Heureusement l’État ne laisse surtout pas le marché tranquille

En plus de la mort et des impôts, nous avons eu la peste pangoline et nous avons maintenant le choléra étatique.

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Heureusement l’État ne laisse surtout pas le marché tranquille

Publié le 5 juin 2020
- A +

Par h16.

Mars 2020 : après deux mois à regarder en gloussant des vidéos sur youtube de Chinois s’effondrant dans la rue et d’Italiens s’entassant aux urgences, la France découvre sur son territoire un méchant virus qui fait s’entasser des Français aux urgences. La surprise est totale. Heureusement, l’organisation millimétrique de l’État et son Système de Soins Que Le Monde Nous Envie sont là, et tout va mieux.

Les premiers actes que pose le gouvernement sont aussi lucides que forts : en déclenchant habilement la pénurie complète de masques et de gel hydroalcoolique, nos élites s’assurent rapidement de l’attention du peuple auquel elles expliqueront ensuite, avec un aplomb historique, que le virus se transmet dans les postillons provoqués par la parole, et en même temps que les masques sont de toute façon inutiles voire dangereux.

Cependant, comme il y a pénurie, le peuple comprend qu’il va lui falloir trouver un moyen de fournir les équipes soignantes aux abois puis toute une population qui, confinée, comprend confusément que cette situation ne va pas pouvoir durer éternellement, au plus grand chagrin de cette partie imputrescible d’adulescents qui s’humidifient dès qu’on parle d’être payé à ne rien faire.

Qu’à cela ne tienne : rapidement, la partie la plus industrieuse et la plus généreuse du pays se met donc en tête de fournir masques et protections à ceux qui en manquent. L’affaire n’est pas mince : on parle en millions d’unités de masques à fournir, de dizaines de milliers de blouses, de milliers de visières qu’il va falloir fabriquer avec les moyens du bord.

Incroyablement, les bénévoles sont au rendez-vous : rapidement, couturières, makers (d’ingénieux bricoleurs aux imprimantes 3D hitech) et passionnés s’organisent, se font connaître et se mettent à produire les indispensables protections. Parallèlement, les industriels français, comprenant le problème, détournent rapidement leurs machines-outils de leurs fabrications traditionnelles et les emploient à produire en grand nombre ces masques, ces visières et ces blouses qui faisaient tant défaut. Le peuple a entendu le message du président : « nous chommes zen guerre » a-t-il zozotté dignement, et le peuple a répondu présent.

Des individus débrouillards qui se lancent, bénévolement, dans des productions industrielles de protections personnelles ? Des entrepreneurs qui reconvertissent leurs chaînes de production pour relever le défi pandémique ? Des couturières qui se dévouent ?

Comment, l’intendance suivrait ainsi, prompte et agile, sans cerfa ni trompettes ?

Mais vous n’y pensez pas, malheureux ! On commence ainsi, on laisse les gens improviser, trouver des solutions ingénieuses et peu coûteuses à un problème concret et, de fil en aiguille, on se rend subitement compte de la parfaite dispensabilité de tout un pan de la société française dont la fibre vibre entièrement au chant mélodieux du formulaire administratif sur velin surfin et au rythme chaloupé du tampon caoutchouc aux odeurs bureaucratiques. Et ça, mon brave, ce n’est pas possible, pas même envisageable !

Heureusement, à ce nouveau problème, la France a aussi une solution : l’administration va donc se jeter à corps perdu dans une bataille pied-à-pied avec l’ennemi implacable de l’efficacité et de l’agilité intellectuelle pour y opposer avec une bravoure héroïque les tracasseries administratives de gros calibre en feu roulant, de lourdes normes de sécurité à fragmentation, un esprit en béton borné surcontraint ainsi que les inévitables frappes chirurgicales de missiles législatifs à têtes creuses.

Après deux mois d’âpres batailles où aux morts du covid s’ajouteront bientôt les faillites des entreprises mortes sous les tapis de bombes normatives, c’est la victoire !

Les vilaines forces bénévoles des petites mains volontaires ainsi que les couturières du maquis rendent rapidement les armes : noyée dans un tsunami de contraintes réglementaires toujours plus illisibles, la petite armée du peuple est mise en déroute.

Cependant, la victoire n’aurait pas été totale si seuls les bénévoles avaient été éparpillés à coups de grenades normatives et de décrets chemisés. Là encore, l’intervention de tout l’appareil d’État fut absolument indispensable pour transformer en véritable déroute cuisante ce qui n’était qu’une déception de ces volontaires lancés dans l’aventure.

En cela, on admirera la puissance de la tactique impitoyable de l’administration française pour ainsi écrabouiller toute possibilité de succès, en deux temps solidement exécutés :

Dans un premier temps, l’État feint d’être complètement à la ramasse et laisse ainsi les entrepreneurs se lancer dans la production de ces protections indispensables au corps médical. Rapidement, des millions de pièces sont produites qui trouveront preneurs, sans mal.

Dans un second temps, ayant fort à propos complètement oublié pourquoi ces productions n’existaient plus depuis un moment sur le sol français, l’État réimpose rapidement ce qui a provoqué cette disparition : charges sociales invraisemblables, contrôles de sécurité tatillons, normes sanitaires à la précision micrométrique, contraintes administratives kilométriques, tout rentre dans l’ordre et inévitablement, alors que la méchante concurrence mondiale (pas du tout contrainte par les mêmes pousse-cerfas) déferle sur l’Hexagone, la production, devenue subitement fort chère devant une concurrence agile et bon marché, ne trouve plus d’acheteurs.

Outre le timing diabolique de ces productions qui arriveront, comme les tests, juste au moment où plus personne n’en a vraiment besoin, timing qui doit aussi aux instructions claires et à l’attitude exemplaire de notre gouvernement dans sa gestion de crise, on se devra d’admirer la situation actuelle, où une masse considérable d’entreprises produisent maintenant un bien plus cher que partout ailleurs et vont lentement mais sûrement essuyer de nouvelles pertes, ce qui va assez probablement pousser l’un ou l’autre crétin thermophile qui nous gouverne à vouloir les subventionner afin de se garantir une page ou deux dans la presse idiote du pays.

Le confinement a transformé une crise sanitaire notable en catastrophe économique d’ampleur centenale. La France aurait cependant pu s’en sortir si, simplement, les politiciens avaient parié sur la liberté et la responsabilité de leurs concitoyens. Ils ont choisi de les considérer comme des enfants irresponsables et un peu idiots, en les noyant sous les injonctions paradoxales. Ils ont choisi de protéger leurs tendres fesses politiciennes en se bardant de normes et de règlements écartant minutieusement toute responsabilité de leur part.

Au résultat, en plus de la mort et des impôts, nous avons eu la peste pangoline et nous avons maintenant le choléra étatique.

Quel régal !

—-
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  • J’ai l’impression que le principal problème est que, comme aux USA, les gens sont de plus en plus promptes à porter plaintes pour tout et n’importe quoi.
    À partir de là, le cercle vicieux est enclenché :les risques juridiques entraînent la création de normes qui elles-même contribuent à rendre instable tout projet sous la menace de plainte.

    Ma question est la suivante: comment sortir du cercle?
    Comment être sûr que l’on ne perdra pas face à un plaignant qui a chopé le covid malgré le masque ?

  • attendez maintenant on a des tonnes de masques sur les bras.. mouarf

  • ça a dut bigrement les emmerder tout ces clowns du gouvernement de s’apercevoir que les gens pouvaient prendre les choses en mains rapidement quand il y avait urgence ; quelle gifle !!!

  • « nous chommes zen guerre »

    Peut-être avait pensé en guère? On ne le saura jamais. Mais dans la langue approximative des politiciens, ce sont des synonymes.

    l’un ou l’autre crétin thermophile qui nous gouverne à vouloir les subventionner afin de se garantir une page ou deux dans la presse idiote du pays.

    Pas si crétins, puisqu’ils ont trouvé plus bête qu’eux : ceux qui gobent toutes leur âneries. Puisque ce ne sont pas les thermophiles qui payent ces pages de publicité, pourquoi se gêneraient-ils?

    missiles législatifs à têtes creuses
    Leur seule « utilité » de ces dés pûtés. Précisément, nuisibilité.

    À force de donner du Doliprane,
    Cela donne un joli crâne.
    Ils préfère un crâne qui résonne
    plutôt qu’une tête qui raisonne.

  • Joli, « peste pangoline ». C’est peut-être l’expression qui passera à la postérité.

    • J’ai beaucoup aimé l’expression « missile législatif à tête creuse ».
      Cela m’a fait pensé à la loi sur le téléphone portable dans les établissements scolaires d’il y a quelques années qui n’aurait jamais dû exister, là où une simple circulaire administrative incitant les directeurs d’établissement à mettre à jour leur règlement intérieur de façon appropriée aurait dû suffire…
      L’infantilisation et le commerce de la peur sont les deux mammelles de la technostructure à la Française.
      CPEF
      Merci H16

      • Ahah oui pas mal non plus. J’aime les bons mots d’h16.

        Eh oui que voulez vous, bidouillage et copinage sont les deux gamelles de la France. CPEF (Ce Pays Est Français… donc peu d’espoir d’évolution en dehors de crise majeure)

  • Bien vu ; mais ce n’est malheureusement pas nouveau ; nous avons adoré les taxis de la Marne , nous adorons nos couturières bénévoles mais dans un cas comme dans l’autre il ne faut pas que l’état soit redevable et l’administration est là pour y veiller quitte à finir de ruiner le pays !!!!!

    • Bel exemple,

      Monsieur Renault des fameux taxis est mort dans les prisons françaises pour avoir occupé ses ouvriers de Billancourt à fabriquer des pièces pour l’occupant au lieu de les laisser envoyer au STO en Allemagne…

      Tu peux rendre mille services, il suffit de déplaire une fois aux maîtres et ‘paf le chien’ !

      ‘ Kim Jong Machin ‘ ?
      – pas mieux…

  • Dans cette histoire l’Etat, c’est celui qui casse sciemment les 2 jambes, apporte une paire de béquilles bancales et attend d’être remercié pour sa bonne gestion du problème.

    • Vous avez oublié, avant les béquilles bancales :  » réunit dans l’urgence une équipe d’héroïques expert qui, en seulement une semaine, parvient à rédiger un document de 36 pages d’une 42.853° norme, précédées de 9 pages d’auto-glorification et de refus de responsabilité » ( cfr AFNOR pour les masques )

    • Et, en plus, vous fera tôt ou tard, payer les béquilles….

  • c’est bien ce que je pense et qui me désole de plus en plus. « Ils » nous prennent pour des cons et des irresponsables. Et c’est comme d’habitude, comme toujours… tout le monde est puni à cause de quelques irresponsables dont certains sont même élus! Désespérant !!!

  • pour moi…le plus affligeant et inquiétant a été indignation quand des masques ont enfin été achetables en grandes surfaces..
    c’est foutu quoi..

  • Le virus a été une aubaine pour l’Etat. Il a bien noté que les citoyens étaient prêts à suivre n’importe quelle injonction de l’Etat même celles qui détruisent l’économie et les met au chômage.

  • Bravo !
    ‘Peste Pangoline’ , cela sonne décidément mieux que le sanitairement correct COVID-19.

  • h16 s est surpassé !! Il n y a qu un point où je n ai pas la même certitude c’est de parier sur la responsabilité citoyenne individuelle pour contrer la maladie. Dans notre pays « foutu » comme le dit souvent h16 il n y a plus aucun respect de l’autorité. L exemple de la manifestation d il y a quelques jours à Paris 20000 personnes alors que le processus de déconfinement prévoit 10 personnes maxi.

  • Vends masques a perte, vente interdite par la loi mais autorisée par décret…

  • Relation magistrale de quelques uns des faits marquants de ces 5 derniers mois ! La France aurait bien pu s’en sortir, sans les parasites nuisibles que sont les politiciens, qui n’ont ce pouvoir de nuisance que parce que nous le leur accordons.

  • Les commentaires sont fermés.

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