Par Alexandre Massaux.
Plusieurs jours après la rupture du contrat des sous-marins entre la France et l’Australie, l’Union européenne a décidé d’apporter son soutien à Paris. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a ainsi déclaré ce lundi que la France a été traitée de manière non acceptable, tandis que Charles Michel a dénoncé un « manque de loyauté » de la part des États-Unis.
Ursula von der Leyen sur la crise des sous-marins : la France a été traitée de façon “inacceptable” pic.twitter.com/pBtoTsG7tO
— BFMTV (@BFMTV) September 20, 2021
Néanmoins, ces réactions restent timorées et trahissent à bien des égards des aveux d’impuissance non seulement de la part des institutions européennes, mais aussi des pays membres. L’Union européenne est la plus naïve des puissances mondiales, si pour autant on peut considérer qu’elle est une puissance, ce qui n’est pas certain.
L’Europe est paralysée par trop de faiblesses.
Une idée d’Europe puissance trop franco-française
Il est courant d’entendre dans les milieux médiatiques et académiques français, l’idée d’Europe puissance. Sauf que cette conception est une vision très française. Elle se traduit par une volonté d’une Europe plus centralisée qui serait capable d’imposer ses vues aux autres grandes puissances.
Cette idée d’origine gaulliste souffre néanmoins de cacher à peine la volonté d’avoir une Europe dirigée par la France, un scénario qui n’est évidemment pas du goût des autres États membres. Une Europe centralisée sur le modèle français se traduit dans les faits par une bureaucratisation accrue. Et c’est d’une certaine manière, ce qui s’est passé pendant les dernières décennies.
Une Europe normative au détriment du réalisme
La puissance au sein de l’Union européenne a été conçue à travers les normes. L’UE serait ainsi une puissance normative qui aurait un rôle dans la diffusion de normes dans le système international. Au lieu des vecteurs classiques que sont la force armée, les échanges économiques ou même la culture, sa force dans le système international devrait provenir du droit et des réglementations.
Cette conception qui domine l’UE souffre de deux problèmes majeurs.
L’excès de normes y est rejeté et a été l’un des moteurs de l’euroscepticisme. Comment imposer un système au monde alors qu’il est rejeté en interne ?
Cette conception nie le caractère anarchique de la scène internationale qui repose en pratique sur la compétition entre les États et sur l’équilibre des puissances. En rejetant ces réalités de plus en plus difficiles à ignorer, l’Union européenne est sortie du jeu. Mais ce faisant elle se retrouve la proie des autres puissances mondiales comme les États-Unis, la Russie, la Chine et même régionales comme la Turquie.
L’abandon du régalien par les États membres
Un autre point problématique est l’abandon du régalien par les États membres. Dans un État libéral, l’accent doit être mis dans les secteurs régaliens dont la défense. Sauf que bien qu’ayant augmenté ces dernières années les dépenses en la matière restent faibles. Hormis la France, ce sont les pays d’Europe centrale proches de la Russie qui ont des dépenses de défenses supérieures à 2 % de leur PIB. L’Allemagne et l’Italie restent à la traîne.
Par conséquent, beaucoup de pays européens comme l’Allemagne restent dépendants de l’OTAN et donc des États-Unis qui considèrent de plus en plus les Européens et le parapluie défensif qu’ils apportent comme un poids.
La multiplication de dépenses liées à l’État providence a pris le pas sur les dépenses régaliennes, posant des problèmes géopolitiques.
Conclusion
Il est temps que la puissance européenne revienne aux fondamentaux. Thatcher avait donné quelques pistes lors de son discours de Bruges, qui, s’il doit être actualisé, comporte quelques idées intéressantes :
Une coopération volontaire et active entre États souverains indépendants est le meilleur moyen de construire une Communauté européenne réussie.
De même :
Nous ne pouvons pas compter éternellement sur les autres pour notre défense, et chaque membre de l’Alliance doit assumer une part équitable de la charge.
Article modifié le 22/09/2021.
mais il faut dire que le brexit était aussi “inacceptable”.. et les bureaucrates se gaussaient de faire payer la Grande Bretagne…
vu de l’exterieur,cette histoire de contrat qui serait rompu , sur laquelle on me demande de porter un jugement pour des raison obscures _déclarer la guerre à l’Australie?_on peut avoir ce qui est dans ce contrat…et c’est à peut près tout.. pas de clause de résiliation? truc de ce genre..
Ma société a été pendant 10 ans concessionnaire en France d’une société anglaise, et nous avons eu à subir de leur part des directives commerciales assez brutales, mais je dois leur reconnaître un certain pragmatisme que nous français, n’avons pas! L’amarrage partiel de la Grande Bretagne à l’Union Européenne, n’était à mon avis qu’une période d’essai qui n’ayant pas bien fonctionné ( et les perspectives récentes devenant de plus en plus inquiétantes) a conduit les anglais à choisir l’amarrage aux US. Ils ont bien compris que l’Europe court à sa perte si personne ne redresse la barre rapidement et c’est plutôt mal parti avec le retrait de Merkel et les prétentions du petit roi français!
Les pays européens se contre-la-montre fichent de leurs voisins, et particulièrement l’Allemagne dont le seul but est de vendre ses voitures (Merkel s’est prostituée auprès de Trump pour qu’il ne taxe pas ses importations puis auprès de Biden pour s’assurer de sa bienveillance).
Les ex pays de l’Est sont convaincus, à tord, que les USA entreront en guerre s’ils sont agressés par la Russie. L’italie est noyautée depuis longtemps par les Américains en matière de défense etc etc
Tout réaction de l’Europe n’est que posture et le monde entier le sait : les Américains, les Chinois et les Turcs savent que le chien aboie mais ne mord jamais.
Les pays de l’est font confiance à la force de dissuasion que représentent les forces américaines en Europe! Quant à l’Italie elle n’est pas noyautée comme vous dites, Je ne sais d’où vous sortez cela. Même les allemands ont refusé de suivre les US lors de la seconde guerre du Golf.
L’Allemagne ne peut pas détacher (surtout à l’époque de la guerre du Golfe) des troupes à l’étranger car c’est anticonstitutionnel chez elle. Tout au plus, elle peut envoyer des conseillers militaire.
Quant à l’Italie, toute son Industrie militaire est soutenue par les USA car travaille principalement en sous-traitance pour les armement s USA acheté par l’Italie. Cette activité industrielle se fait au titre de compensations industrielles.
Peut-on demander aux américains de faire le job à notre place sans leur céder les choix stratégiques ?
Les pleureuses se réveillent après ce coup de pied. Nos chers souverainistes vont-ils enfin comprendre que le cavalier seul n’est pas la solution et que le bouclier US implique aussi des droits pour les US. Qui paie décide. As simple as that.
Il est impossible de juger de la situation sans connaître les clauses du contrat.
Une fois de plus gouvernement et media mentent effrontément dans cette affaire en occultant les raisons qui ont poussé les australiens à annuler ce contrat. En fait la France n’a pas respecté les clauses signées, dépassement de coût et retards.
quand on assemble des trous, on n’a pas plus de gruyère !
les britanniques ont pris conscience de l’échec de la construction européenne, car essentiellement bureaucratique.
A quand les autres peuples ?
Un magma d’impuissances ne fait pas une puissance !
Les américains ont inventé les “freedom fries” pour remplacer les “french fries” quand Chirac a refusé de les suivre en Iraq.
Il ne nous reste plus qu’à inventer le “burger libre” pour punir Biden qui a trahi le “camp du bien”.
Pour une fois que ce n’est pas nous qui nous rendons ridicules en refusant de livrer des bateaux aux Russes …
L’Europe est une construction pour maintenir fermement l’Europe en laisse et surtout ne pas la laisser filer vers la Russie car il en serait fini de l’hégémonie américaine.
Ce qui passe pour de la naïveté et de l’impuissance est tout simplement la feuille de route de l’Europe, machine à maintenir la servitude volontaire