Expatriation : pourquoi les Français vont voir ailleurs

Quelles sont les raisons de cette expatriation des Français ? Où vont-ils ? Quels sont leurs profils ?

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Expatriation : pourquoi les Français vont voir ailleurs

Publié le 29 avril 2022
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L’expatriation est un phénomène de plus en plus courant dans un environnement mondialisé. Cette tendance est particulièrement présente chez les jeunes générations. Dans le cas de la France, ce sont plus de 2,5 millions de Français qui vivent à l’étranger.

Quelles sont les raisons de cette expatriation ? Où vont-ils ? Quels sont leurs profils ?

Si les profils des expatriés français sont variés, on constate que certaines tendances se dessinent.

Des expatriés français réputés pour le travail

Selon le site internations : « 56 % des expatriés français citent leur carrière comme la raison la plus importante de leur déménagement dans un autre pays, soit neuf points de pourcentage de plus que la moyenne mondiale des expatriés (47 %). La plupart de ces expatriés français ont trouvé un emploi par eux-mêmes (20 %), suivis par 16 % qui ont été envoyés par leur employeur, et 15 % qui ont été recrutés à l’international. »

De plus, ces expatriés français sont souvent très qualifiés. Ils ont tendance à gagner plus que la moyenne générale des expatriés. Près de deux sur cinq (38 %) ont un revenu annuel brut de 50 000 à 100 000 dollars par an, soit cinq points de plus que la moyenne mondiale (33 %).

Ainsi pour Clément qui est au Royaume-Uni  : « Après ma thèse je voulais continuer dans la recherche, ce qui implique de passer par une étape de postdocs (CDD) de quelques années dans des labos pouvant être aux quatre coins du monde. Je me suis retrouvé au Royaume-Uni. Ma recherche a pris environ 6 mois mais c’est un domaine très particulier et pas représentatif. J’avais aussi postulé ailleurs (mes critères étaient « une équipe de recherche cool dans un endroit où ça cause français ou anglais »), mais au final je trouve confortable le fait de ne pas m’être trop éloigné. Je retourne en famille quelques semaines deux fois par an et je recevais régulièrement des proches avant que le covid ne s’en mêle. »

 

Des destinations pro-business et avec des opportunités économiques

Voici le top 10 des destinations choisies par les expatriés français selon le ministère des Affaires étrangères et le site international citizen en 2020 :

  1. Suisse
  2. États-Unis d’Amérique
  3. Royaume-Uni
  4. Belgique
  5. Allemagne
  6. Canada
  7. Espagne
  8. Maroc
  9. Israël
  10. Italie

 

On constate logiquement que les pays frontaliers sont des destinations de choix pour l’expatriation. Les liens culturels permettent une intégration plus facile. Ainsi, pour Benoît, parti en Suisse : «  J’ai choisi Genève pour deux raisons ; la première était que c’est là où j’avais trouvé un boulot (on n’entre pas en Suisse sans avoir démontré que l’on peut subvenir à ses propres besoins), et la seconde était que j’avais délibérément conçu mon passage par Genève comme une étape, un sas de décompression entre Paris et la vraie Suisse (l’agglomération est 10-20 fois plus petite que celle de Paris tout en restant démesurément internationale, ce qui était censé atténuer le choc culturel). »

Néanmoins, le trio de tête des destinations est composé de pays particulièrement attractifs et libéraux d’un point de vue économique. Si on ajoute le Canada, on voit que le monde anglo-américain occupe une place dominante. Le Brexit n’a pas eu l’effet repoussoir attendu. Pour Clément : « Le Brexit a été la source de pas mal d’inquiétudes et de propagande. D’après ce que je peux en voir le résultat est que la paperasse change mais que la caravane passe. Par exemple j’ai eu besoin de faire une démarche administrative pour avoir une sorte de titre de séjour. Ça s’est passé sans souci. »

Si l’expatriation a baissé à cause de la pandémie et des restrictions de voyages, on peut s’attendre à ce qu’elle reprenne avec la réouverture des frontières.

Fait intéressant : 72 % des expatriés français jugent positivement leur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, contre 68 % des expatriés à l’échelle globale, comme le fait remarquer le site internations. Il est intéressant de noter qu’aucun des quatre pays de résidence les plus courants parmi les répondants français ne se classe particulièrement bien pour ce facteur. Les expatriés vivant aux États-Unis classent même le pays 54e sur 59 pays en matière de satisfaction concernant leur équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Les États-Unis restent ainsi une destination de choix pour les Français alors qu’à bien des égards ils sont à l’opposé du système français. Mais c’est peut-être précisément la raison de l’attraction de l’Amérique du Nord pour les Français. Ainsi Aurélien qui habite aux États-Unis nous explique : « Professionnellement, États-Unis et Royaume-Uni sont largement plus intéressants et dynamiques, sans parler des différences de salaires. Ma seule interview pour un job en France, on a essayé de me rassurer que ce serait facile et que je n’aurais pas à trop me fouler. Chaque interview que j’ai faite aux US, on met l’accent sur les opportunités de développement. »

Bien sûr, l’expatriation se prépare et peut être un projet à long terme. Il faut accepter de connaître des échecs avant d’arriver à trouver sa place sur le marché du travail du pays d’accueil.

Pour Aurélien : « À la fin de mon école d’ingénieur, il fallait faire un stage à l’étranger. J’étais moyennement chaud pour les États-Unis (je visais plutôt le Royaume-Uni/Irlande à l’époque pour un truc plus proche), mais vu le salaire et le stamp “grosse boite de Silicon Valley” sur le CV, j’ai quand même passé des interviews et j’ai été pris. Visa J-1 en poche, je pars au Texas à Austin pour 6 mois en coloc avec un ami en stage dans la même boite. Retour en Europe à la fin du visa étudiant. Je n’arrive pas à décrocher de job aux États-Unis dans la foulée, mais je ne me vois plus vraiment rester en France, donc je pars en Angleterre à la place. Comme ça, au pire je pratique mon anglais pour repartir aux États-Unis. Je fais plein d’erreurs d’expat, mon job finit dans une impasse, donc je me prépare pour les interviews aux États-Unis de façon sérieuse ce coup-là. Je me prends quand même beaucoup d’échecs, mais je finis par décrocher un nouveau job dans la Silicon Valley avec un visa H1-B. Je profite de l’expérience des expatriations texanes et anglaises pour éviter de refaire les mêmes erreurs et 8 ans plus tard, je suis définitivement ancré aux États-Unis.   »

 

L’expatriation peut être le début d’une grande aventure qui peut apporter beaucoup d’un point de vue professionnel mais aussi personnel. Si vous avez l’impression de stagner ou de ne pas être à votre place en France, l’expatriation est peut-être pour vous. Dans un monde changeant, cette expérience peut à la fois vous rendre plus flexible mais aussi vous permettre de commencer une nouvelle vie.

 

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  • Je ne vais pas rentrer dans le débat expatrié VS immigré : visiblement ça tient juste à la couleur de peau si on s’en tient aux différents articles sur le sujet. Expat pour les blancs et immigrés pour les autres.
    Perso, j’avais l’habitude d’appeler les personnes mutées a l’étranger des expatriés et les gens venus chercher un travail des immigrés. Les français de l’étranger sont bien des immigrés économiques. Pour ma part j’ai immigré au Canada je ne m’y suis pas expatrié. Ma patrie, c’est toujours la France.

  • Longtemps l’expatriation a été mal vue en France et considérée comme une trahison. Dans les entreprises, elle était une « récompense ».
    Et pour partir de soi-même, il fallait comprendre et parler l’anglais ce que le système scolaire ne facilitait pas, rendant quasiment « infirmes » en la matière ceux qui n’avaient pas le don des langues comme il me le fut dit par un recruteur se voulant désagréable mais qui avait raison.
    Pour ces deux raisons, je n’ai pas pu m’expatrier.
    Heureusement aujourd’hui, les jeunes n’ont plus ces obstacles.
    Et l’Etat français ne peut plus empêcher les contribuables aisés de le fuir.
    Aujourd’hui, cela est dépassé.

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