Classement PISA : l’école française à la dérive

Le classement PISA montre que la politique d’éducation française souffre de la comparaison avec beaucoup d’autres pays malgré les moyens qui y sont alloués.

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Classement PISA : l’école française à la dérive

Publié le 1 septembre 2016
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Par la Rédaction de Contrepoints.

Classement PISA : l'école française à la dérive
By: Anthony FinoCC BY 2.0

Tous les trois ans, l’OCDE publie les résultats de l’enquête-test PISA qui porte sur les performances des systèmes éducatifs des pays de l’OCDE et du monde entier. En dépit d’un niveau élevé de dépenses pour l’éducation, la France n’obtient pas de très bons résultats.

Comment ça marche ?

Najat rené le honzecLe programme PISA (pour Program for International Student Assessment, programme international d’évaluation des élèves) permet d’évaluer les performances du système éducatif de chaque pays de façon standardisée. Le bilan des enquêtes qui y sont relatives, menées par l’OCDE, est publié tous les trois ans sous la forme d’un score général et d’un classement des 34 pays de l’OCDE et de 31 pays et économies partenaires. L’évaluation PISA porte sur un domaine majeur, les mathématiques, et trois domaines mineurs qui sont la compréhension de l’écrit, les sciences et la résolution de problèmes. Elle concerne 510 000 élèves entre 15 et 16 ans représentatifs des 28 millions d’élèves des pays participants.

Comme pour toute méthode d’évaluation, la représentativité des résultats fait débat. Le classement a, quoi qu’il en soit, le mérite de proposer des résultats comparables sur le plan international.

PISA : la France à la traîne

La France se situe à la traîne dans ce classement. Son score est de 495, en vingt-cinquième position sur 65 avec un point de plus que la moyenne des pays évalués, juste derrière la République Tchèque. Par exemple, 22,4 % des élèves y sont peu performants en mathématiques alors que seuls 12,9 % y sont très performants. La performance de la France diminue par ailleurs assez franchement depuis 2003.

Première moitié du classement PISA. La France apparaît en rouge.
Première moitié du classement PISA. La France apparaît en rouge.

C’est Shanghaï qui arrive en tête avec 614 points alors que le Pérou ferme la marche avec 365 points. Dans le haut du classement PISA, soit devant la France, on trouve notamment l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas ou la Pologne.

Dépenser plus pour l’éducation ?

Dans son rapport sur le classement PISA, l’OCDE nous apprend :

(…) qu’au-delà d’un certain niveau de dépenses par élève, l’excellence n’est pas qu’une question d’argent : le mode de répartition des ressources est aussi important que le volume de ces ressources.

Le parallèle peut rapidement être fait avec l’évolution du score PISA en fonction du PIB par habitant. On voit qu’autour du PIB par habitant de la France, les scores PISA sont très variables. Au delà, ils n’augmentent que peu, répondant assez bien à une loi de puissance.

Score PISA en fonction du PIB par habitant et régression puissance. La France apparaît en rouge.
Score PISA en fonction du PIB par habitant et régression puissance. La France apparaît en rouge.

Mais aussi que :

Les systèmes d’éducation performants tendent à répartir les ressources de manière plus équitable entre les établissements favorisés et les établissements défavorisés sur le plan socio-économique.

L’autonomie des établissements, souvent faiblement considérée en France, est aussi pointée par l’OCDE comme un facteur clé de la performance des élèves.

Le classement et ses conclusions permettent de mettre en perspective la situation française. Les résultats ne sont pas bons, surtout au regard des sommes colossales englouties par le système éducatif français. Ni la performance brute, ni l’équité ne sont au rendez-vous. Pour un système qui se veut très égalitariste, on ne peut pas dire que les résultats soient exceptionnels.

Le prochain classement PISA paraîtra ces prochains mois. Il ne reste plus qu’à espérer qu’il porte le débat des élections présidentielles vers un élément clé de l’avenir du pays : l’éducation.

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Créer un compte Tous les commentaires (14)
  • Super la photo ! Mais là c’est plutôt coulé et non à la dérive !

  •  » Pour un système qui se veut très égalitariste, on ne peut pas dire que les résultats soient exceptionnels.

    Niveau nul : Mission réussie

    L’absence d’autonomie est le plus gros problème car ça tue la concurrence et empêche les meilleures solutions d’émerger puis d’être copiées.
    Si je mets tous mes oeufs dans le même panier j’ai de grandes chances d’avoir une grosse omelette à l’arrivée.

    • On a même un rectorat très coûteux qui impose les mauvaises solution à tous les établissements. Difficile de faire plus bête, mais le ministère y travaille.

    • Oui, d’ailleurs, le modèle de la liberté, de la concurrence et de l’autonomie, les grands bretons sont en dessous de nous. Sérieusement, ces études comparent des patates et des poireaux, sur des critères partiels (les math), sans tenir compte des bases sociologiques, et portent des conclusions incompatibles. En effet, comment donner plus d’équité entre écoles favorisées et défavorisées tout en voulant plus d’autonomie financière, organisationnelle et de sélection à l’entrée des établissements?

  • Bien d’accord pour l’autonomie mais. Les cadres sont désignés par le pouvoir central en fonction de critères dont la docilité politique n’est pas le moindre.
    La solution commence par la fin du centralisme.

  • La France se place très bien dans le classement des pays a la plus forte proportion d’enseignants « en activité » dans l’education nationale et qui pourtant n’enseignent pas. Le budget enseignement tourne chaque année autour de 3500EUR par élève par an (Budget Ed nat/nombre d’élèveve) un prof qui s’occuperait d’une classe de 25 élves à plein temps pouvoir couter jusqu’à plein temps devrait pouvoir couter jusqu’à 87 500 EUR/ an. Alors bien sur il y a des frais administratifs, il y a forcément du personnel non enseignant et des faux frais, mais je tiens à faire remarquer que les lycées etcollèges sont entretenus par les collectivités locales et ne coûtent pas un centime à l’EN. Je sais qu’il y a plusieurs profs par classe mais ces profs enseignent eux aussi dans plusieurs classes. Au total il y a bien toujours un prof par classe. Donc la dicision bête et méchante garde une certaine pertinence. Ca fait un traitement super brut de 7291EUR/ mois pour chaque prof. On en est loin. C’est normal, il faut payer les gabegies des rectorats. Les carriéristes de l’arrêt maladie, les enseignants qui font de la politique (Salut Nathalie Arthaud! Alors ca se passe bien tes projets de goulag?)etc…

    • Oops votre remarque d’un prof par classe est évidemment vraie pour l’école primaire mais au-delà il n’y a pas un prof par classe vu que durant le temps scolaire un prof de secondaire fait maxi 18h par semaine alors que les élèves du secondaire font 27 en moyenne. Et donc il y a tout juste 2/3 de prof par classe. Mais bon ça ne change pas grand chose au calcul puisque ça ne représente qu’une moitié des enseignants et qu’en plus au budget de l’EN il faudrait rajouter la participation des familles du privé.

      Quand je pense qu’en secondaire (Filière E à l’époque) on avait 42h de cours par semaine…

      Pour donner ces chiffres je suis allé faire un tour sur le site de l’EN et j’en profite pour mettre une image surprenante sur la nouvelle façon de faire des histogrammes pour fausser délibérément le jugement :

      http://cache.media.education.gouv.fr/image/2015/45/6/Depense-education-2014-ENC_2014_15_482456.jpg

    • Le prof coute bien environ 85 k€ par an, mais il en faut DEUX en moyenne par groupe (un prof fait ~18h de cours, un élève en a ~36) et les groupes sont en moyenne plutôt à 20-24 élèves. On a donc un prof pour 10 élèves dans le public (12 dans le privé). Le budget enseignement n’est donc pas de 3500 € par élève, mais plus du double.
      Pour plus de détails, plus précis :
      http://www.education.gouv.fr/cid57096/reperes-et-references-statistiques.html#Budgets,%20co%C3%BBts%20et%20financements
      Le RERS_2016 (il parle de 2014, donnée provisoires…) viens de sortir.

      Le principal gaspillage c’est la dispersion dans des options innombrables, par exemple l’option « randonnée » qui a son épreuve pratique au bac (non, c’est pas une blague)

      • Non, pas 36h de cours par élève, 25.1h en premier cycle et 29h en second cycle et c’est pourquoi j’ai pris 27 en moyenne ci-dessus.

        Chercher l’intitulé : Évolution du nombre moyen d’élèves par classe selon le cycle (c’est au début du dernier tiers de la page)
        http://www.education.gouv.fr/cid57111/l-education-nationale-en-chiffres.html

        • Vous avez confondu : ce graphique et ces chiffres (25.1 et 29) sont ceux du nombre d’élève par classe (sachant au surplus que les enseignements sont souvent en groupes plus petits). Le mot « heure » n’est même pas dans le document.
          De toute façon c’est pas la peine de faire des calculs compliqués, tenant compte de plein de critères (un prof peut faire de 12 à 24 h de cours selon le type de classe, son statut et et les heures sup ; une classe peut être pleine ou pas, etc.) : il suffit de consulter le RERS.

          • oops je m’a trompé de lien :

            Collège : 26h par semaine ici en enseignement obligatoire

            http://www.education.gouv.fr/cid80/les-horaires-par-cycle-au-college.html
            ___________
            Lycée :

            En première, ils représentent 60 % du total de l’horaire : 15 h sur un total hebdomadaire de 26,5 à 28 h selon les séries.
            Ils donnent une culture générale indispensable à la compréhension du monde moderne.

            En terminale, les enseignements communs représentent 30% du total des enseignements soit 8,5 heures sur un horaire hebdomadaire total de 27 à 28 heures selon les séries.

            http://www.education.gouv.fr/cid2570/la-voie-generale-au-lycee.html
            _________
            Ca m’a surpris aussi comme je disais même si de mon coté j’avais quelques options au collège mais plus après au lycée car déjà trop d’heures.

            • bah, je répète, c’est pas la peine de faire des calculs compliqués, il suffit de consulter le RERS (lien plus haut ; rubrique 10.5).
              Comptez 6000 € en primaire, 8400 € au collège, 11 000 € au lycée GT et 12 000 € au LP ; puis 11 000 € à l’université, 13500 € en BTS et 15 000 € en prépa puis en « grande école ».
              Ce qui n’est pas dans le document, c’est le cout spécifique de l’apprentissage. Comptez la moitié de l’équivalent professionel.

  • Le Royaume-Uni, le Luxembourg et la Norvège ne font pas mieux dans ce classement. C’est trop bien, on va pouvoir continuer au moins pendant 5 ans (prochain président) à avoir des ministres mauvais, une administration dédiée aussi pléthorique et inadaptée et des budgets en hausse pour la déco. Bon, peut-être qu’après avoir rejoint le Pérou cela suscitera quelques atermoiements supplémentaires, mais comme disent tous nos politiques, après moi le déluge…

  • Les commentaires au sujet du « classement » de la France par Pisa doivent être examinés avec un peu plus de sens critique. En effet : les auteurs ont certainement déterminé d’abord la plus petite différence significative entre les valeurs globales observées. Le classement en lui-même n’est intéressant que si des groupes sont définis. Il m’apparait ainsi qu’il semble y avoir au moins sept groupes différents entre lesquels tout classement ne signifie rien. La France se situe dans un groupe comprenant huit pays (dont le Royaume-Uni, le Danemark et la République tchèque) à égalité, et peu différents des 14 pays qui forment le groupe précédent (comprenant la Suisse, les Pays-Bas, la Canada, l’Allemagne, l’Australie). Les pays en tête sont Shanghaï (le sous-pays qui a inventé les critères!), au dessus de Singapour, et de quatre pays asiatiques (dont la Chine, sic !). Les pays asiatiques en général sont aussi ceux qui privilégient la pédagogie des mathématiques pour tous : cela donne donc d’excellents résultats. C’est à mon avis la seule leçon à tirer de ce « classement ».
    Il n’y a pas de complexe de se trouver à égalité avec la grande majorité des pays européens. Pourquoi se croire ou se vouloir supérieurs à ceux-ci ? Rappelons que sur le diagramme ne figurent que 32 pays sur 65 !
    Une seconde remarque : la relation entre le PIB et le classement n’est visiblement pas bien interprétée. D’abord, elle reprend l’ensemble des 65 pays et cela n’est pas signalé ! Ensuite, il est probable que l’ajustement d’une courbe de type parabolique est possible mais quelle est le niveau de détermination de cette courbe ? Il apparaît nettement qu’un groupe important de 15 pays se situe à bas PIB et à faible score : s’agit-il de pays pauvres non classés dans le premier diagramme? Ensuite, on remarque qu’il n’y a aucune relation entre le PIB et le score, ce qui démontre que le score n’est pas une question de moyens mais sans doute d’effort pédagogique. On aimerait d’ailleurs savoir quel est le pays exceptionnel qui a un PIB très élevé (2 fois celui de la France) et un si mauvais score !
    Sans une discussion approfondie sur ces résultats et sur les méthodes, toutes les interprétations faites dans l’article et tous les commentaires sont inutiles.

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Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

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