PISA 2018 : résultats publiés le 3 décembre, déjà oubliés le 10 !

Dans les pays révélés performants par PISA 2018, comme le Canada, la Corée, l’Estonie, la Finlande… l’avenir pour un jeune est un avenir choisi.

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CL Society 454: High school student By: Francisco Osorio - CC BY 2.0

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PISA 2018 : résultats publiés le 3 décembre, déjà oubliés le 10 !

Publié le 13 décembre 2019
- A +

Par Nelly Guet.

Les syndicats enseignants se sont mobilisés une deuxième fois ce mardi 10 décembre contre la réforme des retraites, au lieu de tirer les leçons de PISA 2018, comme le feraient de véritables organisations professionnelles.

Certes, d’aucuns volent à leur secours dans la presse (ancien ministre, ancien Directeur général de l’enseignement scolaire) pour expliquer que PISA utilise des critères reflétant un modèle de société qui n’est pas celui de la France.

Quant aux Inspecteurs généraux, à l’exception des disciplines en lien avec le monde du travail, ils ont toujours combattu l’idée même d’évaluer par compétences. Arc-boutés sur leur propre discipline, ils ignorent souvent les pratiques en cours hors de l’Hexagone et sont hostiles à la pluridisciplinarité et à l’intégration de partenaires externes.

Persistance des inégalités sociales

Les résultats des épreuves PISA 2018, publiés le 3 décembre, confirment les inégalités sociales. Les performances sont fortement corrélées avec le statut socio-économique :

21 % de variation des performances en mathématiques (moyenne OCDE 14 %) et 20 % de variation en sciences (OCDE 13 %)

Un autre score plus rarement commenté atteste de l’obsolescence des pratiques pédagogiques : professeurs et élèves sont en souffrance car

la France est l’un des trois pays où les élèves font état des plus grandes préoccupations liées aux problèmes de discipline en classe. 40 % des élèves déclarent que le temps d’apprentissage est réduit en raison du bruit (OCDE : 25 %)

Nous avons besoin d’un choc PISA à la française.

Comprendre ce qui dysfonctionne

Dans les pays révélés performants par PISA 2018, comme le Canada, la Corée, l’Estonie, la Finlande… l’avenir pour un jeune est un avenir choisi.

La mondialisation ne fait pas peur car l’école prépare à faire des choix personnels tout en faisant pratiquer une grande coopération entre les élèves.

Rebâtir la formation des enseignants

Selon l’enquête TALIS de l’OCDE, elle est de très haut niveau dans la matière concernée mais largement insuffisante sur un plan professionnel.

Travail de groupe, suivi individualisé, accompagnement personnalisé, projet personnel de l’élève ne doivent plus rester des activités marginales.

Le travail de groupe 

« Seuls 45 % des élèves ont déclaré que les élèves coopèrent entre eux dans leur établissement (OCDE : 62 %). »

Les enseignants doivent avoir recours à des formes d’apprentissage collaboratif, car l’écart avec les autres pays explique les carences de notre société et de notre économie :

Le suivi individualisé 

« Seuls 57 % des élèves déclarent que leurs enseignants semblent s’intéresser en général aux progrès de chaque élève (OCDE : 70 %), seuls 25 % considèrent que leur professeur leur indique leurs points forts (OCDE : 33 %), seuls 40 % déclarent que leur professeur leur indique souvent ou toujours comment améliorer leurs résultats (OCDE : 50 %). »

Ces écarts renseignent très exactement sur ces futurs adultes qui auront le sentiment d’avoir été exclus à un moment ou à un autre, et mal orientés.

Le projet personnel  

Les circulaires du M.E.N ne doivent pas rester seulement incitatives.

C’est aux enseignants d’organiser en continu les relations école-entreprise pour tous leurs élèves afin de remédier à des situations qu’ils devraient juger inacceptables : 20 % des élèves de 15 ans issus de milieu défavorisé ne souhaitent pas poursuivre d’études supérieures. À 30 ans, à niveau de performance égal en mathématiques ou en sciences, un garçon sur trois, une fille sur six souhaitent travailler comme ingénieur ou scientifique. Seulement 6 % des garçons, mais presqu’aucune fille, souhaitent travailler dans des professions liées aux TIC.

L’implication des parents

« D’après les chefs d’établissements seuls 11 % des parents en France ont participé à la gestion de l’école (comité de parents d’élèves, conseil d’administration…) (OCDE : 17 %). »

Ce constat impose de s’interroger sur le rôle insignifiant dévolu aux parents d’élèves dans les établissements scolaires français.

Ce score très faible explique aussi pourquoi les parents français sont dans l’incapacité de formuler les exigences qui forceraient les ministres de l’Education nationale à agir.

Les revendications de parents usagers

Exiger du ministre qu’il ait le courage de revoir en profondeur le fonctionnement interne de l’Éducation nationale eu égard à la situation économique de la France, ce que font tous ses homologues en Europe, confrontés eux aussi à la distorsion entre les besoins du marché de l’emploi et les compétences des candidats à l’emploi.

Il faut :

  • régionaliser l’Éducation nationale : revoir profondément les modalités de recrutement et de formation des enseignants
  • supprimer les nombreuses fonctions obsolètes : ceci permettrait d’augmenter les salaires des enseignants d’environ 30 %
  • bâtir un vrai partenariat région-entreprises-établissements scolaires :  comme il en existe dans plusieurs pays de l’Union européenne

Les syndicats enseignants ne pourraient-ils pas, lors d’une « journée d’action », examiner les liens de cause à effet entre leurs pratiques et les revendications sur le pouvoir d’achat, les inégalités sociales et l’anxiété des parents face à l’avenir de leurs enfants ?

Voir les commentaires (22)

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  • Pas un mot sur le chèque scolaire et la réelle autonomie des établissements ?

  • Bien sûr que les syndicats devraient se poser ces questions.
    L’attitude peu professionnelle et leur incapacité a se remettre en cause se retrouve dans l’état d’esprit de nombreux arrivants sur le marché du travail qui souffrent du même mal.
    Et ce sont maintenant leurs parents qui les renforcent dans cet état d’esprit désolant : deux générations que cela dure.
    Faire respecter des choses aussi simples que les horaires des réunions ou des engagements sur une date de livraison et vécu comme une agressivité.

    • C’est pas grave;

      Mes 4 enfants, aujourd’hui dans la tanche 30-40 ans, n’ont jamais connu ne fusse qu’une heure de chômage (ils sont dans l’artisanat).

      Je leur ais appris une règle : ‘il n’y a pas de boulot pour tout le monde, alors démerde toi pour qu’il soit pour toi…’

      • idem pour mes 4 enfants qui sont dans la même tranche d’âge également. Mais il y a 40 ans de cela ont pouvait encore leur dire deux trois choses , ce qui est devenu impossible entre autre dans les familles recomposées, « tu n’as rien à me dire » t’es pas ma mère ou t’es pas mon père.

        • @Nodralg
          « « tu n’as rien à me dire » « t’es pas ma mère » ou « t’es pas mon père ».
          Réponse : « Certes. Je reprends ‘ton’ téléphone et ‘ta’ PS4 et les abonnements qui vont avec. »

          • @STF, je sis comme vous sans réponse et dénudé de pouvoir. Ceci dit, le destin ou mon éducation ou les deux m’ont épargné de tels situations.
            Ceci étant lorsque le professeur en gynécologie NISSAN se rend dans un collège d’élèves et qu’il leur tient les propos suivant, : »votre sexualité ne regarde pas vos parents » je m’étonne que l’on s’étonne.
            Cordialement.

          • @STF: Effectivement, les jeunes les plus capricieux sont souvent les plus matérialistes et ils ne se rendent même pas compte à quel point ça les rend faciles à « mettre à sa botte ». Je ne compredns pas pourquoi il n’y a pas plus de parents qui s’en servent…

  • La politique de l’enseignement en france est fait pour les enseignants!
    point!
    Toutes les autres considérations sont malvenues.. Clergé de la republique c’est la plus grosse administration . les politiques n’ont aucun pouvoir sur elle..
    comme l’Église(dont elle a pris la place) dans le passé elle est intouchable , a la moindre tentative vous vous retrouvez avec des millions de jeunes dans la rue , et des parents empêchés d’aller travailler..
    leurs résultats? ils s’en fichent .. il ne veulent pas travailler pour la réussite du capitalisme , faut pas déconner,ils veulent des glandeurs qui voteront a gauche
    point

    comme a la SNCF les enseignants pensent qu’ils sont propriétaires de l’EN!
    et a ce titre il s’accordent le droit de rançonner le contribuable en menaçant les politiques..
    C’est internet qui va les tuer .. et ils le savent

    • elle n’est pas faite pour ça..mais quand on donne un privilège ou atout à un groupe il en fait usage..

    • Depuis qu’on a décidé de « mettre l’élève au centre du système éducatif », le but de l’école est que les élèves s’y sentent bien, sans compter le fameux vivre-ensemble (qui lui, connaît quelques échecs contrariants). Un système qui a tendance à conforter ce que sont les élèves au lieu de chercher à les faire progresser peut-il s’appeler éducation nationale ou (soyons fous) instruction publique?

      • @la petite bête, oui, par le passé c’était le savoir qui était le centre du projet, aujourd’hui , c’est l’enfant roi et puis plus rien presque plus que des cons. En début de semaine il y avait un excellent article de contrepoint sur la question de l’ignorance. Les jeunes biberonné à la téléréalité affirment péremptoirement que ce qu’ils font est parfait, et bien malin sera celui qui pourra les contredire. « Je demande un joker JEAN-PIERRE » pour 500 000 euros etc, etc. Plus c’est con plus ça les séduit encouragé en cela par la grande majorité des gens. Pour mémoire, il y avait la trotskiste ministre du dé-enseignement qui avait proposé de faire une lois où il serait dit que c’était de la tyrannie que d’obliger les enfants de se lever le matin pour aller à l’école à 8 heure et que donc si on faisait l’école à 10 heure ce serait tellement mieux. Après cela aucune crainte de découvrir dans les prochaines années un Albert Einstein ou autre savant.

      • C’est marrant parce que j’ai toujours eu l’impression que les enfants n’étaient pas du tout le centre du projet éducatif… J’ai toujours vu des administrations beaucoup plus soucieuses du bien être des profs que du bien être élèves…

  • Peut être est ce parce que l’on enseigne plus la victoire de Marignano en 1515 que nous avons perdu la bataille de PISA…

  • ça sonne un peu comme michel gay et la politique nucleaire..

    vous partez du principe qu’il existe des objectif éducatifs que TOUT gouvernement imaginable partage…

    si on conserve l’ed nat..on a un problème..on a toujours l’idée que des gens par le fait d’une élection on un droit de regard sur l’éducation que vous donnez à votre gosse..
    avec l’idée que l’etat sait mieux que vous…

  • Soulever des questions est une chose, proposer des réponses toutes faites et finalement aussi conformistes que le « projet » d’élèves, remettre en cause les enseignants dans leur pratique par des comparaisons portant sur des facteurs jouant un rôle certes, mais parmi combien de facteurs ?
    La seule solution est d’avoir un système concurrentiel ! des écoles librement proposées aux jeunes et à leurs parents (qui ont souvent tort), et voir ce que cela donne.
    – Les projets, c’est pour ma part ce que j’appelle « la plume dans le cul », l’amusement généralisé : ce n’est pas parce que d’autres pays le font que c’est bon !
    Du projet, on ne peut retenir que ce qui est au niveau de la formation professionnelle, où là, il a toute sa place, mais pas forcément une place centrale.
    – Les parents, c’est la ritournelle, ceux qui sont imlpliqués sont de gauche et militants des inepties actuellement subies dans la formation de l’EN, ceux que l’on ne verra jamais sont ceux qu’il faudrait voir, mais pas pour qu’ils définissent les contenus de formation…
    – On a le sentiment de toujours retrouver les mêmes poncifs, comme s’il existait des recettes magiques en dehors de ce qui a toujours existé : rigueur, exigence, travail, des gros mots…

    • partout où l’état la région ou la commune intervient c’est le BORDEL assuré. Relire la ferme des animaux . Et des lions menés par des Ânes.

  • Trouvé ce merveilleux commentaire anonyme sur un blog:
    Le but de l’école, c’est la scolarisation!
    Frans

  • Il serait pourtant simple de lier la valeur du point d’indice du traitement des enseignants aux enquêtes PISA, suivant une formule mathématique.

    • @MichelO
      Bonsoir,
      Formule mathématique :
      Point d’indice divisé par le classement PISA.
      La France est première : point d’indice divisé par 1.
      La France est deuxième : point d’indice divisé par 2. etc…
      Nous sommes au-delà de la 20ème place… ca piquerait un peu !

  • Les commentaires sont fermés.

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Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

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