Par Farid Guéham.
Un article de Trop Libre
Dans son ouvrage La fabrique du crétin digital, Michel Desmurget nourrit sa réflexion de nombreuses études consacrées aux effets néfastes des écrans pour le développement intellectuel des jeunes publics. Ce titre est par ailleurs une référence à l’ouvrage de Jean Paul Brighelli, La Fabrique du Crétin : la mort programmée de l’école. Pour l’auteur, l’exposition des plus jeunes aux écrans est une question de santé publique.
Michel Desmurget compare l’addiction aux écrans à celle au tabac ou au sucre. Mais s’agit-il des mêmes mécanismes de dépendance ? L’approche se veut plus nuancée : si le numérique apporte des avancées indéniables, tout n’est pas blanc au pays de l’innovation.
Le volume horaire consacré par les jeunes aux écrans
Michel Desmurget s’étonne des résultats convergents des études à travers l’Europe et dans le monde. Il affirme :
Qu’il s’agisse de la France, des États-Unis ou de la Suède, le temps consacré par les jeunes aux écrans n’est pas excessif, il est hors-norme, extravagant !
Chez les enfants de trois à quatre ans, nous constatons une consommation d’écrans de une à quatre heures par jour et pour les enfants de huit à dix ans, les chiffres culminent à cinq heures d’écrans par jour.
Enfin, pour la tranche des adolescents, les chiffres deviennent surréalistes, avec près de six heures et quarante-cinq minutes d’écrans par jour.
L’addiction aux écrans : un problème de santé publique
Michel Desmurget affirme que nous sommes face à un problème de santé publique, affectant tous les aspects du développement : intellectuel, émotionnel, physique.
Les études démontrent les multiples effets nocifs, dont les troubles de sommeil, de l’attention, de l’obésité.
La littérature scientifique démontre que ces effets se combinent les uns aux autres, accentuant les troubles du développement langagiers, de l’attention, impactant la mémorisation et la réussite scolaire.
Le temps passé devant les écrans est un substitut
Le temps d’écran remplace le plus souvent des activités structurantes et nourrissantes, à commencer par les interactions familiales, le jeu ou le sommeil.
Chez le jeune enfant, il y a des dettes de sommeil lourdes qui sont liées au fait que la lumière émise par les écrans va allonger la durée d’endormissement, car le cerveau ne sait pas trop bien faire la différence entre cette lumière et la lumière du jour, perturbant la sécrétion de mélatonine.
Une régulation publique est-elle nécessaire ?
Michel Desmurget rappelle que certains pays on fait le choix de l’intervention face à ce qu’ils considèrent comme un problème de santé publique :
A Taiwan, les parents qui exposent excessivement leurs jeunes enfants aux écrans doivent s’acquitter d’une amende.
Mais l’auteur prône avant tout la diffusion de la littérature scientifique et des résultats à titre pédagogique et préventif.
Fustiger les écrans : un discours rétrograde ?
À l’image du rock’n’roll que l’on décrivait il y a 50 ans comme la musique du diable, critiquer la culture numérique ne serait-il pas la négation du potentiel qu’y trouve une génération qui se confronte et se partage, sur les réseaux sociaux ou dans les cours d’école ?
Mais pour l’auteur, « personne ne peut nier les effets bénéfiques des écrans. » C’est la raison pour laquelle son ouvrage se concentre sur la problématique des usages du jeune public et des enfants.
La question centrale est pour moi la réalité de ce qu’en font les enfants : une heure par jour c’est absolument colossal, en deux ans de consommation d’écrans, nous atteignons quasiment la durée d’une année scolaire complète.
La culture numérique est-elle une sous-culture, une « culture de crétin » ?
Si Michel Desmurget se défend de hiérarchiser les cultures, il reconnaît que certaines pratiques semblent avoir des effets plus structurants que d’autres. Il constate :
Le cerveau de nos enfants est vieux ! Il a besoin de sommeil, d’activité physique. Les pédopsychiatres voient des enfants avec des retards de la parole, établissant une corrélation directe avec le temps d’exposition aux écrans. Ce qui est intéressant, c’est que maintenant les problèmes commencent à se voir, chez les professionnels de santé et les pédopsychiatres.
Face aux écrans, l’école doit-elle rester un sanctuaire de l’apprentissage ?
Les études démontrent que les écrans représentent une médiation intéressante pour les parents, à la condition que leur usage soit encadré. Michel Desmurget rappelle que la classe sociale est un paramètre important :
Plus les enfants sont issus d’un milieu défavorisé, plus ils sont exposés aux écrans et les usages des parents sont déterminants. Il est important d’établir des règles comme « pas d’écran le matin ou le soir, quand on est ensemble ou pendant les repas » par exemple.
S’il faut mettre à disposition des enfants des activités variées, Michel Desmurget rappelle enfin les vertus souvent ignorées de l’ennui, très fécond pour le développement des enfants.
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L’éducation nationale n’a pas attendu l’apparition du digital pour fabriquer du crétin.. peu s’en faut!
Le seul moyen de ne pas etre un crétin dans quelques années serait d’être instruit dans cette matière qui est considérée par l’EN comme mineure depuis 50 ans..
le digital..
le crétinisme est institutionnel dans cette organisation nombriliste qui n’a aucune capacité d’évolution comme toutes les organisations gérées par l’etat! ou l’important n’est pas le resultat mais le confort des personnels!
Qu’on fasse le “chèque éducation” et on verra fleurir des écoles privées concurrentes qui offriront un meilleur service..
D’autant que c’est la technologie qui sera le cœur de l’enseignement de demain,ou on ne confondra plus “enseignement” avec garderie et ou on pourra suivre des cours a distance d’excellente qualité ! Dans des structures d’education..
Ce sera le prochain chantier d’éradication du socialisme institutionnel
Le problème de l’éducation, nationale ou pas, c’est de considérer qu’elle doit tout faire. À vouloir tout faire elle ne fait rien, et une partie des parents se défaussent sur elle.
Or si l’école assume l’instruction (préalable pour regarder des contenus de qualité), et les instituteurs proposer des appli et data éducatives aux parents, ce qu’ils font la plupart, les parents sont en grande partie responsable de l’éducation, et notamment des contenus digitaux regardés en dehors des temps scolaires, et le temps qu’ils y passent.
je suis d’accord avec çà ! les parents se défaussent sur “l’éducation nationale” la faute a qui?
pourquoi ne pas parler “d’instruction nationale” de gestion des savoirs plutôt que de
catéchisme social de gauche
Pourquoi ne parle y-on pas d’instruction nationale ? Parce que les frontières sont poreuses entre l’instruction et l’éducation. Pour autant depuis Jules ferry et encore maintenant, dans les textes, le premier rôle de l’école est d’instruire, et toute les études montrent que 80% de l’éducation se fait dans le cadre familiale. Si les parents se défaussent, vous pouvez avoir les meilleures écoles du monde, vous n’en ressortirez que des cancres.
je suis d’accord , donc quand on est dans ces conditions tou eleve ne remplissant pas les conditions nécessaires a une acquisition des savoirs se voit exclut de l’enseignement général pour aller vers un apprentissage et hop fini les bacs “star academie”
“tout” , “exclu” (je tapes vite et ai la flemme de relire )
hop en apprentissage arffff
trop d’exposition aux écrans peut-être ?
@Claude henry de chassne, Vous posez très opportunément la bonne question de la responsabilité. Spontanément, il me vient des noms à la bouche dont l’empereur ou le jupiter de l’époque est lang j .ainsi que la Belkacem qui ont passé l’EN au karcher mieux que nicolas n’aurait put le faire.
cordialement
je crains qque ce ne soit pas un probleme de karcher
mais plus un probleme de définition de poste précis et d’absence de supérieurs hiérarchiques directs identifiables
Les cours à distance ont un avenir, mais pas pour les jeunes enfants pour lesquels la relation humaine me semble capitale sans l’apprentissage.
mon poste de 17h19 s’adressait à claude henry de chasse de ce matin 5h54.
BRAVO !
Il y a eu vraiment des études scientifiques fiables sur le sujet ou c’est seulement le monde des adultes qui s’inquiète d’être exclu du monde des enfants ?
une institutrice Suisse (donc j’imagine neutre !) en fin de carrière, m’a fait par de même inquiétude ; l’usage des mains forme le cerveau.
une remarque néanmoins, la lecture n’a jamais protégé du crétinisme..
melechon, piketty, Sartre etc…
sinon…peut être une conséquence malheureuse d’avoir une vie trop facile…et de l’enfant roi…
des corrélations partout des causes nulle part.. normalement le bon sens parental et la volonté de léguer un mode de vie qui a fait ses preuves devrait suffire à guider un enfant..modulo progrès…
il y a sans doute un problème, des excès..mais je trouve que la simple définition du problème et sa mesure sont discutables..
un enfant a besoin de sommeil et d’activité physique ..c’est certain… MAIS….moi aussi..
combien? quel sont les signes OBJECTIFS de carence?
@jacques 50% des enfants sont issus de familles éclatées . Certains d’entre eux se considèrent et sont parfois considérés comme des erreurs de parcours cela vous semble t il une cause suffisante ?
Un article qui donne quelques détails concrets
http://www.ladn.eu/nouveaux-usages/signaux-faibles/alertez-les-bebes-la-surexposition-aux-ecrans-est-un-veritable-fleau/
@jacques lemière, il est utile également d’intégrer un paramètre déterminant dans la construction de l’enfant cad, avant 7 ans, les outils pédagogique non acquis ne s’acquerrons plus. Prenons l’exemple d’un enfant de moins de sept ans, interrogez le sur la raison pour laquelle il fait ce qu’il fait, la réponse, est comme papa ou maman. Le problème éclos lors de famille recomposée et où le “modèle referent est hors de la cellule familiale, et géographiquement dans un autre lieu”. Après cet âge, c’est la plus totale confusion qui règne dans l’esprit de cet enfant et donc la perte de repaire qui devient l’antichambre de fragilités pour épargner toutes confusion .
cordialement
Comme vous le dites le problème n’est pas le numérique mais ce qu’on en fait. Pour les comportements excessifs récréatifs il ne faut pas confondre la cause et le symptôme : supprimez les écrans et ils trouveront un autre échappatoire : drogue, alcool, …
c’est pas comme si ça avait déjà commencé ….les crétins sont déjà là .
L’exposition forcée aux parents quand ceux-ci ne valent pas mieux que les écrans, ça n’est pas une solution non plus. Commençons par lutter contre l’état d’esprit qui voudrait que les solutions, vérités, informations dont on peut avoir besoin se cachent derrière les écrans, plutôt que des problèmes, des erreurs, de l’intox. Le jour où les enfants auront compris que l’écran ne leur apporte rien sans un cerveau exercé, parce que leurs parents le leur auront enseigné, le taux de crétinisme reviendra à son niveau normal.
@micelO il faut se rappeler que TOUS LES PATRONS des GAFA ont interdit la possession d’objet connecté à leur enfants avant l’âge de 14 ans. Bon sang, ça, ça me parle et le plus cela ne semble, à priori ne pas leur nuire dans leurs études.
Cordialement
et d’autres patrons également même chez nous en France.
Quand on a les qualités pour devenir patron de GAFA, on a aussi celles pour être un guide éclairé du développement de ses enfants. Mais pour les parents qui n’ont pas la capacité ou la volonté nécessaires à développer ses enfants, c’est tellement commode de démissionner en les collant devant les dessins animés à la télé autrefois, l’écran aujourd’hui !
Pas de lapins, pas de crétins 😉
À mon avis, on n’a pas eu besoin des écrans pour fabriquer des crétins…
C’est quoi la santé publique? La santé privée quand l’état s’en mêle?
Oui, et à ce sujet, la nouvelle “pub” du gouvernement est significative: « vous ne faites confiance qu’à votre médecin, vous direz bientôt la même chose de sante.fr »
On se souviendra que des gens comme Bill Gates n’ont pas élevé ou n’élèvent pas leurs enfants avec des écrans, des ordinateurs.
L’écriture est aussi un moyen d’éducation et de mémorisation.
J’ai eu des discussions à propos des liseuses qui permettent de lire des livres sur un écran. Je pense que rien ne vaut un bon livre en papier mais ce n’est pas l’avis de certains. Pour lire un roman policier, une liseuse pourquoi pas mais pour lire des livres “de fond” non.
Mais nos progressistes qui sont des voyageurs sans bagage, sans maison familiale, sans attache, sans racines, dont la seule référence est le monde préfèrent les liseuses.
“Je pense que rien ne vaut un bon livre en papier mais ce n’est pas l’avis de certains”
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J’ai toujours été un grand lecteur mais dans les années 90 ça devenait de plus en plus rare à cause du prix des livres. Je peux lire pour 200 euros de livre papier en une semaine, c’est intenable surtout quand on se retrouve avec une pile de livre qui vous tombe des mains pour 150 euros (dernière fois que j’ai été à la FNAC, j’étais dégouté).
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J’adore ma liseuse et ma bibliothèque Calibre, plus de 1000 livres notés, organisés avec une petite critique.
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A mon avis les liseuses ne rentrent pas dans cette problématique “écran”, ce n’est pas le support le problème mais la passivité.
@LAPADINE +1000
J’ai toujours fait l’éloge de l’ennui à mes enfants.
J’ai vu l’homme sur la Lune en direct, mais l’écran restait très rare. Quand je m’emmerdais, je me lançais sur mille choses avec des Légos, des bout de bois, de tissus (de l’alcool à brûler aussi, mais je préfère oublier cet épisode 🙂 ), la lecture ce qui m’a aussi donné le goût de la science.
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Si j’avais eu un smartphone je serais probablement tout autre.
La question est :
Qu’y a t’il eu en premier, le crétin ou l’écran ?
Comment les écrans pourraient-ils fabriquer des crétins vu que leur utilisation est quasiment entièrement décidé par les utilisateurs eux-mêmes ou par leurs parents (qui savent mieux que l’Etat ce qui est bon pour leurs enfants) ? Au pire, s’ils choisissent de devenir crétins, c’est leur problème, leur responsabilité.
Que dans les milieux défavorisés ce choix soit en encore plus largement fait ne démontre aucunement que les capacités de réflexion de chacun ne sont pas identiques. Comme certains commentateurs ici ont bien écrits : tout le monde a la même liberté de choix, a les mêmes opportunités !
(Remarque : ce commentaire est une antiphrase)
On peut aussi choisir de devenir génie, mais je ne vous dis pas les efforts ! Et je parle d’expérience 🙂
L’échec malgré tous les efforts sert aussi à apprendre, je me fie à votre expérience.
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lire ou relire “la fabrique du cretin, la mort programmée de l’école” de JEAN-PAUL BRYGUELLI qui est la référence car rédigé déjà en 2005.
l’écran est une nouvelle nounou : les parents n’ont plus à s’occuper de leurs enfants (simplement leur parler) :
le résultat est bien expliqué ici : https://www.lefigaro.fr/vox/societe/maurice-berger-non-la-violence-gratuite-n-est-pas-due-a-la-ghettoisation-20191115
« L’effet néfaste des écrans » ça ne veut rien dire. L’écran n’est qu’un support de diffusion. Lire rend idiot… si on se contente de magazines type Voici ou de tracs de la CGT.
Le problème c’est le niveau intellectuel familial et la mise en place de règles. Le problème c’est l’Education Nationale qui a tellement baissé le niveau qu’elle est la 1ère fabrique de crétins. La famille est la 2e. C’est-à-dire que si l’EdNat n’oblige pas les enfants à se surpasser, alors le potentiel prometteur d’un enfant d’un milieu familial intellectuellement défavorisé ne pourra pas éclore, et cet enfant perdra ses capacités.
C’est aux parents d’éduquer leurs enfants au bon usage des écrans, mais si eux-mêmes sont intellectuellement limités, comment peuvent-ils faire ?L’EdNat a choisi il y a 30-40 ans de fabriquer des crétins, les écrans n’y sont pour rien. Ils sont au contraire un vecteur de développement intellectuel grâce aux tutoriels, aux openclassrooms.