Par Martin.
Je m’appelle Martin, j’ai 27 ans et ma petite amie, Marie, est professeur de français dans un collège d’Aubervilliers. Nous sommes ensemble depuis près de deux ans, nous avons la vie devant nous et surtout, des idées plein la tête.
Monter un atelier théâtre avec mes élèves – Marie
Partir habiter à Lyon, Marseille, Bordeaux peut-être – Martin
S’offrir des vacances en van ! – Martin
Apprendre à naviguer comme de vrais matelots – Marie
Devant ces idées, et surtout la deuxième, se dresse un mur : celui d’une institution vieillissante, proposant à Marie une vie un tout petit peu différente.
Marie, 26 ans, a choisi cette profession par vocation. Chez elle, l’envie d’apprendre et de faire apprendre est innée. Marie aime bachoter ses cours, les rendre pétillants, étonnants, dynamiques et souriants. Elle aime son collège REP+. Elle aime voir ses élèves s’émerveiller de l’héroïsme de Sonita Alizadeh comme de celui d’Hector, ou au contraire, s’indigner des mÅ“urs légères de Zeus.
Elle aime aussi l’équipe pédagogique qui donne son maximum pour offrir le meilleur à ces gamins, bientôt adultes. Ce qu’elle aime moins, c’est la rigidité du système.
Un jour, au hasard d’une conversation lors d’un dîner, je lui ai dit : « et Bordeaux, ça te tenterait Bordeaux, ou Lyon, ou non Marseille ? » À ce moment-là Marie a levé les sourcils et a commencé à m’expliquer pendant de longues minutes un système qui, mon Dieu, m’a laissé sans voix.
Allons droit au but.
Pour l’Éducation nationale, bouger d’un établissement à un autre ou d’une région à une autre se résume à une idée : plus vous avez de points, plus vous êtes éligible à une mutation. À croire que les hauts fonctionnaires de l’Éducation nationale sont de vieux maîtres encore nostalgiques de l’époque des bons points distribués aux écoliers !
Bref, jusqu’ici je crois comprendre et réponds donc à Marie : « Eh bien, tu as combien de points, toi ? Vu comment tes collègues et ton proviseur apprécient ton boulot, ça devrait être facile non ? »
Détrompez-vous mes amis. La performance d’un professeur n’est en rien reliée à son nombre de points. Autrement dit, être bon ou mauvais professeur, là n’est pas la question.
« Mais où donc est la question ? » dis-je à Marie.
Eh bien les critères de points nous viennent tout droit de l’ancien temps.
Pour les premiers :
– Ancienneté
– Grade (titulaire du CAPES ou de l’Agrégation)
Pour les autres là , c’est chapeau :
– Situation maritale
– Nombre d’enfants
– Situation géographique des enfants et du conjoint
– Santé des enfants
– Bla bla bla
Se joue donc ici un drame : celui d’offrir de la flexibilité (mutation etc.), non pas aux professeurs les plus inspirants mais à ceux qui suivront au plus près le schéma de vie dessiné par nos élites.
Pire encore, de quel droit l’Éducation nationale choisit-elle ce qui est de nature à être rémunéré de points ou non ? Est-on en droit de se demander combien de mariages ont été célébrés au nom de la mise en conformité avec le système ? Sommes-nous en train d’inciter les professeurs à préférer un modèle de vie plutôt qu’un autre ?
Marie souhaite avoir des enfants. Mais si demain elle n’en voulait plus ou ne pouvait pas en avoir ? Est-ce la traduction d’une obligation de vivre à Aubervilliers pendant les 20 prochaines années ? Marie souhaite se marier. Mais si demain, elle change d’avis, est-ce la traduction d’une obligation de vivre à Aubervilliers pendant les 20 prochaines années ?
En tant que salarié du privé, on m’a souvent répété que ma vie en dehors du travail ne devait jamais m’empêcher d’accéder à un droit ou une promotion dans l’entreprise. Par exemple, il est aujourd’hui interdit de demander l’orientation sexuelle d’un candidat ou son statut marital lors d’un entretien. Par ailleurs, dans le cadre de son entretien annuel le salarié du privé est jugé sur des résultats concrets et est potentiellement augmenté au regard d’indicateurs de performances objectifs.
Mais alors que poursuit-on exactement dans l’Éducation nationale ?
Dehors la performance de nos professeurs, pourvu qu’ils soient de bons pères et mères de famille ? Est-ce là le seul critère auquel nous ayons réellement pensé pour juger la qualité du travail d’une profession millénaire ?
Je vois tous les jours de jeunes entrepreneurs révolutionner le monde de l’agriculture, de la photo, des réseaux sociaux : mais qu’en est-il de notre capacité à réaligner le système d’attribution des postes sur des critères moins patriarcaux et plus objectifs ?
Je pense qu’il est urgent de refondre le système de points de l’Éducation nationale. Il faut absolument y intégrer un paramètre de performance pondéré de manière à l’imposer comme un critère majeur. Bien sûr, il s’agit là d’un chantier complexe mais nécessaire sous peine de voir notre système basculer dans la caricature du travail, famille, patrie et récompense !
çà ne convient pas? demissionnez..
ben si henry a raison… il est probable que les critères ont été décidés conjointement avec les syndicats.. donc pour changer ça …
Ces critères actuels sont juste du bon sens !
Qui favoriserait le départ de ses meilleurs éléments ?
quand les gens démissionneront en masse , la structure devra modifier sa relation avec les enseignants.. là le fameux « statut » les a émasculés
et geindre ne sers a rien, au contraire
Vous rêvez éveillé Claude Henry. Les gens sont morts de trouille à l’idée de perdre leur « statut ».
Jamais il n’y aura de démission en masse. Et quand les gens ont un minimum de confiance en eux ils reçoivent des balles de défense (!!!) dans le visage.
Dites vous bien une chose, il n’y a pas de RH à l’EducNat. Même pas un embryon, rien. Ce système de points n’a qu’une ambition : assurer la sacro-sainte EGALITE.
quand les profs de l’ed nat oseront saisir la nature réelle de leur travail…
un professeur doit appliquer les directives educatives de l’ed nat..point…
peu importe si ses élèves ne progressent en rien.. c’est secondaire pour sa notation.
L’auteur de l’article ne va pas assez loin dans sa logique car si liberté signifie mérite, mérite ne signifie pas liberté. Sa petite amie devrait pouvoir postuler pour l’Etablissement de son choix et le chef d’Etablissement recruter le prof de son choix. C’est aussi le meilleur moyen de satisfaire réciproquement les besoins.
vous oubliez la gestion pointilleuse des syndicats
L’éducation n’est pas du ressort de l’état . Privatiser l’enseignement est le seul moyen de remonter la pente . Dans un premier temps le chéque éducation versé aux établissements, un tronc commun, la fin de la carte scolaire et l’éjection des pédagogistes, et la mise en concurrence des établissements
Une bien mauvaise analyse…
Il semble au contraire que le but de l’Educ Nat soit exactement le contraire.
Impréparation au travail et destruction de la famille et de la nation qui n’est jamais qu’une famille élargie.
Votre amie aurait dû se renseigner avant de choisir cette filière. Pratiquement toute la France de l’EN, veut aller à Bordeaux, à Lyon ou sur la côte d’Azur. Peu rêvent de rester 20 ans à Aubervilliers ou Maubeuge. Et puis, environ 99% de la profession estiment faire du super boulot, se décarcasser pour les enfants, avoir un rôle social, et patati et patata… Je sais c’est dur de faire faire des erreurs, mais il faut les assumer. L’E.N. est un repaire de socialistes et communistes tous plus donneurs de leçons les uns que les autres, avec un complexe de supériorité comac (en rien justifié).
Alors, je ne vais pas pleurer sur votre triste sort.
pourquoi vous croyez qu il y a plein de prof qui font des PACS bidon ? C est pour pouvoir quitter la region parisienne (case Situation maritale)
donc dans votre cas, vous avez 2 options trouver un travail ailleurs et attendre que votre petite amie ait sa mutation. Decider avant ou vous voulez aller (marseille est une tres mauvaise idee, Gaudin en a fait une ville pourrie et l economie est declinante). Ensuite marie fait un pacs bidon avec un local et vous avez du temps pour trouver un travail car l EN va mettre des annees pour la muter la bas
Marseille est une ville pourrie depuis 1945
Imaginons la prise en compte des performances des enseignants par l’E.N., il y a peu de chances qu’elle porte sur l’acquisition de l’imparfait du subjonctif. Ce sera sur théorie du genre, lutte contre les discriminations et visite du musée de l’Immigration…
A orldiabolo.
Vous avez parfaitement raison. Mais parler de l’imparfait du subjonctif… autant demander franchir l’Himalaya au pas de course !
J’ai eu l’occasion de voir des copies (mini « rédactions ») d’élèves de 6ème (hors ZEP)… écriture phonétique transposant argot, franglais et onomatopées… ahurissant ! Le professeur m’expliquait qu’il fallait retenir le contenu du texte et non sa rédaction ! Elle n’enseigne ni l’orthographe ni la grammaire (interdit, car ennuyeux pour les élèves) et les rares prof. qui introduisent ces éléments dans leurs cours sont très mal perçus par les inspecteurs de l’EN et certains collègues. Il est scandaleux, affligeant et cynique que l’Etat méprise autant les enseignants et les élèves. Il n’est pas étonnant que cette profession soit désaffectée (considération nulle, salaire minables) par ceux qui ont vocation de transmettre un savoir. Tous, malheureusement ne peuvent incorporer les écoles privées. L’idéal est la privatisation de l’enseignement qui entraîne la stimulation par la concurrence et le recrutement des prof. par les chefs d’établissement. En écrivant ces lignes, je réalise que je nage en pleine utopie ; car cette politique de « nullité du savoir » est voulue par nos « élites » qui s’imaginent pouvoir enfumer et manipuler facilement leur futurs électeurs. Ils se trompent, car un peuple inculte est difficilement contrôlable, alors qu’une population éduquée et instruite est plus ouverte à la discussion.
Une proposition pour une première Etape :
Dissolution des syndicats enseignants.
Ensuite internement des théoriciens du langage hermétique :
« L’outil scripteur » = le crayon
Le référentiel bondissant = le ballon
Activité duelle de débat méfiée par un volant = le badminton.
A partir de la on peut commencer a réfléchir a des actions plus percutantes,
médiée 😉
Votre correcteur vous aurait-il fait une petite blague?
Ca me rappelle une amie, jeune enseignante, qui m’expliquait qu’elle avait juste à « épouser le recteur, et avoir 2 enfants handicapés » pour avoir le jackpot (façon de parler !!) et pouvoir se faire muter où elle le souhaite…
Mais en fait, cela ne m’étonne pas du tout de la part du Mammouth !
Il existe pas mal d’entreprises qui étudient aussi les critères maritaux pour se faire une idée de la stabilité et de l’implication potentielle des candidats à un poste. L’EdNat ne fait pas exception. Un certain nombre d’entreprises comme d’administrations favorisent les rapprochements entre conjoints, encore plus s’ils ont des enfants, par un bête calcul d’intérêt du service bien compris, autrement dit parce qu’elles jugent qu’il en va de leur intérêt. C’est ainsi que vous pouvez vous voir refuser un job en cas d’éloignement familial, parce que c’est un risque identifié par le recruteur. Rien à voir avec une vision moderniste de la société vs l’ancien temps. C’est une question toujours d’actualité, et même plus que jamais au vu des évolutions sociétales. La liberté ne se limite pas à celle de l’employé mais s’étend également à l’employeur.
Martin, vous êtes évidemment libre de vivre votre vie comme vous l’entendez, mais pas d’imposer les conséquences de vos choix personnels à autrui, comme si vos choix de vie personnelle n’avaient aucun impact sur votre vie professionnelle. Vous êtes peut-être naïf, mais c’est un mauvais calcul de croire que les autres le seront plus que vous.
Pour sortir du 93, deux choses comptent en pratique : les années de séparation, et le handicap.
Il faut viser une académie assez facile (Marseille devrait aller). Comptez 4 ans de séparation minimum. Faire un dossier médical (dépression ?), Se faire aider par le syndicat.
Enfin point personnel pour Martin: votre copine est en REP+, on n’y arrive pas par hasard (bonus de salaire etc), il faut de l’appui pour l’avoir (attention REP==REP+). Elle est sans doute plus conformiste que vous le croyez, d’ailleurs ce n’est pas elle qui a écrit l’article. Ça m’étonnerait beaucoup qu’elle renonce à tout ça (sans parler des point intra académique).
A part quitter l’EN et travailler dans le hors contrat (voire hors de France…).
Les fonctionnaires, enseignants ou pas, ont le plus souvent leur première affectation dans une région autre que celle dont ils sont originaires.
Et ils n’ont qu’une envie: retourner d’où ils viennent. Mais les places sont chères. Au moins, les règles de mutation sont connues de tous les intéressés, et leur application correcte est vérifiable. A défaut, ce serait contestation sur contestation devant les tribunaux administratifs.
Et puis chacun peut penser avoir sa chance de revenir chez lui en entrant dans l’Administration. Le cas contraire pourrait dissuader les candidats.
Je trouve un peu durs ceux qui disent « bah elle n’a qu’à démissioner ». Certes, son profil appliqué semble lui donner une carte à jouer dans le rôle du privé, mais n’est-ce pas malheureux de laisser le « Civil Service » aux mains des marxistes ? Être un « civil servant » n’est pas – a priori – réservé aux collectivistes incultes. J’emploie la terminologie anglaise car on remarque dedans qui fait quoi pour quoi : un civil servant travaille pour le civil service, ce qu’on traduit en français par « Un fonctionnaire est délégué syndical à Montreuil » :-]
Je ne vois rien de tel autour de moi, aucun ne de mes collègues, même les plus indécrottables gauchistes, ne se désintéresse de ses élèves et de leurs progrès. Et s’il y a des brebis galeuses, y-en-a-t-il plus que dans d’autres métiers ?
Par contre il y a un vrai carcan. Dans mon lycée en ce moment il s’agit de la dotation horaire. Tous les ans le rectorat nous retire des heures d’enseignement, quand bien même le nombre d’élèves reste le même et/ou que leurs besoins augmentent (allophones, handicapés de toutes sortes). This will not end well, comme dirait l’autre.
Vous devez comprendre que le carcan n’est pas vraiment au niveau individuel, en imposant des méthodes débiles (je ne connais même pas le nom de mon inspecteur de spécialité …), mais au niveau intermédiaire, en matière d’organisation, très rigide en effet.
Claude Allègre, un des rares ministres visionnaires qu’ait connu la France (qui l’a renié pour son objectivité climatique) voulait « dégraisser le mammouth » de l’Education Nationale. Il a évidemment été torpillé par la bureaucratie enseignante et ses satellites. En réalité, il ne faudrait pas dégraisser le mammouth. Il faudrait tout simplement le tuer et décentraliser ses (in)compétences aux régions et aux écoles.
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