Charles Darwin, chaînon manquant de l’économie politique

Darwin économiste ? Non seulement le grand biologiste a été influencé par les économistes, mais il influence encore les économistes aujourd’hui.

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Charles Darwin: Scientific Badass By: CGP Grey - CC BY 2.0

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Charles Darwin, chaînon manquant de l’économie politique

Publié le 22 octobre 2019
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Par Frédéric Mas.

Le nom de Charles Darwin (1809-1882) est communément associé à la révolution de l’évolution en biologie, plus rarement en sciences sociales dans le monde francophone. L’impact du darwinisme sur notre connaissance du monde s’est pourtant très largement étendu au-delà des sciences naturelles au cours du XXe siècle, et l’économie n’y a pas échappé.

Son influence est tellement prégnante aujourd’hui dans les théories du capitalisme qu’il semble même possible d’affirmer qu’entre David Hume, Adam Smith et Hayek, Darwin a toute sa place au sein de ce courant économique que Peter Boettke appelle la « tradition de l’ordre spontané ». Ce n’est pas un hasard. L’air de famille entre Darwin et les tenants de l’économie politique se retrouve dans une méthode et une manière commune de penser le monde.

 

Darwin lecteur des économistes

Dans Droit, Législation et liberté, Friedrich Hayek rappelle que ce ne sont pas les économistes qui se sont inspirés de Darwin, mais d’abord l’inverse :

« C’est à l’occasion de la réflexion sur les formations sociales telles que le langage et la morale, le droit et la monnaie, qu’au cours du XVIII esiècle les conceptions jumelles de l’évolution et de la formation spontanée d’un ordre furent clairement formulées, fournissant à Darwin et ses contemporains des outils intellectuels qu’ils purent appliquer à l’évolution biologique. Ces philosophes moralistes du XVIIIe siècle et leurs écoles historiques du droit et du langage peuvent bien être nommés […] des darwiniens avant Darwin. » (Droit, Législation et liberté, p. 98).

Qui sont ces penseurs de l’évolution spontanée des formes sociales ? Hayek cite Mandeville et David Hume, mais son représentant le plus connu est Adam Smith, le père de la science économique. L’idée smithienne de « main invisible » rend compte en une formule frappante de l’auto-organisation de la société à partir de la coordination individuelle. Plutôt que d’opposer l’intérêt général aux intérêts particuliers, elle propose d’insister plutôt sur les échanges individuels organisés à travers certaines institutions essentielles comme la justice, la propriété et plus largement l’économie de marché. Ces institutions permettent le gain mutuel des parties en présence à l’échange.

En se focalisant sur les échanges et les institutions, il est possible de retrouver la logique interne à l’ordre complexe produit par l’action humaine et de comprendre d’où viennent les innovations du capitalisme. La spécificité de l’ordre spontané, c’est qu’il fonctionne sans avoir été créé, et sans être gouverné par un seul centre de décision conscient. Comme le dit la formule consacrée : il est le produit de l’action humaine, et non d’un dessein humain. La sélection qui s’opère entre les normes et les règles conventionnelles qui guident l’individu suffit pour produire l’ordre social sans faire appel à l’action souveraine d’un législateur, d’un roi… ou d’un Dieu.

C’est ici que le parallèle entre évolutionnisme culturel de l’ordre spontané et évolutionnisme biologique darwinien est le plus frappant. L’explication évolutionniste, au grand dam de beaucoup de ses contemporains victoriens, n’a plus besoin d’un Dieu ordonnateur du tout pour rendre compte du fonctionnement effectif de la création. Darwin naturalise la création comme ses prédécesseurs ont naturalisé la morale.

Matt Ridley repère une autre similitude frappante entre l’économie politique d’Adam Smith et la théorie de Charles Darwin : l’évolution économique focntionne comme un processus de variation et de sélection. L’échange joue le même rôle vital dans le circuit économique que le sexe en matière d’évolution biologique. Sans le sexe, la sélection naturelle n’est pas une force cumulative. Les mutations qui s’opèrent au sein des différentes lignées n’interagissent pas, et la pression sélective doit choisir entre elles. Le sexe permet aux individus de faire appel aux innovations qui se produisent partout au sein des espèces.

En économie, l’échange tient le même rôle. Dans une société qui n’est pas ouverte au commerce, une tribu peut inventer les arcs et les flèches, et une autre le feu. Les deux tribus peuvent entrer en compétition, et si celle qui détient le feu domine, celle qui a inventé l’arc et les flèches disparaît. Dans une société ouverte aux échanges commerciaux, les créateurs du feu peuvent avoir des arcs et des flèches et vice versa. L’échange commercial fait de l’innovation un phénomène cumulatif (Ridley, The Evolution of Everything, pp. 110-11.).

 

La légende noire du darwinisme social

Darwin lit les économistes et les philosophes moraux qui vont dessiner les contours institutionnels des ordres sociaux autogénérés. En particulier, il s’intéresse à l’œuvre de Thomas Malthus, qui est particulièrement populaire à son époque. Les écrits du célèbre économiste sur la population lui donneront l’idée d’approfondir la notion de pression compétitive au sein des espèces, pression compétitive qui varie en fonction des changements environnementaux.

Bien que très prudent dans ses conclusions, l’apparition de L’origine des espèces en 1859 suscite les passions au sein du monde scientifique, et le scandale au sein d’une société victorienne tout imprégnée de puritanisme religieux. Si souvent les historiens retiennent les réactions de rejet du darwinisme, il convient aussi d’évoquer ses thuriféraires enthousiastes, comme Thomas Huxley ou Francis Galton, qui ne tardent pas à reprendre la méthodologie du maître pour l’étendre à d’autres sujets.

Parmi les économistes darwiniens, Herbert Spencer trouve une place de choix : ce libéral progressiste popularisa, bien malgré Darwin lui-même, qui le détestait, l’expression « théorie de l’évolution ». Il est aussi crédité, à tort, de l’invention du darwinisme social, cette vision idéologique et caricaturale du darwinisme faisant de la sélection naturelle un processus favorisant les « plus forts », quelle que soit la signification de ce dernier terme.

Dans une lettre à Lyell, Darwin écrit à ce sujet :

« Je suis tombé, dans un journal de Manchester, sur un excellent pétard mouillé qui explique que, puisque j’ai prouvé que ‘la force fait le droit’, dans ce cas Napoléon est dans son droit, tout comme n’importe quel escroc est dans le sien. » (Cité par Robert Wright, in L’animal Moral, Psychologie évolutionniste et vie quotidienne, Gallimard, 1994, p. 535.).

Si Spencer caricature l’évolutionnisme en le mariant à un progressisme qui rappelle la philosophie d’Auguste Comte, il n’est pas responsable de la récupération grossière par les idéologues les plus réactionnaires, racistes ou impérialistes du darwinisme qui condamneront pendant des années le mariage possible entre évolution et sciences sociales. Certains idéologues du régime nazi s’appuieront même sur Darwin pour justifier la compétition raciale et l’eugénisme, jetant ainsi le discrédit sur l’enseignement du biologiste sur la conduite humaine.

 

Renouveau contemporain du darwinisme en économie

L’évolutionnisme darwinien dans le domaine de la recherche connaît une véritable renaissance à la fin des années 1970 et au début des années 1980. S’opère une véritable pollinisation entre disciplines, en particulier la biologie, la génétique, les mathématiques -via la théorie des jeux en particulier- et les sciences sociales (économie et science politique).

On peut citer quelques ouvrages qui ont marqué leur époque : Edward Wilson publie en 1975 Sociobiology : A new synthesis, Richard Dawkins The Selfish Gene en 1976, Friedrich Hayek le troisième tome de Droit, Législation et liberté en 1979, Robert Axelrod The evolution of cooperation en 1984 ou encore Robert Boyd and Peter J. Richerson Culture and Evolutionary Process en 1985.

Tout ceci posera les jalons d’une reconsidération de la frontière entre la nature, la culture et les institutions économiques du capitalisme, en particulier l’innovation. Il ne s’agit plus de réduire la culture au biologique, mais de comprendre comment les deux domaines s’interpénètrent sans se dénaturer, c’est à dire sans nier la spécificité humaine, son activité consciente, dans la constitution de l’ordre social. Pour l’historien de l’économie Joel Mockyr, c’est Charles Darwin lui-même qui a le premier attiré l’attention sur certaines caractéristiques évolutionnistes de la culture dans son ouvrage La filiation de l’homme (1871).

Mockyr retient en particulier trois éléments spécifiquement darwiniens -variation, héritabilité, superfécondité- transposables à la méthode économique (J Mockyr, A culture of Growth. The origins of the Modern Economy, p. 24.).

Premièrement, les cultures, comme les espèces, contiennent une grande variation de traits de caractère résultant de l’innovation passée. Beaucoup de ces traits sont partagés entre certains groupes d’individus et les distinguent d’autres groupes d’individus.

Deuxièmement, la culture, comme les gènes, se transmet entre individus de manière verticale de génération en génération et de manière horizontale entre unités culturelles séparées. La transmission génétique se fait par mitose dans les cellules eucaryotes, la transmission culturelle par la socialisation et l’apprentissage au sein des processus culturels.

La troisième caractéristique darwinienne de la culture tient à son nombre. Les caractéristiques culturelles sont en quelque sorte trop nombreuses pour que les individus puissent les intégrer. En biologie, l’évolution est conduite par la superfécondité, c’est-à-dire que les espèces ont la capacité de se reproduire à une vitesse beaucoup plus importante que nécessaire pour leur remplacement, ce qui signifie que tous ceux qui peuvent naître ne naîtront pas nécessairement, ou que ceux qui naissent ne survivront pas nécessairement. Ce sont les caractéristiques, en biologie comme dans le domaine de la culture, les plus adaptées qui auront une plus grande chance de survivre et de se reproduire.

Pour Joel Mockyr, comme pour d’autres historiens et économistes darwiniens, les concepts de la pensée évolutionniste permettent de comprendre l’innovation intellectuelle qui est au cœur du fonctionnement capitaliste, et de l’extraordinaire croissance de l’Occident depuis le XVIIIe siècle.

Charles Darwin prend donc toute sa place dans l’histoire de l’économie, au-delà de la discipline des sciences naturelles, non seulement parce qu’il s’inscrit au sein d’une tradition intellectuelle qui va de Adam Smith à Hayek, mais parce qu’aujourd’hui encore, il inspire des programmes de recherches visant à comprendre le capitalisme d’innovation qui est le nôtre.

 

Pour aller plus loin

Boetkke (Peter), Living economics, The independent Institute, 2012.

Boyd (Robert), Richerson (Peter J.), Culture and the Evolutionary Process, Univ. of Chicago Press, 1988.

David (Patrice), Samadi (Sarah), La théorie de l’évolution. Une logique pour la biologie, Flammarion, 2000.

Hayek (Friedrich), Droit, législation et liberté (tome 3), PUF, 1980.

Hodgson (Geffrey M.), Conceptualizing Capitalism. Institutions, Evolution, Future, Univ. of Chicago Press, 2015.

Mockyr (Joel), The Culture of Growth. The origins of the Modern Economy, Princeton Univ. Press, 2017.

Ridley (Matt), The Evolution of Everything, 4th Estate, 2015.

Wright (Robert), L’animal moral. Psychologie évolutionniste et vie quotidienne, Gallimard, 1994.

 

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  • J’ai lu, j’ai rien compris.

    • Sur le fond, il s’agit de la dialectique sur l’évolution (des espèces mais aussi des systèmes) entre une évolution spontanée et une évolution encadrée par quelque chose qui la transcende.
      Cet article est intéressant dans la mesure où il montre que, contrairement à ce qu’on croit habituellement, le darwinisme n’a pas commencé avec Darwin.

      Sur le fond de la question, je pense pour ma part, que l’une et l’autre théorie, prise comme absolu, conduit à l’idéologie, et que c’est une complémentarité, dans un équilibre toujours à rechercher, qui est souhaitable pour l’humanité: préserver la liberté des personnes, mais y placer des garde-fous fondamentaux. Ce qui est autre chose que de penser qu’une puissance supérieure a tout prévu et doit tout organiser.
      Et la sélection naturelle des espèces n’exclut pas qu’une force supérieure ait pu conduire à l’apparition de l’homme, laquelle était, de l’avis de nombreux scientifiques, hautement improbable. Sans compter que les « sauts » entre les espèces ne sont pas élucidés.

      • « Et la sélection naturelle des espèces n’exclut pas qu’une force supérieure ait pu conduire à l’apparition de l’homme »
        Elle n’exclut pas cette hypothèse mais la rend inutile.
        Lorsque Newton a publié sa théorie de la gravitation, il a résolu le mystère du mouvement des corps célestes au sein du système solaire. Il a néanmoins précisé qu’une force supérieure devait de temps en temps guider les corps célestes pour que le tout reste ordonné, car laissé aux seules forces gravitationnelles, le système solaire ne serait pas stable. Environ un siècle plus tard, Laplace, qui disposait de méthodes de calcul plus puissantes que celles de Newton, a montré que les ajustements venant d’une force supérieure n’était pas nécessaire. L’évolution biologique est bien trop complexe pour la soumettre aux types de calcul que les astronomes ont établit pour le système solaire, mais la croyance selon laquelle les mécanismes de base de l’évolution ne sont pas suffisants pour générer cet ordre spontanée et qu’il faut « une force supérieure » pour guider tout ça me paraît avant tout résulter de ce biais, que l’on retrouve tout au long de l’histoire des sciences et des idées, qui consiste à rester incrédule face aux explications en terme de causalité systémique (dans laquelle des effets macroscopiques sont les produits émergents de l’agrégation d’un nombre considérable d’interactions microscopiques) et à privilégier les explications, beaucoup plus faciles à appréhender car beaucoup plus intuitives et simples, en terme d’intention. Ce biais est sans doute le biais le plus persistant et celui que l’on retrouve de manière le plus transversal dans le champ des idées : il structure l’histoire des idées physiques, chimiques, biologiques, économiques et sociologiques, et est le principal responsable de l’existence des religions et des théories du complot (la physique, la chimie, la biologie et une grande partie de l’économie mainstream ont réussi à s’en débarrasser, mais pas encore la sociologie, voir à ce sujet le livre de Gerald Bronner, Le danger sociologique, où il démontre que le programme sociologique dominant en France, le programme Bourdieusien, est infesté par ce biais cognitif).

        • A vous lire, j’ai l’impression (mais je ne suis pas sûr) que vous dites ou pensez que la société n’est que la somme de ces composants et rien de plus. Que la Société n’existe pas en tant que « force » ou n’existe tout simplement pas.
          Pardon si j’interprète mal vos paroles, j’avoue avoir du mal à suivre sur ce sujet.

      • Plutôt que d’évolution « spontanée », je parlerais d’émergence : nouveauté dans un système, imprévu mais très progressif, même si la « super-fécondité » et l’avantage comparatif peut faire croire à une évolution instantanée et parfaite.

      • Merci pour votre explication plus claire que l’article. Mais j’avoue que ça me passe 200 mètres à côté..
        Hier je lisais justement un texte sur « l’appel à la nature » (droits naturels = bons pour l’humain et inversément, ce qui est tautologique) pour justifier certaines choses (notamment que la liberté étant « naturelle », le libéralisme est « bon ». Mais il faut que la solidarité (altruisme) est aussi naturel, inhérent à la nature humaine, et a permis l’essor de notre espèce). Et l’article parlait aussi de Darwin et de l’exagération/récupération que certains anti-libéraux en ont fait avec le darwinisme social.
        Bref, j’ai relu l’article ci-dessus, et la substance m’échappe…

      • Les choses sont plus simples à appréhender avec une approche probabiliste : au départ, certaines caractéristiques ont une probabilité égale d’apparaître. Ensuite, certaines caractéristiques offrent moins de chances de survie (et de transmission) à ceux qui les détiennent ; on a donc affaire à des probabilités composées (fonction bayésiennes). Au final certaines espèces, comportements sont moins plausibles que d’autres. Voir également l’inférence bayésienne que la théorie économique utilise avec profit. certain préfèrent le dogme….
        Une conséquence de cette approche probabiliste est que à trop forcer l’égalitarisme, on fragilise le groupe.

    • Relisez calmement 😉
      Après, on pourra vous le traduire en hébreu, cela vous semblera très simple :mrgreen:

  • Un loi universelle expliquant l’evolution de chaque chose ,plus fort qu’Einstein

    • Oui, la théorie de l’évolution est un outil logique et universel qui devrait être plus souvent expliqué et utilisé pour comprendre la réalité, même mieux que la philosophie qui consiste essentiellement en du vocabulaire.

  • Merci M. Mas.
    En tant qu’entrepreneur en biotechnologie douce (on utilise le darwinisme de façon opérationnelle pour sélectionner les cellules qui s’adapte plutôt qu’en imaginant réécrire leur code génétique), et observateur de l’économie, je suis par votre article conforté dans l’hypothèse que l’économie n’est pas une construction sociale mais est plutôt une surcouche fonctionnelle collective naturelle et autoadaptative de l’espèce humaine.

  • Bonjour
    L’important, c’est l’idée de l’ordre spontané ; Il n’y a pas de ‘grand horloger’, ni de despote éclairé, on est dans la théorie systémique (flux, boucle de rétroaction, ajustements).
    C’est une vision pragmatique du libéralisme ; le biologique est systémique, et non morale. Le libéralisme fonctionne parce que la vie est fait de ‘hasard et nécéssité’.

  • Super article. Merci.
    Le fait que cet aspect du Darwinisme soit peu connu chez nous, peut expliquer pourquoi dans les pays anglo-saxons on se repose traditionnellement beaucoup moins sur l’homme providentiel que chez nous.

  • Le darwinisme n’explique pas l’origine des espèces, c’est un dogmatisme.
    L’action humaine est le produit de la pensée. L’évolution des espèces n’a jamais été observée et ses mécanismes sont mystérieux – le hasard et la nécessité n’expliquent pas l’innovation.
    La foi judéo-chrétienne a pu être souvent naïve, mais pas plus et même plutôt moins que le scientisme. Mais Saint-Thomas d’Aquin n’était pas naïf.
    Comme dit Guillaumat, un économiste autrichien est créationniste.
    Surtout, le darwinisme remet en cause le fondement de la dignité de l’homme, ce qui mène au socialisme.
    La foi dans cette dignité au contraire a permis de fonder le libéralisme, qui n’est que le respect de la propriété.
    Les thèses de Smith ou de Bastiat (l’harmonie économique, bien plus lumineuse que la main invisible) ne justifient pas le libéralisme, mais réfutent les prétentions de ses ennemis.
    On est libéral d’abord pour la liberté, ou on est utilitariste convaincu (pour un temps) de la supériorité pratique de la liberté.

  • «En économie, l’échange tient le même rôle. Dans une société qui n’est pas ouverte au commerce, une tribu peut inventer les arcs et les flèches, et une autre le feu. Les deux tribus peuvent entrer en compétition, et si celle qui détient le feu domine, celle qui a inventé l’arc et les flèches disparaît. Dans une société ouverte aux échanges commerciaux, les créateurs du feu peuvent avoir des arcs et des flèches et vice versa. L’échange commercial fait de l’innovation un phénomène cumulatif.»

    Il me semble que la compétition n’exclut pas l’échange bien au contraire. L’échange sans compétition (ou concurrence) se dégrade parce que l’innovation s’éteint. L’exemple donné ici est faux car si il y a innovation c’est qu’il y a échange (ici l’armement). La diversité naturelle maintient un niveau de divisions qui maintient à son tour la concurrence et in fine l’échange. C’est ce qui produit l’innovation et son accumulation, l’échange n’assure que la diffusion (les débouchés). La société humaine doit donc veiller à ne pas entraver la diversité naturelle sinon elle n’aura plus rien à échanger*. Le plus souvent d’ailleurs l’absence d’échange et les entraves sont concomitants (Corée du Nord, Vénézuela..).

    *sauf les ressources naturelles mais c’est une richesse temporaire.

  • Les commentaires sont fermés.

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