Les programmes des candidats leur servent à être élus. Il s’agit d’une fiction savamment élaborée par leurs conseils en communication. Immédiatement après les élections, cette fiction se trouve confrontée à une double réalité : d’abord la constitution d’une majorité parlementaire ce qui nécessite des concessions ; ensuite l’argent, nécessaire à la distribution des largesses ou au financement des réformes promises. Or l’argent dépend de la taxe mais surtout, aujourd’hui, des manipulations de la Banque centrale européenne.
Avec Emmanuel Macron et Marine Le Pen, nous avons donc deux programmes-fictions différents. Leurs bons points communs : haro sur les impôts de production et remise en route du nucléaire. Leurs mauvais points communs : aucune économie de dépenses publiques et toujours plus de dirigisme.
Les 6 points saillants du programme économique d’Emmanuel Macron
Bien que très flou et non chiffré, le programme économique macronien comporte six points principaux.
- Réforme des retraites et pension minimale portée à 1100 euros (mais pourquoi pas 1200 ou plus ?).
- Réforme de l’assurance chômage avec des règles « plus strictes ».
- Obligation pour les bénéficiaires du RSA d’avoir une activité 15 à 20 heures par semaine, « permettant d’aller vers l’insertion professionnelle, soit de formation en insertion soit d’emploi ».
- Baisse des charges pesant sur les indépendants.
- Réduction des impôts de production.
- Relance du nucléaire (mais en même temps de l’éolien et du solaire pour caresser tous les électeurs écolos dans le sens du poil)
Il faut beaucoup d’imagination pour envisager que le président qui a poussé les Gilets jaunes sur les ronds-points et avorté sa première réforme des retraites en raison des grèves saura mettre en œuvre ce programme. Fait aggravant : durant son premier mandat, l’énarque Macron été incapable de composer avec la haute administration pour faire passer ses idées de modernisation de la fonction publique et promesses d’économie de frais de fonctionnement de l’appareil public.
Le sujet du coût du programme Macron 2 a soigneusement été évité. Un avenir nécessairement radieux l’autofinancera : forte croissance, retour au plein emploi et de vagues promesses d’économies de fonctionnement.
Il fut un temps (en 2017) où Emmanuel Macron promettait de diminuer les dépenses publiques. En cinq ans, elles ont explosé donc on n’en parle plus…
Les 5 points saillants du programme économique de Le Pen
Si avec le chiffrage du programme économique de Macron, on nage dans le flou, avec celui de Marine Le Pen nous sommes dans le néant.
- Hausse des salaires de 10 % jusqu’à 3 SMIC (mais pourquoi pas 20 % ou plus ?).
- Exonération de cotisations pour le SMIC.
- Réduction de la TVA à 5,5 % sur les produits énergétiques.
- Revalorisation du minimum vieillesse à 1 000 euros (mais pourquoi pas 1 100, 2 000 ou plus ?).
- Relance du nucléaire et investissement dans la filière hydrogène. Arrêt de l’éolien.
La réalité politique va transformer la fiction
Emmanuel Macron sera-t-il en mesure de rassembler une majorité législative pour appliquer son programme ? Le parti En Marche est encore jeune, toujours peu ancré en province et moins attractif qu’en 2017 même si Macron a progressé (28 % au premier tour contre 24 % au premier tour de 2017). Il lui faudra probablement cette fois une alliance.
Elle sera difficile à trouver.
À gauche, Emmanuel Macron passe pour être libéral, les retournements de veste devraient donc être peu nombreux de ce côté. À droite, Valérie Pécresse en campagne couinait qu’Emmanuel Macron lui avait piqué ses idées. Mais une majorité « Macresse » sera difficile à constituer après le score lamentable d’une candidate pourtant adoubée par son propre parti.
Côté Le Pen, il faudrait que les souverainistes-européistes s’allient pour que le programme du Rassemblement national ait une chance d’être appliqué : donc une alliance Zemmour-Le Pen. À condition que le côté mélenchonesque du programme Le Pen (augmentation décrétée du SMIC) ne refroidisse pas les zemmouriens.
L’argent magique de la Banque centrale européenne ne sera pas pour les souverainistes
Macron n’entravera pas la construction de l’Europe fédéraliste et supranationale souhaitée par l’intelligentsia et la nomenklatura des fonctionnaires internationaux. Un jalon important de ce fédéralisme, soutenu par Macron, est l’émission d’eurobonds, emprunts émis solidairement par tous les États membres de l’Eurozone.
Macron et sa future majorité pourront donc compter sur l’argent créé par la Banque centrale européenne. Les rouages très grinçants des finances publiques françaises seront graissés aussi longtemps que possible.
Comment ? Quoi ? On me souffle dans l’oreillette que Christine Lagarde pourrait être sollicitée pour Matignon…
En revanche, les institutions financières européennes ne feront pas de cadeau à un gouvernement souverainiste Le Pen-Zemmour qui tenterait d’endiguer la dérive fédéraliste et de renégocier certains traités.
Macron ou Le Pen : au pied du mur de la dette
Quel que soit le roi républicain élu, la croissance a besoin d’être au rendez-vous car les taux d’emprunt montent inexorablement partout dans le monde. Il existe une règle simple pour tous les pays endettés à plus de 100 % de leur PIB : le taux de croissance doit être supérieur au taux d’intérêt pesant sur la dette. À défaut, c’est la décroissance et donc la banqueroute car les intérêts de la dette ne peuvent plus être payés sans amputer le PIB.
Aujourd’hui la France emprunte à 10 ans à 1,27 % (contre 0,67 % pour l’Allemagne). Le dernier chiffre de croissance en rythme trimestriel est de 0,7 %, en forte chute par rapport au 3,1 % précédent. La marge apparente est trompeuse car le rebond de la croissance du au rattrapage d’activité post-covid sera un feu de paille vite éteint.
La hausse des taux d’intérêt – qui dépendent du dynamisme économique, de l’inflation et de la confiance dans le pays émetteur – a été très rapide depuis fin 2021 date à laquelle les taux étaient encore à 0. L’inflation s’ancre, le dossier de la crise des finances publiques devrait donc arriver durant ce mandat sur le bureau de l’Élysée.
Sans oublier une petite bombe financière cachée… Nos génies de la finance du Trésor public ont eu la main lourde pour émettre des obligations à taux variable, indexées sur l’inflation française (OATi) ou européenne (OAT€i). Sur ces OATi et OAT€i, les intérêts vont donc progresser très rapidement. Les OATi pèsent plus de 60 milliards et les OAT€i 155 milliards.
Alors, verrons-nous s’appliquer l’un ou l’autre de ces programmes économiques ? « Je fais ce que je dis et je dis ce que je fais » est le principe appliqué par tous, à tous les échelons d’une démarche qualité en entreprise. Mais, sous prétexte de rassemblement et de consensus, l’activité politique fonctionne selon le principe inverse : « je ne fais pas ce que je dis et je ne dis pas ce que je fais ». Ne nous faisons donc pas d’illusions.
Restons-en aux deux points positifs : les candidats finalistes veulent renouer avec le nucléaire et diminuer les impôts de production. Si ces deux intentions tenaient, ce ne serait déjà pas si mal.
En résumé pour trouver enfin quelqu’un qui soit capable de régler les gabegies de nos gouvernements successifs, on a le choix entre l’Europe ou le FMI.
J’admire votre optimisme. Pour moi, la seule question reste la date où les réalités s’imposeront aux dirigeants et à ceux qui les subissent, et tant qu’à faire, je préférerais que ce soit le plus tôt possible. Car plus on diffère une opération chirurgicale majeure, plus on a de chances d’y rester sur le billard.
Pas vraiment . Voir la situation actuelle de la Grèce : pire même après effacement partiel de la dette.
De quelle réforme des retraites parlez vous ?
L’âge de 65 ans est devenu 64 en moins d’une journée. Dans une semaine, on sera peut-être à 58 ans !
Il serait tellement simple de ne plus parler d’âge mais seulement de durée de cotisations mais ce serait peut-être moins vendeur pour les commerciaux qui nous vendent les programmes, si l’on peut encore appeler ça programme.
La campagne du 1er tour a été inexistante, celle du second ressemble déjà à la fête du slip !
Votre conclusion est lumineuse. Je me demande si on peut vraiment être optimiste concernant le devenir de la France. Encore presque quinze jours à lire ou écouter les mêmes litanies et analyses. Cela devient franchement déprimant.
Soyons clair; l’état dépense 600 milliards de trop sur un total de 1469 milliards annuel (2021). La sur-fiscalité et la sur-régulation ont tué l’économie qui est de fait administrée.
L’état pille les entreprises, subventionne ici et là, engage à tour de bras pour masquer le fait qu’il n’y a quasi plus de création d’emplois et achète la « paix sociale » à grand coup d’argent gratuit.
Bref, socialisme !
Hollande et son sbire avaient posé le couvercle du cercueil que Macron a fini de clouer frénétiquement pendant 5 ans et lePen ne comprend même pas le titre du livre « l’économie pour les nuls ».
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Là-dessus, arrive une monstrueuse crise inflationniste due aux QE et
la guerre en Ukrainedes « sanctions du bien » qui vont plonger dans la vraie misère 40% du pays qui vivotait déjà sur une distribution à crédit.Le conseil de Madame Irma: commencez à lire les blogs de survivalistes et ne comptez ni sur l’euro, ni sur les banques, ni sur les assurances. Tapez « EURCHF » et regardez la chute de
weimarl’euro (le franc suisse est très stable malgré les imb.ciles de la BNS qui achètent depuis 10 ans des obligations pourries pour le faire descendre).« L’état pille les entreprises, subventionne ici et là, engage à tour de bras pour masquer le fait qu’il n’y a quasi plus de création d’emplois et achète la « paix sociale » à grand coup d’argent gratuit. »
Synthétique et tellement vrai !