Sainte-Sophie : Erdogan se prend encore pour le grand sultan

Avec l’attribution de Sainte-Sophie au culte musulman, Erdogan signifie au monde occidental qu’il est souverain chez lui et qu’il ne compte pas se laisser impressionner par les pays occidentaux.

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Sainte Sophie Istambul by Sauvageonne(CC BY-NC-ND 2.0)

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Sainte-Sophie : Erdogan se prend encore pour le grand sultan

Publié le 20 juillet 2020
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Par Nathalie MP Meyer.

L’ancienne basilique orthodoxe Sainte-Sophie d’Istanbul, devenue mosquée en 1453 à la chute de l’empire byzantin puis transformée en musée religieusement neutre en 1934 par le premier Président de la Turquie moderne Mustapha Kemal Atatürk, est de nouveau consacrée au culte musulman.

Ainsi en a décidé le Président turc Recep Tayyip Erdogan le 10 juillet dernier, pour la plus grande satisfaction des nationalistes et des fondamentalistes religieux qui forment le noyau dur de son électorat.

Ce faisant, Erdogan ajoute une strate de plus à son projet d’enterrer définitivement l’héritage laïque pro-occidental d’Atatürk afin de ramener la société turque dans les limites identitaires de l’islamo-conservatisme, marque de fabrique de l’AKP, le parti de la justice et du développement qu’il a fondé en 2001 et qui lui a permis d’accéder au pouvoir suprême en 2003.

Mais dans un contexte de difficultés économiques croissantes pour la Turquie et de difficultés électorales gênantes pour lui, il en profite aussi, comme souvent, pour raviver la flamme idéologique de ses partisans via des diatribes provocatrices à l’encontre du monde occidental et récemment vis-à-vis de l’OTAN dont la Turquie est membre depuis 1952.

De la Turquie d’Atatürk à celle d’Erdogan

Petit flash-back : devenu Président de la Turquie en 1923 après le démantèlement de l’Empire ottoman consécutif à la Première Guerre mondiale, Mustapha Kemal dit Atatürk, c’est-à-dire « Père des Turcs », entreprend de moderniser son pays avec l’idée d’en faire une nation unifiée, laïque, moderne, orientée vers l’Ouest et tournant le dos à l’Iran.

Les réformes s’enchaînent alors à vive allure : alphabet latin, calendrier grégorien, école primaire laïque et obligatoire, place des femmes dans la société, interdiction du fez pour les hommes, incitations à ne pas porter le voile pour les femmes, etc. Imposées d’en haut et garanties par l’armée, ces réformes laissent des cicatrices profondes dans la société turque et provoquent régulièrement des résurgences religieuses et identitaires.

C’est précisément sur cette aspiration à retrouver les valeurs du conservatisme de l’Islam (prôné par les Frères musulmans1 dont il est un adepte) qu’Erdogan se fonde lorsqu’il crée l’AKP puis accède au pouvoir. Tout au long de ses mandats successifs, il fait de la levée de l’interdiction du voile islamique le symbole de la Turquie qu’il souhaite promouvoir.

Autorisé d’abord pour les étudiantes des universités, le voile fut ensuite réintroduit dans la fonction publique (professeurs et policières notamment) puis autorisé également dans le haut lieu de la laïcité d’Atatürk, c’est-à-dire l’armée (février 2017).

Ajoutez à cela qu’avec le référendum du 16 avril 2017, gagné de justesse dans des conditions douteuses, il s’est arrogé l’ensemble des pouvoirs sur toutes les institutions cruciales du pays et se voit pratiquement assuré de rester Président de la République jusqu’en 2029 – une évolution politique qui confirme en tous points la lente mais effective dérive de la Turquie d’Erdogan vers l’autoritarisme et la ré-islamisation de la société.

Dans ce contexte, la reconversion de Sainte-Sophie en mosquée n’est jamais qu’une étape de plus, mais une étape Ô combien significative et symbolique !

Symbolique, car la basilique orthodoxe fut le premier lieu visité et converti aux rites de l’Islam par le sultan Mehmed II au soir de sa victoire sur Constantinople en 1453. Symbolique encore, car la date choisie pour la première prière a été fixée au 24 juillet prochain, c’est-à-dire la date anniversaire du traité de Lausanne qui, en 1923, actait la fin de l’Empire ottoman et le début de la Turquie laïque de Mustapha Kemal Atatürk.

Erdogan grand sultan ?

Encore une façon pour Erdogan de tourner le dos à ce dernier et de se rapprocher du statut de grand sultan qu’il voudrait incarner sur la Turquie et sur l’ensemble de l’oumma à l’horizon 2023, centenaire de la Turquie moderne et date de départ de sa nouvelle Turquie ré-islamisée.

Et étape terriblement significative au sens où la décision de reconversion émanant du Conseil d’État turc s’appuie non pas sur la Constitution actuelle mais sur le corpus juridique en vigueur du temps de l’Empire ottoman : ce que le sultan Mehmed II a décidé, personne ne peut le défaire.

Autrement dit, le décret d’Atatürk de transformer Sainte-Sophie en musée « offert à l’humanité » a été invalidé non pas parce qu’il constituerait une infraction à la Constitution turque mais parce qu’il contrevient aux lois islamiques qui avaient cours au XVe siècle ! C’est une première, même pour la Turquie, et elle constitue une grave entorse à l’État de droit.

Mais peu importe à Erdogan qui compte bien raffermir ainsi sa position électorale vacillante et mieux faire passer la pilule d’une économie en grandes difficultés :

Dès avant les dernières élections turques, les municipales de mars 2019 qui s’annonçaient plutôt difficiles pour l’AKP et son allié souverainiste d’extrême-droite le MHP, Erdogan avait lancé la possible reconversion de Sainte-Sophie en mosquée dans la bataille électorale pour faire pencher la balance en sa faveur.

À nouveau vainqueur de justesse en voix (51 % pour une participation de presque 85 %), il avait cependant perdu les plus grandes villes, dont Istanbul et Ankara, au profit de l’ancien parti d’Atatürk, le CHP. Encore un symbole, mais peu goûté d’Erdogan qui a commencé sa carrière politique comme maire d’Istanbul.

Sur le plan économique, après une année 2018 marquée par une violente crise de la livre turque qui a perdu 40 % de sa valeur par rapport au dollar américain, 2019 fut aussi l’année où la Turquie est entrée en récession pour la première fois depuis la crise de 2008 avec une inflation qui a dépassé les 20 % et un chômage de l’ordre de 15 % (et 27 % chez les jeunes).

Situation qui ne va pas s’arranger en 2020 avec la crise économique consécutive aux confinements anti-Covid : le tourisme est à nouveau sinistré et les échanges avec l’Union européenne, qui représentent 50 % du commerce turc, se sont effondrés.

Si l’annonce des retrouvailles prochaines de Sainte-Sophie avec le culte musulman a provoqué des scènes de liesse chez les souverainistes et les fondamentalistes turcs, le reste du monde n’a guère apprécié cette nouvelle initiative d’Erdogan.

Les Grecs pour lesquels la basilique byzantine est en quelque sorte l’équivalent orthodoxe de Saint-Pierre de Rome ont immédiatement dénoncé « une provocation envers le monde civilisé ». Même Poutine, modèle d’Erdogan et allié précieux le plus souvent, a fait part de ses regrets.

Moment diplomatique tendu

Cette affaire intervient à un moment diplomatique extrêmement tendu et embrouillé entre les pays occidentaux et la Turquie. En plein conflit avec la Grèce pour la définition de ses eaux territoriales, la Turquie s’est rapprochée de la Libye (avec laquelle elle entretient des relations économiques importantes depuis l’ère Kadhafi) afin d’obtenir d’elle une reconnaissance maritime qui pourrait servir de précédent.

Or selon le ministère français des Armées, la frégate française Le Courbet chargée par l’ONU de veiller à ce que l’embargo sur les armes à destination de la Libye soit respecté, a été le mois dernier la cible de manœuvres hostiles de la part d’un navire turc suspecté par la France de briser l’embargo. Tout ceci intervenant entre deux pays membres de l’OTAN.

Pour corser le tout, la Turquie soutient le Premier ministre libyen adoubé par l’ONU (Fayez al-Sarraj) tandis que la France soutiendrait sans vraiment le dire un autre prétendant (le maréchal Haftar) qui bénéficie de l’appui de la Russie et des Émirats Arabes Unis ! Un sac de nœuds plus balkanique que byzantin dans lequel le rôle de la France manque de clarté.

Dans ce contexte, l’opération Sainte-Sophie apparaît aussi comme une énième manœuvre d’Erdogan (après le chantage aux migrants syriens, notamment) pour signifier au monde occidental qu’il est souverain chez lui et qu’il ne compte pas se laisser impressionner par les pays occidentaux, fussent-ils ses alliés.

Une façon spectaculaire de leur rappeler que l’OTAN ne saurait se passer de la Turquie compte-tenu de sa position privilégiée sur le Bosphore, à l’intersection des intérêts occidentaux, russes et moyen-orientaux.

Toujours est-il que la situation est suffisamment explosive pour que, chez nous, l’hebdomadaire Le Point ait choisi de titrer en couverture de son dernier numéro du 16 juillet 2020 « Erdogan : la guerre à nos portes » sans même un point d’interrogation. Inutile de dire que la Turquie officielle ne décolère pas2.

Pour l’heure, le nouvel ambassadeur de France en Turquie nommé en avril a pu arriver à Ankara sans encombre le mois dernier malgré les restrictions anti-Covid sur le transport aérien, mais il n’a pu commencer effectivement sa mission car il attendrait toujours d’obtenir un rendez-vous avec le Président Erdogan afin de lui présenter ses lettres de créance3. Ambiance… Affaire à suivre.

Sur le web

Pour plus de détails sur l’évolution de la Turquie depuis 1923 et au cours des années Erdogan depuis 2003 :

La Turquie fait parler d’elle, alors parlons de la Turquie I
La Turquie fait parler d’elle, alors parlons de la Turquie II (19 mars 2017)
Quand je « décrypte » la Turquie sur Radio Notre Dame (30 avril 2017)

  1. L’objectif officiel des Frères musulmans, organisation fondée en Égypte en 1928, est la renaissance islamique et la lutte non-violente contre « l’emprise laïque occidentale » et « l’imitation aveugle du modèle européen » en terre d’Islam – de l’anti-Atatürk, en quelque sorte. Mais très rapidement il s’est mué en combat politique (parfois violent), celui d’instaurer un grand État islamique fondé sur l’application de la charia.
  2. En mai 2018, une précédente une du Point (« Le Dictateur – Jusqu’où ira Erdogan ? ») avait déjà déchaîné les foudres des partisans d’Erdogan vivant en France et avait donné lieu à des menaces et des arrachage d’affiches dans les kiosques à journaux.
  3. Il a remis il y a plus d’un mois la copie figurée de ses lettres de créance au représentant du ministère des Affaires étrangères de la République de Turquie. Mais selon les protocoles diplomatiques en vigueur, cela ne l’autorise pas encore à solliciter des audiences du Président de la République et des autres plus hauts dignitaires de l’État turc. Il doit attendre la convocation d’Erdogan.
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  • Excellent article de Nathalie MP Meyer! Entièrement d’accord avec ses analyses. Ce qui me fait dire: Pourquoi cette insistance à vouloir accueillir ce pays dans l’Union Européenne? Ce pays n’a rien a y faire, d’abord et surtout culturellement, ensuite historiquement….. Je ne vais pas retracer l’histoire de la Turquie et je crois que même les plus jeunes d’entre nous se sont déjà fait l’opinion de ce que VEULENT son président et ses suiveurs…..Malheureusement (pour les turcs) des ATATÜRK il n’y en a eu qu’un et s’il avait été suivi et surtout compris, ses habitants n’en seraient pas au niveau que nous pouvons constater actuellement. Dommage…
    Quant à l’Europe, évitons ce qu’en occident nous appelons, « de mettre le vers dans le fruit » car après il sera trop tard! Il faut reconnaitre, qu’à ma connaissance, un seul Président français avait deviné ce qu’il se passerait avec la Turquie: M. GISCARD D’ESTAING! Eh oui! Souvenez vous lorsqu’il voulait faire inscrire dans la constitution européenne que l’Europe était (à l’époque) et restera Judéo-Chrétienne et que tout le monde se moqua de lui…….Il est bien donc vrai, qu’il est important, de nos jours surtout, D’AVOIR DE LA MEMOIRE!!!!

  • Face à la faiblesse occidentale, Erdogan peut tout se permettre en agitant la menace de « libérer » les millions de réfugiés vers l’ Europe.
    Il manque cruellement une voix et personnalité forte pour rabaisser le caquet à ce mégalo en premièrement le virer de l’Otan et deuxièmement d’arrêter de payer des millions d’euros de rançon face au chantage des réfugiés.

  • j’ai vu un documentaire sur la Turquie ; la plus grande partie de la population ne soutient pas erdogan ; mais face à un psychopathe , il vaut mieux se taire si on veut rester en vie ;

  • 1) Ste Sophie a déjà été une mosquée
    2) La Turquie possède ce monument et peut en faire ce qu’elle veut à partir du moment où il est préservé
    3) La conversion de mosquées en églises a aussi été faite (en Espagne après la reconquista)
    4) La Turquie est un pays non européen qui n’a rien à faire en Europe

    • Tant que la rive européenne du Bosphore leur appartiendra ils auront des prétentions à se revendiquer « européen » de toute façon.

  • Il veut être souverain dans son pays? Mais alors Chypre, qu’en est-il?
    Qu’en est-il des Kurdes qu’il massacre gaiement même les captifs?
    Un allié? Alors qu’en est-il de son attitude agressive envers la Grèce?
    Souverain? Mais alors pourquoi a-t-il armé des fous furieux terroristes en Syrie?
    Mais alors pourquoi envoit-il des troupes dans le nord de la Syrie, pourquoi occupe-t-il la partie kurde au nord-ouest de la Syrie, expulsant les habitants des régions occupées?
    Il veut mettre la main sur l’entier de la Libye. Pas de paix négociée.
    Embargo? Que viennent faire ses drones dans ce pays?

    Un allié? Non. Un criminel oui. Khadafi était un ange en comparaison, Assad un saint !!!

  • La France est un peu isolée diplomatiquement sur ce sujet. Les autres pays européens de veulent pas se mouiller: l’unité européenne à son meilleur.

    La France ne doit pas attiser le conflit avec la Turquie au risque de faire passer Erdogan pour la victime. Ce qu’il cherche au fond. On devrait se montrer inflexible notamment sur la tentative de construction d’une base turque à Misrata sans pour autant tomber dans l’affrontement. Renforçons ou faisons des alliances politiques et militaires avec la Grèce, Israël et l’Egypte. Donnons des gages à Chypre en effectuant régulièrement des manœuvres navales près de ses côtes. Traitons avec les nouveaux maires CHP d’Istanbul et Ankara plutôt qu’avec Erdogan. Peut-être alors qu’Erdogan tombera comme un fruit mûr sans que personne n’ait eu à combattre.

  • c’est en 1918, puis au début des années 20 qu’il aurait fallu reconquérir Constantinople et la rattacher à la Grèce.

    Face à l’Islam, seule la force est efficace, le droit international n’est pas reconnu.

    Pour le reste, vu l’état de faiblesse de la France (et le niveau de ses dirigeants), peu d’actions lui sont possibles.

  • Un très bon article ! Je penche vers les idées de « mousquetaire ».

    Je trouve également qu’il faut sortir de cette affaire de chantage aux réfugiés, en en acceptant directement pour soulager la Grèce.

    Cette dernière, pour des raisons que je comprends mais que je n’approuve pas se conduit de manière barbare avec les réfugiés actuels, ce qui ruine la réputation de l’Europe sur le plan éthique qui est un de nos derniers actifs.
    Qu’est-ce que quelques centaines de milliers de réfugiés d’une guerre particulièrement atroce pour 500 millions d’Européens, qui de plus en ont besoin ? On a rarement vu des réfugiés de guerre ne pas vouloir travailler et se retourner vers le pays d’accueil, voir les Vietnamiens chez nous.
    En Allemagne, ce ne sont pas les réfugiés syriens qui posent problème mais, malheureusement pour notre image, des francophones.

    • On a rarement vu des réfugiés de guerre ne pas vouloir travailler

      En partie vrai. Mais quand on voit ce qui se passe en Europe, Allemagne avec ses jeunes « réfugiés » ivres sur des grandes place la nuit, lançant des canettes de bière en verre sur les forces de l’ordre leur demandant gentiment de partir, quand on voit la France, l’Italie, on peut se demander s’il y avait bien une guerre, et si une nouvelle ne disant pas son nom est en cours en Europe.

      Payés 6 mois à rien foutre? OK, mais après 0$, et on cherche un boulot, sinon dehors. Le chantage n’est pas acceptable de la part de jeunes hommes. On est réfugié, on la coince et on travaille ou on se forme. Certains jouent le jeu. Pas tous.

    • sont-ils tous des réfugiés de guerre ??? Par ailleurs, il y a la barrière de l’Islam.

  • Je doute que ce changement d’affectation de Sainte-Sophie ait quelque chose à voir avec « le projet d’enterrer définitivement l’héritage laïque pro-occidental d’Atatürk » vu que Erdogan avait envoyé paître ya environ un an les demandes des musulmans conservateurs demandant cela, en disant notamment que « ils n’étaient déjà pas foutus de remplis la Grande Mosquée juste en face ». Perso, je crois que Erdogan fait du Erdogan : des gros f*ck envers l’Europe, il affirme son pouvoir, et fait à sa tête… Pauvre Turquie…

    • Pauvre Turquie.. Non pauvre Europe, des lâches , de mémoire, j’y ai mis les sandales en 2000, c’est le règne des militaires, hôtels avec barbelés et miradors.. Pas facile de gérer des semi sauvages… Ça me fait penser à l’article de h16, bientôt on aura aussi nos militaires, seule solution pour maintenir un peu d’ordre, toute la côte méditerranéenne est comme ça … Le Maroc un peu moins, mais le roi est là.

      • j’avais fait mon mémoire de sciences politiques sur la Turquie ya 15 ans d’ici : ya un vrai tiraillement identitaire au sein de la population turque entre plusieurs aspects : religieux (athé, laïc, conservateurs), démocratique, géographique (un Stambouliote n’a pas du tout les mêmes aspiration qu’un gars de la campagne proche de l’Arménie), etc. et pourtant c’est un pays, je pense, très unitaire car très nationaliste. Etre un carrefour de cultures, de peuples, de croyances et d’influence n’est pas facile et avec l’Europe qui ne sait pas très bien sur quel pied danser avec la Turquie ou comment la considérer, la Russie qui est toujours en embuscade pour profiter de la faiblesse européenne, des US qui cherchent toujours à avoir leurs bases partout, pas facile.
        Comme pour la Russie, je pense (attention, ça va piquer) qu’un pouvoir fort est pour le moment nécessaire MAIS Erdogan est à la fois trop autoritaire et vise trop ses intérêts personnels.

  • Bel article.
    Je rejoins en partie l’auteur sur le côté « fuite en avant » d’Erdogan. C’est un classique sous toutes les latitudes de faire oublier ses échecs et ressouder sa population face à un ennemi extérieur. Les Argentins avec les Malouines par exemple. Sauf qu’en face, il y avait du répondant en la personne de Margaret Thatcher et qu’elle avait été soutenue par les Européens. Autre temps…
    Celà étant, ça fait des années qu’on voit Erdogan caresser quasi-ouvertement le rêve de renouer avec la grandeur de l’Empire Ottoman et de dénier à l’Europe le droit d’assimiler les citoyens d’origine turque. Sans que ça émeuve grand monde.
    Bref, cette situation est plus qu’inquiétante.

  • Le Saint Empire bruxellois considère qu’il est expédient à court terme de financer le petit dictateur moustachu d’une ancienne puissance, récemment humiliée, historiquement expansionniste, démographiquement résurgente, économiquement à la ramasse, juuuuste à nos portes.
    Forcément, ça va bien se passer…

  • Quand c’est la merde éco, durable, rien ne vaut un petit conflit ou une petite remontée d’un passé plus flamboyant. Erdogan ne déroge aucunement à ce simple constat et habille sous couvert de reconstruction de l’empire ottoman ses vicissitudes internes. Mais comme en 38-39, que des lâches en face pour indiquer la ligne rouge. Cela va être intéressant de voir quand le « sultan » va décider de finir d’occuper Chypre, de s’arroger toutes les ressources de méditerranée orientale, de s’installer définitivement en Libye et en plus de nous balancer les millions de migrants qui trainent dans les multiples camps de ces horizons. Probablement que Merkel va lâcher le double ou le triple de finances UE, imposer définitivement les quotas de réfugiés par pays et peut-être bien l’inviter à inaugurer la plus grande mosquée du monde à Francfort, bientôt construite grâce aux bons conseils des frères musulmans…

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