Le libéralisme est-il incompatible avec le catholicisme ?

C’est au sein des sociétés d’origine chrétienne que le libéralisme a pu trouver le terrain le plus fécond pour son essor. C’est également au sein des démocraties libérales que le catholicisme a été et demeure le mieux protégé.

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Le libéralisme est-il incompatible avec le catholicisme ?

Publié le 21 juin 2021
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Par Daniel Borrillo.

Il existe une idée répandue selon laquelle les valeurs du catholicisme rendent celui-ci incompatible avec la philosophie libérale.

Certes, de l’encyclique Rerum Novarum de Léon XIII à Laudato Si de François en passant par Quadragesimo Anno de Pie XI ou encore Mater et Magistra de Jean XXIII, la doctrine de l’Église condamne les dérives des économies libérales telles que :

Le profit comme motif essentiel du progrès économique, la concurrence comme loi suprême de l’économie, la propriété privée des biens de production comme un droit absolu, sans limites ni obligations sociales correspondantes – Paul VI, encyclique Populorum Progressio (1967) et lettre apostolique Octogesima adveniens (1971)

Cependant, une contextualisation historique des condamnations du libéralisme économique par l’Église et un retour aux sources du christianisme permettraient de mieux comprendre et en quelque sorte de relativiser les tensions entre ces deux philosophies qui ont profondément marqué, et marquent encore, l’histoire politique de l’Occident.

La fin du XIXe siècle, période de parution de l’encyclique Rerum Novarum, était caractérisée par la Révolution industrielle et la conséquente « concentration dans les mains de quelques-uns de l’industrie et du commerce […] qui impose un joug presque servile à l’infinie multitude des prolétaires ».

Cette situation d’injustice sociale menaçait d’octroyer au communisme le monopole de la contestation politique et surtout risquait d’aboutir à l’abolition de la propriété privée1, considérée par l’Église comme de droit naturel.

De surcroît, force est de constater que les réformes anticléricales effectuées depuis la Révolution française ont fortement ébranlé l’Église catholique2.

Aussi, des sentiments anticléricaux sont répandus dans toute l’Europe si bien que durant la dernière moitié du XIXe siècle, les gouvernements de l’Italie, l’Espagne, la Belgique, l’Autriche, la France et l’Allemagne ferment les écoles catholiques, dissolvent les ordres monastiques, suppriment les privilèges du clergé et saisissent les biens de l’Église.

L’abus du progrès économique

Face à la menace du socialisme non seulement contre la propriété privée mais aussi contre la liberté religieuse, Rome développe un magistère critique sur l’abus du progrès économique : la doctrine sociale de l’Église.

Celle-ci commence par rappeler le caractère naturel de la propriété privée comme condition sine qua non d’une vie digne :

La propriété et les autres formes de pouvoir privé sur les biens extérieurs contribuent à l’expression de la personne et lui donnent l’occasion d’exercer sa responsabilité dans la société et l’économie… [elles] assurent à chacun une zone indispensable d’autonomie personnelle et familiale ; il faut les regarder comme un prolongement de la liberté humaine Concile Vatican II, Gaudium et spes – 1965

La justification cléricale des limites de la propriété privée est très proche de celle de Locke : les besoins personnels nécessaires à l’Homme pour assurer sa subsistance et les besoins des autres. Saint Thomas avait déjà établi qu’il était nécessaire d’attribuer aux particuliers et non à la collectivité le droit de cultiver et de faire valoir les biens avec la limite d’user de sa propriété de manière de la rendre utile à tous (Somme Théologique IIa IIae question 66 al.2).

Aussi, selon l’Église :

Quand une entreprise génère du profit, cela signifie que les facteurs productifs ont été dûment utilisés et les besoins humains correspondants convenablement satisfaits – Jean-Paul II, Centesimus annus – 1991

La parabole des talents de l’apôtre Matthieu montre bien que Dieu récompense ceux qui font fructifier leurs biens avec un rendement juste (Matthieu XXV, 14-30).

Le prêtre Robert Sirico analyse depuis plusieurs années les rapports entre l’économie de marché et l’anthropologie catholique (Catholique et libéral. Les raisons morales d’une économie libre, Ed. Salvator, Paris 2018). Il souligne :

En rendant leur liberté aux plus démunis, c’est-à-dire en leur donnant les moyens de s’en sortir seuls, on leur rend leur dignité. Aucun autre système économique que le capitalisme n’y a réussi de façon aussi éclatante.

La réalité lui donne raison puisque la diminution de la pauvreté, tant désirée par l’Église, fut possible grâce au libéralisme économique mis en place de manière globale depuis les années 1980.

En effet, selon la Banque mondiale, le nombre d’êtres humains vivant dans l’extrême pauvreté serait passé de près de deux milliards en 1990, à 702 millions en 2015, soit de 37 % à 9,6 % de la population mondiale en seulement 25 ans dans une situation d’augmentation démographique exponentielle.

Des valeurs en commun

Au-delà de la question économique, le libéralisme se caractérise aussi et surtout par d’autres principes fondateurs tels que :

  • l’individualité,
  • la liberté morale,
  • l’universalisme,
  • la tolérance,
  • la sécularisation,
  • les droits de l’Homme.

Concernant l’essor de l’individu en Occident, dans son ouvrage, Les Doctrines sociales des églises et groupes chrétiens (1911) Ernst Troeltsch montre que « l’homme est un individu-en-relation-à-Dieu ». Le christianisme est une religion de salut et celui-ci est chose individuelle. En effet, « le Fils de l’homme rendra à chacun selon ses œuvres », dit Saint Matthieu (XVI, 28).

Sous un autre angle, le nominalisme du franciscain Guillaume d’Occam a démontré également que les choses collectives ou générales n’ont d’existence que dans le langage. Seules les choses individuelles existent dans la réalité.

Et, plus récemment, Ludwig von Mises a raison d’affirmer :

Une collectivité n’a pas d’existence et de réalité, autres que les actions des individus membres. La vie d’une collectivité est vécue dans les agissements des individus qui constituent son corps. Il n’existe pas de collectif social concevable, qui ne soit opérant à travers les actions de quelque individu. La réalité d’une entité sociale consiste dans le fait qu’elle dirige et autorise des actions déterminées de la part d’individus. Ainsi la route pour connaître les ensembles collectifs passe par l’analyse des actions des individus – L’action humaine

Le libre arbitre est à l’origine de toute la réflexion philosophique sur la liberté et la responsabilité individuelles. La patristique (Saint Augustin) et la scholastique (Saint Thomas) ont élaboré, sur la base de la philosophie grecque, le liberum arbitrium comme facultas voluntatis et rationis (faculté de la volonté et la raison). L’individu est tenu pour moralement responsable de ses actes ce qui serait impossible s’il n’était pas doué de liberté.

Aussi bien le catholicisme que le libéralisme constituent des philosophies universalistes. L’apôtre Paul écrit aux Galates :

Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus Christ.

L’adjectif catholique (du grec Katholikos) signifie justement universel. Ayant rompu avec tout ancrage ethnique, le christianisme est, à ne pas en douter, la religion la plus mondialisée.

L’esprit de tolérance me semble également une valeur commune du libéralisme et du catholicisme. Le récit de la femme adultère de l’apôtre Jean met en lumière la primauté du pardon sur le jugement : « Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre ». Le cercle proche de Jésus était constitué d’hommes hétéroclites et d’une ancienne prostituée qui avaient en commun l’amitié et la confiance en Christ (Jean XV). Plus récemment, le Concile Vatican II a invité les catholiques à respecter les croyances de ceux qui ne sont pas en communion avec l’Église.

D’une manière générale, le pape François invite à la tolérance lorsqu’il affirme :

Nous devons faire passer la miséricorde avant le jugement et, de toute façon, le jugement de Dieu sera toujours fait à la lumière de sa miséricorde.

Si l’histoire de l’Église contredit trop souvent le principe de séparation du pouvoir religieux et politique, il est toutefois certain que le principe demeure. En effet, lorsque Jésus est interpellé sur la nécessité ou non de payer l’impôt à César, il répond : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Voilà la première formule de séparation des Églises et de l’État. La distinction semble étonnement claire aussi lorsque Jésus refuse toutes les tentations du pouvoir et en particulier celle de Satan l’invitant à s’emparer de tous les royaumes de la Terre3.

Enfin, si tout au long du XIXe siècle l’Église était le premier opposant de la philosophie des droits de l’Homme prônant plutôt les droits de Dieu vis-à-vis de l’individu n’ayant que des devoirs, depuis 1963 avec l’encyclique Pacem in terris et avec la Déclaration sur la liberté religieuse de 1965, le catholicisme ouvre la porte sans ambiguïté aux droits de l’Homme, se rapprochant ainsi de la démocratie libérale.

Conclusion

Si c’est au sein des sociétés d’origine chrétienne que le libéralisme a pu trouver le terrain le plus fécond pour son essor, c’est également au sein des démocraties libérales, là où l’État est neutre à l’égard du religieux, que le catholicisme a été, et demeure, le mieux protégé4.

Les rapports conflictuels entre libéralisme et catholicisme ont fini par produire une sorte de domestication réciproque. L’un a obligé l’autre à humaniser l’économie, c’est-à-dire ne pas s’accommoder des inégalités et l’autre à faire comprendre la différence entre les valeurs et la loi. Les premières doivent demeurer dans le for intérieur car c’est quelque chose qui ne peut pas être commandé mais laissé à la libre initiative de chacun.

Au catholicisme conservateur qui fait de la religion un pur instrument identitaire subordonnée à une rationalité politique5, il faudrait rappeler que l’ennemi n’est pas le libéralisme ou la modernité mais cette nouvelle forme de repli sur soi, de nationalisme de l’exclusion fondé sur un christianisme sans Christ.

Les libéraux anticléricaux devraient quant à eux réfléchir à cette analyse de Tocqueville :

C’est par une espèce d’aberration de l’intelligence, et à l’aide d’une sorte de violence morale exercée sur leur propre nature, que les hommes s’éloignent des croyances religieuses ; une pente invincible les y ramène. L’incrédulité est un accident ; la foi seule est l’état permanent de l’humanité […] La religion qui, chez les Américains, ne se mêle jamais directement au gouvernement de la société, doit donc être considérée comme la première de leurs institutions politiques ; car, si elle ne leur donne pas le goût de la liberté, elle leur en facilite singulièrement l’usage –  De la démocratie en Amérique, tome I, deuxième partie, ch. 9

C’est cet équilibre fragile entre « catholicisme de la conscience » et « libéralisme de la Cité » qui me semble demeurer encore le meilleur compromis pour la vie en société.

  1. « Ainsi, cette conversion de la propriété privée en propriété collective, préconisée par le socialisme, n’aurait d’autre effet que de rendre la situation des ouvriers plus précaire, en leur retirant la libre disposition de leur salaire et en leur enlevant, par le fait même, tout espoir et toute possibilité d’agrandir leur patrimoine et d’améliorer leur situation. » : Rerum novarum (1891).
  2. Dès 1793 se met en place en France une politique de déchristianisation se traduisant notamment par la fermeture des églises, l’instauration d’un culte de la Raison, la suppression du calendrier grégorien et l’exécution de deux à trois mille prêtres réfractaires.
  3. Mt IV, 1-11 ; Mc I, 12-13 ; Lc IV, 1-13.
  4. L’Index Mondial de Persécution des Chrétiens montre que celle-ci s’effectue en premier lieu en Corée du Nord et dans les théocraties islamiques.
  5. En 1926 le Pape condamna l’Action française de Charles Maurras, jugeant que l’instrumentalisation de la foi à des fins politiques devenait intolérable et compromettait l’universalisme du catholicisme.
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  • Article bienvenu . On oublie souvent que si la liberté , le progrès technique , la qualité de vie se sont développés dans notre monde occidental , c’est grandement sur le ferment fertile du christianisme. Je suis toujours frappée d entendre des prêches inverses de nos francs-fréristes expliquant tout à fait l’inverse. A quoi je leur rétorque : si vous aviez raison le christianisme a vraiment échoué , alors pourquoi donc vous obstinez vous encore contre lui ? Que ne dirigez vos foudres sur d’autres croyances, plus favorables à l’obscurantisme … mais ils n’écoutent pas , leur ennemi, ce sera toujours nous

    • Bonne rétrospective. Je regrette la confusion entre christianisme et catholicisme qui est le résultat de l’hybridation du catholicisme avec l’Imperium romain par décision de l’empereur pour mettre en plce une religion d’état. De là date l’essor de la puissance temporelle de l’Eglise déguisée en vocation universaliste et source de maintes corruptions. Lire un libéral nommé Jésus de C. Gave disponible sur l’institut des libertés.

    • le soucis c’est le christianisme politique pour faire le parallèle avec une autre religion.

  • Belle synthèse, merci.

  • Merci pour cet article qui rappelle que foi chrétienne et libéralisme peuvent aller de pair. On notera cependant qu’après 15 siècles de catholicisme, il a fallu l’avènement de la réforme protestante pour que le libéralisme puisse se développer d’abord dans les régions protestantes d’Europe et des Etats-Unis!

    • Les protestants sont bien plus capitalistes qu’ils ne sont libéraux, et les catholiques sont plus individualistes qu’ils ne sont capitalistes. J’imagine que ces nuances peuvent paraître de peu d’importance, mais non, il est faux de dire que les protestants sont plus libéraux au sens large que les catholiques.

      D’autant que chez les protestants il y a de multiples chapelles, en parler comme d’un groupe homogène n’a pas de sens. Les protestants se sont aussi distingués pour leur participation à des dérives fort peu libérales.

    • @philou oui je regrette que l article mette en avant l unique catholicisme semblant s approprier l exclusivité des fruits. Le christianisme a eu de nombreux enfants, beaucoup libéraux et prospères. Je pense en particulier aux hussites , par exemple
      : fr.wikipedia.org/wiki/Frères_moraves

  • (il a cassé la page en oubliant de fermer ses balises)
    Du coup, article illisible aussi bien au niveau de la forme qu’au niveau du fond à grand renfort de citations. Se poser la question de l’incompatibilité entre le libéralisme et le catholicisme, c’est finalement ne pas comprendre que le libéralisme entre en contradiction avec la MORALE même, que l’essence philosophique du libéralisme est justement d’échapper au contrôle de cette morale subjective par l’édiction de principes « supramoraux » comme la liberté, càd qu’ils en possèdent une existence antérieure. Il est d’ailleurs assez amusant de lire des prétendus libéraux qui définissent la liberté en la circonscrivant aux nuisances qu’elle pourrait produire alors que tout acte libre ne saurait souscrire à une autre entrave que le libre-arbitre (l’éthique) de son auteur. Le but du libéralisme, c’est finalement de s’émanciper de l’emprise politico-religieuse par l’adhésion à un ensemble de règles déductives rationnellement, soit parfaitement objectives.

    • Je disconviens respectueusement. On peut observer objectivement et factuellement les conséquences de l’application de règles morales. La loi est après tout issu d’un ensemble de conventions.
      Oui on peut se passer du point de vue moral pour évaluer les bienfaits ou non de telle ou telle politique, mais cela ne disqualifie pas pour autant la morale au sens philosophique du terme, parce qu’on le veuille ou non, la philosophie et les morales qu’on peut en tirer sont toujours partie prenante des choix de vie que l’ont fait, qu’ils soient politiques ou individuels.

      • Tiens revoilà ce bon Dr et son gloubiboulga intellectuel.
        Toujours pas eu le temps d’ouvrir un dico ?

        • La vérité ne se trouve pas dans des définitions de mots. Commencez par me fiche la paix avec vos préjugés anti-moraux et anti-cléricaux, à défaut de vous en libérer.

          • Fallait pas venir me chercher !
            Pour le confort du lecteur qui lit cet échange, et parce qu’une fois de plus, vous versez dans le proces d’intention, je précise que je n’ai aucun préjugé anti-moral, je me contente de respecter le sens des mots. Ce que je vous invite à faire si vous voulez y gagner en lisibilité. Si tel est votre désir naturellement. Si au contraire vous voulez continuer à vous comporter comme un geek avec des mots, des notions et un univers rien qu’à lui, surtout ne changez rien, c’est parfait.

            • Je reconnais que je vous ai interpellé assez vigoureusement. Je reprends calmement depuis le début, je vous relis et me trouve en fait d’accord avec votre propos à un détail près. Ce qui m’a fait réagir est tout simplement ceci:
              « D’où vient cette obsession de la morale, de vouloir en mettre partout ? »

              Pourquoi voudriez-vous qu’il y a ait une obsession à ce propos? Et pourquoi ne pourrait-on pas envisager la défense du capitalisme sous un angle moral? Pourquoi cela vous dérange-t-il?
              Que vous lui préfériez un autre angle d’analyse est défendable, mais pourquoi vouloir disqualifier le point de vue moral?
              Surtout quand on observe l’argumentation du bord politique socialiste-collectiviste, autrement plus moralisante et culpabilisante.

              • Je vous ai déjà répondu en vous citant l’anecdote de Laplace…
                « Napoléon : Monsieur de Laplace, je ne trouve pas dans votre système mention de Dieu ? Laplace : Sire, je n’ai pas eu besoin de cette hypothèse. »
                Nous n’avons pas besoin du surgissement de la morale dans l’étude des systèmes politiques pour déterminer lesquels sont préférables pour la prospérité d’un pays et la vie quotidienne de ses habitants.
                Vous voyez combien il est détestable que le socialisme soit présenté par ses fans sous l’angle moral, comme pour l’oindre d’une nécessité vitale, pour que nous reproduisons la même erreur, contre-productive, avec le libéralisme ou le capitalisme…

                • Mais bien sûr, on n’a pas besoin de la morale pour comparer quel système politique est préférable pour la prospérité et la vie de ses habitants, parce que ce sont là des critères objectifs qui se mesurent rationnellement.

                  Mais il vous échappe que si nous vivons, en tout cas en ce qui me concerne, dans un pays qui n’est pas libéral, c’est parce qu’il est tenu par des voleurs, menteurs, escrocs.

                  Là où je suis vraiment en désaccord, c’est que contrairement à ce que vous dites, les libéraux n’emploient jamais les argument moraux, et c’est parce qu’ils s’ingénient en vain à convaincre rationnellement, factuellement qu’ils ne sont pas écoutés.
                  Tandis que les gauchistes qui emploient avec force et constance tous les arguments de la morale, de la solidarité, de la tolérance et de l’égalité ont le pouvoir malgré que leur politique soit néfaste. Les gauchistes collectivistes détruisent le pays mais gardent pourtant le pouvoir, parce qu’ils se sont en quelque sorte arrogés le « monopole du coeur ».

                  Dit simplement, on ne peut pas gagner les gens qu’avec des chiffres de performances économique et des doctrines philsophiques. Ca ne suffit pas pour gagner la confiance et l’adhésion.

    • Par ailleurs, il n’existe pas de raison parfaitement objective, même en science qui est toujours soumise au doute et à la subjectivité.
      Contrairement à ce que vous dites les religions aussi intègrent dans leurs principes des considérations supra-morales, telles que l’irréductibilité de la personne humaine, et le libre-arbitre, justement…

      Encore un qui confond morale et moralisme, préjugés moraux individuels et morale en tant que discipline philosophique.

      « Le but du libéralisme, c’est finalement de s’émanciper de l’emprise politico-religieuse »
      Non, ça c’était le but de la révolution. Le républicanisme de l’ednat a décidément bien imprégné les esprits: on ne peut plus parler de morale sans que ce soit aussitôt assimilé à la religion et à un moralisme bigot qui n’existe plus.

    • « c’est finalement ne pas comprendre que le libéralisme entre en contradiction avec la MORALE même, que l’essence philosophique du libéralisme est justement d’échapper au contrôle de cette morale subjective par l’édiction de principes « supramoraux » comme la liberté »

      Très bien vu !

    • Le libéralisme c’est le refus de la contrainte de et sur autrui au profit du contrat entre personnes libres et capables. Mais c’est tellement mieux de faire compliqué.

    • Au contraire. Et comme les pères de la constitution américaine l’avaient bien perçu, le libéralisme ne peut exister en réalité et fonctionner efficacement qu’en venant en surcroît d’une morale établie et solidement ancrée.
      En l’absence d’une auto-régulation des comportements par les individus on arrive forcément à la nécessité de la mise en place d’une régulation extérieure (un Etat policier/poliçant) qui doit ensuite être régulé par une organisation collective. Bref, le libéralisme sans morale (idéalement chrétienne) c’est la sociale-démocratie Européenne contemporaine et cela dérive rapidement en tyrannie. Donc le libéralisme se nie lui même s’il n’est pas appliqué par et sur des gens ayant une morale transcendante.

      • Et les libéraux qui voudraient bien se défaire de cette morale religieuse qui les embête ne veulent pas la liberté (pour eux et les autres) qui va avec la responsabilité, mais la permissivité (qui implique une forme de coercition sur les autres… cf les « luttes » pour les « libertés sociétales » qui ne sont JAMAIS des « supprimez les lois » mais TOUJOURS des « il faut de nouvelles lois »… pas très libéral, in fine.

      • La morale n’est pas forcément liée à la religion.

  • Bof !
    Il a fallu attendre Vatican 2 pour que le catholicisme s’ouvre au monde et intègre enfin les principes édictés dans la Declaration des droits de l’homme et du citoyen…
    Avant cela, il ressemblait plus à du collectivisme qu’à du libéralisme.
    Et, fait que certains pourront juger étonnant, mais pas les historiens, c’est précisément à partir de Vatican 2 que le catholicisme a commencé à perdre de son influence sur nos sociétés…
    En revanche, que le catholicisme soit le mieux protégé au sein des démocraties libérales, c’est une évidence, mais ce n’est pas de son fait ; c’est du fait de ces démocraties qui ont toutes peu ou prou fait des religions une affaire privée. Le message est clair : « tant que vous n’intervenez pas dans les affaires politiques, vous êtes les bienvenus et on observera à votre égard une neutralité bienveilante ».

    • Oui, à quelques nuances près:

      La reconnaissance de la déclaration des droits de l’homme n’est pas ce qui a causé le déclin du catholicisme, qui avait déjà commencé avant Vatican II, ce sont des mutations sociétales profondes, qui ne peuvent pas se résumer à deux lois et un traité.

      Quant à la « neutralité bienveillante », nous en sommes loin. C’est incroyable de voir ces libéraux à cran devant un moralisme catholique fantasmé, mais parfaitement indifférent devant le militantisme islamo-gauchiste bien réel. C’est qu’ils ont bien compris le bon angle d’attaque à utiliser: il leur suffit de parler de défendre leur liberté et leur droit!

      • Voilà qu’au détour d’une phrase anodine mais sournoise, vous me prêtez une certaine neutralité vis à vis de l’islamo-gauchisme…
        Mais qu’est-ce qui cloche chez vous ?

        • Non, je ne vous attribue pas sournoisement une neutralité pour l’islamo-gauchisme, je souligne qu’il n’y a pas, en aucun cas, de « neutralité bienveillante  » du politique à l’égard des religions.

      • Sur le fond de la discussion, votre remarque est recevable.
        L’amorce du déclin du catholicisme se fait un peu après la seconde guerre mondiale et Vatican 2 devient nécessaire pour éviter une rupture totale avec la société qui se transforme. Néanmoins, c’est précisément à partir de ce moment que la pratique religieuse s’effondre véritablement en France. Vatican 2 a en somme amplifié un mouvement de fond.
        Quelques années plus tard, la position de l’Église sur la contraception ou l’avortement, dans la société post soixanthuitarde ne fera qu’ajouter les derniers clous au cercueil.

        • La messe en français a permis aux gens de comprendre que cela ne les intéressait pas plus que ça.
          J’attends le prêche dans les mosquées en français uniquement aussi. J’avais un salarié musulman qui me disait que le contenu était fort différent dans la mosquée de Merah entre la version arabe et française.

  • merci.
    dans la même veine lire « un libéral nommé Jésus » de Charles Gave.

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