La renaissance de la conquête spatiale par les acteurs privés

La conquête spatiale a quelque chose de spécial, elle fait rêver chaque génération et à tous les âges.

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From left to right, ESA (European Space Agency) astronaut Thomas Pesquet, Japan Aerospace Exploration Agency (JAXA) astronaut Akihiko Hoshide, and NASA astronauts Shane Kimbrough and Megan McArthur, are seen as they prepare to depart the Neil A. Armstrong Operations and Checkout Building for Launch Complex 39A during a dress rehearsal prior to the Crew-2 mission launch, Sunday, April 18, 2021, at NASA’s Kennedy Space Center in Florida. NASA’s SpaceX Crew-2 mission is the second operational mission of the SpaceX Crew Dragon spacecraft and Falcon 9 rocket to the International Space Station as part of the agency’s Commercial Crew Program. Kimbrough, McArthur, Pesquet, and Hoshide are scheduled to launch at 6:11 a.m. ET on Thursday, April 22, from Launch Complex 39A at the Kennedy Space Center. Photo Credit: (NASA/Aubrey Gemignani)

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La renaissance de la conquête spatiale par les acteurs privés

Publié le 27 avril 2021
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Par Jules Devie.
Un article de l’Iref-Europe

 

Aujourd’hui, les rêveurs ont de quoi exulter : Thomas Pesquet rejoignant l’ISS, la Station spatiale internationale dont il sera pendant quelques semaines le commandant de bord ; un retour sur la Lune prévu en 2024 ; une sonde actuellement à la recherche de trace de vie sur Mars ; un voyage humain vers Mars qui n’est plus une totale chimère, etc.

Certains projets se révèleront peut-être un peu trop ambitieux, mais les exploits se multiplient. Qui l’aurait parié il y a vingt ans ?

Conquête spatiale : les difficultés des années 2000

La conquête spatiale ne semblait plus faire rêver à l’entrée du XXIe siècle. Après l’écroulement de l’URSS, les très coûteux programmes pesaient trop lourd dans le budget américain. En outre, la décennie commençait de la pire des manières avec la désintégration de la navette Columbia en 2003 lors de son lancement et la mort des membres de l’équipage.

L’industrie spatiale rencontra ensuite d’importants problèmes logistiques et budgétaires. Il apparut rapidement que les lanceurs étaient trop vieux et leur entretien trop onéreux. Depuis les années 1970, l’innovation était en panne, les coûts ne baissaient guère.

Le président Bush tenta bien de relancer le rêve en 2004 avec son projet Constellation, qui prévoyait un retour sur la Lune en 2020 mais il aurait fallu ajouter trois milliards par an au budget de la Nasa. Le programme fut donc abandonné en 2010 par Barack Obama, les ambitions mises sou cloche, l’exploration spatiale quelque peu délaissée au profit de missions davantage centrées sur l’observation terrestre ou extraterrestre.

On parlait encore d’aller sur Mars mais l’objectif, trop lointain, trop incertain, n’excitait plus personne. En outre, les États-Unis ayant décidé de mettre aussi leurs navettes spatiales à la retraite, ils étaient désormais dépendants des capsules de lancement Soyouz russes. Une sorte d’humiliation.

Le renouveau avec Donald Trump

La situation géopolitique du monde joue un rôle essentiel dans les projets de conquête spatiale. Donald Tump est le premier à avoir réellement compris l’émergence d’un affrontement politique avec la puissance chinoise.

La rivalité sino-américaine étant particulièrement importante dans les secteurs technologiques, l’homme dont la devise était « make America great again », a fait de la conquête spatiale un enjeu majeur par l’intermédiaire du programme Artemis, très ambitieux puisqu’il entendait renvoyer une équipe sur la Lune dès 2024. Un peu trop ambitieux certes, mais il est maintenant probable qu’il sera réalisé dans quelques années. Comment les Américains sont-ils parvenus à redresser la barre ?

L’appel au secteur privé, facteur décisif

Au-delà de l’impulsion amorcée par Donald Trump, une transformation de l’industrie spatiale a vu débarquer des acteurs privé, beaucoup provenant de la Sillicon Valley. lls ont ouvert de nouvelles perspectives. Parmi les entreprises les plus dynamiques on peut bien sûr citer Space X, fondée en 2002 par Elon Musk. Jeff Bezos, son principal rival, le fondateur d’Amazon, a créé Blue Origin en 2000. Paul Allen, fondateur de Microsoft, s’est lui allié avec Richard Branson, patron de l’empire Virgin, pour créer Mojave Aerospace Venture en 2004.

À l’entrée des années 2000, peu d’experts croyaient en ces jeunes sociétés sans expérience dans le domaine de l’espace. Pourtant elles sont devenues incontournables en une quinzaine d’années.

Ce sont par exemple les lanceurs de Space X qui ont été choisis pour 13 des 21 mises en orbite américaines en 2019. En mai 2020, elle a été la première entreprise privée à transporter des astronautes jusqu’à l’ISS.

Deux principes précis leur ont permis à toutes de s’imposer : la réduction des coûts et l’amélioration de la fiabilité. À la création de Space X en 2002, Elon Musk a déclaré vouloir diviser par dix le budget d’un lancement. Il semble qu’il y soit arrivé aujourd’hui, avec un coût estimé à 1000 dollars par kg en 2020 contre 10 000 dollars au début du XXIe siècle.

Ce sont donc les principes du privé, l’inventivité et la réduction des coûts qui ont permis possible le renouveau grâce à une innovation qui semblait irréalisable : la réutilisation des lanceurs. Auparavant, ils s’échouaient dans la mer. L’idée a été de les récupérer en bon état sur Terre.

Ce ne fut pas facile : l’entreprise d’Elon Musk a multiplié les échecs spectaculaires lors des essais durant les années 2010, ses fusées explosant à l’atterrissage. Mais en 2017, Space X a fait décoller une fusée déjà utilisée auparavant, Falcon 9. Ce fut une première historique. Falcon 9 s’est aujourd’hui imposée comme la fusée de référence.

Les missions du programme Apollo des années 1960 accomplirent des exploits monumentaux mais éphémères et surtout très coûteux. L’émergence d’acteurs privés stables pourrait au contraire rendre l’exploration spatiale potentiellement rentable et s’inscrivant dans la durée. De nombreux projets seront assumés en partie par le privé.

La NASA a annoncé ce mois-ci faire appel à Space X pour construire son module à destination de la Lune, ce qui n’était pas arrivé depuis 1972. À cette fin, Space X développe une nouvelle génération de fusées Starship, qui pourront également être utilisées pour mettre en orbite des satellites et peut-être un jour envoyer des hommes sur Mars. La concurrence est maintenant rude dans l’industrie spatiale, témoin cet appel d’offre de 2,9 milliards de dollars remporté par Space X sur Blue Origin et Dynetics. Par ailleurs, les fusées sont également développées dans une perspective commerciale, ce qui garantirait des revenus importants.

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  • Les qualités d’Elon Musk sont fascinantes. Ce qui se passe en ce moment au Texas est absolument extraordinaire: du jamais vu dans l’histoire de l’humanité.

  • Les acteurs sont privés, mais le payeur reste le contribuable. Ce ne sont pas les écrans de pub ni les dons qui auront financé la prestation tv continue de notre spationaute français ce week-end…

    • Pesquet n’a qu’un rôle de mascotte pour faire rêver le bas peuple, son travail est d’être télégénique et ultra politiquement correct. Les « expériences » sur l’ISS sont inutiles et décriées par tous les scientifiques… Une communication à gros budget en somme.
      Contre une soumission totale (vraiment totale!), il lui a été accordé des vols spatiaux. Mais bon au moins ça fera de l’argent (dont le mien) à SpaceX qui sera forcément mieux utilisé qu’à Ariane Espace…

    • Merci Michel pour cette indispensable piqûre de rappel…….

  • Le choix de « l’atterrisseur » de SpaceX est une déclaration de guerre politique: le congrès n’avait pas du tout ça en tête.
    Ce vaisseau n’est honnêtement pas du tout adapté pour la tâche, il est bien trop performant à tous les points de vues:
    -Il est plus gros que la station spatiale lunaire prévue (qui est totalement inutile par ailleurs)
    -Il est capable de faire l’injection translunaire et le retour sur terre, rendant Orion inutile.
    Ce choix courageux (pour une fois) a été fait par la NASA pour ridiculiser les politiciens et leurs projets foireux pour arroser leurs états. Ils ne vont sûrement pas se laisser faire comme ça, il va y avoir une valse de têtes et très probablement le budget va être étendu et fléché pour les forcer à prendre aussi le projet Blue Origin-Boeing. La NASA joue sa survie à moyen terme.
    Cela va être intéressant pour sûr.

  • L’espace ferait donc encore rêver.. Le summum a été le premier pas sur la lune, depuis, a part les reveurs, cela ne concerne que le monde de la finance, aspirateur de finances publiques… Z’avez vu l’helico de mars, ridicule… M’enfin, faut bien que nos milliardaires s’amusent… A nos dépens.

    • Vous êtes bien français, revêches et cyniques! On comprend la décadence de la France quand ses habitants ont cette mentalité. Et pourquoi les créateurs se barrent à l’étranger.

    • @Avorton,

      La conquête spatiale semble en effet piétiner depuis le premier pas de l’homme sur la lune datant déjà de plus de 50 ans.
      Il est fort probable qu’en l’absence d’une découverte majeure concernant de nouvelles lois d’une autre physique, pour l’instant hypothétique,l’espèce humaine pourra difficilement s’extraire de son berceau terrestre.
      L’utilité et les enjeux vitaux de la conquête spatiale sont multiples et évidents, point n’est besoin de les passer en revue.
      Comment imaginer que l’humanité, dont l’ADN depuis la nuit des temps est de relever tous les défis, puisse s’effacer passivement face aux mystères de notre univers supposé « connu » ?
      Toute fiction est appelée à devenir un jour réalité.
      Il n’est pour s’en convaincre qu’à mesurer le chemin considérable parcouru depuis l’invention de la roue jusqu’à nos jours, où participer par exemple à une visio conférence semble très « naturel »!!!

      https://www.marianne.net/societe/sciences-et-bioethique/une-possible-revolution-le-muon-va-t-il-casser-la-physique-des-particules

      • « face aux mystères de notre univers supposé « connu » »

        En fait, notre univers « connu » ne s’étend guère au delà des planètes les plus proches du soleil. Mars, c’est la banlieue de la terre. La ceinture d’astéroïde qui nous envoie des « géocroiseurs » qui menacent New York et éventuellement la Terre, c’est tellement loin qu’on en ignore presque tout.

        Même avec la physique qu’on connait, on peut quand même imaginer des « orbitales » (vastes complexes habités) et développer des propulseurs nucléaires pour au moins élargir un peu notre horizon et évaluer les dangers théoriques à l’échelle du millénaire.

        • Oups, je crois que j’ai dis une bêtise et confondu la ceinture d’astéroïdes avec la de Kuiper.

        • Des complexes habités ? Comme pour la production pétrolière offshore, le progrès consiste à robotiser et à laisser les humains à la maison, en télétravail. Envoyer des hommes sur place, c’est bon pour le cinéma, mais inutilement coûteux.

        • @alan
          Notre univers reste à découvrir,et il n’y a aucune raison que l’humanité ne continue pas à relever un tel défi.
          Prétendre le contraire c’est stagner,donc……. reculer.
          Par ailleurs,abdiquer face à tout problème serait parfaitement contre productif et impliquerait pour l’homme une formidable régression…….

  • Mouai, de l’innovation privée financée par le public

    • Ce n’est pas parce qu’une entreprise privée (SpaceX en l’occurrence) a un client public (l’Etat américain), qu’elle devient une entreprise publique!
      Par ailleurs SpaceX a d’autres clients que l’Etat Américain.

      • nous sommes d’accord mais la reconquête de l’espace par les acteurs privés se fait avec de l’argent publique pas par de l’argent privé. Si nous étions dans une économie libérale où seules les fonctions régaliennes étaient financées par l’impôt, cette mission n’aurait jamais eu lieu.

  • Les commentaires sont fermés.

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