Musulmans modérés et sécularisation : des alliés

Les musulmans qui se sécularisent sont nos alliés. Ne les rejetons pas vers islamistes !

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Musulmans modérés et sécularisation : des alliés

Publié le 1 octobre 2021
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Par Yves Montenay.

Le débat entre Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour vient de relancer celui sur l’immigration, notamment musulmane.

L’un prône le métissage physique et culturel généralisé, la créolisation, l’autre en appelle à la vieille France. Ces positions opposées donnent une idée fausse de l’évolution générale des populations musulmanes tant en Occident que dans leurs propres pays.

Un terme qui est mal vu par ces deux camps, celui de musulmans modérés. Les musulmans non modérés ironisent : « On est musulman ou on ne l’est pas », comme le répète notamment le président islamiste turc, Recep Tayyip Erdoğan.

Dans le camp d’en face, chez les islamophobes français par exemple, on doute que ces musulmans modérés existent « puisqu’ils ne se manifestent pas ».

 

Les musulmans ne se modèrent pas, ils se sécularisent

Et pourtant, si le terme modéré n’a effectivement pas grand sens concernant la foi, il en a un en matière de comportement. Dans les textes de spécialistes de la question, on parle de sécularisés, par opposition à la fois à laïques et à islamistes.

Est sécularisé un croyant qui n’applique pas de règles religieuses à une partie importante de sa vie courante.

Par rapport à la laïcité, il y a d’abord une différence de connotation, puisque la laïcité est ressentie comme un éloignement de la religion, voire une hostilité, notamment parce qu’elle est utilisée en France contre les manifestations extérieures de l’islam. Il y a une autre différence : il ne s’agit pas d’arborer ou non des signes religieux mais de prendre des décisions concrètes.

La manifestation de la sécularisation la plus massive et la plus importante concerne la démographie.

 

La sécularisation démographique

Dans la plupart des pays musulmans, on ne dit plus « J’aurai autant d’enfants que Dieu m’en enverra », mais « J’aurai 2 enfants » (ou zéro, un ou trois : bref c’est moi, la femme, qui commande -en général en accord avec son mari- et non Dieu). Et c’est ce que l’on constate effectivement : en Tunisie, Maroc, Turquie, Iran… on a, comme en France, deux enfants par femme, voire moins, et la plupart des autres pays musulmans non subsahariens sont entre deux et trois.

On est très loin de la fécondité naturelle longtemps en usage au Sud, musulman ou pas, qui est de 7 à 9 enfants, moyenne qui intègre des femmes en ayant souvent plus de 10, et celles qui meurent en couche dès les premiers enfants. Un panorama mondial montre que la fécondité n’est pas liée à la religion, voyez la très forte fécondité jusqu’à récemment des chrétiens subsahariens, mais à d’autres facteurs dont le principal est l’urbanisation.

Vu d’Occident, ce ralentissement démographique est bienvenu, car l’explosion qui a précédé a eu des conséquences géopolitiques importantes.

Quand Napoléon est entré en Égypte, il y avait environ 10 fois moins d’Égyptiens que de Français, alors qu’aujourd’hui ils sont beaucoup plus nombreux.

Cette différence va encore s’élargir un peu, puis se stabiliser. Cette stabilisation est une conséquence directe de la sécularisation, sous la pression des difficultés de logement, d’emploi et du modèle occidental de cellule familiale.

Nous ne sommes plus dans le domaine de la foi, et c’est en vain que le Premier ministre turc adjure ses citoyennes d’avoir trois enfants.

 

La foi modèle de moins en moins les comportements

Or, beaucoup d’islamophobes occidentaux sont persuadés au contraire que la foi modèle les comportements.

Pourtant, chez les catholiques, les femmes ont ignoré les appels des papes à ne pas utiliser de contraceptifs ou à ne pas divorcer. Mais, dit-on, c’est différent en islam où le Coran est la parole divine et où le fait d’être musulman implique la soumission à Dieu.

L’observation pratique le dément pourtant, et pas seulement en démographie.

Les musulmans sécularisés prennent quotidiennement les décisions qu’ils pensent logiques sans avoir l’impression de trahir leur foi. Cela commence par ne pas appliquer la charia, au sens que ce mot a pris dans le vocabulaire courant.

Et cela va souvent jusqu’à fêter Noël autour du sapin et à réveillonner le 1er janvier et à boire du vin, voire du whisky jusqu’au fond de l’Arabie comme j’ai pu le constater en y travaillant : on appelle ça du thé froid.

On rencontre chez les sécularisés aussi bien des athées que des déistes (« Dieu est le même chez les chrétiens, les juifs et les musulmans ») ou des musulmans très pieux. Précisons que pour des raisons sociales ou identitaires, les déistes et les athées gardent l’étiquette de musulmans, surtout dans les pays du Sud.

 

Ils ne manifestent pas…

Passons maintenant à l’aspect qui intéresse les Occidentaux non musulmans : l’attitude envers la démocratie et, ce qui est largement lié, celle envers les extrémistes. Là aussi les islamophobes font appel au Coran (je passe sur les interprétations diverses de ce texte, voir mes autres articles) et à la notion de soumission, pour en déduire que le jour du choix la masse des musulmans rejettera la démocratie et suivra les extrémistes. Et comme preuve est brandi le fait qu’ils ne manifestent pas pour les dénoncer, et donc qu’ils ne sont pas loin de les approuver.

C’est une position de plus en plus difficile à tenir lorsque l’on voit les manifestations anti-islamistes en Tunisie et en Égypte, souvent au risque de la vie des intéressés. Car les extrémistes ont identifié ces musulmans démocrates sécularisés comme leurs pires ennemis. Et il ne s’agit pas d’une petite minorité comme le montre le résultat des élections : une majorité en Tunisie et au Maroc, une révolte populaire en Égypte (qui a malheureusement ramené l’armée au pouvoir).

Vous me direz que ces manifestations n’ont pas lieu en France. C’est normal : on ne manifeste que dans les situations extrêmes, ce qui n’est heureusement pas le cas chez nous comparé à ce qui se passe ailleurs.

Combien de fois les Français modérés ont-ils manifesté en masse ? En mai 68, puis sous Mitterrand contre les menaces visant l’éducation catholique, et plus récemment, mais en moins grand nombre, contre le mariage pour tous. C’est-à-dire seulement trois fois en plus de 50 ans alors que c’était infiniment moins risqué !

Vous me direz aussi que les musulmans français pourraient manifester contre leurs coreligionnaires extrémistes des pays du Sud. Mais les Français ont-ils manifesté en masse contre les terroristes de l’ETA ou d’Irlande du Nord, pourtant catholiques comme eux ?

Encore une fois on ne manifeste massivement que pour un problème touchant directement le pays où on réside.

 

… mais ils se manifestent!

Et si on passe maintenant à l’expression par d’autres moyens que les manifestations, il suffit de lire la presse et l’Internet fréquentés par les musulmans de France et d’ailleurs, ou leurs descendants, pour s’apercevoir qu’en matière de démocratie, ils sont dans le même camp que les Occidentaux. Mais personne ne le remarque et on préfère citer les sites djihadistes parce que c’est plus vendeur : un journaliste ne parle pas des trains qui arrivent à l’heure.

Pourquoi croyez-vous qu’il y ait si peu d’attentats en France, alors que des dizaines d’équipes ou d’individus isolés en préparent sans arrêt ? Parce que leurs proches (les voisins, parfois la famille) signalent les suspects aux autorités françaises.

J’ai entendu le juge Bruguière s’inquiéter de la stigmatisation des musulmans de France car elle pourrait entraîner un repli sur soi, et donc l’arrêt des renseignements. Déjà les sondages montrent qu’une proportion croissante des musulmans de France estiment que les Français ne les regardent plus comme avant.

 

Au-delà de la sécularisation, il y a la conversion ou l’athéisme

L’apostasie étant en principe passible de la peine capitale, les islamophobes imaginent qu’elle ne peut avoir lieu.

Au contraire, c’est un phénomène massif, et la réaction à l’islamisme multiplie les athées dans le monde musulman comme le montrent des sondages internationaux (cf. les études et sondages du centre de recherche Pew et de l’Arab Barometer).

Cela touche une bonne partie de la diaspora musulmane en Occident, mais aussi de l’Iran et de la Turquie ou encore de la bourgeoisie et de la jeunesse frondeuse du Maghreb. On remarque aussi des conversions à l’évangélisme notamment au Maroc et en Algérie.

Cette double évolution vers l’athéisme ou l’évangélisme touche la plupart des pays du monde et même les États-Unis, jusqu’à présent très religieux, et où les Églises catholiques, protestantes parfois hétérodoxes comme les mormons ou à la limite du sectaire sont partout, tandis que les pays massivement catholiques d’Amérique latine ont une proportion rapidement croissante d’évangélistes.

Cette mondialisation ne s’arrête pas aux frontières des pays musulmans.

 

Ne pas se tromper d’ennemi!

En ne parlant que des extrémistes qui savent parfaitement qui il faut enlever ou tuer pour se faire remarquer, les médias nourrissent toute cette frange d’Internet qui insulte, et le mot est faible, les musulmans de France, dont la grande majorité sont pourtant des alliés précieux.

On voudrait pousser cette majorité à rejoindre les extrémistes, puis à la guerre civile, qu’on ne s’y prendrait pas autrement !

Les musulmans qui se sécularisent sont nos alliés. Ne les rejetons pas vers islamistes !

Sur le Web

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  • Indépendamment de la taqiya ?

  • Personne ne rejette les musulmans en France, même pas É. Zemmour: à partir du moment où ils acceptent que les lois des la République laïc sont au dessus des lois coraniques. Mais les sondages montrent qu’une majorité de musulmans ne les accepte pas.
    Quant à la laïcité, elle n’empêche en aucune façon les religions.
    La fécondité au Magreb est bien supérieure à 2-3 enfants par couple contrairement à ce qui est dit. L’augmentation de la population qui en découle le prouve. Prenons l’exemple de l’Égypte. La surface habitable de l’Égypte est équivalente à celle de la Belgique. Mais en Égypte, il y a 100 millions d’habitants !!! Soit l’équivalent de près de 25% de la population de l’Europe.
    En Arabie saoudite, comme dans tous les pays musulmans, l’alcool est interdit. Sauf pour les élites qui ont droit au « thé froid » (Ceux qui ont vécu dans ses pays le savent bien). Eux ne se feront jamais prendre en buvant de l’alcool; ce qui n’est pas le cas du petit peuple endoctriné.
    La première chose qu’on fait les musulmans après le printemps arabe à été d’amener les extrémistes musulmans au pouvoir.
    Quand un des leurs est « assassiné » Par la police française, il y a manifestations sur manifestations de la communauté musulmane. Mais quand il y a attentat en France, c’est du bout des lèvres qu’ils sont condamnés par les représentants du culte musulman ; et il ne s’agit pas là d’attentat à l’étranger comme indiqué dans cet article.

    • Votre argumentaire part mal.

      Selon le sondage pew que j’ai lu et cité dans l’article ici présent, la moitié des musulmans français (à distinguer du reste de la population mondiale) adhère favorablement aux idées démocratiques.

      L’autre moitié se divisant entre les radicaux et les pratiquants réguliers, pour simplifier beaucoup.

      Il faut se méfier de l’image que l’on se fait de la situation.

      Il est par exemple exagéré de prétendre que l’immigration est source de protéines en France. Les quartiers sensibles d’ailleurs sont sous salades perpétuelles et c’est forcément la faute au salsifiste !

      Mais j’vois pas comment on peut prétendre être libéral, vouloir la circulation des biens et des hommes, et en même temps, écrire des choses contre et arbitraire.

      • Humm pas faux. Mais comment expliquez vous que dans les pays musulmans y compris ceux dits modérés, les autres religions n’ont aucun droit dans la société.
        Citez moi 1 seul fonctionnaire non musulman dans ces pays.
        L’immigration n’est pas un problème à partir du moment où l’immigrant s’intègre : combien de Sanchez, Volinsky, Giordano en France ? Peu importe, ils ont adhéré aux valeurs de la société française. Mais l’immigration devient un problème quand on envoie de force les filles se marier dans le bled, quand on considère que la Charia à prévalence sur les lois de la République….

        • J’imagine que l’occident en général a perdu son aspect religieux au bénéfice de la science comme l’explique parfaitement Max Weber et son « désenchantement du monde ». Et que d’autres nations résistent pour des raisons particulières.

          Au delà, considérer l’immigration comme un sujet « extérieur » est problématique d’un point de vue historique et sociologique. En effet, l’immigration est un socle important de notre passé et de la construction de notre pays. Nul ne doit le nier.

          Et si notre économie n’était pas aussi déprimée, il est fort probable que la France demeurerait une terre d’accueil comme elle le fut auparavant.

          Une partie de la question au fond tourne autour de cette qualité d’accueil. Et la France a plutôt tenu une approche militante jusqu’à aujourd’hui. Le réveil est d’autant plus brutal que l’on se rend compte que des ethnies vivent en marge de la société : Musulmans, Chinois, Africains, etc.

          Simplement, à bien des égards et pour donner une explication rapide personnelle, les politiques françaises des dernières décennies ont été en la matière désastreuses.

          Le modèle français s’articule autour de la conception que l’immigré doit perdre ses liens et allègences d’origine pour gagner ses droits de citoyenneté.

          C’est la conception que l’intégration est un processus Individuel progressif.

          Mais cela ne fonctionne pas si les institutions ne sont pas à la hauteur de l’enjeu (école, entreprise, syndicat, etc).

          Et l’immigration « zéro » est clairement un mythe.

          La banalisation de la xénophobie, la surenchère médiatique, le dérapage des hommes (ou femmes) politiques, participent à la confusion du débat public.

          Au delà, le retour du religieux, et en particulier de l’islam, confronte notre modèle social à la question de l’intégration durable.

          Mais je n’ai pas toutes les réponses.

    • « La fécondité au Maghreb », et de ces personnes en France est bien supérieure à celle des Français, voir simplement les prénoms des nouveaux nés.

  • « Les musulmans qui se sécularisent sont nos alliés » exact . Maintenant une question persiste : en cas de conflit contre un groupe ou un état musulman, qui choisiront ils ? Nous avons beaucoup de soldats musulmans dans nos rangs, il semble que cela pose chez certains des problèmes d’allégeance. Est ce fréquent ? il faudrait le demander aux militaires de métier. En République Tchèque avant la 2e guerre 1/5 de la population était d’origine allemande, ils ont rallié massivement leur voisin allemand, les tchèques ont dû se soumettre . A la fin de la guerre ils les ont tous chassés.

  • Les islamistes, malgré leurs victimes, ne sont pas le plus gros problème pour l’avenir.

    Le vrai problème est le nombre de musulmans qui vivent en France, modérés ou pas.
    Passivement, par leur seule présence, ils induiront une certaine islamisation du pays.

    (Considérer cette affirmation comme un appel à la haine envers les musulmans est aussi approprié que de considérer les craintes sur la surpopulation terrestre comme un appel à la misanthropie.)

    Plus ils seront nombreux, plus ils influenceront le paysage culturel de la France.
    Plus ils seront nombreux, plus ils représenteront une masse électorale que les politiciens seront tentés de séduire, en leur promettant diverses choses : célébrations des fêtes musulmanes, règles spéciales pour les entreprises, accommodements avec la charia…
    Les manuels d’histoire seront remaniés pour ménager cette partie de la population.

    Plus ils seront nombreux, plus ils réprésenteront une clientèle potentielle importante. Le marché en tiendra compte et adptera son offre. La mode inclura les goûts orientaux dans ses aspirations. Des héros musulmans seront mis en avant dans les séries pour les jeunes, des grands événements sur l’islam seront organisés,…
    Voyez toute la publicité qui entoure le ramadan.

    Ils influenceront aussi les mentalités. On parle déjà parfois de la nécessité « d’adapter notre conception de la laïcité pour ménager le vivre-ensemble ».

    Cela se voit même déjà concrètement. Qui oserait encore se moquer de Mahomet en public ?

    D’ailleurs, sur les réseaux sociaux, lors des affaires de caricatures et autres, on peut chaque fois voir des réactions du genre « Quel besoin de vexer ces gens en caricaturant leur prophète ? »

    Les faits terroristes ne sont que des poussées de fièvre d’un phénomène plus profond, qui dépasse les individus.

    • Même si le fond de votre pensée est positif : Les musulmans influenceront d’une manière ou d’une autre notre culture.

      Ne vous inquiétez pas, ce ne sera pas pire qu’avant. L’État se charge de tout. Et vous voterez mal comme d’habitude.

      L’immigration est un faux problème. Tout le monde veut se barrer.

    • Modération : pas d’insultes

  • Il est possible que le musulman modéré existe.
    Hélas, on ne le voit pas/plus.
    Dans une ville que je ne citerai pas, dans son quartier arabe, ce qu’on y voit, c’est une islamisation de la vie quotidienne. Il y a 10-15 ans, les seules femmes voilées étaient âgées. Aujourd’hui, elles le sont toutes, même des filles qui viennent juste de quitter l’adolescence…
    Bien sûr que les modérés n’ont aucune raison de (se) manifester. Mais, de fait, aujourd’hui, la seule manifestation visible de l’islam est celle de sa frange extrémiste, sinon terroriste.
    C’est pour cela que Zemmour fait mouche. Son discours est cohérent avec la réalité observable.

  • M. Montenay aime écrire des articles délicieusement irréels. Hélas, les faits sont têtus. L’Islam est avant tout une orthopraxie, dont les commandements sont sacrés et viennent de Dieu (c’est comme cela en Islam et le contester est un blasphème puni de peine capitale). En Islam il n’y a pas de « modérés », mais de bons pratiquants et de mauvais musulmans, voire des hypocrites (ils sont partout dans le Coran). La « sécularisation » est donc une trahison, et l’apostasie (ou la conversion) punie de mort. La seule exception tolérée en Islam est l’adaptation au pays d’accueil tant que la communauté musulmane est très minoritaire. Le jour où la démographie prend le dessus c’est fini et le pays d’accueil s’islamise. Les comportements « déviants » de musulmans (alcool) sont des écarts individuels de gens, parfois courageux, qui pensent pouvoir s’affranchir d’interdits ou de préceptes religieux de leur communauté. Il ne peut y avoir de sécularisation en islam, comme il ne peut y avoir d’islam apolitique. Les musulmans n’ont d’autre choix que de quitter leur religion (même s’ils en garderaient quelques attributs spirituels en privé) ou renoncer aux valeurs occidentales. C’est le tragique débat qui habite le for intérieur de centaines de millions de personnes.

    • À lire l’article, on a l’impression que les apostasies secrètes seraient très répandues parmi les musulmans. Je ne demande qu’à le croire mais nous n’en savons rien, somme toute.

    • Mouais.

      En fait, il y a deux approches philosophiques.

      Les uns pensent qu’il y a incompatibilité de principe puisque le religieux prendrait le dessus sur le politique.

      Les autres disent que la liberté individuelle est essentielle dans la religion musulmane et qu’elle est également au cœur de la démocratie occidentale. Les deux seraient donc compatibles.

      L’Indonésie, l’Algérie et le Soudan sont des terres d’islam où les libertés civiles, tout en pratiquant la religion, ne veulent pas d’un pouvoir politique religieux.

      Ce sont de rares exemples mais bien réels.

      Les printemps arabes étaient une aspiration des peuples à plus de démocratie, même si ce fût au final un échec.

      Le tableau n’est pas complétement sombre.

  • Les musulmans modérés existent, mais j’ai l’impression que le schéma est toujours le même:

    le musulman modéré est plus intéressé par son niveau de vie que sa religion, il voit la richesse en Occident, il émigre, il bosse bien, il profite en retour de nos libertés pour importer sa culture et sa religion dans notre pays, il est bien accueilli, on l’autorise à construire des mosquées, afin de garder un lien culturel, social et religieux avec la terre de ses ancêtres.

    Puis, arrivent les islamistes: ils envoient leurs imams, ils prennent le contrôle des mosquées, les femmes des musulmans modérés se mettent à porter le voile, les enfants se radicalisent, d’autant que leur qualité d’étrangers leur pose souvent des problèmes dans l’école étatique laïque, et la voie est ouverte pour les islamiques qui peuvent profiter de cette base pour émigrer à leur tour, non pas pour travailler, mais pour conquérir le pays et profiter au maximum de l’aide sociale et d’activités illégales…

    Les modérés ne sont pas assez religieux pour réussir à s’opposer aux imams islamiques dans les mosquées, certains préfèrent alors rompre avec l’islam et s’intégrer pour de bon dans notre société (ils vont jusqu’à changer de nom), mais la plupart préfère revenir vers un islam plus rigoureux. Ils gagnent alors sur les deux tableaux: si l’islamisme triomphe, ils auront les privilèges des croyants, si l’islamisme échoue, ils auront les privilèges de la société occidentale…

    Au final, le musulman modéré qui est réellement l’allié des Occidentaux devient lui-même occidental, et n’est donc plus un musulman modéré. Mais ceux qui restent musulmans modérés finissent par devenir les boucliers humains des islamistes…

  • Plein de bonnes intentions dans cet article, et il est évident que les musulmans sécularisés sont les alliés de la démocratie et des libertés.
    Mais pas mal d’angélisme aussi : concrètement, quand je verrai un pays majoritairement musulman, membre de l’OCI, basculer vers une vraie démocratie, où l’islam ne soit plus religion d’État et où les droits des non-musulmans ne soient plus inférieurs à ceux des musulmans, où les élections et les médias soient libres, alors je pourrai croire que les musulmans sécularisés sont efficaces. En attendant, les faits concrets nous montrent que même en nombre croissant, ils ne pèsent pas sur les institutions et sur les libertés des pays où l’islam est majoritaire.
    L’Historie est faite par les minorités actives et déterminées, faut-il encore le rappeler. En d’autres termes, les islamistes, ceux qui prennent au pied de la lettre les textes islamiques (Coran, Sunna, jurisprudence), peuvent très bien rester minoritaires et s’imposer. Très concrètement, c’est cela qui compte.

  • Tous les musulmans ne sont pas infréquentables. Certains de plus en plus nombreux se convertissent aux religions chrétiennes, au risque de leur vie. Qu’ils soient encouragés, même si de bons catho, fidèles au pape actuel n’apprécient pas nécessairement!

  • Si le Maroc et la Tunisie sont à 2,1 enfants par femme, l’Algérie toujours soumise à une forte pression islamique est à 3 et se trouve le seul pays du monde à avoir INVERSE sa transition démographique…

    Ensuite que les enquêtes montrent que 50% des musulmans français souhaitent donner une visibilité publique à leur « islam ». Cela en fait des « islamistes » au sens qu’ils refusent explicitement de disparaitre comme communauté continuant de référencer explicitement les commandements sociaux musulmans (interdits alimentaires, voile, jeunes publics, solidarité avec la oumma). Cela s’appelle le refus absolu de l’assimilation, et une intégration conflictuelle assumée avec la moitié de l’opinion française. Voilà la réalité.

    Repousser ces gens vers un « islamisme » qui serait effectivement conflictuel violent n’est pas une option qu’il faut craindre, mais qu’il faudra assumer si on ne prend pas certaines mesures énergiques.

    Pour cela il convient d’abord de convaincre les 50% de musulmans pratiquants d’un islam invisible consensuel de rompre avec leurs cousins déguisés et de dénoncer leur rackets (effectifs, il ne faut pas se leurrer, l’audience des mosquées dures est supérieure à celle des molles et psychologiques ou religieux). Pour l’instant, pris entre deux feux, ils tentent de passer entre les gouttes. Ils ont tort et il faut qu’il choisissent.

    Si l’optimisme béat de Yves Montenay est justifié, et bien qu’il l’assume.
    La rigueur de notre exigence assumée doit pousser les musulmans à adopter des pratiques occidentales laïcisées: discrétion et invisibilité. Si elle les pousse à la guerre civile et bien on devra se battre et l’Europe est capable de bien des atrocités.

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