Opposition : le charme de la Macronie n’opère plus

Hier, le président incarnait le renouveau et la modernité, et donc une opportunité pour les ex du PS et de LR de se refaire une santé politique. En 2022, LREM est devenu le radeau de la méduse de tous les politiciens sur le déclin.

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Opposition : le charme de la Macronie n’opère plus

Publié le 6 juillet 2022
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Le 22 juin dernier, Emmanuel Macron proposait lors d’une intervention à l’Élysée une « coalition de gouvernement » ou le vote de « certains textes » aux oppositions jugées fréquentables par le groupe extrême-centriste majoritaire à l’assemblée.

Des socialistes à la droite LR, la réponse a été claire : ce sera non. Pas question de cautionner la politique de l’exécutif, qui se trouve dans une situation politique particulièrement difficile, marquée par l’impopularité et un splendide isolement face à la montée de deux extrêmes concurrents, à droite comme à gauche.

C’est qu’à droite comme à gauche, on a compris que cette main tendue s’apparentait plus à un baiser de la mort qu’à une véritable relation « gagnant-gagnant ». Depuis 2017 Emmanuel Macron a pris l’habitude de débaucher ses concurrents pour faire le plein de cadres pour son parti fantoche, créé sur mesure pour le porter au pouvoir, mais structurellement incapable de recruter et de s’implanter véritablement sur le territoire national.

 

La méthode Macron grippée

Seulement la méthode Macron de 2017 s’est grippée. Hier, le président incarnait le renouveau et la modernité, et donc une opportunité pour les ex du PS et de LR de se refaire une santé politique. En 2022, LREM est devenu le radeau de la méduse de tous les politiciens sur le déclin, d’Estrosi à Raffarin, et un repoussoir absolu pour une frange non négligeable de l’électorat. L’élargissement promis par le gouvernement Borne 2 n’a pas eu lieu, on peut même y voir un rétrécissement récompensant les vieux grognards les plus loyaux envers « Jupiter » d’Olivier Véran à Marlène Schiappa en passant par Bruno Le Maire. On ne peut pas vraiment dire que le bilan de Darmanin en matière de sécurité ou de Le Maire en matière économique soit pourtant globalement positif. Fragile, le gouvernement Borne 2 ne demandera pas de vote de confiance, et la NUPES appelle déjà au vote d’une motion de censure.

C’est en débauchant à droite comme à gauche que la Macronie avait réussi à maintenir sa domination dans le débat public. Se présentant comme une forme de centre technocratique dépassant les clivages traditionnels, elle avait réussi à neutraliser toute critique en se présentant comme le cercle de la raison et de la prudence contre les tentations radicales à droite comme à gauche.

Malheureusement pour l’exécutif, cette domination politico-médiatique s’est faite au mépris de deux problèmes majeurs : la montée de la violence au quotidien et le déclassement économique du pays. Le premier problème alimente le vote RN, le second le vote NUPES. Dans les deux cas, c’est l’État obèse, qui néglige ses fonctions régaliennes et écrase le pays d’impôts, qui devrait être au cœur de la réforme libérale. Qui aujourd’hui pour porter ce changement ?

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  • Ce 2e quinqennat débute de façon hésitante, bien chaotique, la machine est grippée : aucune vision, un manque de personnel politique, une lassitude du vide, des élections-plébiscite. Le faux renouveau ne fait plus illusion, la cuisine technocratico-politicienne soutient avec difficulté l’ambition d’un seul homme. Tout ce remue-ménage disparaîtra dans 5 ans, avec la fin du mandat présidentiel : le marcronisme n’a jamais existé…

  • Macron a fait ce qu’aucun autre président depuis De Gaulle, hors cohabitation, n’avait réussi à faire.
    Le prix à payer – un pouvoir relatif mais un surplus de démocratie – n’est pas si élevé.
    “Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir” (Montesquieu).

  • Le constat est malheureusement trop vrai. Encore faut-il avoir cru benoîtement au charme de la macronie !

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