La France : antilibérale, sinon rien

Dans une France dont la doctrine semble être désormais « tout ce qui n’est pas interdit est obligatoire, et de toute façon l’ensemble sera taxé », le libéralisme ne sera pas le thème dominant des années qui viennent.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 3
French police by Bob White(CC BY-NC-ND 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La France : antilibérale, sinon rien

Publié le 17 avril 2022
- A +

100 % antilibérale. C’est une présidentielle désastreuse pour les partisans des libertés qui s’achèvera le 24 avril.

L’intégralité des douze candidats a défendu des plateformes suprêmement indifférentes au premier terme de notre devise nationale. On peinait à y déceler des mesures qui auraient été, même vaguement, d’inspiration à rebours de l’État-nounou/État-père fouettard, ou même un seul discours éloquent sur les libertés publiques.

 

Le libéralisme absent du programme des candidats

Les douze pétochards se sont plutôt livrés à une surenchère de promesses de protection de tout ordre (la liberté est une prise de risque), de mesures coercitives au prétexte de défendre l’environnement ou de réduire les inégalités. Un catalogue inépuisable de coups de pouce, de dépenses au bénéfice de telle ou telle catégorie électorale, payés par la magie de l’endettement1.

Une unanimité étrange, voire une trahison envers l’Histoire de notre pays parmi les plus libéraux du monde jusqu’en 1981 et qui a co-inventé avec le Royaume-Uni cette doctrine remarquable il y a quelques siècles (n’oublions pas non plus l’école de Salamanque, en Espagne). Certes, un ou deux candidats ont affiché un libéralisme tempéré en bandoulière, mais n’ont obtenu qu’une fraction des parrainages nécessaires. Pour les autres, il y aurait eu pourtant largement de quoi prôner une vigoureuse reconquête des libertés dans notre pays à la fin de ce quinquennat.

En premier lieu en raison des mesures hyper liberticides instaurées face au covid, le confinement (jadis quel dictateur aurait osé imposer sous peine d’amende de signer une auto attestation pour aller au bout de la rue ?2), les couvre-feux et le pass sanitaire puis vaccinal.

Les trois candidats ayant obtenu le meilleur score derrière le président s’étaient pourtant opposés au pass vaccinal en janvier, mais ont oublié d’en reparler durant la campagne ! Et Valérie Pécresse, la seule candidate ayant eu de timides accents libéraux dans la partie économique de son programme, ou du moins soucieux de ne pas trop jouer au « quoi qu’il en coûte », avait approuvé cette forme de chantage à l’emploi et à la vie sociale pour imposer la vaccination.

 

Le bilan liberticide de Macron

Le président de la République, quant à lui, a estimé au motif de covid que « les devoirs passent désormais avant les droits », que « le problème c’est que nous nous sommes habitués à une société d’individus libres », sans oublier l’objectif « d’emmerder les non vaccinés », en violation de l’article 5 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme et du citoyen de 1789 : « nul ne peut être contraint à faire ce que la loi ne prévoit pas ».

La gestion de la pandémie n’aura d’ailleurs été qu’une des illustrations de la pratique antilibérale des dernières années, à rebours des éléments de langage de 2017. L’exécutif n’a pas baissé d’un iota les impôts et dépenses publiques les plus élevés de la planète en proportion du revenu national. Et avez-vous discerné une réduction notable du maquis régissant les moindres détails de nos vies ? 47 000 lois, 240 000 règlements, 440 000 normes, 88 Codes dont certains de 4000 pages ? Moi non plus. Ils ont continué à s’enrichir de cinq décrets par jour…

Certes, certains des quelques 400 impôts en vigueur ont été transformés, comme l’ISF, ou allégés, comme ceux sur les revenus du capital et les bénéfices, quoique toujours au niveau le plus élevé de l’OCDE, ou la taxe d’habitation… avec pour conséquence que les communes dépendent davantage de l’État centralisateur.

Hors du champ économique, comment oublier l’usage des LBD 40, proscrites dans toutes les polices d’Europe, contre les Gilets jaunes, la loi Avia, qui voulait réprimer tout discours de haine, concept sans définition juridique, ou la loi fake news, qui part du principe que les électeurs sont assez grands pour distinguer un bon politicien d’un mauvais mais pas une fausse info d’une vraie ? Certains libéraux d’une candeur féroce croient voir du libéralisme dans les incantations à la start up nation, qui ne prouvent pourtant pas grand-chose. La liberté va bien au-delà de la possibilité de monter une boite high tech ; la Chine et la Russie comptent d’innombrables start-up. De nombreux régimes illibéraux s’avèrent relativement pro business.

Mais ce président incarnation d’un « autoritarisme technocratique », selon la fort juste formule du philosophe André Comte-Sponville, affronte une candidate manifestement d’instinct encore moins libéral, si c’était possible, avec des propositions que n’aurait pas renié François Mitterrand, voire… Georges Marchais.

 

Une France antilibérale

Et la campagne d’entre deux tours a été pour l’instant l’occasion pour Marine Le Pen de prôner, si elle était élue (ce qui semble peu probable étant donné ses huit points de retard dans les sondages) et si elle peut disposer d’un gouvernement à sa main (ce qui est encore moins probable au vu du plafond de verre des candidats RN aux législatives), l’interdiction dans l’espace public du voile porté par certaines musulmanes, à rebours de toute la juridiction française. Tandis qu’Emmanuel Macron, chéquier en main depuis des mois, était pris d’une subite audace, sinon libérale du moins de retour à la raison dans la gestion des comptes publics, avec sa proposition de repousser l’âge de la retraite… avant de la remballer prestement au vu du score de Jean-Luc Mélenchon.

Certes, il existe des différences entre les deux candidats sur des dossiers géopolitiques importants, l’Europe et la Russie. Mais pour la défense des libertés, Emmanuel Macron ne semble pas très substantiellement au-dessus de sa concurrente.

En tout état de cause, dans un pays dont la doctrine semble être désormais « tout ce qui n’est pas interdit est obligatoire, et de toute façon l’ensemble sera taxé », la liberté ne sera pas le thème dominant des années qui viennent. Les frontons des mairies vont pouvoir raccourcir.

  1. La dette, bombe à retardement et machine à broyer la prochaine génération, donc à détruire leurs libertés de vivre et travailler. Trop d’électeurs ignorent visiblement que l’État français est en déficit sans interruption depuis quarante-neuf ans, série sans équivalent dans l’Histoire de notre pays, voire dans celle du monde. Mais aucun candidat n’a tracé un chemin permettant de revenir un jour à l’équilibre des comptes publics et le chef de l’État a même proposé d’attendre encore quatre ans avant de seulement s’attaquer « sérieusement » à la réduction du déficit.
  2. Contrairement à la formule « mais tous les autres pays ont fait comme la France ! », cette mesure n’a été appliquée que par quatre autres États : l’Espagne, l’Italie, la Roumanie et le Maroc.
Voir les commentaires (9)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (9)
  • Avatar
    The Real Franky Bee
    17 avril 2022 at 7 h 05 min

    « Et c’est ainsi que s’éteint la liberté, sous une pluie d’applaudissements. »

    Tristement juste cet article. J’ai choisi de quitter la France parce que je ne voyais plus qui ce pourrait empêcher le paquebot de foncer sur l’iceberg.

    À aucun moment, je n’ai regretté pas ma décision. Ce pays va vers des heures très sombres.

    11
    • Heureux homme qui peut fuir un pays collectiviste producteur d’interdits et de taxes pour assurer la raison d’être de ses bureaucrates!

    • Vous avez quitté parceque vous n’avez pas le courage ou les moyens intellectuels pour rester… Plein de gens restent et s’en sortent plutôt bien. ?
      Il y a plein d’opportunités dans le monde, pas besoin de justifier politiquement votre départ !

  • Avatar
    jacques lemiere
    17 avril 2022 at 7 h 12 min

    Attendez les gens sont encore attachés à la liberté….
    mais on leur a bourré le mou. les mots libéralisme et capitalisme ont été connotés..

    il faut rappeler aux gens. .que les libéraux ne sont pas « capitalistes », mais en faveur de la liberté économique, donc la liberté d’accumuler du capital .. plus généralement de faire ce qu’on veut de l’argent qu’on gagne..

    liberté d’expression, de déplacement, liberté de se soigner !!! comme on veut..égalité des citoyens devant la loi, jugement de culpabilité si il y a des preuves. liberté de manger ce qu’on veut.. liberté d’éduuer ses enfants comme on veut..

    Parce que les « dangers qu’on veut éviter…que les gens ne se vaccinent pas , qu’il apprennent à leurs enfants à être racistes ou radicaux ou je ne sais quoi.. sont d’un part subjectifs..ne conduisent pas nécessairement à la violence mais à la sécession des sociétés.. tandis que le gouvernement lui impose tout par la violence..

    si une société n’est pas harmonieuse et bien on forme deux sociétés et on s’évite..
    forcer des gens qui se haïssent à vivre ensemble..surtout de façon durable..est une bombe a retardement.

  • Election présidentielle = course à ‘échalote de propositions toujours plus démagogiques et ruineuses, dont celle de ne faire aucune réforme , qui enfoncent la France tous les 5 ans un peu plus. Cette élection aura coûté 450 milliards d’endettement supplémentaire, en faisant croire que le pouvoir d’achat avait augmenté au cours des 5 dernières années !! Mais le retour (prochain) aux réalités – crise économique, énergétique, monétaire, européenne, politique – va être un traumatisme digne des années ’30

    • Nos difficultés actuelles n ont strictement rien a voir avec la violente crise économique des années 30 ou le chômage avait atteint des sommets 36% aux usa, 44% ….
      Si la démagogie électoraliste est si vivante en France, c est tout simplement parce que les franchouillards adorent le : on rase gratis. L argent magique fait un tabac dans notre pays. C est tout le contraire chez nos amis allemands !!!

      • La grosse similitude, c’est que ça démarre par « L’Allemagne paiera ». Et les années 30, c’est une douzaine d’années plus tard…

  • Le libéralisme est absent des programmes des candidats car il est absent de la tête de la majorité des électeurs (et pas qu’en France). Depuis toujours le Français a préféré être « dirigés » (dans tous les sens du terme), c’est bien plus confortable que de devoir agir par soi-même

  • La France ne peut pas être libérale , c’est interdit par notre suzerain….. Enfin certains échappent à la loi..

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
7
Sauvegarder cet article

Notre nouveau et brillant Premier ministre se trouve propulsé à la tête d’un gouvernement chargé de gérer un pays qui s’est habitué à vivre au-dessus de ses moyens. Depuis une quarantaine d’années notre économie est à la peine et elle ne produit pas suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins de la population : le pays, en conséquence, vit à crédit. Aussi, notre dette extérieure ne cesse-t-elle de croître et elle atteint maintenant un niveau qui inquiète les agences de notation. La tâche de notre Premier ministre est donc loin d’êtr... Poursuivre la lecture

Le fait pour un gouvernement de solliciter et d’obtenir la confiance de l'Assemblée contribue à la prévisibilité, la stabilité et la sincérité de l’action publique, et cela devrait être reconnu comme indispensable.

Le 30 janvier dernier, Gabriel Attal a prononcé son discours de politique générale, sans solliciter la confiance de l’Assemblée, avant qu’une motion de censure soit soumise, puis rejetée le 5 février. Le gouvernement Attal, comme le gouvernement Borne avant lui, a donc le droit d’exister, mais sans soutien de la chambre.

... Poursuivre la lecture

La démocratie libérale est un régime politique jeune et fragile. Elle commence véritablement à se concrétiser à la fin du XIXe siècle, et n’existe que dans une trentaine de pays dans le monde. Le primat de l’individu constitue son principal pilier qui est d’abord politique : garantir les droits naturels de l’Homme (la vie, la propriété, la liberté, la vie privée, la religion, la sécurité…) et limiter l’action de l’État¹.

La propriété de soi d’abord, la propriété des choses par le travail ensuite, la pensée critique (libre examen), la t... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles