Par Nils Baudoin.
Le titre du film The Underground Sistine Chapel est aussi le titre de la fresque monumentale réalisée par l’artiste français Pascal Boyart. Cette Å“uvre fortement inspirée des fresques de Michel-Ange sur le plafond de la Chapelle Sixtine au Vatican, mélange fidélité à l’original et réinterprétation dans une démarche bien partagée dans le film. Elle est peinte entièrement au pinceau, à la peinture acrylique, couvrant une surface de 100 m² sur trois murs adjacents et montant à 8 mètres de haut.
Précisons que malgré le titre anglais du film, il est tourné en français.
Une différence majeure avec le plafond de Michel-Ange est le lieu. Les murs utilisés sont ceux d’une ancienne fonderie d’or en région parisienne. Le lieu et le statut exact de ce grand bâtiment restera volontairement vague dans le documentaire pour en préserver la tranquillité.
Il a ses habitants, ses ateliers, ses activités de studios photos ou de lieu de tournage de clips musicaux. Ce lieu et ses habitants deviennent un élément à la fois de la fresque et du documentaire.
Pascal Boyart s’est fait connaître par ses fresques, notamment à Paris, qui intégraient un QR code fait au pochoir pour se faire payer en bitcoin. Ce mode de financement a été une réussite au-delà de ses attentes. Les crypto-actifs ont été une source d’inspiration importante pour lui ces dernières années comme en témoignent les Å“uvres présentées lors l’exposition Bitcoin Art (r)évolution en 2018.
Au-delà de la découverte des coulisses de ce travail artistique, le film cherche à faire réfléchir à la pratique artistique à travers les interventions de Pascal Boyart, du sculpteur Yom de Saint Phalle mais aussi celles des habitants du lieu. La narration est réalisée magistralement par Enrique, un ancien habitant des lieux, recruté au hasard d’une rencontre à la fin du tournage.
Pendant tout le film, le visage de l’artiste est flouté ou maintenu hors-cadre, probablement dans une démarche de centrer l’attention sur l’Å“uvre davantage que sur l’artiste.
Le documentaire est coréalisé par les deux jeunes et talentueux cinéastes Yohann Grignou et Antoine Breuil qui ont fait un excellent travail de mise en scène. Leur coopérative Samouraï Coop explore de nouveaux modes d’organisations et de financement comme nous en reparlerons plus loin. Notons aussi la musique originale du film par Köl qui apporte beaucoup à l’ambiance.
Les modes de financement de la fresque et du film sont très similaires, l’un et l’autre reposent sur le mécénat et la vente de NFT, ces fameux jetons non-fongibles analogues à la fois à un certificat d’authenticité et à un objet de collection. Ils permettent ici de prouver de façon décentralisée sa contribution financière.
La fresque The Underground Sistine Chapel a donc été financée en deux temps.
D’abord par un mécénat à quatre niveaux de participation de 200 dollars à 7000 dollars. Parmi les mécènes, on retrouve le collectionneur pseudonyme de NFT  WhaleShark, l’investisseur Alistair Milne, l’association Le Cercle du Coin mais aussi des particuliers anonymes. Cela a permis de rassembler 20 000 dollars de 12 contributeurs. Une fois l’Å“uvre réalisée, Pascal Boyart a créé 404 NFT en édition unique, correspondant aux personnages de la fresque et les a vendus pour le prix de 1 Ether, la monnaie du protocole Ethereum, c’est-à -dire environ 1500 euros.
Des fresques précédentes de Pascal Boyart avaient déjà été tokenisées via ce mécanisme de NFT et il s’agit sans doute des débuts d’un mode de financement qui a un grand avenir.
Des NFT ont aussi été réalisés à partir du film pour son financement et c’est ce qui permet qu’il soit accessible gratuitement sur Youtube et la plateforme décentralisée IPFS.
La bande annonce et le film sont à retrouver sur le site dédié TheChapel.art
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