Yves Guyot dénonçait déjà il y a 110 ans l’ignorance économique

Fin mai 1912, la société d’Économie politique célèbre ses 70 ans. Cette année marque donc le 180e anniversaire de cette vénérable société savante, foyer de l’école libérale française.

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Yves Guyot dénonçait déjà il y a 110 ans l’ignorance économique

Publié le 27 mai 2022
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Yves Guyot prend la parole lors d’une cérémonie exceptionnelle à la Sorbonne en hommage à Frédéric Passy. Fin mai 1912, la société d’Économie politique célèbre en effet ses 70 ans. 2022 marque donc le 180e anniversaire de cette vénérable société savante, foyer de l’école libérale française.

En ces temps de démagogie électorale et de règne d’économistes atterrants, adeptes du keynésianisme ou du marxisme, le discours d’Yves Guyot reste d’une étonnante actualité.

En voici quelques extraits significatifs.

 

Le danger vient de l’ignorance économique

« Des hommes perspicaces ont dit que le socialisme était le produit de l’économie politique : cependant Platon, Thomas Morus, Campanella, Morelly sont antérieurs à Quesnay et à Adam Smith.
Non. Le danger vient de l’ignorance économique. L’homme public, qui la porte allègrement sans en avoir conscience, est semblable au marin qui s’embarquerait sans boussole.

Il y a des siècles qu’Aristote nous a montré les dangers d’une démocratie dans laquelle les citoyens se figurent que le pouvoir doit être un instrument de répartition des richesses. Avec cette conception la loi devient un instrument de confiscation, la fiscalité n’est que la mise en pratique de cette conception : prendre aux uns pour donner aux autres.

C’est la politique des dépouilles dont les modes ont varié dans les cités grecques, à Rome et à Byzance, dans les républiques italiennes, dans des gouvernements de tout genre, et qui, dans le XIXe siècle, a été pratiquée plusieurs fois aux États-Unis et n’a point été inconnue en France. »

 

La concurrence politique selon Yves Guyot

« Elle a d’autant plus de chance d’entraîner une partie de la nation que celle-ci entend dénoncer avec plus de véhémence la concurrence économique ; mais ceux qui veulent la supprimer ne suppriment pas la concurrence, ils la remplacent par la concurrence politique ; et alors, dans les assemblées électorales, dans les discours parlementaires, dans les articles quotidiens de la presse, les électeurs apprennent que le gouvernement peut créer des prix factices aux profits de quelques producteurs et au détriment de la masse des consommateurs ; que le gouvernement peut intervenir pour régler le temps de travail des adultes, le taux de leurs salaires, et par conséquent déterminer le prix de revient des produits et des services ; que les pouvoirs publics peuvent transformer la prévoyance individuelle en prévoyance sociale ; et qu’ils peuvent cacher sous des mots vagues, comme celui de solidarité, une politique de privilège pour les uns et d’oppression pour les autres.

[…] Les gouvernements ont continué de gaspiller et de s’endetter. Et où auraient-ils trouvé des ressources pour leurs impôts et pour leurs emprunts, si la grande majorité des individus au lieu de les imiter, n’avaient pas produit et épargné ?

[…] Toute intervention de l’État se traduit par un impôt et par une contrainte. Il n’y a qu’un moyen d’en comprimer les dépenses, c’est d’en limiter étroitement les attributions, et de maintenir l’adage : l’État ne doit rien faire de ce que les particuliers peuvent faire. »…

 

Rien n’est gratuit, tout se paie

« Le malaise politique, administratif et social qui existe actuellement dans toutes les nations est la conséquence de l’augmentation des attributions de l’État et des municipalités. Là où les fonctionnaires et les employés se multiplient, ils entendent n’être plus de simples agents d’exécution, mais par leur puissance électorale, subordonner leurs fonctions à leurs convenances… »

Les socialistes idéalistes des environs de 1848 dénonçaient les économistes comme représentant l’égoïsme tandis qu’eux étaient des cœurs émus, débordant de sympathie et de pitié. L’antithèse continue. Les altruistes, généreux avec les ressources des autres, les dénoncent aujourd’hui comme représentant « l’école dure » à laquelle ils opposent « l’école tendre » ; ils montrent les économistes dans l’attitude du « poing fermé » tandis qu’ils se représentent dans l’attitude de la « main tendue » vers les misères humaines ; et pourquoi ?

La science économique ne peut accepter ni en bien ni en mal ces qualifications morales ; elle n’en ambitionne qu’une, c’est d’être vraie, et elle a pour fondement cette constatation d’expérience universelle : rien n’est gratuit, tout se paie. »

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  • J’ai envie de partager cet article avec le bémol toutefois que si l’ignorance économique était combattue le socialisme ne disparaîtrait pas. La preuve avec une partie des économistes. On peut dire d’une certaine façon que la tendance socialiste et libérale sont constitutives de l’humain de part sa grande diversité. Certes le curseur peut pencher un peu plus d’un côté ou de l’autre sauf autoritarisme forcené comme on l’a vu avec le communisme.

    • Oui il ne disparaîtrait pas , il a d’autres moteurs comme l’envie, l’égoïsme. Mais beaucoup prêchent par ignorance et cela fait du monde. Partagez, c’est un petit bémol.

  • Les commentaires sont fermés.

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