Davantage de centralisation continentale et une « communauté politique » pour « doubler » l’Union. Le discours d’Emmanuel Macron devant le Parlement européen ce lundi a permis de dévoiler les intentions du président français vis-à -vis de l’Union européenne. Les propos ont été particulièrement français : des idées très générales sur un fond vaguement dirigiste. D’un côté, Emmanuel Macron propose une révision générale des traités, de l’autre, il envisage la création d’une « communauté politique » européenne visant à faire coopérer des nations démocratiques hors cadre UE. Ici, c’est surtout à la Grande-Bretagne et à l’Ukraine que s’adresse ce message d’élargissement qui ne dit pas son nom.
Dans les deux cas, impossible de ne pas voir la patte du solutionisme technocratique franco-français transposé à l’échelle continentale.
Technocratie plutôt que démocratie
Macron veut généraliser le principe du vote à la majorité, car dans de nombreux domaines, l’unanimité entre membres de l’UE a abouti à des blocages. On a en tête les couacs sur l’embargo russe ou la campagne vaccinale par exemple. Seulement, centraliser la décision tout en éliminant la dimension démocratique de la décision européenne (un vote=une voix), si elle ne pose pas problème dans un pays comme la France où l’autoritarisme fonctionne comme une seconde nature, ne semble pas emporter l’adhésion des États membres.
D’ores et déjà plus de la moitié d’entre eux ont manifesté leur opposition à un tel mouvement vers plus de fédéralisme européen. Conclusion : le discours d’Emmanuel Macron sur ce point semble déjà mort dans l’œuf et vise surtout à fignoler sa communication adressée à la communauté internationale. Celle-ci s’est d’ailleurs doublée d’une chorégraphie qui n’a pas fait l’unanimité auprès des observateurs…
“Danse l’Europe” Ã Strasbourg.
Devant Emmanuel Macron, Ursula Von der Leyen, Roberta Metsola pic.twitter.com/e82YVijG5Y— Maxence Lambrecq (@MaxenceLambrecq) May 9, 2022
L’idée d’une « communauté politique européenne » sous couvert d’offrir un lot de consolation à une Ukraine dont l’adhésion à l’UE est compromise, offre une autre démonstration intéressante de l’esprit bureaucratique hexagonal. On crée un nouvel organisme qui s’agrège à l’ancien afin d’en contourner la lourdeur, complexifiant de facto une structure qui déjà n’est pas vraiment réputée pour son agilité. Seulement, ce tour de passe-passe – qui semble aussi improvisé que la réforme territoriale de Hollande de 2015 – risque de remettre en question l’esprit des institutions européennes.
Doubler l’UE au risque de l’unité européenne
Comme l’observe Politico :
« … en proposant de nouveaux niveaux d’affiliation politique à l’UE, M. Macron remet en question certains des piliers les plus précieux, les plus chers et les plus inébranlables de l’Union, notamment l’équilibre des droits et des responsabilités qui implique la fidélité au droit communautaire et les versements à un budget commun. »
Impliquer des États extérieurs à l’UE dans des décisions payées par le contribuable et sans représentation démocratique au sein de l’Union ne pose visiblement pas trop de problème de conscience au leader du bloc élitaire français.
Doubler les institutions de l’UE, c’est-à -dire proposer un ensemble à deux vitesses, est tout aussi dangereux pour l’unité politique européenne que la laisser se désagréger lentement mais sûrement. Mais ici, on fait un pas de plus vers la centralisation politique du bloc européen voulue par tous les technocrates du continent.
Mais pas de panique, il ne s’agit que de déclarations d’intention, vagues et générales, comme Emmanuel Macron est capable d’en produire au kilomètre pour occuper l’espace médiatique à l’échelle française. Son « projet » Renaissance qui doit alimenter la campagne des législatives est tout aussi vague et rempli d’intentions plus ou moins bonnes. Qu’on ne s’y trompe pas cependant, l’abstraction et la « vaguitude » sont autant de techniques technocratiques de comm’ pour lui laisser les mains libres sans avoir à rendre de compte. Derrière le “pragmatisme” affiché, le travers autoritaire demeure.
Encore un peu de patience: Macron ne préside l’UE que jusqu’au 30 juin. Il n’a pas le temps de mettre en route ses âneries.
en filigrane on a toujours le sentiment que l’ue veut se construire sur l’adhesion à une idéologie plutôt que des valeurs libérales..
c’est nous les gentils.. t’as vu , on a pas la peine de mort.. ou t’as vue en somme on évite les affres de la démocratie_ les gens ne savant pas ce qui est bon pour eux_ par la technocratie..
Attendons la réaction des frugaux et des pays sur le front de l’Est qui n’ont rien à faire des prétentions de Macron sans parler des pays qui refusent les diktats d’Ursula von der Leyden et dudit Macron en matière sociétale!