Grandes écoles : des points bonus pour les boursiers

Pourquoi accorder des points bonus aux candidats boursiers aux concours des grandes écoles de commerce est contre-productif et injuste.

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Grandes écoles : des points bonus pour les boursiers

Publié le 4 août 2021
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Par Elie Blanc.

Cela faisait plusieurs années que des rumeurs circulaient mais cela devrait être officiel pour l’année 2022 : les candidats boursiers aux concours des grandes écoles de commerce se verront accorder des points bonus.

Une mesure contre-productive et injuste

Le constat d’une sous-représentation des étudiants boursiers, qui représentent 37 % des étudiants français mais seulement 12 % des étudiants en école de commerce, devenait insoutenable pour des écoles de commerce en mal de redorer leur image. Malheureusement, et même si l’idée de départ est louable, la méthode interroge et s’avèrera sans nulle doute inutile et contre-productive.

En effet, il existe un risque de voir ces étudiants boursiers stigmatisés du fait d’un concours devenu objectivement plus facile pour eux. Quand on connait l’éternelle petite rivalité qui existe entre les étudiants issus de classes préparatoires et ceux venus de la faculté (les AST, pour Admis Sur Titre) simplement parce que les étudiants issus de prépa jugent le concours AST plus facile, on imagine sans mal les réactions que susciteront l’instauration de point bonus au concours.

Il est d’ailleurs compréhensible pour quiconque sait le travail et l’investissement exigé pendant deux voire trois années de classes préparatoires que le moindre sentiment d’injustice au niveau du concours provoque rapidement des réactions épidermiques.

Malheureusement, tous les étudiants boursiers pourraient souffrir de ce rejet, y compris ceux qui auraient intégré l’école même sans l’instauration de points bonus.

Pire encore, il est extrêmement probable que ce changement dans les concours ait des répercussions dans le comportement des recruteurs et donc dans les carrières de ces futurs étudiants. En effet, si les étudiants des top écoles de commerce sont recherchés par les recruteurs, c’est bien davantage pour les capacités de travail qu’ils ont démontré en réussissant un concours très sélectif que pour la qualité des enseignements reçus, qui ne sont pas très différents d’une école à l’autre. Dès lors, si les étudiants boursiers ont un concours plus facile, ils seront moins demandés par les entreprises, peu importe que le bonus les ait aidé ou non. Non seulement ces mesures n’aideront donc pas les étudiants boursiers à accéder à des carrières plus intéressantes, mais elles auront aussi un effet néfaste pour ceux qui n’en auraient pas eu besoin pour intégrer ces écoles.

Grandes écoles : l’État et l’Éducation nationale premiers responsables de cette situation

Ces mesures sont d’autant plus malvenues que les grandes écoles de commerce ne sont pas responsables de cette situation et que le problème doit être traité à la racine. En effet, si l’on retrouve si peu de boursiers dans les grandes écoles, c’est d’abord parce qu’ils sont assez peu présents dans les classes préparatoires et en particulier dans les plus sélectives d’entre elles.

La raison en est simple : l’enseignement supérieur français est un système obscur pour le lycéen moyen et les politiques d’orientation sont souvent catastrophiques. Le système de classes préparatoires et de grandes écoles est absolument unique au monde et bon nombre d’étudiants n’ont pas la moindre idée de ce qui différencie une grande école de commerce d’une faculté publique ou d’une école de commerce privée hors contrat.

La conséquence logique est que bon nombre de boursiers se dirigent plus naturellement vers des facultés publiques parce qu’elles sont gratuites ou tout simplement parce qu’ils n’ont jamais entendu parler d’HEC ou de Polytechnique. Inversement, certains lycées de centre-ville à Paris ou Lyon envoient l’écrasante majorité de leurs étudiants vers les formations les plus prestigieuses (classes prépas très sélectives, médecine, droit…).

Puisque les boursiers sont moins nombreux dans les meilleures classes prépas, il n’est pas étonnant d’en trouver moins parmi les meilleures écoles. Avant même le concours d’entrée, les dés sont ainsi déjà pipés.

À ce problème d’asymétrie d’information s’ajoutent des différences objectives de niveau. Là où les meilleurs lycées que nous évoquions commencent les programmes de classe prépa dès la terminale, les autres se contentent de préparer au baccalauréat. Évidemment, étant donné le niveau d’exigence actuel pour les épreuves du baccalauréat, il ne constitue en rien une préparation adéquate à l’entrée en classe préparatoire.

Pour ces raisons, il est fréquent d’avoir de fortes disparités de niveau en début de première année en fonction de l’origine des étudiants. Heureusement, ces disparités ont tendance à disparaître à mesure que l’année avance mais ce handicap peut expliquer une part des différences de réussite au concours.

Quoi qu’il en soit, le classement Pisa révèle année après année que le système scolaire français est dramatiquement inégalitaire, la sous-représentation des boursiers dans les grandes écoles n’en étant que le symptôme. Il est grand temps que la France s’inspire de pays qui performent en matière éducative.

Comme nous l’avions montré dans une précédente vidéo, les pays les plus performants se sont engagés sur la voie de la décentralisation et s’appuient au moins en partie sur le système privé. Les points bonus et autres quotas ne sont que des mesures absurdes et injustes qui ne visent qu’à masquer l’incompétence de l’État dans les fonctions éducatives qu’il s’est attribuées.

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  • l’égalitarisme appelle l’injutice.

    les hiérarchies actuelles ne sont pas parfaites…ou optimum…

    le fils de riche ou d’initié à un atout majeur… ça pose un problème ..

    mais , sans coercition, une hiérarchie doit maintenir sa signification pour conserver une forme de pouvoir et donc sélectionner les meilleurs.

    un système de quota est un toujours système de cooptation… sa mise en place PROUVE que le système ne permet pas aux meilleurs de d’imposer…

    • L’égalitarisme s’appelle l’injustice ET le fils de riche ou d’initié a un atout majeur qui pose problème
      Does not compute

  • Décidément la faillite de notre système éducatif est patente : le bac donné à tout le monde, maintenant des entrées gratuites dans les grandes écoles. Nous courions déjà le risque des intelligents qui tournent parfois à vide, maintenant nous aurons en prime des imbéciles… Jusqu’où nos prétendues élites démagogiques saperont-t-elles notre pays pour masquer leur impéritie et rester au pouvoir ? De fait, l’injustice éducative se creuse chaque jour un peu plus : l’élite dirigeante étudiera à Harvard, les pauvres cols blancs en France…

    • Mais c’est déjà le cas.
      De plus en plus d’élèves des bons lycée privés et publiques se dirigent vers les études à l’étranger aussitôt après le Bac.
      Évidemment, ces élèves sortant des statistiques officielles, ils ne sont plus tracés et ne déparent plus le tableau d’ensemble.

      Il y a qq années déjà, un grand lycée privé parisien a du recruter une secrétaire trilingue pour faire face à l’inflation de demandes de constitution de dossiers pour des facultés étrangères (en particulier US).
      Car dans ces facs, il ne suffit pas de remplir un dossier d’inscription et de payer les droits. Il faut montrer sa valeur avec relevés des notes des deux dernières années (traduites dans la langue de la Fac), lettre de motivation de l’élève, lettre de recommandation des profs de la matière choisie, très souvent un examen d’entrée et un entretien dans la quasi-totalité des cas. Bref, rien de facile mais qui ne rebute pas les candidats tellement le système français devient un repoussoir pour bcp.

      Le fait de diminuer artificiellement le nombre de places dans les écoles ingénieurs post-prépa accessibles au seul mérite ne va faire qu’accentuer le mouvement. Tant que le niveau moyen de ces écoles post-prépa baissera inéluctablement…

      • La procédure est la même si vous êtes déjà en études supérieures et souhaitez faire une année où plus d’échange aux USA, au UK etc. Rien d’affolant, si ce n’est que ça change du niveau bac.

        • Rien d’affolant… pour qui connait le système des facs étrangères.
          Quand vous comparez à la procédure d’inscription dans une fac française… on comprend qu’il y a un pb en France.

          D’autre part, il est évident que la procédure est la même pour les postgraduate ou les demandes de masters mais ce n’est pas réellement la question.
          Ce qui interroge (ou devrait interroger nos zelites) c’est que de plus en plus de jeunes et leurs familles n’hésitent pas à franchir le pas dès après le Bac alors que les contraintes sont énormes ainsi que que le cout.

  • Et qui s’intéressera quotas de LGBT trans bi et non genrés parmi les diplômés? La aussi il faudrait des points supplémentaires si les statistiques montrent un déficit de ces catégories

  •  » le classement Pisa révèle année après année que le système scolaire français est dramatiquement inégalitaire, »
    Si ce n’était que cela!
    Il montre aussi et surtout une baisse dramatique du niveau des élèves dans les matières scientifiques et en particulier en Maths (avant-dernier dans le classement!). Cela ne se rattrape pas avec qq points bonus aux boursiers…

  • Ca focalise sur la récompense à l’absence de mérite, mais le noeud du problème est l’absence de récompense pour le vrai mérite, et toutes les pénalisations cachées, fiscales et autres, dans ce cas.

    • Nous sommes tous plus égaux les uns que les autres, la justice médiocratique exige donc que l’on tranche les têtes qui dépassent ou qu’on les réduise à l’instar des indiens jivaros.

      • « Celui qui réclame l’égalité des chances finit par exiger que l’on pénalise celui qui est doué.  »
        Nicolas Gomez Davila

    • la notion de mérite est plaisante, mais c’est un piège…

      ce n’est pas le mérite d’ailleurs..

      quand on pense élève méritant on pense haut qi, bosseur…

      et de fait ce genre de personne « réussit » en gros.. ce qui ne traduit d’ailleurs le fait que dans notre société..les métiers bien payés requièrent d’etre logique de comprendre et de savoir s’exprimer…

      mais est ce un mérite????? ou une simple adéquation des qualités de l’individu à la société?

      • Bien sûr, mais la réussite récompense soit un certain mérite dans un marché concurrentiel, soit une connivence là où il n’y a pas de concurrence. Etre beau parleur et plaire aux foules est un mérite que je ne conteste pas, être le fils du patron ou celui qui sait le mettre en valeur, ça n’est pas un mérite en soi…

      • Pour moi, la plus grande injustice est celle de naissance. Suivant que tu nais dans un pays riche avec des parents qui t’aident, dans un environnement riche, ou le contraire.
        Coluche disait  » Dieu a dit, il y aura des hommes blancs des hommes noirs, il y aura des hommes riches des hommes pauvres, des hommes beaux des hommes moches. Ils seront tous egaux, mais pour un homme noir, pauvre et moche ce sera difficile.

        • Je suis surpris.
          Faut-il réparer cette « injustice », celle de la naissance ?
          En est- ce bien une au regard des droits naturels ? Si non par rapport à quelle référentiel est ce une injustice ?
          N’est pas l’isonomie qui importe ?

          • Il n’est pas question de réparer une injustice, juste constater que certains ont tiré le mauvais numéro. La famille Groseille au lieu de la famille Le Quesnoy.
            Mais j’aurais dû parler de fatalité plutôt qu’injustice. La vie est injuste, à la fin on meurt 🙁

        • oui .. ce qui indique que les « justiciers » font des choix.. ils corrigent certaines disparités..

          avoir des parents riches ou initiés est en général un avantage.. est ce une injustice..?

          les beaux les grands sont aussi avantagés..des quotas de petits ,moches?

          il faudrait regarder où vont les types qui passent dans ces écoles..ce qu’ils font..si ça demande des compétences ou non..

  • Des points Bonus en fonction de la religion, par exemple permettraient de corriger des inégalités.
    Si on est pour les Quotas, on est aussi pour les quotas de C..s.
    De ce point de vue notre gouvernement et nos partis politiques en totalité sont parfaitement « démocratiques ».

  • Il y a une statistique qui serait peut être intéressante à développer c’est la répartition entre étudiants citadins et étudiants de la « campagne » avant et après bac.

    En effet, je suppose qu’un lycéen en ville va plutôt continuer en prépa car c’est la continuité. Alors que pour un autre lycéen plus éloigné d’une métropole il sera peut être plus tenté de poursuivre le bts du lycée ou un iut. En ce sens donc, qu’il n’y a peut être pas non plus de prepa partout et qu’à la place il y a plutôt des BTS.

  • Les arguments avancés par l’article se basent sur une conception libérale mais presque surannée des objectifs de recrutement (l’entreprise cherchant à maximiser son profit avec des employés efficaces, adaptables et compétents.)
    Malheureusement, cette politique étant un faux-nez du recrutement au faciès, pas mal de (grosses) entreprises se précipiteront pour s’offrir une image woke.
    Apparemment, faire de la politique au prix d’un sacrifice modeste sur la bottom line, est devenu acceptable. Et pour une fois ce n’est PAS un problème purement franco-française, les US font pire avec des recrutements ouvertement au faciès et aux mœurs.
    Il y aurait quelques petites dérives soviétiques des économies de marché que ça ne m’étonnerait pas. Après, on peut toujours espérer que le marché se venge à moyen/ long terme. Ceci en admettant que l’IA n’ait pas d’ici là tant encadré les capacités de décision de nos petits « cadres PC », qu’ils soient devenus de simples mascottes.
    Bref. Je conseillerais plutôt des études techniques et pratiques, à un écolier méritant.

    • si une entreprise vend de l’image normal….. or la mise en place de « marques » implique de créer une image.. parce que les consommateurs fonctionnent comme ça.

      • Jacques, c’est ce que l’on devrait conclure dans une économie de marché. Mais je ne suis pas sûr que la gesticulation vertueuse soit conçue pour plaire au consommateur – plutôt pour le rééduquer.
        Ça explique par exemple pourquoi on ne peut plus vendre un canapé ou une assurance à une famille lambda sans faire appel au couple mixte BM-WF, qui est très peu représentatif dans les faits, ou recevoir une facture d’électricité sans propagande réchauffiste. Ce ne sont pourtant pas les gagas à cheveux bleus ou les suprémacistes noirs qui font vivre les entreprises. Vous vendez du produit + du politique, et s’il y a arbitrage entre les deux, vous acceptez de prendre un coup à la bottom line. Exemple: Gillette.
        Dans cette hypothèse le virtue signalling est à destination de partenaires connivents, gouvernementaux, para-gouvernementaux et financiers (ces deux dernières catégories se rejoignant sous l’impulsion des politiques délirantes des banques centrales.)
        La connivence est devenue telle que les décideurs n’écoutent pas le marché, ils tentent de le décréter.
        Forcément, ça va bien se passer…

  • Cette mesure est effectivement idiote d’autant qu’il y a déjà un biais marqué en faveur des boursiers dans les écoles;
    Un élève issu d’un millieu défavorisé (boursier ou pas, d’ailleurs) bénéficie d’une bienveillance supplémentaire, parfois très forte, lors des oraux d’entrée dans les écoles.
    Dans le même temps une forme de « racisme anti-riches » existe, et je rappelle de nombre de commentaires genre « elle fait du cheval, de la voile, c’est une gosse de riche, elle n’a aucun mérite à être là » quand le candidat avec un accent populaire, ayant « aidé sa mère à faire des ménages pendant l’été » est paré quasi automatiquement d’un statut de « quasi héro » qu’il faut absolument intégrer.

    L’idiotie ici c’est qu’il y a des précédents comme les quota ethniques aux US, ou les admissions « facilités » pour les sportifs dans ces mêmes universités américaines, qui rendent les employeurs pour le moins méfiants quand un étudiant noir jouant au basket diplômé de Stanford se présente : on suppose (parfois seulement à juste titre, parfois complètement à tort) qu’il n’avait pas le niveau mais est entré pour « avoir assez de noirs, et pour que l’équipe de basket gagne plus »…

    Mais le propre de l’enseignement supérieur dans tous les pays du monde est de répéter à loisir ses propres erreurs et de rarement (ou même jamais) consulter la base de connaissance et compétences de ses enseignants chercheurs avant de décider… des trucs idiots en général.

    • A la différence que dans les Universités US, le recrutement d’étudiants forts en sport est parfaitement reconnu et admis car cela rapporte de l’argent à l’Université.

      Et personne ne fait mystère de la valeur du diplôme décerné à cet étudiant, sans mention avec des notes à la limite. Il ne viendrait jamais à l’idée d’un employeur de l’engager pour ce diplôme sauf s’il s’agit d’un diplôme d’entraineur ou de qualification quelconque dans le domaine du sport qu’il a pratiqué dans cette Université.
      Quand un étudiant de Stanford à un diplôme d’économie ou de Maths avec des moyennes correctes, ce diplôme à de la valeur même si l’étudiant était également un bon joueur de basket.

      • « Quand un étudiant de Stanford à un diplôme d’économie ou de Maths avec des moyennes correctes, ce diplôme à de la valeur même si l’étudiant était également un bon joueur de basket. »

        Pas tant que ça. Et c’est assez récent. Il est de connaissance commune que les étudiants des équipes de sport sont « sur notés », « non contraints à aller en cours » etc. pour permettre de mieux s’entrainer. Il ne sont pas en « sport étude » (généralement ça n’existe pas) mais dans la matière de leur choix. Et nombre de basketteurs ou golfeurs pros diplomés en management, maths, informatique ou quelque autre matière accadémique ont un niveau réel dans la matière à peine digne d’un première année « normal » quand ils sortent.

        Ce n’est généralement pas gênant car il font le plus souvent carrière dans le domaine sportif en question et pas dans le domaine d’étude. Mais il y en a, et il y en a qui étudient « vraiment » et ils sont pénalisés du fait des autres qui ne font réellement que du sport.

        • Je comprend bien vos propos. Mais je ne pense pas que les recruteurs des entreprises US s’y laissent prendre.

          Et si jamais ils se seraient trompés sur le niveau du recruté, ils ont un avantage énorme par rapport à la France: ils peuvent le virer sans pb.

          • C’est exact, pour les postes « pointus » mais hélas pour nombre de jobs il faut trier « vite et en premiere instance » parmi des centaines de CV. Il y a donc trop souvent des gens qui « passent à la trappe » pour faute de cette discriminations positive et de cette « sur évaluation du sport »… Ca fait régulièrement la une aux US.

            Mais effectivement la relative flexibilité du marché du travail là bas contribue à une rapide correction de ces erreurs (forcées).

  • Le problème des boursiers vis-à-vis des écoles de commerce n’est pas seulement un problème d’orientation, ça commence par un problème de moyens. On a beau avoir une bourse, elle est loin de suffire à régler les frais de scolarité de ces écoles, dans un certain nombre de cas ça doit être un facteur limitant.
    Côté orientation, du temps où j’étais au collège et au lycée il y avait une personne spécialisée sur les questions d’orientation pour conseiller les élèves. En général cette personne était loin d’être compétente dans ce domaine, il serait peut-être bon de se pencher sur cette question.
    Bref avant de pratiquer la discrimination positive aux concours il faudrait peut-être revoir :
    1. Les ressources allouées au conseil pour l’orientation
    2. Supprimer les parts arbitraires du « logiciel » d’orientation aléatoire – il est très démotivant de construire un projet de formation, de travailler en conséquence, d’avoir des bons résultats pour améliorer ses chances et de ne pas être admis parce-que d’autres, moins bons, cochent les bons critères.

    À titre personnel, j’ai été boursier et j’ai fait une école d’ingénieur. Je trouve que les avantages accordés aux boursiers à mon époque étaient déjà conséquents : possibilité de présenter bon nombre d’écoles sans payer, frais de scolarité réduits… le reste, c’est à chacun de faire !

    • les frais de scolarité des écoles de commerce sont assez élevés (relativement aux autres études en France… mais remarquablement bas comparés aux alternatives internationnales)… Seulement ça n’a pas réellement d’impact sur l’orientation des étudiants : il y a des prêts à des taux très faibles, structurés de façon assez optimale qui permettent à tous d’étudier (à mon époque un étudiant entrant à HEC pouvait emprunter à un taux plus bas que celui auquel la plupart des pays de la zone euro empruntaient pour une maturité comparable !)

      • Il faut aussi compter les frais de logement, la nourriture, transports pour retourner chez ses parents, fournitures pour travailler,.. et pour quelqu’un qui n’a pas de prepa ou école à proximité ça signifie des frais des la première année après le bac. Est ce que des banques prêtent sur une hypothétique réussite à un concours et pour au moins 5 ans ?

        Remarque: les boursiers sont avantagés par rapport à un non boursier puisque les avantages des boursiers dépassent ceux dont les parents ont des revenus juste au dessus des barèmes.

        • Les prépas c’est pas cher en général, et il y en a dans la plupart des villes même de taille modérée. Bien sûr on rentre plus facilement à l’X ou à HEC après être passé par Ginette ou H4 qu’après le lycée de Trifouilli-les-Oies… la concurence avec d’autres étudiants excellents, l’environement concentré sur le travail, ça joue. Mais il y a chaque année quelques préparationnaires des lycées de province, en sections techniques ou autres, qui entrent dans les écoles les plus prestigieuses.

          Et soyons honnêtes, si vous avez le niveau pour entrer à Polytechnique, les prépas s’en rendent compte en général assez bien et se débrouillent pour vous trouver des bourses, aides et soutiens qui vous permettent d’y aller… Même avec des parents loins d’être sur la paille, quelques prépas m’avaient proposé des internats pour quasi rien histoire de me déplacer chez eux, loin de mon Est Parisien d’origine.

  • Ce qui m’étonne le plus, avec ce gouvernement qui aime punir, c’est qu’il n’ait pas plutôt choisi de diminuer les points de ceux qui ont travaillé ou – pire – qui sont particulièrement doués.

    Aux prochains jeux olympiques, des boulets aux pieds pour les athlètes trop doués !

    • Dans un concours, offrir un bonus aux uns est équivalent à infliger un malus aux autres.
      Sauf que le bonus est insultant parce qu’il présume d’une infériorité.

      • Mais le malus impliquerait la supériorité des pénalisés… et donc l’infériorité aussi des « non malussés »…
        Ne reste que le traitement égal dans un concours anonyme (c’était déjà le cas) pour n’insulter personne…

  • Une discrimination, qu’elle soit positive ou négative, restera toujours une discrimination !!!

  • Si on appartient à une minorité, on a droit à des diplômes de l’enseignement supérieur même si on est un cancre qui ne sait pas lire ni compter. Mais que ces diplômés ne rêvent pas : les entreprises ne font pas de cadeaux comme nos politiciens. Les entreprises feront passer des tests de sélection à l’embauche (maîtrise du français, des langues, de la technique de laquelle les candidats se disent diplômés).
    Après, le gouvernement criera au scandale. Et puis, à force d’être obligé de recruter dans les cancres diplômés, ces entreprises fermeront pour s’installer à l’étranger où elles auront la liberté de recruter des gens vraiment qualifiés.

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Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

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