Chaleur estivale : le prix de la climatisation a chuté de 97 % depuis 1952

Combien payons-nous pour rester au frais ? L’évolution du prix de la climatisation va vous surprendre.

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Grey cat on air conditioner by pjrusello(CC BY-NC 2.0)

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Chaleur estivale : le prix de la climatisation a chuté de 97 % depuis 1952

Publié le 2 septembre 2019
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Par Alexander C. R. Hammond et Gale L. Pooley1, depuis les États-Unis.

Cet été, les vagues de chaleur ont provoqué des températures record dans toute l’Europe. La France, le Royaume-Uni, la Belgique, l’Allemagne, le Luxembourg et les Pays-Bas ont tous connu leurs plus hautes températures depuis le début des relevés. De ce côté-ci de l’Atlantique, la météo n’a guère été meilleure : plus des deux tiers des États-Unis étaient aux prises avec ce que le Washington Post a décrit comme une « vague de chaleur potentiellement mortelle ».

Avec toutes ces températures étouffantes, il peut être utile de nous intéresser à la climatisation, cette invention toute simple qui nous permet d’échapper à la chaleur estivale, d’habiter dans des endroits auparavant invivables, d’augmenter notre productivité au travail et d’éviter à des millions de gens d’être frappés mortellement par la canicule. Elle est utilisée par des centaines de millions de personnes dans le monde et, heureusement, elle devient de plus en plus abordable.

Contre les méfaits climatiques, les bienfaits des progrès techniques : la climatisation !

La climatisation a été inventée il y a 117 ans, en 1902, par Willis Carrier à Brooklyn, New York. Carrier a inventé cette machine pour une maison d’édition locale, qui rencontrait des problèmes causés par la chaleur et l’humidité dans sa fabrique. Les étés étouffants de Brooklyn faisaient que le papier d’impression de l’atelier d’édition absorbait souvent l’humidité de l’air, entrainant des gonflements et des déformations qui détérioraient l’alignement des couleurs sur les pages imprimées, causant des pertes financières.

Bien que la climatisation ait d’abord été utilisée à des fins industrielles, elle a gagné en popularité durant l’essor économique d’après-guerre, dans les années 1950, et son utilisation s’est répandue aux bureaux, hôtels, magasins, cinémas et résidences privées. L’un des aspects les plus impressionnants de l’invention de la climatisation est la rapidité avec laquelle elle est passée d’un bien de luxe réservé aux plus riches à un produit abordable pour le plus grand nombre.

Selon Measuringworth.com, en 1952, le salaire horaire moyen des ouvriers (les cols bleus) était de 1,72 dollars. À l’époque, comme Michael Cox et Richard Alm l’ont constaté dans leur étude de 1997 intitulée Time Well Spent: The Declining Real Cost of Living in America, le prix moyen d’un climatiseur de 1600 watts était de 350 dollars. Cela signifie qu’en 1952 un ouvrier devait travailler 203 heures pour gagner suffisamment d’argent pour s’acheter un appareil de climatisation.

Aujourd’hui, Walmart vend un climatiseur beaucoup plus efficace de 1700 watts (avec télécommande) pour seulement 178 dollars. Avec le salaire horaire actuel d’un ouvrier de 32 dollars, il ne faut plus que 5,56 heures de travail pour acheter un tel climatiseur. Cela signifie que le prix en temps de travail (le nombre d’heures de travail nécessaires pour gagner assez d’argent pour acheter un produit) de la climatisation a baissé de plus de 97 % depuis 1952.

En d’autres termes, pour la même quantité de travail qu’il a fallu pour acheter un climatiseur en 1952, vous pouvez en acheter plus de 36 aujourd’hui.

Si toute la population des États-Unis (158 millions) avait acheté un climatiseur en 1952, il aurait fallu au total 32,1 milliards d’heures de travail. Alors que la population des États-Unis a augmenté de 109 % pour atteindre 330 millions d’habitants, il ne faudrait aujourd’hui que 1,8 milliard d’heures de travail pour que chaque Américain ait les moyens d’acquérir un climatiseur. Cela signifie que même si la population a augmenté, la climatisation est devenue nettement plus accessible pour tous.

Surpopulation rime avec surabondance de biens

Nous nommons « surabondance » le phénomène selon lequel la baisse du prix calculé en temps de travail est proportionnellement plus rapide que la croissance de la population. Pour en savoir plus sur cette « surabondance », consultez le site web du nouveau projet de HumanProgress.org : The Simon Project. Contre toute attente, le projet Simon montre que le prix calculé en temps de travail des biens et des ressources diminue à mesure que la population augmente. Au lieu de provoquer des pénuries, des personnes supplémentaires rendent les biens et les ressources plus abondantes.

La baisse du prix de la climatisation est une tendance commune à presque tous les appareils ménagers, des grille-pain aux téléviseurs, des lave-vaisselle aux micro-ondes, des barbecues aux robots mixeurs.

En attendant le retour de la fraicheur automnale, nous devrions nous réjouir qu’une machine qui a sauvé et amélioré des millions de vies dans le monde continue de devenir de plus en plus abordable et abondante.


Sur le web. Traduction : Raphaël Marfaux pour Contrepoints.

  1. Gale L. Pooley est économiste, professeur associé à la Brigham Young University de Hawaï.
Voir les commentaires (11)

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  • certes mais dans le meme temps l’énergie nécessaire a leur fonctionnement elle a été multipliée pas 50!
    acheter un appareil la belle affaire il il fonctionne a la taxe bonjour la ruine

  • Les dépenses en climatisation n’ont pas dû être très élevées cette année car le nombre de jours de chaleur compte bien plus qu’ une température très élevée durant quelques jours seulement…
    Il est vrai que, par exemple en 1976, alors que nous avons eu trois mois de canicule, peu de gens etaient équipés d’un climatiseur. Difficile de faire des comparaisons!

  • Avec la nouvelle génération de climatiseurs (inverter), et surtout avec le gaz R32 qui fonctionne jusqu’à -15°C, je récupère en hiver l’argent dépensé en été…

    Je met le chauffage principal en route 2 mois plus tard et le coupe 2 mois plus tôt. (Alsace)

    Source: facture annuelle EDF

  • Le sentiment de surpopulation et la peur panique de la pénurie relèvent d’un défaillance cognitive, l’incapacité à distinguer entre les flux et les stocks.

    Pour un stock donné, une population plus nombreuse diminue la part disponible pour chacun, situation angoissante car elle promet d’être douloureuse, tandis qu’une population moins nombreuse enrichira sans effort les membres du groupe, chacun obtenant une part plus importante du stock. Le cerveau incapable de distinguer entre les flux économiques nouveaux et les stocks hérités du passé pour mesurer la richesse, ne verra que malheur et appauvrissement dans l’augmentation de la population. Il sera étreint par la double angoisse de la surpopulation et de l’épuisement des stocks, sans comprendre que le véritable enjeu est ailleurs.

    La richesse est d’abord un flux de richesses nouvelles constamment produites. La richesse est également un cercle vertueux appelant encore plus de richesses. Les produits s’échangeant contre les produits, plus la production globale est élevée, plus la richesse individuelle le sera, chaque producteur disposant de débouchés personnels plus importants. Il y a deux moyens d’accroître la prospérité : augmenter le ratio de producteurs dans la population générale d’une part, augmenter la productivité unitaire d’autre part.

    Ce ne sont donc pas les variations de la population générale, hausse comme baisse, qui importent mais le potentiel productif de cette population.

    On comprend à ce stade que ceux qui, à l’inverse, s’angoissent d’une baisse de la population, sont victimes d’un biais cognitif du même ordre. C’est notamment le cas des défenseurs d’une immigration de remplacement venant hypothétiquement financer les retraites. La croissance de la productivité financera les retraites, tandis que l’augmentation de la population est parfaitement accessoire. Mais le sujet est cruel car pour augmenter la productivité, il importe, entre autres mesures, de réduire le poids des retraites affaiblissant les producteurs.

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