Louis-le-Grand et Henri IV : la fin des régimes spéciaux

C’est la fin du privilège des lycées Louis-le-Grand et Henri IV. Alors qu’ils échappaient à la règle commune de la planification scolaire, ils devront désormais se soumettre aux mêmes mesures de recrutement que les autres.

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lycée henri IV by romanyka (creative commons) (CC BY-NC 2.0)

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Louis-le-Grand et Henri IV : la fin des régimes spéciaux

Publié le 25 janvier 2022
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L’égalité, les valeurs de la République, la justice sociale, c’est bien, mais pour les autres. La CGT défend la sécurité sociale pour les autres et les régimes spéciaux pour elle. De même en éducation : il y a les établissements publics soumis à carte scolaire et à procédure administrative complexe et aléatoire (Affelnet) et il y a deux régimes spéciaux dérogatoires, les lycées Louis-le-Grand et Henri IV qui, bien que public, peuvent recruter leurs élèves sur dossier.

Les avantages du public (scolarité gratuite, c’est-à-dire payée par l’impôt) combinés aux avantages du privé (choix dans le recrutement des professeurs et des élèves), un bon cocktail de capitalisme de connivence qui permettait à l’élite politique et économique de préserver ses enfants de l’inculture de masse. Quelques élèves de province et des boursiers triés pour faire bonne mesure et pour donner ainsi l’impression de respecter les normes communes. Voilà comment créer une règle valable pour tout le monde, sauf pour soi.

Tout cela semble terminé puisque le recteur de l’académie de Paris, Christophe Kerrero, ancien directeur de cabinet de Jean-Michel Blanquer, a annoncé que ces deux établissements allaient rejoindre la procédure Affelnet. Fin donc des régimes spéciaux et de la curieuse exception de la montagne parisienne.

 

Triste pour l’élite, mais logique

C’est bien évidemment dommageable pour tout le monde de détruire un système de formation qui fonctionne. Mais on ne peut défendre la planification scolaire pour les autres et la refuser pour ses enfants. La planification, c’est pour tout le monde ou pour personne. La meilleure solution eût été de supprimer Affelnet et d’étendre à tous les lycées parisiens le privilège de Louis-le-Grand et d’Henri IV, c’est-à-dire d’en finir avec la planification et de laisser le libre choix aux parents. C’est la pire des solutions qui a été choisie, mais une solution logique et cohérente avec le discours de « l’école républicaine ».

Pourquoi la nomenklatura parisienne a ainsi décidé de sabrer ce qui fonctionne et donc de pénaliser ses enfants ? C’est peut-être que ces deux lycées sont passés de mode.

Désormais, c’est dans le privé que les enfants de l’élite politique et économique sont scolarisés. La quasi-totalité des anciens ministres de l’Éducation nationale avait ses enfants dans des établissements privés. Ils ne sont donc pas concernés par la mesure adoptée.

Une seconde hypothèse est à prendre en compte : l’effet d’annonce sans suite. Plus hypocrite, elle permet de donner l’impression de mettre fin à un privilège, mais elle pourra être contournée de deux façons : le contrôle en interne d’Affelnet pour filtrer malgré tout les élèves admis, la mise en place de classe de niveau au sein des lycées, par le jeu des options, afin de créer une séparation interne entre les bons et les mauvais élèves.

Pour l’instant, nous en sommes au stade du beaucoup de bruit. Il est fort probable que dans quelques années on se rende compte que cela était pour rien.

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Créer un compte Tous les commentaires (11)
  • Pas d’accord avec l’auteur de l’article.
    Les très bons élèves s’en sortiront quelque soit le lycée ou l’université/grande école de leur choix. Ceux qui sont admis dans ce genre de lycée ont réfléchi à un plan de carrière dès la fin de la 3ème. Il n’y a donc pas de problème pour eux. Ce qui est marrant avec cet article, c’est qu’il est symptomatique de la France, c’est-à-dire se définir par son lycée/école/université alors que cela n’a strictement aucune importance. Un diplôme en soi n’est qu’un bout de papier tout comme l’argent d’ailleurs, ça n’a pas de valeur intrinsèque, y compris pour l’X/HEC/ENA. Ce qui compte c’est ce qui est fait de des connaissances acquises. Des gens ayant réussi sans passer par ces écoles qui font office de passe-droit (carrière toute tracée, hein), il y en a tellement.
    Le problème majeur, c’est la réduction des heures en mathématiques qui est bien plus préjudiciable pour l’économie de notre pays. Quand on sait qu’un tiers de l’économie américaine dérive des concepts de la physique quantique (qui est très mathématiques), on comprend qu’on a un gros problème en France.
    Les élites comme l’auteur, pleurent car il n’y aura plus de voie royale toute faîte/toute tracée/toute propre pour faire tel ou tel métier, ce qui est une excellente chose. Car il faudra du talent, pas besoin d’un diplôme pour faire tourner une entreprise, juste du talent/de la sagesse/de l’instinct. Il faut se fondre de la masse comme tout le monde, seul le talent doit permettre de s’en sortir et non le passe-droit de l’école (comprendre le réseau de celle-ci). Beaucoup préfère faire une grande école, et non l’université à cause de ces réseaux. Ces écoles encouragent le corporatisme/le capitalisme de connivence/le repli sur soi/le manque d’innovation. Je ne connais aucun grand nom de l’X aujourd’hui (et pourtant par le passé nous avons eu Cauchy/Legendre/Poincaré/Hermite/Fourier/Laplace… ) mais aujourd’hui???

    • Le problème est surtout la dérive managériale. Les élites sont aujourd’hui ceux qui ont le bagout, l’entregent, les copains, le conformisme, etc., pour s’élever dans la hiérarchie. Les initiatives ou réalisations concrètes de génie nuisent à l’avancement…

    • Pas d’accord.
      ce que je trouve dramatique c’est que quelques élèves de la classe moyenne et quelques élèves boursiers arrivaient quand même à se faire un chemin dans ces lycées et vers l’excellence.
      Maintenant qu’on a effacé toute excellence dans le public, il ne reste que le privé, qui est inatteignable par des gens non friqués.

    • A moitié vrai. Lorsque je vois mon neveu de 15 ans qui a beaucoup de mal à lire et à comprendre ce qu’il lit alors même qu’il n’est pas du tout considéré comme un mauvais élève, je me dis qu’il y a quand même des limites auxquelles il (et ceux en dessous a fortiori) va être confronté malgré son talent. Car même les matheux et les scientifiques doivent lire des thèses ou autres documents pour avancer. Quant aux réseaux, c’est une « invention » récente qui a, effectivement cours dans l’administration et autre service public. Dans le Privé il faut quand même encore être « bon ».

    • @XRQ je crois que vous devriez relire l’article , l’auteur critique plutôt la tartufferie que constituait cette exception pour ces deux lycées (et pas seulement, pour tous les « grands lycées » publics en fait : massification pour le peuple et excellence pour les happy few qui connaissent les chemins vers le savoir et les diplômes si utiles pour accéder aux postes enviés dans notre république de nomenklatura. Ou lisez vous que l’auteur « pleure(nt) car il n’y aura plus de voie royale toute faîte/toute tracée/toute propre …  » ?? Vous êtes à côté du sujet . L’auteur blâme seulement l’imposture . L’auteur aurait souhaité l’exigence , l’excellence pour tous comme nous l’avions par le passé .

  • Qui veut niveler sans savoir élever le niveau bas abaisse celui du haut : ainsi tout le monde est ramené au niveau inférieur… L’égalitarisme est bien une hypocrisie politique. Ce n’est pas comme cela que notre société avancera.
    Les élites internationales, dont notre président est une marionnette, créent une classe unique paupérisée en abaissant les niveaux de formation et économique de la classe moyenne, elle casse toute velléïté de progression et envoie ses enfants étudier à Harvard…

  • La haine de l’excellence, une maladie contagieuse qui prospère.
    LLG et H4 en ont vu d’autres, attendons les contre-mesures.

  • Commentaire laissé sur skyfall44. fritz | 14/01/2022 @ 20:48
    https://www.skyfall.fr/2022/01/01/fil-info-de-sceptiques-2022/#comments
    Emmanuel Macron veut remettre en cause la quasi-gratuité des études universitaires
    https://www.msn.com/fr-fr/actualite/france/emmanuel-macron-veut-remettre-en-cause-la-quasi-gratuit%c3%a9-des-%c3%a9tudes-universitaires/ar-AASMYcM?ocid=ASUDHP&li=AAaCKnE
    A quand la primaire payante ; cela remettrait les femmes au foyer
    A la question : que coute la scolarisation à l’ENA , j’ai lu
    Est-ce que l’ENA est payante ?
    La scolarité est gratuite.
    Faut qu’il dégage cet emmerdeur
    https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/article_jo/JORFARTI000042577211
    Décret n° 2020-1469 du 27 novembre 2020 relatif à la rémunération des élèves de l’Ecole nationale d’administration et des stagiaires des cycles préparatoires de l’Ecole nationale d’administration
    NOR : TFPF2026607D
    ELI : https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2020/11/27/TFPF2026607D/jo/article_1
    Alias : https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2020/11/27/2020-1469/jo/article_1
    JORF n°0289 du 29 novembre 2020
    Texte n° 96

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    Version initiale
    • Décret n° 2020-1469 du 27 novembre 2020 relatif à la rémunération des élèves de l’Ecole nationale d’administration et des stagiaires des cycles préparatoires de l’Ecole nationale d’administration
    Naviguer dans le sommaire

    • Chapitre Ier : Rémunération des élèves de l’École nationale d’administration (Articles 1 à 5)
    • Chapitre II : Rémunération des stagiaires du cycle préparatoire au concours interne de l’École nationale d’administration (Articles 6 à 8)
    • Chapitre III : Rémunération des stagiaires du cycle préparatoire au troisième concours (Articles 9 à 13)
    • Chapitre IV : Dispositions transitoires et finales (Articles 14 à 17)

  • La Gauche Miterrando-Caviar a inventé le nivellement par le bas. La France est en train d’en crever. Il n’y a pas de raison que quelques français blancs de nos campagnes en réchappent.

  • Quid des bons élèves de province ? Ont-ils l’équivalent de ces lycées près de chez eux ?

  • Oui à l’égalitarisme!
    Tout le monde à égalité. Si un élève ne comprend rien, tous les élèves doivent s’aligner.
    Les établissements « élitistes », mais surtout « méritocratiques » étaient les seuls à surnager et à préparer aux grandes écoles dispensant un cursus reconnu même si leurs élèves ont un peu trop conscience de leur supériorité!
    Ce pays multiplie les raisons de le fuir tellement il prend plaisir à se saborder!

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