celles connues (ne serait-ce que par contraposée de l’analyse précédente) et des évidents efforts en matière d’éducation et d’intransigeance de toutes les sphères concernées, tant privées que publiques, notons tout de même que les individus autonomes restent encore une fois les mieux placés pour résoudre le problème, bien avant l’État, ce véritable serpent obèse (très encombrant, une gueule immense toujours ouverte et affamée mais jamais de bras) : on peut signaler une solution comme Handsaway, proposée par une association loi 1901, pour signaler et localiser une agression avec son smartphone ce qui permet aux inscrits (40 000 à ce jour) proches du lieu de l’agression d’intervenir, de témoigner ou d’apporter son soutien à la victime.

Néanmoins, ne nous leurrons pas : les citoyens français ont été châtrés de toute possibilité de légitime défense, consciencieusement honnie dans le pays, et de toute idée de Justice, constamment tordue et bafouée par des principes moraux dévoyés. N’en déplaise à Schiappa, tant que ces problèmes n’ont pas été résolus, les harceleurs et autres gouapes auront de beaux jours devant eux.


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  • Et si comme promis, la loi contre le harcèlement de rue avait eu un effet psychologique tel qu’elle aurait, par la seule grâce de sa promulgation, mis fin à ces débordements libidineux ?
    Voilà qui expliquerait le très peu petit nombre de PV, liés, très certainement aux rares individus qui ne lisent pas le JO en prenant leur café…
    Non, je rigole.
    Cette loi, comme la pénalisation des clients des prostitué(e)s, et comme tant d’autres qui ne se sont jamais donné les moyens de leur application, comme tant d’autres du genre « un fait divers une loi », comme tant d’autres qui sont prises par un législateur persuadé qu’un texte volontariste suffit pour régler un problème, ne peut que rejoindre le cimetière du juridisme zombie, ce lieu des lois à la fois mortes et vivantes.

  • Simplement quand un article traite sur la schiappa, je zappe car elle fait partie du néant politique.

    Chacune de ses interventions me fait rire, elle se croit intelligente et sûre de ses propose, elle pense dispenser la bonne parole alors que c’est du vent.
    Elle est tellement bête que s’intéresser à elle, c’est déjà trop!

    J’aime les femmes mais là c’est un repoussoir!!!

    En fait, elle fait plus de mal à la condition féminine qu’elle n’améliore.
    On voit toujours par ses interventions orientées qu’elle essaye de semer le buzz, quel est son but ultime? Briller…
    Je plains son mari qui doit être réduit à un rôle de subalterne, c’est une castratrice!! Qu’a-t-elle subit pour en arriver là?

    Pauvre ministricule!!!

  • france mère des arts, des armes et des lois…

    en france on fait des lois sans se soucier de la capacité des instances chargées de les faire appliquer est en mesure de le faire
    on ne punit plus la délinquance en france , on fait de la réinsertion
    alors faire des lois inapplicables pour tenir le crachoir a la télé est devenu la spatialité de la médiocrité ministérielle en vigueur

  • La France, question lois, c’est le Brésil… sans le soleil 🙁

  • Excellente image de conclusion ! Ca m’a fait ma journée, merci ! :o)

  • Dans chaque quartier où des femmes qui refusent d’être emburkannées se font harceler (traiter de p*tes/s*lopes/chaudasses, etc..), il se trouve également des hommes qui, pour un regard de travers, ou un refus de filer une clope, ou une cravate qui fait trop intello, ou un perfecto qui fait trop « rocker/métalleux », se font eux aussi « harceler » (traiter de boloss/ baltringue/p*dés, etc..)
    Et dans certains quartiers huppés, si vous êtes une célébrité comme Brad Pitt ou Justin Bieber ou autre, vous serez impitoyablement pourchassé dans la rue par des hordes de groupies hystériques…

    Par conséquent, quand est évoqué le sujet du « harcèlement de rue », il est indispensable d’élargir le sens étroit que M Schiappa & les féministes radicales & les puritains veulent donner à ce mot, afin de ne pas tomber dans le piège de croire que les victimes du « harcèlement de rue » sont exclusivement des femmes.

    Autre point important : le « harcèlement de rue » se divise entre, d’une part, des actes non-coercitifs (incivilités/manque de politesse) et, d’autre part, des actes coercitifs (agressions violentes.) Tel qu’expliqué par H16 dans l’article, la solution contre les agressions violentes c’est une meilleure Police & Justice, et un plus grand respect de la notion de légitime défense. Par contre, la solution contre les incivilités ne se limite pas à une meilleure éducation : il existera toujours des désaccords irréconciliables sur ce qui constitue ou non une incivilité, par exemple il existera toujours des femmes pour qui un « vous êtes ravissante ! » prononcé par un inconnu dans la rue est un compliment et d’autres femmes estimant que c’est du harcèlemment. Du coup, la privatisation des rues/privatisation de l’espace public est une étape indispensable pour régler d’une manière légitime ces désaccords irréconciliables.

    • (Petit rappel au cas où : Pourquoi être favorable à la privatisation des rues ? Réponse : parce que lorsque les rues sont publiques elles appartiennent à tout le monde, même aux individus jugés indésirables. Du coup, tant que ces individus jugés indésirables ne sont pas des criminels c’est illégitime de les exclure étant donné qu’ils sont autant chez eux dans la rue que le sont leurs détracteurs. Si au contraire les rues étaient privatisées (appartenaient à des propriétaires/corpropriétaires privés), non seulement cela serait parfaitement légitime pour ces propriétaires d’exclure les individus qu’ils jugent indésirables, mais en outre, ces propriétaires auraient (davantage que des fonctionnaires) intérêt à gérer de la meilleure façon possible les rues afin d’en voir fructifier la valeur plutôt que de la voir chuter.)

  • je ne sais même pas ce qu’est la définition du harcèlement de rue…

    pour moi le terme harceler signifie au minimum la répétition par l’auteur, pas certain que ce soit le cas ..

    c’est un des problèmes ,pas mineur à mon opinion, de ces lois à la noix..

    • tiens lu dans un des articles donné en lien
      de hidalgo

      Vendredi 19 mai, la maire de Paris Anne Hidalgo a assuré de son côté qu’elle ne tolérera pas « qu’un quartier soit en proie à des actes de discrimination à l’égard des femmes. Cela ne correspond ni aux valeurs de Paris, ni aux valeurs de la République ».

      on ne tolere pas un acte de discrimination envers les femmes

      comme des toilettes pour hommes et pour femmes distinctes???

      c’est quoi ces gens…ils ont fait des formations pour tenir des propos incompréhensibles?

  • Excellent article , mais que vient faire la Photo d’une fille de Marlene avec un des Bockdanof ! ?

  • 713 contraventions en 1 an ? Est-ce une rigolade ou un foutage de gueule ? Ces contraventions sont-elles uniquement parisiennes ou concernent-elles la France entière ? Si le résultat de la verbalisation concerne tout le pays, ces « agressions » de harcèlement de rue équivalent à 0,001 % de la population et, en la réduisant uniquement à celle de Paris, cela représente 0,03 % !!! Et pour cela… on a fait un tel tintouin ?! Cette loi était déjà grotesque alors que la schiappa, alias Marie Minelli auteur d’ouvrages porno, l’ait promue. Mais nos guignols de service -surtout cette enragée du féminisme outrancier, imbécile et obtus- ne reculent pas devant le ridicule…
    A vouloir tout règlementer et enrégimenter on tombe dans le burlesque et l’absurde. L’obsession de classifier, embrigader et robotiser à tour de bras, c’est abolition de la fantaisie, de la créativité et le musellement de toute liberté. Pourrons-nous encore longtemps dire : « Liberté je chéris ton nom  » ? ou serons-nous bientôt réduits à le penser ?
    Mais revenons à cette loi schiappa, si stupide soit-elle, et précisons, qu’en excluant le viol (qui est une agression et non un harcèlement), les femmes non-hystériques du « harcèlement de rue », savent parfaitement bien se défendre contre les grossièretés, les goujateries et les mal-appris en tous genres.

  • Permettez moi de soumettre ici quelques exemples d’utilisation du mot ‘Schiappa’ par les italiens…

    – E’una schiappa a poker: Il est mauvais au poker.
    – Ecco la schiappa! : Salut, le minable!
    – Sei una schiappa? : Est-tu un trouillard ?
    – Pensavo solo che fossi una schiappa nel gioco.: Je pensais que tu étais simplement nulle à ce jeu.
    – Cavolo, sei una schiappa. : Ouais, c’est pas ton truc.
    – Sono una schiappa : Je suis un raté
    – Che schiappa. : Quel naze!
    – Stupido dilettante, schiappa, idiota! : Amateur stupide, nul, idiot!
    – Schiappa, che diavolo stai facendo? : Imbécile, qu’est-ce que tu fais ?
    – Fore’a, schiappa, fammi posto.: Bon, le novice, pousse-toi.
    – È una schiappa in geografia. :Il est nul en géo.
    – Schiappe! : Pigeons.
    – Il che non significa molto visto che gli altri erano delle schiappe. : c’était pas une référence, vu le niveau des autres.
    – Ed era una schiappa negli sport. : Et il était nul en sport.
    – Schiappe? : – Des taches?
    – Non riesco a colpire niente con quello comunque, sono una schiappa. : Je vise mal de toute façon, je vaux rien.
    – Siete delle schiappe come giocatori. : Espèces de tricheurs!

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