« Green New Deal » : game over

C’est l’ensemble de la transition énergétique des États européens qui risque de s’étioler.

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Ecologie (série) By: Bastien Konfourier - CC BY 2.0

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« Green New Deal » : game over

Publié le 26 mars 2020
- A +

Par Drieu Godefridi.

Le Green New Deal de la Commission européenne1 a vécu. Annoncé avec fracas et l’enthousiasme d’une presse acquise aux thèses écologistes échevelées, ce grand deal d’un coût de 1000 milliards d’euros ne survivra pas à la crise.

Le motif en est simple : le Green New Deal (GND) comme l’ensemble de la « transition énergétique » repose, entre autres mais principalement, sur un mécanisme qui consiste à forcer la consommation d’énergies dites renouvelables aux dépens des énergies fossiles et du nucléaire. Ce forçage prend différentes formes, dont l’ajout d’une ligne « énergie renouvelable » sur la facture des consommateurs d’énergie.

Des énergies renouvelables intermittentes

En effet, les énergies renouvelables (éolien, solaire)2 sont intermittentes ; leur production implique

  • le maintien alternatif de sources non renouvelables et nucléaires
  • l’adaptation du réseau de distribution électrique à des sources intermittentes pour lesquelles il n’est pas conçu ; par exemple, pour gérer la surabondance en cas de grand vent ou l’absence totale d’aucune production.

Tenant compte des coûts impliqués par leur caractère intermittent, les énergies renouvelables sont et resteront plus onéreuses que les autres sources d’énergie.

Par conséquent, ces énergies ne peuvent être mises en service que par la sanction de l’État, qui oblige à les produire, les consommer et les financer. Rien ne distingue, par nature, cette obligation de payer — fût-ce par le moyen de la facture électrique — d’un impôt.

Au-delà des énergies dites renouvelables, il n’est pas une seule rubrique du « Deal » qui ne se laisse réduire, en dernière analyse, à un surcoût imposé au contribuable et au consommateur, en direct ou via le mécanisme de l’impôt. Quand on force le propriétaire d’un bâtiment à l’isoler ou le rénover, fût-ce par la mise en paiement d’une prime finançant partiellement les travaux, la charge économique finale est supportée à la fois par le propriétaire du bâtiment, et par le contribuable. A fortiori en va-t-il de même de l’instauration, prévue par le GND, de mécanismes apparentés à une « taxe carbone ».

Mille milliards d’impôts supplémentaires

Ainsi le « Green New Deal » revient-il, en dernière analyse, à faire supporter aux Européens 1000 milliards d’impôts supplémentaires, répartis dans l’infinie variété des instruments fiscaux à la disposition de nos États.

Ce qui est possible, et concevable dans une société de (relative) abondance économique, qui reste « liquide » (monétairement parlant), devient inconcevable dans une société qui subit un choc économique sans précédent depuis 1945.

Dans une telle société, aucun impôt supplémentaire ne peut être levé car il n’existe aucune base taxable qui le permette. En réalité, par la réduction brutale de la base imposable, c’est une fraction notable du pouvoir d’imposition des États qui vient à disparaître.

En résumé, nos États devront sacrifier une fraction significative des impôts actuels, fût-ce au titre d’un « moratoire » ; ils ne pourront en aucune façon, même par le moyen de l’emprunt, ajouter de nouvelles impositions, a fortiori d’une ampleur aussi pharaonique que le « Green New Deal ». Exit le deal.

Par les mêmes motifs, c’est l’ensemble de la transition énergétique des États européens — qualifiée superbement de « irréversible » et « juste » par les élites de l’UE — qui risque de s’étioler.

Pour de nombreux ménages, la crise implique à commencer par les plus modestes et ce qui reste de la classe moyenne3, un retour aux fondamentaux : se nourrir, se déplacer, se vêtir, pourvoir aux besoins élémentaires des siens.

En Europe comme partout ailleurs, l’énergie est au fondement de la satisfaction de chacun de ces besoins vitaux. On ne se déplace pas sans énergie, pas plus qu’on ne peut produire de nourriture, se vêtir, ni rien produire sans énergie4.

Différents modes de production énergétique sont à notre disposition ; de plus coûteux, et de moins coûteux. Les plus coûteux — les énergies dites renouvelables, qui ne sont consommées qu’en raison et proportion de la sanction de l’État — laisseront par nécessité la place aux moins coûteux.

Cette tendance est renforcée par l’effondrement du prix du pétrole qui, en raison de la dissolution de l’« OPEC+ » par la Russie, puis la suspension de fait de l’OPEC par l’Arabie Saoudite, restera avec nous pour le futur prévisible.5

La transition énergétique autoritaire ira bientôt rejoindre dans sa tombe pharaonique le « Green New Deal ».

  1. Label officiel The European Green Deal: https://ec.europa.eu/info/sites/info/files/european-green-deal-communication_en.pdf
  2. L’hydroélectrique, qui répond à des conditions géologiques spécifiques et qui est largement antécédent à l’écologisme comme idéologie, n’est pas intermittent.
  3. Christophe Guilluy, No society. La fin de la classe moyenne occidentale, Flammarion, 2018.
  4. Samuele Furfari, Énergie 2019: Hystérie climatique et croissance des énergies fossiles, 2020.
  5. « Putin Won’t Blink First: Putin Rejects Potential US ‘Intervention’ In Russia-Saudi Oil War », Zerohedge, 20 mars 2020.
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  • pas trop tôt que ces inepties s’arrêtent

  • Une très bonne nouvelle au coeur de la crise du Covid19. J’espère que vous avez raison, que l’Etat après avoir poignardé le contribuable, ne lui tirera pas une balle dans le pied…

  • En attendant, combien de pognon a été englouti pour rien dans ces gadgets inutiles ??

    • l’allemagne a elle seule a dépense plus de 500 milliards et encore je ne crois pas que cela prend en compte la destruction de leur parc de centrale nucléaire parfaitement fonctionnel.

    • Les subventions accordées au photovoltaïque en France représenteront « 2 Md€ (milliards d’euros) par an jusqu’en 2030 (soit 38,4 Md€ en cumulé) pour un volume de production équivalent à 0,7 % du mix électrique. » », et que « la pleine réalisation des appels d’offres de 2011 et 2013 sur l’éolien offshore coûterait aux finances publiques 2 Md€ par an pendant 20 ans (soit 40,7 Md€ en cumulé) pour un volume équivalant à 2 % de la production électrique 1. »  (Rapport de la Cour des comptes « Le soutien aux énergies renouvelables » – mars 2018 – Voir aussi : La Cour des comptes alerte sur le coût des EnR – Avril 2018)
      … Des milliards pour 2 + 0,7 % du mix électrique !

      http://ecologie-illusion.fr/paradoxe-energies-renouvelables-gratuites-ruineuses.htm

  • Cette crise peut être en effet une occasion de remettre les priorités dans le bon sens.
    Mais méfions-nous, les élites sont obstinées et les citoyens ont souvent une mémoire de poisson rouge…

    • Ne dénigrez pas les poissons rouges! Les gens n’ont aucune mémoire, la preuve ils ont déjà oublié que nous n’avons reçu AUCUN masque ni qu’aucun test n’est disponible, mais ils font en majorité confiance à Macron pour son inaction, il a gagné 13 points dans les sondages!

    • Plus intelligents que le reste de la planète les français savent que le mieux est de ne rien faire du tout, laisser l’économie se ruiner et les gens se retrouver chômeurs. Il est vrai qu’il n’y en a que 6 millions. C’est incroyable, mais c’est l’exception française!

  • Le drame de l’épidémie du coronavirus chinois contaminant le monde entier a une conséquence indirecte, la réduction sensible des émissions de CO2 anthropique en Chine, en Europe, aux USA. Les plus gros émetteurs mondiaux n’émettent plus qu’une fraction de leurs émissions habituelles. Plus aucun cargo ou presque pour transporter les cargaisons du commerce mondial à l’arrêt, plus d’avions gorgés de touristes, presque plus de voitures particulières parcourant des milliards de km, des camions encore mais moins nombreux, réservés aux produits de première nécessité et aux livreurs par correspondance, de nombreuses usines polluantes à l’arrêt, les chantiers de construction au ralenti ou arrêtés… Pour faire masse, il ne reste que le chauffage (plus pour longtemps avec les beaux jours qui viennent dans l’hémisphère nord) et l’électricité (dont la consommation est de fait réduite).

    Le pilier fondamental justifiant la théorie du RCA consiste à prétendre que l’activité humaine est responsable (coupable) de la majeure partie de la hausse du CO2 atmosphérique depuis plus d’un siècle. Si cette théorie est exacte, une réduction aussi magistrale et soudaine de l’activité humaine ne peut pas ne pas être objectivement détectée par les sites de mesure, notamment le fameux site de Mauna Loa faisant référence. Trois hypothèses à ce stade.

    Si les courbes montrent une chute nette et brutale puis un rebond tout aussi significatif lors de la reprise de l’activité, le pilier de la théorie sera confirmé et le débat sur l’influence du CO2 sur le climat pourra se poursuivre, puisqu’il n’est pas clos (et ne l’a jamais été). A ce titre, on se souvient qu’un doublement du CO2, naturel ou anthropique, ne peut conduire à plus de 0,5°C d’augmentation des températures. On en est encore loin.

    Si les courbes frémissent à la marge, on pourra mesurer la part réelle de l’activité humaine noyée au milieu de la masse des émissions naturelles de CO2. Les études scientifiques devront en tenir compte pour pondération. Les politiques ne pourront pas ignorer l’information sapant une bonne part de leur justification.

    Enfin, si les courbes demeurent globalement inchangées, si une chute aussi importante de l’activité humaine est indétectable, le monde entier aura acquis la preuve absolue et définitive que l’évolution du CO2 atmosphérique est essentiellement naturelle, que le RCA est une vaste supercherie, que les politiques climatiques sont des monstruosités économiques, que les transitions énergétiques sont un incroyable gâchis de ressources rares et précieuses. Les précieuses études du GIEC et ses 97% de consensus imaginaire finiront en tri vertical. Dans quelques siècles, des historiens enseigneront à leurs étudiants ébahis ce cas d’école d’hystérie collective à l’échelle du monde, avec le même regard condescendant que nous portons aujourd’hui sur les peurs de fin du monde de l’an mil.

    • « le débat sur l’influence du CO2 sur le climat pourra se poursuivre, »
      Encore faudrait-il qu’il ait été ouvert…

    • +1000
      Et serait-il crucial que l’arrêt de l’économie dure suffisamment longtemps pour que l’interprétation de la variation soit indiscutable?

  • Dieu vous entende!
    Mais avec tous les fous qui croient diriger l’europe et les pays qui la composent, le pire est souvent probable.

  • Ca va être néanmoins compliqué: j’ai eu récemment, une discussion avec un jeune fonctionnaire du ministère du dev’dur’ qui m’affirmait avec aplomb, que le coût de l’éolien allait devenir compétitif vs nucléaire, même en tenant compte l’intermittence et le coût du backup. J’ai eu la même discussion (ou absence de discussion) avec la même personne, il y a 5 ans environ. La seule différence notable était que l’éolien migrait désormais en offshore.
    vous allez voir, faites moi confiance…
    L’échec de l’Energiewende allemand n’est manifestement pas une preuve tangible pour certains fonctionnaires français.

    • Un fonctionnaire français, surtout écolo-socialiste, n’a que faire de la réalité et de ce qui se passe dans le monde. Il a raison, point barre car il est omniscient.

  • On aimerait partager votre optimisme!
    Si les étatistes faisaient des calculs économiques, cela se saurait!
    Leur unité de compte, c’est le pouvoir, et ils ne vont pas renoncer si facilement à l’expropriation galactique qu’ils ont préparée en trente ans de propagande intense et de transformation de la population et des grands businesses en esclaves/soutiens de leur projet.

  • Le vent et le soleil sont gratuits, mais les énergies renouvelables… Il faut les subventionner !
    La CSPE sur nos factures d’électricité sert à décarboner notre électricité… qui est déjà décarbonée ! trouvez l’erreur.
    « À quoi sert de décarboner une électricité… qui est déjà décarbonée ? »
    En France nous jetons des dizaines de milliards de subventions dans un trou noir.
    Dans un trou noir dont il ne ressort rien, juste un filet d’électricité.
    C’est normal, le métier d’un trou noir est de ne rien laisser sortir.

    http://ecologie-illusion.fr/paradoxe-energies-renouvelables-gratuites-ruineuses.htm

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