Pass sanitaire : les Anglais l’abandonnent, Macron persiste

La question du pass sanitaire a suscité une forte opposition au sein même de la majorité conservatrice de Boris Johnson, qui y voyait une mesure pénalisante pour l’économie et attentatoire aux libertés publiques.

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Boris Johnson in Times Square By: Think London - CC BY 2.0

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Pass sanitaire : les Anglais l’abandonnent, Macron persiste

Publié le 13 septembre 2021
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Par Frédéric Mas.

Le gouvernement britannique a annoncé ce dimanche 12 septembre qu’il renonçait, au moins pour le moment, à introduire un passeport vaccinal conditionnant l’accès aux lieux de passage les plus fréquentés comme les boutiques, les cinémas et les boîtes de nuit, et cela en raison du succès de sa campagne vaccinale.

Le secrétaire d’État à la santé Sajid Javid a déclaré au micro de la BBC n’avoir jamais aimé « l’idée de dire aux gens de devoir montrer leurs papiers […] pour faire ce qui est simplement une activité courante ». Cette réticence toute libérale et british devant le flicage ordinaire pourrait étonner plus d’un de ses confrères français. Il a cependant ajouté que l’option était toujours sur la table, qui pourrait se combiner avec d’autres mesures.

Levée de certaines mesures d’exception

Le Premier ministre britannique Boris Johnson devrait annoncer mardi au cours d’une conférence de presse l’abandon du pass vaccinal, ainsi qu’un certain nombre de mesures d’exception permettant à l’État de confiner l’économie nationale.

Les pouvoirs qui devraient être abrogés en vertu de la loi sur le coronavirus comprennent ceux permettant la fermeture de l’économie, l’obligation de restrictions sur les événements et les rassemblements, le pouvoir de fermer temporairement ou de restreindre l’accès aux écoles, et les pouvoirs de détention des personnes contagieuses.

Selon Reuters, le gouvernement prévoit d’introduire un programme de rappel du vaccin dans le courant du mois.

En France, alors que la couverture vaccinale est meilleure qu’au Royaume-Uni, le gouvernement français a fait le choix d’adopter le pass sanitaire, d’en étendre l’usage à la vie quotidienne et envisage de le prolonger au-delà du 15 novembre, date à laquelle il devrait prendre fin. Alors que le gouvernement britannique organise petit à petit la sortie de l’état d’exception, la question semble avoir totalement disparu du débat public en France, qui reste plus que jamais suspendu aux déclarations arbitraires de l’exécutif.

La question du pass sanitaire a suscité une forte opposition au sein même de la majorité conservatrice de Boris Johnson, qui y voyait une mesure pénalisante pour l’économie et attentatoire aux libertés publiques. La discussion fut rude, et n’est pas finie, mais eut le mérite d’exister. En France, l’exécutif, appuyé par ses relais dans les médias, a préféré hystériser le débat en désignant à la vindicte populaire les citoyens opposés au dispositif, les associant aux étiquettes infamantes « antivax » et « complotistes ».

Pass sanitaire : liberté vs. principe de précaution

Là où, par pragmatisme, l’Angleterre a choisi la liberté, la France a opté pour le principe de surveillance généralisée « quoi qu’il en coûte », sur le plan éthique, politique et économique.

Non seulement le principe du pass sanitaire et la discrimination politique qu’il entraîne interroge sur le plan de l’égal accès au droit (isonomie) et à la protection de la vie privée, mais il devrait coûter des centaines de millions au contribuable pour des résultats tout à fait incertains, étant donné qu’il n’empêche en rien la circulation du virus.

Les hôpitaux devront ainsi débourser près de 60 millions par mois pour organiser les contrôles dans leurs établissements, tandis que la SNCF prévoit le coût de l’opération à au moins une centaine de millions.

Sans compter, bien entendu, l’obligation faite désormais aux commerçants d’intégrer ces mesures à leurs pratiques courantes, qui comportent désormais un volet supplétif de police. Et nous ne sommes qu’au début de l’évaluation des dégâts, qui, soyons en certains, ne se fera qu’une fois l’élection présidentielle passée.

Face au modèle autoritaire et socialiste français qui a fait école partout dans le monde, de l’Écosse à New York en passant par l’Italie, l’Angleterre va-t-elle faire figure de contre-modèle libéral ? L’avenir nous le dira, affaire à suivre.

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  • Moi aussi je parie sur les Anglais comme vous. Ils sont très pragmatiques dans ces cas-là, et très efficaces car ils sont au service de leur économie, pas le contraire comme en France…

  • En France on préfère « désigner à la vindicte populaire les citoyens opposés au dispositif et les associer aux étiquettes infamantes antivax et complotistes », car on sait, ou on croit que ce sont ceux qui ne votent de toute façon pas pour cette bande de Tartuffe.
    Il reste à espérer que ceux-ci deviennent majoritaires.

  • On constate que ce sont les régimes les plus « progressistes » qui ont le plus recours à l’arsenal des mesures liberticides. Avec le soutien actif des majors de la pharmacie et de la technologie, qui font tout pour prolonger les mesures d’exception et entretenir le climat de peur.

  • « Face au modèle autoritaire et socialiste français »
    Autoritaire, oui. Socialiste, non. Je rappelle que le PS voulait rendre la vaccination obligatoire pour tous, en partie par souci d’égalité. Comme si le covid tuait indifféremment vieux comorbides et jeunes adultes sains.
    C’est ça le socialisme, tout le monde pareil, sans réfléchir !

    • Non, ce que vous désignez est plutôt du marxisme, une forme extrême de socialisme encore très populaire en France et dans le PS français, où effectivement on est prêt à supprimer toutes les libertés au nom de l’égalité.

      La France de Macron est plutôt une forme de sociale-démocratie, le but final est aussi le marxisme, mais avec le pragmatisme de laisser suffisamment de libertés pour éviter trop de révoltes ou de faillites. Macron a calculé que plus de la majorité des Français serait d’accord avec ses mesures, et que cela lui suffirait pour être réélu.

      En Angleterre, les conservateurs sont plutôt des socialistes minimalistes. Ils ne sont pas des vrais libéraux, dans le sens où ils veulent le maintien d’un Etat social, mais leur objectif principal est surtout que Londres ne soit pas trop distancée par ses anciennes colonies… Il en va du prestige de la reine.

      • Macron a attendu que 51% des électeurs soient vaccinés pour sortir le passe.
        Ensuite, c’est simple il n’a plus qu’à compter sur le « si moi je le fais, les autres doivent le faire »…

      • Objection, votre honneur. Le marxisme vise une société sans classe – soit bien plus que l’égalitarisme – et sans Etat – alors là pour le coup, avec nos politiciens de droite, de gauche et d’ailleurs, qui sont TOUS étatistes, on est en fort loin…
        Nous nous plaignons souvent en tant que libéraux de la méconnaissance généralisée du libéralisme Evitons de notre côté de verser dans le même travers en nommant mal les autres philosophies politiques…

        • Lorsque vous dites « tout le monde pareil », c’est bien plus en phase avec le marxisme, qu’avec le socialisme. Le socialisme est par définition la « Doctrine politique qui place le progrès social, l’intérêt collectif au-dessus des intérêts particuliers. »

  • Comment peuvent-ils justifier cette histoire de masque obligatoire partout et toujours ? Je ne parle même pas du masque en extérieur, tellement absurde pour pas mal de raisons régulièrement rappelées par des médecins. Mais même en intérieur :
    1/ pourquoi alors ne pas exiger des masques FFP2, puisque les masques chirurgicaux que porte la grande majorité ne filtre pas les aérosols – et est souvent très mal porté ?
    2/ où sont les références scientifiques (ceci est une vraie question) prouvant qu’une personne asymptomatique peut contaminer une autre personne ? Tout bien-portant serait-il devenu un malade qui s’ignore, du fait du Covid ?
    3/ il y a eu des périodes, depuis 18 mois, où le virus ne circulait objectivement pratiquement plus – tous les indicateurs allaient dans ce sens ; pourquoi, dès lors, obliger au masque toujours et partout (en intérieur) ?

    • L’intérêt du masque pour le pouvoir, c’est d’être visible et facilement contrôlable.
      20% de la population est terrorisé. Ils sont prêts à tout enfermement.
      Le pouvoir se fout de l’efficacité. Ce qui compte c’est augmenter son pouvoir, sans limite. Il est en train de réussir.

      • C’est aussi mon sentiment, cependant je serais curieux d’avoir le fondement scientifique, s’il existe – je n’en suis pas sûr – de l’assertion selon laquelle un asymptomatique peut infecter les autres. Intuitivement j’ai tendance à dire que même si un asymptomatique peut être contaminé, sa charge virale est a priori faible, et sauf à éternuer en pleine figure de son vis-à-vis, je ne le vois pas contaminer autrui ; ou alors en intérieur, dans un petit volume et en y restant longtemps, histoire de saturer l’air ambiant de particules virales « aérosolisées ». Parce que sinon, c’est comme quand on a un rhume de cerveau, ou la grippe : soit on reste chez soi parce qu’on est mal fichu et/ou qu’on ne veut pas filer la crève aux autres, soit on fait attention à ne pas éternuer ou postillonner sur les autres au bureau. La grande majorité des gens que je connais procèdent ainsi, alors pourquoi casser les pieds aux gens si c’est le même principe pour le Covid ?

        • Le COVID est un virus peu contagieux, puisque le taux de contamination entre conjoint est de 30%. Un asymptomatique n’est pas contagieux de facto. On ne risque pas d’attraper le COVID en croisant quelqu’un dans la rue. Les clusters sont l’hôpital, les lieux de travail, la famille. Pas les restaurants, les terrasses de café, les cinémas etc..
          Au final, le COVID est un virus bénin pour 80% de la population, qui a tué deux fois plus que la grippe les populations fragiles qu’il faut protéger avec leur accord.

          • Ce que vous dites sur les effets du Covid, je le sais. Je souhaitais juste avoir les fondements scientifiques, ou des références scientifiques, de l’assertion selon laquelle les asymptomatiques contaminent les autres, assertion qui sauf erreur est le fondement de cette obligation de porter le masque partout.
            Il y a les données de l’IHU, certes incomplètes puisqu’entre une charge virale à l’écouvillon et la réalité de la contamination il y a une différence ; les données chinoises (Wuhan) semblaient aller quant à elles dans le sens d’une absence de contamination par les asymptomatiques… alors sur quelles données scientifiques s’appuient les covidistes pour nous imposer le masque ? Il doit bien y en avoir… l’autre jour j’ai lu un article d’une soi-disant spécialiste de la question (non médecin cependant) dans un grand journal, mais je suis resté sur ma faim.

        • L’IHU Méditerranée a suivi (chiffres à mi-août) 3761 patients symptomatiques et 543 patients asymptomatiques et leur a trouvé des charges virales équivalentes !
          Même plutôt plus de charge virale pour les asymptomatiques… Les asymptomatiques sont donc aussi contagieux (ainsi que les vaccinés infectés !).
          Cf. vidéo You Tube du 10/08/2021 Parola/La Scola (Les vaccins et le confinement sont-ils efficaces ?)…

          • Oui, même charge viral à l’écouvillon, mais entre un malade qui tousse et renifle et un asymptomatique qui n’a pas le nez qui coule (des virus) et qui respire normalement..

            • Quand on respire, on émet des gouttelettes (le « brouillard » visible lorsque les températures sont bien basses = vapeur d’eau qui a transité par les voies nasales), ou la buée qui se dépose sur les lunettes quand on porte le masque.
              Ces gouttelettes peuvent transporter le virus.

              C’est en réalité pire pour l’asymptomatique:
              -pour celui qui renifle et qui a le nez qui coule, les gouttelettes s’aggrègent. La majorité du « fluide » devient trop lourd pour se disperser (seul une petite partie l’est) sauf à éternuer/tousser.
              -pour l’asymptomatique, ben la vapeur se disperse, et est même portée par une petite brise. Même manière que la fumée de cigarette en fait.

              Donc non, même en respirant normalement, un malade asymptomatique diffuse du virus. C’est le même principe de diffusion des rhumes et consort.
              La concentration est certes probablement plus faible. Mais en fonction du niveau de vulnérabilité de chacun, de la durée d’exposition, cela peut être suffisant pour que la charge provoque l’infection.

              Dans un espace confiné dans une soirée, on en arrive à respirer l’air et la vapeur émise par les autres.

              • Ça, c’est la théorie. Quelles sont les références scientifiques qui la soutiennent ? Et dans quelle mesure ces aérosols participent-ils à la contamination, quantitativement (parce qu’entre 0,5% des contaminés et 95%, il y a une différence) ?

          • Le Professeur La Scola se demande cependant s’il n’y a pas un biais de recrutement, les vaccinés ayant pu avoir tendance à venir plus tard se faire tester donc avec une évolution de la maladie un peu plus longue.

      • Le problème c’est que Nature (depuis longtemps déjà) et le Lancet sont devenu des journaux d’opinion politisés, plus des publications essayant d’avoir une rigueur scientifique et une neutralité forte.
        Depuis plus de 10 ans Nature et journaux satellites ne publie plus que des trucs (certes généralement assez bien ficelés) qui vont dans le sens du politiquement correct.
        Par ailleurs il y a eu plusieurs études (je pense au moins une de J. Ioannidis, de mémoire) qui montraient que les résultats les plus « vrais » étaient à trouver dans les revues de « moindre impact » où l’exigence de qualité scientifique était souvent plus forte, l’intérêt porté au « joliment tourné et acceptable médiatiquement » moins marqué.

        Cela dit, ça reste intéressant à lire, même si avec des pincettes (tout article devrait être lu avec des pincettes… C’est de la science que diantre).

      • Cet article semble être la référence du Dr Delépine, selon qui un asymptomatique ne peut pas contaminer autrui. J’en avais connaissance. Ce sont justement les références scientifiques inverses (qui prouveraient qu’un asymptomatique peut contaminer), si elles existent, que je cherche.

        Nothing a répondu plus haut, mais comme d’habitude, il s’agit de théorie, et les théories, tout le monde peut en émettre, ça ne mange pas de pain. Mais on ne bâtit pas une politique sanitaire sur des théories…

  • Le fond de l’article est tout de même le soubassement philosophique de chaque société : l’insulaire Angleterre et la continentale France n’abordent pas du tout le « monde d’après » de la même manière.
    L’on voit bien qu’en France, cette épidémie est un outil de domestication et de contrôle de la population, au mépris même de toute productivité et de développement. En Angleterre, dès le 19 juillet, il était question de sortie de crise, une décision dont on sentait que c’était une nécessité pour le pouvoir afin de se dégager d’un fardeau (ce qui n’a pas empêché au passage certaines dérives).
    L’inquiétude est permise pour la suite en France (mais aussi en Italie, Allemagne, Espagne etc.) tant les dirigeants sont devenus ivres d’un pouvoir étendu de l’État et entendent le faire perdurer au moyen d’une ingénierie sociale holistique. L’on sent bien que plus la justification des mesures sanitaires s’étiole, plus les dirigeants européens prennent des décisions arbitraires nous éloignant d’un retour à la normale, au point d’accréditer la thèse d’une société post-démocratique.
    Et c’est là où les dirigeants et leurs cabinets de conseil sont très forts avec les divers exercices de dissonance cognitive : la soumission arrive à infuser dans les esprits en faisant croire aux citoyens qu’ils y ont adhéré sciemment. Mieux encore, ces derniers s’en font les thuriféraires auprès des récalcitrants!
    En somme, nous refermons la parenthèse libérale de l’après seconde guerre mondiale sur le continent européen avec la bénédiction d’institutions européennes n’ayant jamais été pensées pour être démocratiques.
    Une fois encore, il s’agit d’un choix civilisationnel, c’est à dire philosophique. L’Angleterre a choisi sa voie, les pays européens en ont choisi une autre.

  • « Le secrétaire d’État à la santé Sajid Javid a déclaré au micro de la BBC n’avoir jamais aimé « l’idée de dire aux gens de devoir montrer leurs papiers […] pour faire ce qui est simplement une activité courante » »

    De nombreux français sont ravis de devoir demander à chaque fois l’autorisation à l’Etat pour ces activités courantes. Je me suis même vu répliquer que c’était la même chose que de sortir sa carte bleue.

    Quand on en arrive à mépriser autant la liberté qu’en France, pourtant censée être une démocratie, je me demande si on la mérite encore…

  • Il doit rester encore des réponses immunitaires libérales au Royaume-Uni alors qu’en France l’encéphalogramme est train de s’aplatir inexorablement sous les coups de boutoir autoritaires…

  • Le pire reste que, comme une analyse sur Contrepoints l’a récemment montré, Macron sortira vainqueur avec le Pass qui est déjà présenté comme un succès, tous les journalistes disent que « le Monde nous regarde », quant il ne nous imite pas…

  • Exact et aux US l’Etat fédéral veut imposer un pass du même type mais plus de la moitié des Etats à déjà indiqué qu’il pouvait aller se faire voir et que jamais on ne conditionnerait chez eux les activités des gens ou leur emploi à l’usage d’un masque ou d’un vaccin… ou d’autre chose.

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