Par Shawn Regan et Tate Watkins.
Un article de The Foundation for Economic Education
Lorsque Terry Anderson et Donald Leal ont publié la première édition de leur ouvrage L’écologie par le marché libre en 1991, leurs idées ont été reçues avec des avis mitigés. « L’écologie par le marché libre est un oxymore et les auteurs sont des benêts », selon un critique.
La croyance dominante de l’époque faisait des marchés la cause de la dégradation de l’environnement et non sa solution. Et l’idée que l’on puisse mettre les droits de propriété au service de l’amélioration de la qualité de l’environnement était contraire à l’opinion populaire selon laquelle la protection des paysages naturels exigeait plus de réglementation et de gestion par l’État.
Mais ce n’est plus le cas. De nos jours, les idées de l’écologie de marché libre sont appliquées de diverses manières novatrices. Les protecteurs de l’environnement utilisent de plus en plus les marchés, les contrats et les droits de propriété pour faire des ressources environnementales des actifs de valeur plutôt que des fardeaux.
De plus, les décideurs publics admettent que les marchés ne sont pas les ennemis de l’environnement mais peuvent, au contraire, fournir de puissantes incitations à l’entretien des ressources.
Comment ces idées sont-elles appliquées aujourd’hui pour transformer la protection de l’environnement ? Voici quelques exemples.
Les marchés et les droits de propriété mettent fin à la tragédie des communs des pêcheries maritimes
Les pêcheries océaniques sont un exemple classique de tragédie des biens communs. Comme l’océan n’appartient à personne, personne n’a de véritable incitation à protéger ses ressources, ce qui rend l’océan sujet à la surpêche.
Pendant des décennies, les États ont imposé des réglementations autoritaires pour lutter contre la surpêche, mais de telles restrictions ont rarement fonctionné. Le raccourcissement des saisons et les arrêts prématurés ont créé des comportements dangereux de compétition de « prime au plus rapide ».
Il en résultait une course au gaspillage, souvent mortelle, néfaste aussi bien pour les poissons que pour les pêcheurs, lesquels tentaient de collecter le maximum de poissons avant la fin de la saison.
Malgré la réglementation la surpêche a continué et beaucoup de stocks de poissons étaient au bord de l’épuisement.
La situation a changé avec le développement de solutions alternatives à base de droits, connues sous le nom de quotas individuels transférables, ou « parts de captures ».
Les quotas donnent aux pêcheurs le droit de prélever une fraction d’un total autorisé, droit déterminé chaque saison par les gestionnaires de pêcheries à un niveau durable. Les pêcheurs peuvent acheter, vendre ou louer des quotas entre eux et ils n’ont plus besoin de se précipiter pour pêcher. Il y a aussi une plus grande responsabilisation sur les prélèvements et une incitation à la préservation.
Les résultats ont été impressionnants. Les réformes de la pêche basées sur les droits ont réduit la surpêche, ont contribué à enrayer la tendance à l’effondrement des pêcheries et ont permis d’augmenter les revenus des pêcheurs.
Selon une étude sur les données de plus de 11 000 pêcheries dans le monde, les parts de captures ont contribué à stopper leur effondrement, voire à inverser la tendance. Elles ont aussi ralenti la « course au poisson » ce qui a amélioré la sécurité de la pêche et a permis aux consommateurs d’acheter des produits de la mer frais toute l’année.
Aujourd’hui, il existe presque 200 programmes de parts de captures dans le monde, y compris plus d’une douzaine aux États-Unis.
Les parts de captures sont aussi utilisées pour réduire les « captures secondaires », c’est-à -dire les espèces que les pêcheurs ramènent dans leurs chaluts sans l’avoir souhaité.
Après l’échec des efforts antérieurs pour réglementer les captures secondaires, les gestionnaires d’une pêcherie au large de la côte ouest des États-Unis ont montré comment le marché et les droits de propriétés peuvent contribuer à traiter le problème.
En 2011, la pêcherie des poissons de fond de la côte ouest a mis en place un programme octroyant à chaque pêcheur un portefeuille de droits de captures sur plusieurs espèces, y compris secondaires.
Si un pêcheur dépassait son attribution il devait racheter des quotas – et en ce qui concerne les espèces surpêchées, le prix était dissuasif. Cela a donné à chaque navire de la flotte une bonne motivation pour éviter les espèces surpêchées qui finissaient auparavant comme captures secondaires, cet aspect essentiel du programme manquait aux réglementations des saisons de pêche précédentes.
Après l’introduction des parts de captures la proportion d’espèces surpêchées prises par les chalutiers a diminué d’environ la moitié. « Avant les parts de captures, une grande partie des prises d’espèces non ciblées étaient rejetées comme captures secondaires », selon un rapport administratif de 2015. « Maintenant que ce soit dans un filet ou dans l’océan, elles sont traitées comme les ressources de valeur qu’elles sont. »Â
Résultat : les populations des espèces surpêchées ont commencé à augmenter à nouveau grâce aux droits de propriété et aux marchés, contrecarrant la tragédie des communs.
Les marchés et les droits de propriété contribuent à résoudre de manière coopérative les conflits d’utilisation des ressources rares en eau
Dans l’Ouest américain, les cours d’eau qui s’amenuisent menacent les poissons, l’habitat de la faune sauvage et les espaces de loisirs. Avec l’expansion du développement et la raréfaction de l’eau, le défi consiste à protéger le débit des cours d’eau tout en répondant aux besoins croissants de pompage vitaux pour les économies locales. Cela entraîne de fréquents conflits juridiques et politiques sur la répartition de l’eau.
Les marchés de l’eau sont une solution pour résoudre ce genre de débats. Lorsque les droits sur l’eau sont clairement définis, vérifiables et transférables, les marchés fournissent une alternative viable aux batailles juridiques et politiques pour l’eau.
En permettant aux utilisateurs de tirer avantage de la négociation, les marchés encouragent les pratiques de préservation et les transferts d’eau mutuellement profitables.
Les marchés de l’eau mettent en relation des acheteurs et des vendeurs de droits sur l’eau afin de résoudre les demandes concurrentes pour divers usages, y compris le renforcement du débit de cours d’eau pour des loisirs et l’amélioration de l’habitat des poissons et de la faune sauvage.
Grâce à des réformes au niveau des États ces dernières décennies, les droits sur l’eau peuvent à présent être achetés, loués ou donnés pour des besoins environnementaux dans la plus grande partie de l’Ouest – ce qui signifie que les besoins en eau incompatibles peuvent être résolus par la coopération au moyen d’échanges sur le marché, plutôt que par des conflits juridiques ou politiques.
Cela n’a pas toujours été le cas. La doctrine d’appropriation antérieure, qui régit la manière dont les droits sur l’eau sont attribués dans l’Ouest des États-Unis, exige que l’eau soit utilisée « avec profit », ce qui signifie généralement qu’elle est détournée pour l’agriculture, les mines ou les municipalités.
Ces exigences compliquent les choses pour ceux qui détiennent des droits sur l’eau car ils ne peuvent pas la laisser couler sans perdre leurs droits et il leur est interdit de transférer ces droits pour des usages écologiques.
Aujourd’hui toutefois, beaucoup d’États de l’Ouest ont commencé à reconnaître les débits réservés comme bénéfiques et à autoriser l’échange volontaire de droits sur l’eau pour améliorer les débits – bien que le degré d’autorisation de ces échanges varie d’un État à l’autre.
Néanmoins, ces changements ont ouvert la voie aux écologistes qui ont adopté une approche de libre marché pour restaurer les cours d’eau par le biais d’échanges commerciaux.
En Californie, l’organisme à but non lucratif Scott River Water Trust paye des agriculteurs afin qu’ils ne pompent pas pendant certaines périodes d’étiage afin de protéger les saumons et les truites.
Au Montana, Trout Unlimited a négocié des redevances sur l’eau avec des agriculteurs et des éleveurs pour protéger les populations autochtones de poissons tout en maintenant des exploitations agricoles viables.
Et en Oregon, le Fonds Freshwater – précédemment Oregon Water Trust – a contracté avec plus de 200 propriétaires terriens pour rétablir le débit de cours d’eau en utilisant diverses stratégies originales, y compris des acquisitions de droits permanents sur l’eau et des locations à court terme.
Pourtant, dans beaucoup d’États, la réglementation et d’autres obstacles juridiques et politiques entravent un usage généralisé des marchés de l’eau.
En 2019 par exemple, Audubon Society a conclu le premier contrat de location d’eau agricole au Nouveau Mexique pour des besoins de maintien du débit, une démarche qui a pris plusieurs années pour aboutir. À présent elle est devenue un modèle pour d’autres transactions dans cet État, ce que d’autres groupes, y compris Trout Unlimited, tentent d’obtenir.
Bien qu’il reste des obstacles, les marchés de l’eau prouvent qu’ils peuvent favoriser la coopération plutôt que le conflit entre utilisateurs concurrents, promouvoir la préservation de la ressource et contribuer à alléger les effets économiques et écologiques de la rareté de l’eau maintenant et à l’avenir.
Les terrains privés jouent un rôle important pour favoriser les réserves naturelles
Les terrains privés jouent un rôle important mais souvent sous-estimé dans la préservation des avantages environnementaux publics qui nous sont chers, qu’il s’agisse de la santé de la faune sauvage, de la propreté de l’eau ou des espaces naturels. Toutefois, la manière dont ces ressources publiques sont liées aux terrains privés n’est pas toujours évidente.
Voyons quelques exemples. Dans la zone périphérique du parc de Yellowstone, une étude récente a révélé à quel point des élans, des cerfs et d’autres espèces gérées par le public vivent sur des terres privées – en particulier de grands élevages et des terres cultivées. En utilisant des colliers GPS, les scientifiques ont montré que les hordes d’élans passent presque la moitié de leur temps sur des terres privées et dépendent presque entièrement de ranchs de basse altitude pendant les rudes mois d’hiver.
Cette étude souligne un fait crucial : les élans et autres ongulés migrateurs qui attirent des millions de visiteurs dans la région chaque année – et remplissent les congélateurs de nombreux chasseurs chaque automne – dépendent pour leur survie des actions des propriétaires terriens privés.
« Si vous êtes un touriste et que vous voyez des élans à Yellowstone, il y a de bonnes chances que ces élans dépendent pour leur habitat d’hiver de la propriété privée de quelqu’un », dit Arthur Middleton, un écologue de l’UC Berkeley qui étudie les migrations des élans de Yellowstone.
Au travers des États-Unis, des propriétaires terriens privés fournissent leur habitat à des espèces chassées et non chassées. Dans l’ensemble, les terres privées hébergent plus de 75 % des zones humides du pays et plus de 80 % des pâturages. Les deux- tiers de toutes les espèces menacées ou en danger se trouvent aussi sur des terres privées.
Ces exemples illustrent une réalité importante qui commence à être largement reconnue : la protection de l’environnement profite au public, mais ce sont souvent les propriétaires terriens qui en supportent les coûts – qu’il s’agisse de pertes directes induites par la présence de faune sauvage, telles que du fourrage perdu, des récoltes endommagées ou la transmission de maladies, ou des coûts indirects en termes de renoncement à utiliser leurs terres pour produire.
Lorsque ces coûts sont élevés, la bonne volonté des propriétaires et leur capacité à continuer de fournir ces avantages publics peuvent être réduites.
Le célèbre protecteur de l’environnement Aldo Leopold l’avait bien compris. En 1934 il a écrit que « ce qu’il faut encourager c’est l’utilisation de terres privées de manière à combiner les intérêts public et privé au plus haut point possible. »
Aujourd’hui beaucoup de protecteurs de l’environnement suivent le conseil de Leopold en travaillant avec des propriétaires terriens privés pour trouver des solutions qui profitent à la fois aux humains et à la faune sauvage.
Dans le Montana, PERC explore des moyens d’aider les éleveurs de bovins dans la zone périphérique du parc de Yellowstone à traiter le problème de la brucellose, une maladie transmise par les élans aux animaux d’élevage et qui provoque des avortements.
Ce projet vise à développer un mécanisme d’assurance pour mieux gérer les risques financiers associés à la brucellose, qui peut être dévastatrice pour les éleveurs et miner leur soutien aux efforts de protection de la nature.
L’outil permettrait de transférer une partie de risques de brucellose transmise par les élans au bétail vers d’autres parties qui acceptent de supporter une partie des coûts, ce qui inclut des organismes de protection de l’environnement, des groupes de sportifs et des investisseurs soucieux de la nature.
PERC travaille aussi avec des propriétaires terriens de Paradise Valley dans le Montana pour élaborer des solutions basées sur le marché qui leur permettent de fournir un meilleur habitat pour des élans, des cerfs et d’autres espèces. Le projet explore la faisabilité de divers outils innovants, y compris des accords sur la présence de courte durée d’élans et des programmes de compensation de perte de fourrage.
D’autres partenaires, comme l’Alliance des propriétaires terriens de l’Ouest et un groupe interdisciplinaire de chercheurs de PERC et de plusieurs universités, collaborent pour développer de nouvelles approches et solutions réglementaires qui aident les propriétaires privés à protéger l’habitat des élans et d’autres ongulés migrateurs.
De tels efforts deviennent urgents. Les pressions pour développer et diviser de grandes exploitations sont préoccupantes dans la région. Alors que les populations de faune sauvage telles que les élans et les grizzlis continuent à croître, on demande aux propriétaires de porter des fardeaux de plus en plus lourds. Les risques de maladie causés par la brucellose sont aussi en augmentation. De nouvelles solutions pour aider les propriétaires terriens privées sont donc nécessaires.
« À terme, la protection de l’environnement se contentera de récompenser les propriétaires privés qui protègent l’intérêt public » a écrit Leopold. Avec 70 % des États-Unis qui sont des propriétés privées, la protection de l’environnement doit tenir la route du point de vue économique pour les propriétaires et, heureusement, les droits de propriété et les marchés aident à mettre ces incitations correctement en place.
Les protecteurs de l’environnement créatifs utilisent les marchés pour fournir des espaces de vie sauvage
Demandez à n’importe quel écologue et il vous dira que pour la protection de la vie sauvage l’habitat est essentiel. De plus en plus, les protecteurs de l’environnement trouvent des moyens innovants de restaurer ou de créer des espaces de vie – pas en faisant des procès ou en réglementant l’utilisation des terres, mais quelquefois tout simplement en payant des gens pour les fournir.
Après que des années de sécheresse ont affecté les zones humides dans la vallée centrale de Californie, Nature Conservancy a élaboré une formule originale. Le groupe a mis en place un programme pour payer les producteurs de riz afin qu’ils laissent leurs champs inondés plus longtemps que d’habitude pour servir d’habitat aux oiseaux aquatiques qui migrent le long du corridor du Pacifique, un itinéraire de 6000 km depuis le détroit de Béring jusqu’en Patagonie.
Les producteurs de riz de la vallée vident leurs champs habituellement en janvier, plusieurs mois avant que les oiseaux arrivent pour leur migration annuelle, mais un champ sec est bien peu intéressant pour des oies migratrices ou d’autres oiseaux aquatiques.
Le programme baptisé BirdReturns, crée des marais temporaires saisonniers garantissant aux nuées d’oiseaux un espace de vie pour une partie essentielle de leur voyage.
« Si les oiseaux viennent ici et qu’il n’y a aucun champ inondé, ils pourraient manquer de l’espace nécessaire pour survivre » dit Brian Stranko, directeur du programme de Nature Conservancy pour l’eau. « Mais si nous payons les agriculteurs pour qu’ils inondent leurs champs lorsque l’arrivée des oiseaux est prévue, alors nous pouvons créer l’habitat dont ces oiseaux ont besoin. »
Depuis le début du programme en 2014, plus de 100 agriculteurs ont participé à la création de 20 000 hectares d’habitat de court terme.
Ailleurs, d’autres groupes trouvent des moyens originaux de contrats de protection de l’environnement. Dans le Montana, le programme Wild Sky opéré par l’organisme à but non lucratif American Prairie Reserve effectue des paiements directs aux éleveurs qui mettent en œuvre des pratiques favorables à la faune sauvage : espaces pour les élans, les antilopes d’Amérique, les ours et autres espèces.
« Beaucoup d’éleveurs travaillent déjà à la protection de l’environnement, mais très peu d’entre eux sont effectivement rémunérés pour ça. » explique Daniel Kinka, un écologue de la vie sauvage de Wild Sky. « Nous pensons qu’en payant les gens pour le travail de protection qu’ils font déjà , ils seront davantage incités à continuer de faire ces travaux et à trouver de nouvelles et meilleures manières de protéger l’environnement à l’avenir. »
Il y a de nombreux autres exemples. La Vermont Audubon Society a développé un label bird-friendly que les producteurs de sirop d’érable peuvent utiliser pour promouvoir leurs produits en échange d’une diversification de leurs forêts pour améliorer l’habitat des oiseaux.
La National Wildlife Federation négocie des rachats de permis de pâturage dans la région de Yellowstone pour réduire les conflits avec les carnivores tels que le grizzly et le loup afin de limiter la propagation de maladies des moutons domestiques vers les hardes de mouflons sauvages.
Et en Ouganda, les protecteurs de l’environnement ont payé des agriculteurs pour qu’ils laissent les forêts intactes afin de protéger l’habitat de chimpanzés en danger et séquestrer du dioxyde de carbone, un moyen qui a montré son efficacité pour combattre la déforestation du pays.
La réglementation est souvent une entrave plutôt qu’une aide à la restauration des espèces menacées – mais ça commence à changer
La plupart des espèces en danger dépendent au moins en partie de terrains privés pour leur habitat. Pourtant, selon la loi sur les espèces en danger, les propriétaires terriens qui fournissent l’habitat des espèces concernées ne reçoivent généralement aucun avantage – en fait, la présence d’espèces en danger peut même devenir une charge.
Comme l’a fait remarquer un ancien administrateur de l’Office du poisson et de la faune, « les incitations sont à l’envers. Si j’ai un métal rare sur mon terrain, sa valeur augmente. Mais si un oiseau rare occupe la place, sa valeur disparaît. »
Le pic à face blanche fournit un exemple classique. Après que l’espèce a été répertoriée en danger en 1970, plusieurs études ont montré que les propriétaires de forêts de Caroline du nord ont commencé à couper les arbres plus tôt ou même à raser entièrement des forêts pour éviter les coûteuses restrictions d’utilisation des terres qui surviendraient si les pics commençaient à habiter leurs terrains.
Plutôt que d’encourager les propriétaires terriens à fournir un habitat qui faisait cruellement défaut, la loi les poussait à le détruire préventivement.
Ces incitations à l’envers sont des obstacles majeurs pour restaurer des espèces – et les résultats le montrent. Depuis que la loi sur les espèces en danger est entrée en vigueur, moins de 3 % des espèces répertoriées ont repris au point d’être retirées de la liste.
Pendant les dernières décennies, les groupes de protection de l’environnement, les propriétaires terriens et les législateurs ont cherché à améliorer la mise en Å“uvre de la loi pour traiter ces incitations vicieuses. Plusieurs outils réglementaires comme les accords d’accueil, les accords de protection potentielle et les programmes de négociation de crédits d’habitats ont été créés pour tenter de fournir des incitations qui favorisent la reprise des espèces plutôt que de la décourager.
Les accords d’accueil et de protection potentielle allègent la réglementation pour les propriétaires qui protègent ou restaurent des espèces en péril. Les dispositifs de négociation d’habitats donnent des incitations aux propriétaires qui fournissent de l’habitat ; leur travail de protection produit des crédits pouvant être vendus à des promoteurs qui acceptent d’acheter des crédits pour atténuer l’impact de leurs projets.
Plus récemment, en 2019 l’Office du poisson et de la faune a adopté de nouvelles règles qui permettront à cette agence d’adapter les protections pour correspondre aux besoins des espèces répertoriées. En particulier, les règles établissent une distinction réglementaire entre les espèces en danger (celles qui risquent de disparaître) et les espèces menacées (celles qui pourraient devenir en danger dans un avenir prévisible).
Ce changement pourrait amener de meilleures incitations à la restauration des espèces. Maintenant, plutôt que d’appliquer la même réglementation stricte aux espèces en danger et aux espèces menacées, l’agence peut construire des protections flexibles pour les espèces menacées qui sont adaptées aux défis de restauration de ces espèces.
Par exemple, l’agence peut émettre des protections de base ne restreignant pas abusivement les activités d’exploitation des terres qui constituent une faible menace envers une espèce et peuvent encourager les actes de gestion améliorant la situation de l’habitat. Et comme les propriétaires terriens peuvent être récompensés par des allègements de réglementation au fur et à mesure que la situation des espèces s’améliore, ou qu’ils peuvent subir plus de réglementation si elle décline, la restauration des espèces sera pour eux un enjeu important.
Les nouvelles règles pourraient se révéler essentielles pour le papillon monarque qui pourrait être ajouté à la liste fédérale cette année. Ce papillon migrateur a pour principal habitat les asclépiades – c’est la seule source d’alimentation des larves de monarque – mais aujourd’hui cette plante est peu disponible en raison de l’augmentation de l’utilisation d’herbicides. En conséquence, avec d’autres facteurs, les populations de monarques ont sévèrement décliné au cours des derniers décennies.
Suivant les anciennes règles, selon lesquelles toutes les espèces répertoriées bénéficient d’une protection complète par défaut, le fait d’inclure le monarque dans la liste des espèces en danger pourrait décourager les propriétaires terriens de contribuer à sa restauration.
Sa seule présence pourrait causer de coûteuses restrictions d’utilisation des terres, ce qui rend improbable la restauration des habitats d’asclépiades par les agriculteurs ou les éleveurs.
La nouvelle réglementation permettrait à l’Office du poisson et de la faune sauvage d’adapter les protections du monarque en tant qu’espèce menacée de manière à encourager les efforts de protection de ce papillon.
Par exemple, des règles pourraient être édictées permettant aux propriétaires inscrits dans un programme de protection volontaire de l’habitat d’être exemptés de certaines réglementations.
En pratique, cela pourrait signifier que tant qu’un agriculteur fait des efforts de bonne foi pour préserver l’habitat favorable au papillon, il ne serait pas soumis à des restrictions ou des sanctions pour avoir effectué des actes courants d’agriculture, même s’il détériore ce faisant une petite partie de l’habitat du monarque.
Ces outils réglementaires sont loin d’être parfaits : pour un propriétaire, les accords de droit d’asile par exemple, sont coûteux et chronophages à conclure avec l’État, et même une fois signés, une espèce en danger peut tout de même devenir une charge pour les voisins dès qu’elle franchit une limite de propriété. Mais la tendance est claire : les protecteurs de l’environnement trouvent des moyens innovants de modifier les politiques pour que les incitations des propriétaires terriens soient plus en phase avec les espèces en péril.
Les entrepreneurs de l’environnement trouvent des moyens de mieux définir les droits de propriété et de réduire les coûts de transaction afin de relever de nouveaux défis
Si les droits de propriété et les marchés sont la clef de l’écologie par le marché libre, alors les entrepreneurs sont ceux qui s’en saisissent pour résoudre des problèmes réels. Chez PERC nous avons notre propre mot pour les désigner : les enviropreneurs.
Pour faire simple, les enviropreneurs utilisent les droits de propriété, les contrats et les incitations de marché pour améliorer l’environnement. Ils voient les problèmes environnementaux avec d’autres lunettes. Là où d’autres voient des échecs du marché et un besoin de réglementation, les enviroprenneurs voient des opportunités de bâtir des contrats innovants qui précisent les droits de propriété flous et réduisent les coûts de transactions pour coordonner les échanges. Le résultat est la coopération au lieu de la compétition de l’écologisme politique.
Hank Fischer est un exemple parfait.
En 1990, alors qu’il travaillait pour l’organisme à but non lucratif Defenders of Wildlife, Fischer a contribué à réduire les conflits concernant la réintroduction du loup dans l’écosystème de Yellowstone avec une approche originale : au lieu de tenter la réglementation ou les procès, il a cherché à compenser les coûts subis par les éleveurs du fait de la cohabitation avec les loups. Son groupe a collecté des financements auprès de passionnés de loups pour créer un fonds d’indemnisation des éleveurs dont les bêtes étaient tuées par des loups.
C’était de l’enviropreneuriat classique. Plutôt que de priver les éleveurs de leurs droits de pâturage ou de mettre en doute leur droit de faire paître leurs bêtes dans la région, Fischer a admis qu’ils avaient ces droits et a travaillé à compenser leurs pertes. Le dispositif n’a pas complètement éteint la controverse – les loups étaient toujours un sujet de discorde et le sont encore aujourd’hui – mais cette approche a substantiellement dégonflé le conflit.
« Mon point de vue c’est que ceux qui soutiennent le retour des loups devraient participer aux frais » a écrit Fischer dans les rapports de PERC en 2001. « Je tente de rapprocher les gens qui ne veulent pas de loup et mon organisme qui s’est engagé sur la restauration des loups. »
Depuis lors, des approches similaires ont été utilisées pour négocier des renonciations à des permis de pâturage dans des zones de conflits chroniques avec la faune sauvage et pour aider des éleveurs à convertir leurs élevages d’ovins en élevages de bovins pour réduire la contagion des maladies des moutons domestiques vers les populations de mouflons sauvages.
Les nouvelles technologies réduisent aussi les coûts de transactions des marchés environnementaux. L’économie du partage, par exemple, révolutionne la manière dont les entrepreneurs mettent en relation les fournisseurs et les demandeurs pour partager des actifs sous-utilisés, tels que des véhicules dans le cas d’Uber et des chambres inoccupées dans le cas d’Airbnb. Les mêmes principes sont mis en œuvre pour relever les défis écologiques.
LandTrust, une société basée à Bozeman dans le Montana, utilise une place de marché dans le style d’Airbnb pour proposer des activités de chasse et d’autres loisirs sur des terrains privés ; et au passage ils fournissent aux propriétaires des incitations pour protéger l’habitat des poissons et de la vie sauvage. Les propriétaires terriens peuvent enregistrer leurs biens, fixer les prix et établir les règles d’accès. Les chasseurs et les pêcheurs peuvent alors réserver des journées. Les utilisateurs sont pré-contrôlés et des systèmes d’évaluation mutuelle construisent la confiance et assurent la responsabilisation.
Qu’il s’agisse d’organismes à but non lucratif ou d’entreprises commerciales, les enviropreneurs utilisent les droits de propriété pour favoriser la protection de l’environnement, quelquefois même en créant de nouvelles formes de droits de propriété.
La location d’habitats de court terme, les quotas de pêche, les autorisations d’accès, les dispositifs d’indemnisation de bétail, les servitudes environnementales et les paiements de services écosystémiques sont essentiellement des efforts d’enviropreneurs pour bâtir de nouveaux droits de propriété qui réduisent les coûts de transaction sur les marchés environnementaux – tout cela en contribuant à la protection des espèces, à la défense des espaces naturels ou à la croissance des possibilités de loisirs.
L’écologie par le marché libre est tout sauf un oxymore
Loin d’être un oxymore, l’écologie par le marché libre fonctionne pour mettre fin à la surpêche, augmenter le débit des cours d’eaux, restaurer la vie sauvage et encourager l’entretien des ressources. La communauté des écologues commence à l’admettre. Aujourd’hui, les approches par le marché ne sont plus taboues. Comme l’indiquent les exemples ci-dessus, ce sont souvent les moyens les plus pratiques de résoudre les exigences incompatibles concernant les ressources naturelles et l’environnement.
Bien entendu, les marchés et les droits de propriété ne sont pas des baguettes magiques. Ils ne résoudront pas tous les problèmes environnementaux. Mais pour beaucoup de difficultés ils apportent une solution viable et séduisante à la place de l’écologie politique.
Et dans les cas où les solutions basées sur le marché n’émergent pas, ce sont souvent des blocages politiques ou juridiques qui les empêchent de s’épanouir – que ce soit par des droits flous ou des restrictions sur les échanges de marché. Lorsque les droits de propriété sont définis et garantis et que les marchés peuvent fonctionner, l’écologie par le marché libre peut se développer.
L’écologie par le marché libre est un concept qui a fait la preuve qu’il favorise la protection de l’environnement dans le monde entier. C’est peut-être une autre nuance de vert mais elle s’avère une partie essentielle du futur de l’écologie.
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Traduction par Contrepoints de The Free Market Approach to Environmental Conservation
https://aspas-reserves-vie-sauvage.org/
Et voilà ce que ça donne en France :
https://aspas-reserves-vie-sauvage.org/manifestation-du-21-aout-laspas-replique-a-la-fausse-polemique-diffusee-par-certains-acteurs-ruraux/
C’est d’un ridicule, 700ha de vie sauvage alors qu’il y a des millions d’ha ou les animaux sont en liberté.. Mais sous contrôle grâce aux chasseurs, aux forestiers etc surment pas grâce aux amis des bêtes.
Ce que dit l’article sur ce sujet, c’est que la propriété privée est le meilleur moyen de régler ce genre de points de vue divergents, chacun pouvant faire – chez lui, et seulement chez lui – ce qu’il veut.
L’ASPAS, en faisant l’acquisition de terrains pour créer des réserves, s’inscrit dans cette logique.
Mais en France il y a des français, qui sous prétexte qu’ils trouvent une idée ridicule, considèrent qu’il est normal de contrôler ce qu’ils font chez eux.
Ça n’a pas de sens, si on veut privilégier la vie sauvage la terre doit leur appartenir, pas de privé, pas de public, ce qui ne peut exister avec un acte de propriété.. Pas exemple dans le cas présent on organise des visites, non on ne visite pas.
Le bois à côté de chez moi est habité par des chevreuils et des sangliers je n’y met jamais les pieds je les respecte. L’absence de prédateurs impose malgré tout la presence de chasseurs, pas des promeneurs du dimanche. En fait, leur 700 ha n’est qu’un grand zoo.
Sinon, privé comme public s’occupent très bien des forêts mais pas dans un but écologique, seulement éviter des forêts vierges… Ça limite les incendies de forêts et le trop plein animal, la prédation du bois etc.
Je pense ça sans doute parceque j’habite la campagne, les animaux vont partie de ma vie, et j’en vois énormément, trop souvent d’ailleurs, la cohabitation est difficile. Si j’habitais en ville je penserais sans doute autrement… Mais pas tant que cela, Fontainebleau, c’est bien, le bois de Vincennes aussi… Je n’ai ni chien ni chat, j’aime les animaux… Libres.
Mais, bien entendu, ils font ce qu’ils veulent sur leur terre mais acheter la terre sans effort en jouant sur le sentimentalisme des gens . Non.
Heureusement que les dinosaures ont disparu notre terre serait aujourd’hui invivable pour les hommes comme peu a peu elle le devient avec les « protecteurs » de la nature sauf des hommes.
Que serait la France si nos ancêtres n’avaient pas éliminé les loups les ours tenté d’éliminer les rats les moustiques les renards les sangliers… ?
Sauver les poissons de la pêche n’a aucun sens, on élève les poissons que nous consommons, on ne vit plus de chasse et de cueillette avec 7 milliards d’hommes ne mourant plus de faim.
Tout cela est bien ridicule, vouloir conserver toutes les espèces. On est vraiment dans une société décadente qui ne regardé plus l’avenir, mais un passé fantasmé.
Autant vivre dans un environnement sain est important, mais sanctifier toute zone humide, tout oiseau est ridicule.
Laissons faire le marché, il s’orientera de lui même vers des modes de production plus vertueux.. ou sous la pression des consommateurs.