Par Elie Blanc.
En avril dernier, Macron annonçait qu’aurait lieu un « grand débat sur la consommation de drogues ». Il en a profité pour réaffirmer sa volonté de lutter contre la consommation de cannabis et de ne « laisser aucun répit aux trafiquants » pour faire « reculer la délinquance ».
Depuis lors, un arrêté daté du 31 décembre interdit la vente et la consommation les fleurs de chanvre CBD.
Emmanuel Macron contre le cannabis
Notre cher Président semble souffrir d’amnésie, lui qui déclarait en 2016 que la légalisation « avait une certaine forme d’efficacité ». Les plus inquiets pour la santé de notre bien-aimé Président peuvent se rassurer : il s’agit juste d’une crise de démagogie aiguë. À un an des présidentielles, Macron sent qu’il doit convaincre un électorat de droite, sa seule adversaire sérieuse étant à l’heure actuelle Marine Le Pen.
Il entreprend donc cette nouvelle opération de communication, financée par l’argent bien pratique de vos impôts et qui apportera davantage à sa campagne qu’à la démocratie.
Cette mascarade n’a pas encore eu lieu que l’on devine déjà que les arguments avancés seront aussi navrants que ce gaspillage d’argent public à peine dissimulé. On expliquera à vos esprits ignares que le cannabis est potentiellement dangereux pour la santé, un peu comme manger de la charcuterie, boire de l’alcool ou… être confiné autoritairement ?
Des arguments utilitaristes
On rappellera que le commerce de cannabis occasionne d’effroyables trafics qui gangrènent nos quartiers, comme si la pénalisation de la consommation était la conséquence et non la cause de cette violence.
On achèvera sans doute les plus sceptiques par un témoignage larmoyant d’un mineur qui a tout perdu à cause de son addiction ; comme si les problématiques d’addiction pour l’alcool et les paris en ligne n’avaient jamais touché le moindre mineur.
En bref, les arguments seront de part et d’autre utilitaristes, et jamais la liberté individuelle ne sera sérieusement considérée. Historiquement, l’approche utilitariste a eu le défaut notable de justifier la légalisation ou l’interdiction d’à peu près tout et n’importe quoi. On a pu avancer que l’esclavage était bien commode, alors pourquoi s’en priver ? A contrario, on pourrait avancer que les relations homosexuelles sont statiquement plus souvent vectrices de MST, pourquoi ne pas les interdire ?
L’État vous ôte votre responsabilité
Si ces conclusions nous paraissent aujourd’hui absurdes, nous n’en avons pas rejeté pour autant le cheminement intellectuel qui nous y a conduits. Il est si tentant pour le citoyen de vouloir interdire pour les autres ce qu’il juge dérangeant pour lui, quand bien même sa vie ne s’en trouverait pas affectée. Et il est si facile pour le politique d’en faire un argument électoral.
Le revers de la médaille, c’est que si vous acceptez l’idée que l’État puisse interdire certaines activités sous le prétexte qu’elles sont dangereuses, certaines paroles, puis certaines pensées deviendront vite elles aussi dangereuses, puis interdites.
Il existe pourtant une autre voie, celle de la liberté individuelle et de la responsabilité. Liberté de consommer n’importe quelle substance, quels que soient leurs effets sur la santé de celui qui la consomme. Responsabilité de l’individu, qui ne doit pas nuire à autrui du fait de sa consommation.
Lorsque l’État vous refuse cette liberté, c’est soit qu’il considère que vous n’êtes pas suffisamment intelligent pour choisir ce qu’il y a de mieux pour vous, soit que vous n’êtes pas suffisamment responsable de vos actes. Vous êtes donc un enfant ou un idiot, ces deux propositions n’étant probablement pas mutuellement exclusives aux yeux de ceux qui vous gouvernent.
Heureusement, soyez rassurés, si l’État vous traite ainsi, c’est pour votre bien ! S’informer, réfléchir, prendre des décisions par soi-même… Tout cela constitue un travail bien pénible. Bienheureux celui qui, éclairé par l’intelligence et la sagesse de notre Président, se voit épargné de cette besogne !
Un article publié initialement le 23 avril 2021 et mis à jour le 11 janvier 2022.
Et après les flics, les condés, les schmitts, les guisdés, se plaindront que c’est trop injuste parce qu’ils reçoivent sur leur coquille des frigos jetés du 18eme étage.
Caliméro.
Ce sont toutes ces mesures qui ont créé Al Capone jadis et qui crééront tous les nouveaux Escobar de ce monde…
Vous coupez une tête, une autre reprend son marché aussitôt…
on ne peut pas attendre de la part d’un individu comme macron qu’il prenne des décisions intelligentes ; comme le dit Charles Gave » macron est un idiot » ;
Evidemment il ne viendrait pas à l’esprit de notre président de s’inspirer de ce qui a marché ailleurs : Pays-bas, Canada, Portugal, Uruguay, certains états US etc.. Endroits connus pour regorger de criminalité et de jeunes décérébrés.. Encore une belle preuve d’arrogance à la française, ce qui marche ailleurs ne marchera pas ici, car nous, nous sommes français !
Je pense qu’un aspect de la problématique de la légalisation qui n’est pas assez mis en avant c’est la protection des non consommateurs, des abstinents de la drogue. Après tout ce sont eux la majorité des individus concernés par le sujet. Et ce sont clairement eux qui payent les pots cassés à part au niveau de la santé pulmonaire et des effets psychiques indésirables.
Regardons dans le détail:
La prohibition coûte beaucoup d’argent. Le cannabis c’est 80% de la lutte contre les stupéfiants. Ce coût est majoritairement payé pas les non consommateurs.
Le trafic génère une criminalité élevée et ne l’oublions pas, cela finance la criminalité pour d’autres crimes bien plus délétères encore. Je m’explique:
Les hall d’immeubles occupés par des dealers sont le résultat de la prohibition, pas de la drogue elle même. Si vous interdisez l’alcool on occupera d’autres halls d’immeubles pour y vendre de la picolle. Et ce sont les non buveurs qui payeront la facture sous forme de gène dans leur logement. Il en est de même pour le cannabis: Ce sont les non consommateurs qui payent le prix de la prohibition.
La réduction des libertés due à la « guerre contre la drogue », est payée en perte de liberté par une majorité de non consommateurs.
Les dommages collatéraux des trafiquants qui gèrent de banals litiges commerciaux et des problématiques de concurrence à coup d’AKM (et non pas à coup d’AK 47, ce modèle il n’y en a plus beaucoup) sont supportés essentiellement pas des gens qui ne consomment pas. Et ça, une fois de plus c’est le prix de la prohibition.
Les drogues frelattées qui causent additionnels à ceux inhérents à la drogue elle même sont aussi payés par la collectivités puisque nous dans un Etat socialiste (au moins sur la santé). Une fois de plus la prohibition facture ses frais aux non consommateurs.
Les parents qui veulent faire attention à bien protéger leurs enfants des dangers des stupéfiants sont désarmés face à un marché clandestin. On peut imposer à un réseau de distribution de ne pas vendre aux mineurs. C’est largement possible et ce serait probablement plébiscité. On peut même imaginer que des fumeurs refusent de fréquenter des coffeshops qui ont la réputation de transiger avec ce principe, de même que des buveurs ne voient pas forcément d’un bon oeil de filer de la picolle aux enfants (CF les tontons flingueurs: « De l’alcool à c’t âge là! »).
Balancer un dealer du quartier, pacifique sociable et discret, est mal vu en France. Balancer un dealer qui fait la sortie des collèges aux Pays Bas n’est absolument pas mal vu, même par les consommateurs. Les parents qui veulent protéger leurs enfants de la drogue ont intérêt à la légalisation.
Les principaux gagnant de la légalisation sont justement les abstinents! Ce serait bien de mettre ce point en avant. Il serait temps d’arrêter de sacrifier les « innocents » pour une absurde chasse à des « coupables » qui ne font de mal qu’à eux mêmes.
Liberté de consommer à condition que les conséquences sanitaires soit de la responsabilité exclusive du consommateur : non prises en charge par la sécu.
Vouloir exclure les consommateurs de cannabis des soins payés par la sécu est un tantinet démagogique. Après tout, la sécu rembourse les soins de quantité de maladies qui ne sont que le résultat de comportements individuels pourtant bien identifiés comme nuisibles, alcool, tabac et obésité par exemple. J’avoue ne pas avoir de solutions simples pour tous ces cas où les gens se ruinent la santé en « profitant » de la mutualisation des dépenses médicales.
Ce qui me perturbe plus, c’est que les drogues ne font pas que vous ruiner la santé. Moi qui prend le bus tous les jours, je n’ai nulle envie qu’il soit conduit par un chauffeur qui a des bouffées délirantes parce qu’il fume des joints comme d’autres fument des cigarettes. Comme l’état d’ivresse, le fait d’être sous l’emprise des psychotropes que sont les drogues doit être un motif de licenciement.
Dans mon métier de prof, j’apprécierai que l’on vire les élèves qui « fument » aussi promptement que ceux qui picolent.
y(a certain cancers qui sont faciles à anticiper hein…
Pour l’alcool il y a une cotisation spéciale sur toutes les bouteilles de plus de 18%.
Si vous attendez de l’état qu’il prenne en charge vos maladies dues à la consommation de produits toxiques, alors il a un droit de regard sur ces produits d’une façon ou d’une autre. Ou alors, vous avez toute liberté de vous souler ou de vous droguer mais vous assumez vous-mêmes les frais de vos soins et si vous ne le pouvez pas, tant pis pour vous. De même, malgré des bouffées délirantes qui vous mènent au meurtre, vous aurez le droit à un procès, pas à un parcours de soins à l’abri. Il n’y a pas de liberté sans le sens de la responsabilité mais ça s’apprend.
C’est pour ça que je milite pour que l’Etat légalise d’une manière particulière: Les consommateurs de drogue doivent être radiés de la sécu. Radié, donc vous ne payez pas non plus: Vous êtres livré à vous même. Libre à vous de vous assurer, ou non dans le privé.
Si on faisait ça je suis certain que des centaines de français feraient la queue avec un tarlu au bec devant les commissariats pour pouvoir se faire radier et quitter les sécu.
Autant votre plaidoyer de 10h23 en faveur de la légalisation est frappé au coin du bon sens, autant j’ai l’impression que vous venez de fumer la moquette avec votre proposition de radiation.
Qu’est-ce qui peut justifier qu’un consommateur de cannabis soit radié quand un fumeur « old school » ne l’est pas, qu’un alcoolique notoire ne l’est pas ou qu’un amateur de sport extrême ne l’est pas plus ?!
Promouvoir cela, c’est continuer à faire croire aux gens que le cannabis doit bénéficier d’un (mauvais) traitement exceptionnel, que donc il est plus dangereux que tout le reste, et que donc on avait raison de l’interdire. Pas la meilleure entrée en matière pour démarrer un débat sur la légalisation.
Le cannabis doit être traité comme toutes les autres drogues (tabac, alcool, jeu, sport,…). Ni plus ni moins.
La suppression de la Sécu est un sujet qui mérite une attention particulière, légitimement, mais certainement pas par ce biais-là.
Oué là Mitch tu déconnes. Mais on peut imaginer comme il a été proposé sur un autre commentaire ici de mettre en place une taxe sur les produits du cannabis là pour contrebalancer, doit y avoir d’autres solutions je me suis pas penché sur la question mais la radiation c’est un truc de fanatique ; )
L’état me force à payer pour ma santé et décide de ce qu’il couvre ou pas… L’état n’a aucun droit de regard sur ce que je mange, je fume… ma vie, mon corps, mon choix!
Bien d’accord.
L’Etat n’est légitime à intervenir que si je mets, par mon comportement, la vie d’autrui en danger.
De ce point de vue, l’interdiction d’une drogue ne devrait avoir lieu que dans un cas très particulier : si cette drogue transforme son consommateur, à coup sûr, en un être violent, voire en meurtrier sanguinaire…
oui sauf que pour la fumette vous intoxiquez les autres , donc votre choix a ses limites aussi
Aaaaah on l’attendait le fameux « grand débat » mis à la sauce du cannabis. C’est un peu le lapin magique de Macron j’ai l’impression. Il va nous sortir un comité de « citoyens tirés au sort » (comme c’est pratique on n’aura pas besoin de les élire), largement manipulables, pour tirer des conclusions qui comme par hasard iront dans le sens voulu par le gouvernement à savoir ne pas légaliser, « mettre plus de moyens », mais par ailleurs paradoxalement réduire les peines de justice. En fait ça permettra seulement de fliquer plus de français qui se trouvent encore dans les « territoires de la république » et ne plus se préoccuper des « territoires perdus de la république » car ils sont beaucoup moins rentables du fait de cette politique de « lutte contre la drogue ». Un « en même temps » qui est de plus en plus paradoxal en fin de compte.
La décision de Macron est politiquement absurde, sinon imbécile. Triplement.
1. Elle le fait passer pour une girouette et un démagogue, capable de se renier pour un très hypothétique gain électoral.
2. Elle est, comme on s’en doute, vouée à l’échec : ça fait 50 ans qu’on en dresse le constat. Prendre un ton martial ne va rien changer.
3. Ce n’est pas le sens de l’Histoire. La « guerre mondiale contre la drogue » a démarré dans les années 70 sous l’impulsion des Etats-Unis, via les institutions internationales. Aujourd’hui, tant les premiers que les secondes font marche arrière. Une grande vague de dépénalisation s’abat sur les pays occidentaux, plus sûrement qu’un virus respiratoire. A contretemps, la politique de Macron finit par apparaître pour ce qu’elle est : ridicule et indéfendable.
Longue vie au monarque-banquier-philosophe-épidémiologiste !
Gloire à notre ardent défenseur de la paix (surtout dans les pays où on vend beaucoup d’armes), pourfendeur des cartels cannabiques (affublé de son fidèle écuyer Darmanaz), créateur de l’école de guerre (d’où sortiront de valeureux policiers avec des calots et non plus des casquettes), grand destructeur de l’économie du royaume (bien secondé par Bruno Le Mauvais), et désormais sur le chemin du combat pour déconstruire notre histoire !
Amen…
Macron est un jeune vieux, il applique des programme économique digne de l’époque Thatcher et maintenant il se la joue Nixon ou Reagan.
J’avais bien senti (malheureusement) l’entourloupe du ni gauche ni droite (mais je ne suis pas socialiste hein) du renouveau politique promis et du côté disruptif jamais connu auparavant qui au final c’est transformer en loi coercitive et privation des libertés. Dommage pour lui ce sera une occasion manqué de changer de paradigme sur le sujet du cannabis. Depuis 1988 et Léon Schwartzenberg ministre de la santé qui dût démissionner pour avoir pris position en faveur de la légalisation, de la mise en vente du cannabis, sous le contrôle de l’État, afin de barrer la route aux trafiquants. Aucune avancé, aucun changement à par pour aller vers plus de répression d’une loi voter un soir de réveillon 1970….
Libération du canabis, sutaxation du tabac….. Qui entube qui?