Le gouvernement, la Covid-19 et la sphère privée

Opinion : la réponse positive face à la covid sera dans l’attitude et le civisme de chacun de nous. Le gouvernement, lui, devra gérer les conséquences économiques et sociales.

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Le gouvernement, la Covid-19 et la sphère privée

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 15 octobre 2020
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Par Armand Paquereau.

Le Premier ministre l’a répété lors de son interview sur France Info : le gouvernement doit prendre toutes les mesures pour protéger la population et éviter la propagation du virus.

Depuis de nombreux mois, des décisions contraignantes ont été prises, souvent contradictoires et difficilement justifiables, pour freiner ou limiter la propagation de la maladie.

Mais le Premier ministre a reconnu :

Moi, je ne peux pas réglementer les espaces privés […] mais il y a quelqu’un qui peut réglementer l’espace privé : c’est le propriétaire, c’est le maître des lieux.

Ni lui-même, ni les deux journalistes présents, n’ont relevé l’ambiguïté de ce propos ! Ce propriétaire qui serait le maître des lieux privés aurait-il le droit, selon monsieur Castex, de réglementer la vie chez ses locataires ?

Le propriétaire chargé de réglementer la vie des locataires ?

Certes, le propriétaire se voit déjà affublé d’obligations pour lesquelles la loi ne lui donne que très peu de moyens de mise en application.

Quand il doit assurer au locataire la jouissance paisible des biens loués, quels sont les moyens légaux dont il dispose pour faire cesser les nuisances de voisinage ?

Quand il est poursuivi pour la surpopulation dans son logement alors qu’il a concédé un bail à une personne ou un couple, de quels moyens dispose-t-il pour contrôler le nombre de personnes hébergées ?

Selon notre Premier ministre, le propriétaire devrait imposer les règles de distanciation sanitaire et de limitation du nombre de personnes dans un logement alors que l’article 9 du Code civil ne lui permet même pas de pénétrer dans le logement loué sans le consentement du locataire !

Il lui est donc impossible d’assumer une telle responsabilité, à l’instar du maire de la commune du Pizou, en Dordogne, qui avait loué la salle municipale pour un mariage prévu avec 40 personnes, qui se sont retrouvées 400 au mépris des règles sanitaires en cette période d’épidémie.

Le propos du Premier ministre ajoute encore au manque de confiance envers nos dirigeants après toutes les affirmations et décisions contradictoires en matière de gestion de la pandémie. Il a cependant demandé « de respecter les gestes barrières dans l’espace privé comme dans l’espace public », ce qui semble être la mesure la plus sage et la plus simple.

Le respect des gestes barrières

Respecter les gestes barrière dans un appartement n’est pas si facile.

Imaginons un cas concret : une personne est déclarée cas contact, toute la famille doit être soumise à un test de dépistage. Elle est positive, tous les autres sont négatifs et sont donc à leur tour cas contacts jusqu’au prochain dépistage. Dès ce moment, toute la famille est soumise au confinement et la personne positive doit être isolée dans une pièce du logement. Son accès aux toilettes et à la salle de bains doit être programmé afin d’éviter de croiser les autres membres de la famille, ces espaces désinfectés à chaque passage. La semaine initiale de confinement se prolonge au fur et à mesure de la contamination de chaque membre de la famille, ce qui peut confiner cette famille pour une durée proportionnelle au nombre de ses membres !
Malheureux propriétaires qui devrait gérer cet imbroglio !

Une affaire individuelle

La lutte contre ce virus est surtout une affaire individuelle de civisme et de bon sens. Éviter autant que faire se peut le contact avec autrui est le meilleur moyen d’éviter la contagion, pour autant que le virus ne soit pas propagé par les déplacements d’air, ce qui ne semble pas impossible. L’inconscience des individus est incroyable. Lors d’une cérémonie de funérailles, tous les participants correctement masqués et distancés font procession autour du cercueil. Nombreux, en geste habituel de compassion, les uns après les autres posent la main sur le cercueil, favorisant on ne peut mieux la propagation éventuelle du virus…

Il est inquiétant que le gouvernement prenne des mesures coercitives pour obliger les citoyens à respecter les mesures barrières, alors que leur application est diversement réalisée : une amende pour la retraitée qui parle avec son conjoint à la fenêtre de l’EHPAD, et aucune interdiction ni intervention contre les réunions festives de centaines voire de milliers d’individus.

Les clusters qui résultent de ces réunions se moquant des risques de contagion ont une incidence délétère sur la vie des concitoyens et des conséquences économiques graves. L’incivilité et l’insouciance sont des caractères très français, mais ils sont entretenus par des communications officielles contradictoires qui détruisent la confiance que l’on peut avoir dans celles-ci pour vaincre la pandémie.

Il est fort probable que ce virus soit installé pour longtemps et vienne nous infecter à la manière des rhumes ou autres grippes hivernales. La perspective d’un vaccin n’est pas rassurante quand la durée de leur validation habituelle demande plusieurs années, et que l’on veut nous en proposer un ou plusieurs en seulement quelques mois.

La mise au point d’un médicament ne semble pas la priorité des gouvernements, à en juger par l’opposition faite à l’utilisation de l’hydroxy-chloroquine dont les résultats de l’IHU de Marseille semblent prouver l’efficacité (mortalité des patients traités >de 3 jours : 0,5 %).

Si l’on se réfère au taux de létalité apparent, calculé sur le ratio nombre de décès imputés au Covid19/nombre de cas confirmés de contaminations, on recensait au 24 juin 2020 478 221 décès dans le monde pour 9 295 365 cas confirmés. Cela donne un taux de létalité apparent global de 5,14 %.

Si on compare l’incidence de la Covid-19, selon les chiffres de l’INSEE, pour les six premiers mois de 2020 par rapport à la mortalité lors des périodes correspondantes de 2017, 2018 et 2019, on constate une surmortalité de 0,028 %, incluant la surmortalité des autres pathologies induites par le retard de prise en charge à cause de l’engorgement des services hospitaliers par le traitement de la Covid-19.

Au vu de ces statistiques, faut-il prendre les mesures gouvernementales au sérieux ? Risquons-nous davantage de contaminations après 22 heures ? Certes un couvre-feu limiterait la durée possible de contamination mais n’empêchera pas inconscients d’aller faire la fête dans des lieux privés !

La réponse positive sera dans l’attitude et le civisme de chacun de nous.
Nous devons nous priver de contacts lorsque cela n’est pas absolument nécessaire, un petit coup de fil ou une visio-communication apporte un soutien minimum sans risque à ceux qu’on aime. Il restera au gouvernement à gérer les conséquences économiques et sociales de ce changement de comportement imposé qui risque de durer.

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  • C’est une blague cet article ?
    Je doute fort que M. Castex ait supposé une seule seconde que le proprio d’un logement loué pouvait/devrait/devait gérer et imposer des choses à ses locataires… Interprétation fallacieuse de propos.
    Pour la salle louée à 40 personnes et qui finit avec 400 personnes : c’est ça « compter sur le bon sens et la responsabilité » ? Eh ben on est mal. (En plus, virus ou pas virus, pour des raisons de sécurité incendie, il y a toujours un nombre limité de personnes dans une salle…)
    Pour le « traitement » marseillais, je laisse les habituels docteurs réels ou pas s’écharper sur le sujet.

  • Cet article fait comme si le covid était la réelle raison pour lesquelles l’État autoritaire réalise de grandes privations de liberté, et nous demande pour en sortir le plus vite possible d’être discipliné.
    C’est une vision profondément erronée des événements.
    Le virus n’est rien d’autre qu’un prétexte très commode aux mesures liberticides et à la destruction de la vie des individus afin de faire jouir les Veran, les Castex et les Macron qui peuvent enfin se prendre pour des dieux, et accroître drastiquement la dépendance de la population à l’État. Accroître la dépendance, c’est le but du socialisme comme l’avait souligné Margaret Thatcher. Désormais il existe 2 prétextes pour le faire : le covid et le changement climatique.
    Il est illusoire de penser que ces mesures vont cesser même si demain les indicateurs du covid ne montraient absolument plus rien. On en est sûr et certain puisque concernant le réchauffement climatique, malgré la démonstration absolue de son imposture totale (Climategate), le gouvernement a continué à tabasser avec ce prétexte comme s’il ne s’était rien passé.
    Vous pouvez être sûr que si le covid disparaît un jour, c’est n’importe quelle autre maladie existante qui sera récupérée pour prendre les mêmes mesures qu’on connaît aujourd’hui. De sorte que ce qu’on connaît aujourd’hui ne s’arrêtera jamais.
    La fin de toute cette coercition et violence n’aura lieu que le jour où la population dira stop. Pas avant.

  • « Nous devons nous priver de contacts lorsque cela n’est pas absolument nécessaire »

    Non.
    Nous allons tous mourir un jour, la mortalité du Covid n’a absolument rien d’exceptionnelle au regard d’autres épidémies qui ont eu lieu ces 60 dernières années, voir même des quelques années passées et en dessous de 50 ans vous avez deux fois plus de chance de gagner au loto que de mourir du Covid en Suisse.
    En France, on est dans les 300 morts de moins de 50 ans alors qu’il meurt 660’000 personnes toutes causes confondue chaque année. 75% des victimes du Covid ont plus de 75 ans (15% plus de 65) et 70% ont des facteurs de comorbidité (cardio, cancer, cirrhose, obésité).
    Que les gens protègent éventuellement leurs ainés à la retraite s’ils le veulent, mais gagner 5 ans de « vie » au prix de visages lunaire cachés, de mains gantées et d’une odeur de désinfectant permanente est un avant-goût de l’enfer. Il est à parier que cette misère affective et sociale aura aussi un impact sur la mortalité, mais celle-là sera invisible.
    .
    La mortalité pendant les 30 glorieuses était effrayante au regard des standards actuelle, mais on vivait, on riait, on était insouciant, libre et optimiste. Sans vouloir forcément revenir à cette époque, il faut cesser ces délires hygiénistes. On va tous mourir un jour, la question est de savoir si notre vie aura été un éclat de rire ou une psychose tremblotante.

    • « Que les gens protègent éventuellement leurs aînés à la retraite s’ils le veulent »
      Si on parlait des armes, l’équivalent serait « Que leurs proches offrent des gilets pare-balles ou trouvent des protecteurs à ceux qui sortent de chez eux, mais qu’on ne nous empêche pas de mener notre vie de gangsters tranquillement. »
      La libéralisation des armes est une question de responsabilité, de ne pas faire courir à autrui des risques qu’on aurait pu éviter à peu de peine, pour pouvoir en échange se montrer irresponsable. Pendant les 30 glorieuses, les irresponsabilités se payaient cash, et je n’ose imaginer ce qui serait arrivé à celui qui aurait répondu à sa victime d’homicide par imprudence « on va tous mourir un jour, alors je n’ai pas à m’en faire d’avoir pris votre vie ».
      La question de l’inadéquation complète des mesures de protection couvre-feu, masques dehors et confinements est un autre débat. Ca n’est pas en affirmant haut et fort « Laissez-moi jouir de mes plaisirs, moi qui ne risque rien personnellement, et débrouillez-vous tout seul pour ne pas crever, vous, de mes négligences » que vous servirez ce débat pourtant primordial.

      • La responsabilité individuelle devrait avoir un sens pour vous.
        La négligence de mes enfants adulte risque essentiellement de me faire mourir MOI ou ma femme, JE suis responsable de ça, ILS sont responsables aussi, NOUS pouvons en décider en Hommes libres ou en subir les conséquences.
        VOUS ne me sauverez pas ni n’arrêterez cette épidémie et toutes les suivantes en empêchant de vivre tout un groupe de population.
        .
        « La question de l’inadéquation complète des mesures de protection couvre-feu, masques dehors et confinements est un autre débat. »

        Non, c’est le cœur de mon message.
        Relisez mieux.
        .
        « Laissez-moi jouir de mes plaisirs, moi qui ne risque rien personnellement, et débrouillez-vous tout seul pour ne pas crever, vous, de mes négligences »

        Il est désolant qu’un habituellement bon contributeur libéral comme vous utilise maintenant le « renard dans le poulailler » pour s’opposer à ceux qui critiquent le totalitarisme hygiéniste qu’on veut nous imposer.
        Un de vos proche est mort du Covid ?

        • Vous refusez manifestement de séparer le débat sur l’idiotie des mesures hygiénistes de celui sur le totalitarisme. Pourtant, tant que vous ne proposerez pas des mesures sensées et efficaces contre l’épidémie, comment voulez-vous contrer, dans l’opinion, les totalitaires ?
          Et vous n’êtes pas en risque à cause de vos enfants, mais à cause de ceux des autres qui vous contamineront parce que, eux, ils n’ont aucune considération pour vous.

          • Pourtant, tant que vous ne proposerez pas des mesures sensées

            Les miennes n’ont pas changées: libéralisme.
            Les ehpad français sont dans un état lamentables et les soignants payés au lance-pierre.
            .
            Et vous n’êtes pas en risque à cause de vos enfants, mais à cause de ceux des autres

            C’est le maillon le plus proche qui vous contamine et vous ne stopperez pas une épidémie en enfermant la jeunesse, tôt ou tard le virus va se diffuser et c’est alors le libéralisme ou le socialisme qui va sauver les vieux ou les tuer.
            .
            Il y a eu deux morts en suisse hier pour 8,6 millions d’habitants.

            • Le maillon le plus proche, en Ehpad, est le balayeur ou l’aide-soignante. A ceux qui proposent d’enfermer la jeunesse, je réponds qu’il faut plutôt la responsabiliser et la sensibiliser, parce que, excusez-moi, mais lui faire valoir les vertus du libéralisme, bien abstraitement, ça ne marche que dans les rêves.

              • « La jeunesse » ne vient pas balayer dans cette ehpad, ils n’y rentreraient pas tous et, encore une fois, vous n’arrêterez pas l’épidémie.
                .
                « Le balayeur ou l’aide-soignante » ont un nom, ce sont ces individus, proches des gens à risque qu’il faut responsabiliser et former. Ils ne faut pas enfermer tout le monde, juste établir des murailles autour des gens à risque.
                .
                Ça ne me semble pas hors de portée et c’est parfaitement libéral.
                .
                Le problème, encore une fois, c’est qu’ils sont payés au lance-pierre, à deux doigts de la misère et qu’il faut empiler les bureaucrates et les tampons pour la moindre des choses. Rien n’est de nature à favoriser la motivation, la responsabilité, l’initiative et l’intelligence individuelle que j’ai rencontré dans les « ephad » des pays libéraux.
                .
                Sans rapport, à la jeunesse de France je montrerais les fiches des salaire et les taux de chômage des pays libéraux pour commencer et je leur dirais qui si eux ne toucherons pas leur retraite et auront des ephad encore pire que maintenant, ça ira comparativement parfaitement bien dans les pays susmentionnés.

                • Bon, nos positions ne sont pas si éloignées que ça. Mais vous avez déjà essayé de sensibiliser le balayeur ou l’aide-soignante ? Celle qui en rapportant le linge propre à la pensionnaire de 95 ans qui s’habille encore toute seule va s’exclamer : les pantalons avec les petites culottes, c’est le bordel dans votre placard ! Et lui demander de surveiller son comportement et ses fréquentations après le travail ?

                  • Pour 1700 euros, sans aucune considération ni soutiens de la bureaucratie proto-soviétique c’est effectivement difficile.

  • ça crie au loup pour pas grand chose la haut ; imaginez le bazar si un de ces quatre nous avons un vrai virus qui vous dégomme 1 million d’individus par jour dans le monde…. il y aura pénurie de couches pour les dirigeants ….

  • Les commentaires sont fermés.

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