Jour de libération fiscale du salarié moyen en France

Grâce à des données calculées par EY, l’Institut économique Molinari publie pour la onzième année consécutive son étude sur la pression sociale et fiscale réelle du salarié moyen de l’Union européenne (UE).

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Jour de libération fiscale du salarié moyen en France

Publié le 19 juillet 2020
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Par Cécile Philippe, Nicolas Marques et James Rogers.
Un article de l’Institut Molinari

Ce classement présente la spécificité de chiffrer pour l’année en cours la pression sociale et fiscale réellement supportée par les salariés moyens, avec une méthodologie robuste et uniforme dans toute l’Union européenne à 27, permettant d’appréhender l’impact réel des impôts et charges et de leurs évolutions.

 

Jours de libération fiscale et sociale 2020 du salarié moyen

Source : Institut économique Molinari, calculs réalisés avec EY pour des salariés moyens célibataires sans enfant. *Le Royaume-Uni, sorti de l’Union européenne le 31 janvier, n’est pas intégré dans le calcul de cette moyenne faite sur l’UE à 27.

 

Principaux enseignements français et européens 2020

 

La France reste la championne de la fiscalité de l’Union européenne pour la cinquième année consécutive, en dépit de la baisse d’impôt intervenue cette année :

La libération sociale et fiscale intervient le 19 juillet1, comme en 2019. Le salarié moyen travaille jusqu’à cette date pour financer les dépenses publiques. Il peut ensuite bénéficier, comme bon lui semble, des fruits de son travail.

L’écart est d’un jour avec l’Autriche (18 juillet), de deux jours avec la Belgique (16 juillet) et de 35 jours avec la moyenne de l’Union européenne à 27 (14 juin).

La fiscalité sur le salarié moyen en France ressort à 54,68 % en 2020, en très légère baisse par rapport à l’an passé (-0,05 %) grâce à la réduction de l’impôt sur le revenu, annoncée suite à la crise des Gilets jaunes.

Le gain représente 126 euros en année pleine pour le salarié moyen célibataire. Il est 3,2 fois moins élevé que le changement constaté en 2019, avec une baisse des charges sociales rapportant 403 euros, déduction faite des augmentations de la CSG et de l’impôt sur le revenu.

 

L’Autriche est deuxième avec une libération sociale et fiscale le 18 juillet, un jour plus tôt que l’an passé :

La fiscalité sur le salarié moyen ressort à 54,46 % en 2020, en baisse par rapport à l’an passé (-0,26 %). C’est la conséquence d’une réduction de 25 % à 20 % de la fiscalité sur la première tranche d’imposition sur le revenu.

Prévue pour 2021, cette baisse vient d’être mise en place de façon anticipée, avec à la clef une économie de 350 euros d’impôt sur 2020. Sans cette mesure, l’Autriche aurait été la championne de la fiscalité sur le salarié moyen en 2020, avec une libération sociale et fiscale le 20 juillet 2020.

 

La Belgique est troisième sur le podium, avec une libération sociale et fiscale le 16 juillet, un jour plus tard qu’en 2019 :

L’ex numéro 1 de ce classement (de 2011 à 2015) est devenue, grâce à son Tax shift, numéro 2 (en 2016 et 2017), puis numéro 3 (depuis 2018).

La Belgique reste numéro 3 en 2020 avec 53,76 % de pression sociale et fiscale sur le salarié moyen, en hausse par rapport à l’an passé (+0,13 %).

 

L’Allemagne est sixième du classement, avec une libération sociale et fiscale le 4 juillet, un jour plus tôt qu’en 2019 :

La hausse de pouvoir d’achat est liée à la baisse temporaire de la TVA dans le cadre du soutien à l’économie suite à la pandémie du Covid-19. Le taux standard de TVA, habituellement à 19 %, est réduit à 16% entre le 1er juillet et le 31 décembre 2020.

La baisse de la TVA représente un gain de 257 euros sur l’année, permettant de gagner un jour de pouvoir d’achat, avec une libération sociale et fiscale le 4 juillet. Sans cette mesure, les salariés moyens allemands auraient perdu un jour de pouvoir d’achat par rapport à 2019, avec une libération sociale et fiscale le 6 juillet 2020.

 

Dans six pays, plus de la moitié des revenus liés au travail sont prélevés au titre des impôts et charges :

Il s’agit de la France, l’Autriche, la Belgique, la Grèce, l’Italie et l’Allemagne. Le salarié moyen n’a pas de maîtrise directe sur plus de 50 % des fruits de son travail, son influence sur la prise de décision étant, au mieux, indirecte.

 

En moyenne, la libération sociale et fiscale intervient le 14 juin dans l’Union européenne, un jour plus tard qu’en 2019 :

Pour la première fois depuis six ans, le taux réel d’imposition du salarié remonte. Il est de 45,09 % en 2020, contre 44,85 % l’an passé, soit une augmentation de 0,24 %. Concrètement, un salarié moyen générant 100 euros de revenus avant charges et impôts supporte 45,09 euros de prélèvements obligatoires en 2020. Il peut, in fine, disposer à sa guise de 54,91 euros de pouvoir d’achat réel. C’est 0,26 euros de moins qu’en 2018 et 0,80 euros  de moins qu’en 2010.

Sur un an, 13 pays de l’Union européenne enregistrent une hausse des prélèvements sur le salarié moyen, un est stable et 13 constatent une baisse.

 

Pression sociale et fiscale sur le salarié moyen et évolutions significatives dans les différents pays de l’Union européenne

Source : calcul Institut économique Molinari pour un salarié célibataire réalisé à partir de données EY

 

Le salarié français reste le plus fiscalisé de l’Union européenne

Le salarié français reste le plus fiscalisé de l’Union européenne avec des charges sociales supérieures au pouvoir d’achat réel.

Avant de disposer de 100 euros de pouvoir d’achat réel, le salarié moyen doit faire face à 121 euros de charges et d’impôts en France, contre 120 euros en Autriche, et 116 euros en Belgique.

Par comparaison, la moyenne de l’Union européenne est de 85 euros.

Source : Institut économique Molinari, calculs réalisés avec EY pour des salariés moyens célibataires sans enfant.

 

Le salarié moyen français est en théorie parmi les mieux payés avec 56 461 euros  (huitième rang de l’UE, entre le Danemark et la Finlande), mais son travail est si fiscalisé (54,68 % de charges et impôt sur son salaire complet, premier rang de l’Union européenne), qu’il ne lui reste que 25 589 euros en pouvoir d’achat réel (onzième rang de l’Union européenne, entre la Belgique et l’Espagne).

Pourtant payé comme le Suédois ou le Danois, le salarié moyen français dispose de 17 % de pouvoir d’achat en moins que le premier, et de 31 % en moins que le second.

Alors que son employeur fait face à un coût du travail du même ordre que les pays du Nord de l’Union européenne, le salarié moyen a un pouvoir d’achat intermédiaire entre celui des pays du Nord et des pays du Sud.

Source : Institut économique Molinari, calculs réalisés avec EY pour des salariés moyens célibataires sans enfant.

 

À elles seules, les charges sociales françaises (26 389 euros, premier rang de l’Union européenne) sont plus élevées que le pouvoir d’achat réel (25 589 euros, onzième rang). Elles représentent 103 % du pouvoir d’achat. C’est le record parmi les pays l’Union européenne à 27, en moyenne à 51 %.

 

Davantage de charges et d’impôts ne signifient pas plus de bien-être et de meilleurs services publics

L’étude montre que la pression sociale et fiscale française n’est pas synonyme de mieux vivre.

La qualité de vie semble meilleure dans plusieurs pays ayant une pression fiscale et sociale moindre : c’est le cas de pays à tradition sociale bismarckienne (Allemagne, Autriche, Pays-Bas, Belgique…), des pays beveridgiens (Irlande…), et de tous les pays du Nord (Suède, Finlande, Danemark).

Le croisement avec des travaux de l’OCDE (Comment va la vie ?) montre que la France, première de l’Union européenne en taux d’imposition réel du salarié moyen, n’est que dixième sur les 20 pays de l’Union notés dans l’étude Better Life publiée par l’OCDE. On retrouve des résultats dans le World Hapiness Report 2020.

Ce travail positionne la France douzième sur 27 pays de l’Union européenne.

 

Ces éléments laissent à penser que la pression sociale et fiscale française ne s’explique pas par une offre collective plus attractive. Les prestations sociales et publiques françaises ne sont pas connues pour être « bon marché », comme l’illustrent les travaux récents de l’Institut économique Molinari.

Les retraites

Elles représentent 27 % des dépenses publiques, sont financées quasi exclusivement en répartition. Elles ont un rendement moindre que dans les pays bonifiant les cotisations par l’épargne, la France passant chaque année à côté d’une soixantaine de milliards d’euros de dividendes actions, de coupons obligataires ou de plus-values. Ceci dégrade mécaniquement le rapport qualité-prix des pensions françaises, avec un manque-à-gagner représentant 3750 euros par retraité ou un cinquième des retraites distribuées.

 

L’éducation

Le rapport qualité-prix est moyen, ce secteur représentant 10 % des dépenses publiques. On constate une dégradation du positionnement français, en dépit d’un investissement collectif majeur. Alors que la France dépense 155 milliards d’euros par an, elle n’arrive qu’en dix septième position parmi 27 pays européens. Si la France se rapprochait des pays les plus efficaces dans l’adéquation avec le marché de l’emploi, elle pourrait économiser jusqu’à 43 milliards d’euros par an.2

Sur le web

  1. Le Jour de libération sociale et fiscale est le jour où le salarié moyen arrête en théorie de payer des charges et des taxes et peut disposer à sa guise des fruits de son travail. Cette date, présentée parfois à tort comme le jour ou le salarié cesserait de « travailler pour la collectivité », est celle où il devient libre d’utiliser comme il le souhaite les fruits de son travail. La particularité de cet indicateur de liberté économique est de rendre concrète la situation des salariés moyens de l’UE en intégrant la fiscalité sur le travail (charges sociales et impôt sur le revenu) et la consommation (TVA) de chaque pays. Les calculs des charges sociales patronales, salariales et des impôts sur le revenu sont faits par EY pour les 27 pays de l’UE.
  2. CITATIONS : Nicolas Marques, directeur général de l’Institut économique Molinari, co-auteur :

    « En dépit du changement de discours, la société française reste lourdement pénalisée par l’importance des charges et des impôts sur le travail.

    Nous sommes devenus au fil du temps les champions des charges et des impôts. Conséquence : la croissance est plus faible en France que dans le reste de l’Union européenne. Le chômage reste anormalement élevé, avec 500 000 chômeurs en trop par rapport à la moyenne de l’UE sur les deux dernières années. Nos déficits publics se sont résorbés bien moins vite qu’ailleurs et la dette a augmenté plus vite que chez nos voisins.

    L’année 2019 avait créé une rupture, avec une baisse significative des charges sociales, malheureusement amputée par une hausse de la CSG.

    L’année 2020 est décevante, avec une baisse très modérée de l’impôt sur le revenu. La première tranche passe de 14 à 11 %, mais le seuil d’entrée dans la tranche à 30 % a été abaissée, ce qui réduit l’intérêt de la réforme française. Le gain représente 126 € pour un salarié moyen célibataire. C’est bien moins que les baisses de prélèvements constatées en Autriche, avec 350 euros d’impôt sur le revenu en moins, ou en Allemagne, avec 257 euros de TVA en moins dans le cadre du plan de lutte contre les conséquences du Covid-19.

    L’enjeu reste donc de réduire les prélèvements pénalisant directement les salariés, mais aussi de réduire les fiscalités les pénalisent indirectement. Nos impôts de production hors normes et notre impôt sur les sociétés trop élevé encouragent la modération salariale et les délocalisations, ce sont des erreurs sociétales ».

    Cécile Philippe, présidente de l’Institut économique Molinari et co-auteure

    « La France reste, pour la cinquième année consécutive, la championne des prélèvements obligatoires sur le salarié moyen. On pourrait se réjouir d’avoir en France un fort niveau de prélèvements sociaux et fiscaux, censé favoriser le développement des services publics et de la prévoyance, mais ce n’est pas ce que l’on observe.

    Nos retraites par répartition, qui absorbent 27 % des dépenses publiques, sont moins bien gérées que celles de nos voisins, avec moins de réserves et plus de déficits.

    Nos dépenses d’assurance maladie, qui absorbent 19 % des dépenses publiques, sont mal allouées. En dépit de dépenses de santé significatives, les Français ont subi dans les derniers mois un rationnement des masques de protection ou des tests de dépistages du Covid-19. Début juillet, nous faisions seulement 300 000 tests par semaine, alors que les autorités s’étaient engagées à en faire 700 000 au moment du déconfinement. Un malthusianisme qui risque de se retourner, une fois de plus, contre la société française. C’est incompréhensible, l’expérience ayant montrée que le coût d’une campagne nationale de dépistage est bien inférieur à celui d’un confinement généralisé.

    Nos dépenses d’éducation absorbent 10 % des dépenses publiques. Elles souffrent, elles aussi, d’un mauvais rapport qualité-prix. On constate une dégradation du positionnement français, en dépit d’un investissement collectif majeur. Si la France se rapprochait des pays optimisant l’adéquation entre la dépense éducative et le marché de l’emploi, elle pourrait économiser jusqu’à 43 milliards d’euros par an. »

    James Rogers, chercheur associé à l’Institut économique Molinari, co-auteur

    « En dépit des bonnes nouvelles, les salariés français, autrichiens et belges consacrent toujours plus de la moitié des sommes distribuées par leurs employeurs en charges et impôts.

    Cela vaut la peine de se demander pourquoi ils ne reçoivent pas en retour les retraites les mieux financées, les meilleurs soins de santé ou les meilleures écoles, et pourquoi ils ne sont pas en tête des indicateurs de développement humain ou de bien être ».

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  • Une analyse sur le taux marginal serait bien plus démonstrative. Sauve qui peut!

  • Ça me déprime…..

  • Il ne faut pas aller bien loin pour s’apercevoir qu’il y a un souci en France.
    En Espagne l’essence est moins chère, l’alcool est moins cher, les cigarettes sont moins chères, les parfums sont moins chers (bien souvent -50% vs France), le coût de la vie y est plus faible et par conséquent nous, français, y vivons mieux.
    A chacun de se faire son idée….

  • Tant que les français seront assez cons pour accepter ce vol à main armée de l’état…..

  • Les commentaires sont fermés.

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Par la rédaction de Contrepoints.

Les trois champions de la fiscalisation du salarié moyen au sein de l’Union européenne demeurent l’Autriche, la France et la Belgique, selon un rapport de l’Institut économique Molinari rendu public le 19 juillet dernier.

Le jour de « libération fiscale » du salarié français moyen est le 19 juillet, comme pour l’Autriche, tandis que la Belgique se libère le 16 juillet. Nous sommes bien loin du peloton de tête : Chypre se libère le 14 avril, Malte le 23 avril, et le Royaume-Uni le 11 mai.

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