Contrepoints : la parole à Nathalie MP

Interview de Nathalie Mp pour Contrepoints.

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Contrepoints : la parole à Nathalie MP

Publié le 22 décembre 2021
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Dans le cadre de ses activités de fin d’année, la rédaction du site libéral en ligne Contrepoints a interrogé ses auteurs sur leurs thèmes de prédilection, leur idée personnelle du libéralisme et leur sentiment vis-à-vis de Contrepoints. Il en résulte de courtes vidéos – publiées chaque jour jusqu’à la fin de l’année – retranscrivant les points marquants des différentes contributions. L‘article ci-dessous est la mise en forme améliorée de mes échanges avec Contrepoints en cette occasion.

Contrepoints (CP) : Pouvez-vous vous présenter rapidement et nous dire, en tant qu’auteur, quels sont vos domaines d’écriture privilégiés ?

Nathalie MP (NMP) : Bonjour Contrepoints et merci beaucoup de m’interroger. Je suis Nathalie MP et je tiens un blog libéral depuis bientôt sept ans.

J’écris beaucoup sur les comptes publics avec l’idée d’exposer (et faire imploser) le paradoxe insupportable de la France : elle est championne du monde des taxes et des dépenses publiques, sans parler d’une dette publique toujours plus élevée, tout en ayant des résultats plus que médiocres en matière d’emploi, croissance, éducation, santé, retraite, etc.

Mais le libéralisme ne se limite pas au versant économique de notre vie sur Terre. Encore faut-il que les libertés individuelles d’expression, de conscience, de circulation etc. soient respectées. Encore faut-il que les gouvernements s’inscrivent dans les canons de l’État de droit. Mais en réalité, tout est lié : chaque nouvelle dépense de l’État, chaque nouvelle réglementation millimétrée sur tel ou tel sujet privent un peu plus les individus de faire leurs propres choix responsables.

CP : Pour vous, qu’est-ce que le libéralisme ?

NMP : À ce que je viens de dire, permettez-moi d’ajouter les premiers mots de la Déclaration d’indépendance des États-Unis (1776) :

Tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Les gouvernements sont établis parmi les Hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés.

Je préfère prévenir une objection. On me dit : non, les hommes ne sont pas égaux, tout le monde est différent, tout le monde n’a pas les mêmes capacités. À cet égard, le texte est clair : il s’agit bien d’égalité en droit.

Quant au Créateur, peu importe sa nature ni même son existence. Il suffit de savoir qu’à un moment, les hommes viennent au monde et que leurs droits découlent directement de cet événement, pas de ce que d’autres hommes organisés en pouvoir sont décidés à leur accorder ou pas.

Donc tous les hommes ont droit à la recherche du bonheur. Or rien ne dit qu’il n’existe qu’un seul modèle de bonheur sur Terre. Tout l’enjeu entre les gouvernés et les gouvernants consiste à trouver un gouvernement qui respectera cela. Qui ne cherchera pas à s’immiscer entre les hommes et leur idée du bonheur en voulant à toute force « faire leur bien ». Qui respectera la diversité des aspirations et des accomplissements humains.

Mais attention. Qu’on ne vienne pas nous dire que la société libérale est constituée de renards libres dans un poulailler libre, comme si tout le monde était invité à faire tout et n’importe quoi en fonction de ses purs désirs individuels sans considération pour l’existence d’autrui. Car il existe une limite absolument infranchissable dans les relations entre les hommes ; et cette limite, qui découle du droit de chacun à la vie et à la liberté, c’est le respect total des personnes et de leurs biens.

Aussi, dans le monde politique très clivé mais assez unanimement dirigiste qui est le nôtre, la position libérale consiste selon moi à suivre une ligne de crête délicate qui s’écarte autant du constructivisme de gauche et son progressisme imposé que du constructivisme de droite et son conservatisme imposé.

CP : Comment a commencé votre collaboration avec Contrepoints ?

NMP : Un jour, en 2015, j’ai reçu un mail de Frédéric Mas, le rédacteur en chef de Contrepoints. Il me demandait l’autorisation de reproduire un article que j’avais consacré à Turgot, qui fut un temps contrôleur général des finances du roi Louis XVI.

À l’époque, de 1774 à 1776, il s’agissait déjà de rétablir les finances publiques, de faire des économies dans tous les ministères et de résister à la tentation d’octroyer à la ronde des charges et des pensions fort coûteuses en regard des services rendus. Il s’agissait aussi d’introduire un peu plus de justice et de simplicité dans l’impôt.

Malheureusement, Turgot ne fut pas écouté. Pourtant, il disait des choses intéressantes que Vauban évoquait déjà au siècle précédent et qu’Adam Smith formulera aussi peu après. Par exemple :

L’intérêt particulier abandonné à lui-même produira toujours plus sûrement le bien général que les opérations du gouvernement.  (1759)

Turgot aurait pu écrire pour Contrepoints !

La tradition française n’est pas exempte de sa part libérale, mais l’attirance pour l’ordre centralisé, l’absolutisme et l’homme fort reste malheureusement la plus plus forte.

CP : Qu’est-ce que vous aimez chez Contrepoints ?

NMP : Je partage complètement son double objectif :

  1. Faire connaître le libéralisme, sur le plan historique comme sur le plan théorique, et dans ses différentes sensibilités ;
  2. Commenter l’actualité, qui nous concerne tous, mais en l’abordant sous l’angle de la pensée libérale.

Cette philosophie politique n’est pas très en vogue en France, mais au pays du paradoxe que j’évoquais plus haut, il me semble indispensable de faire vivre un lieu médiatique qui explique en quoi les thèses libérales de recul de l’État constitueraient une réponse adaptée à nos problèmes actuels aussi bien sur le plan des libertés individuelles que sur celui de la prospérité économique générale. Et ce lieu, c’est Contrepoints.

C’est encore plus vrai en cette période de Covid-19 où la réponse économique au gel prolongé des activités n’est qu’une fuite en avant dans l’argent magique et où, de passe sanitaire en discours de la peur et possible passe vaccinal, les libertés individuelles sont complètement oubliées au profit d’une protection qui se révèle passablement élusive – en France, mais pas seulement, ce qui rend la contagion des privations de liberté absolument terrifiante.

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  • Bonne année Nathalie et continuez de nous informer et régaler avec vos articles !

  • NMP, un pilier de Contrepoints !
    Merci Nathalie

  • Nathalie MP, c’est ce qu’il y a de mieux Sur Contrepoints. Ne ratez Pas ses arrticles détaillés, argumentés et qui ne laissent Pas le lecteur Sur SA faim comme souvent pourr d’autres auteurs.

  • Grand merci à Nathalie MP qui nous propose avec régularité des analyses toujours pointues, fouillées et rigoureuses !

  • Merci Nathalie, et de rappeler ce droit à la recherche du bonheur qui semble s’être tant estompé au fil des nouvelles versions de notre Constitution à nous.

  • S’imaginer que les lecteurs de Contrepoints vont s’offusquer d’une référence à un « Créateur », comme de vulgaires gauchistes, est une insulte à leur intelligence.

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