Par Bill Bonner.
“On pourrait dire qu’en dehors des guerres et des révolutions, il n’y a rien dans nos civilisations modernes qui soit comparable, en termes d’importance à [l’inflation]. Les bouleversements causés par les inflations sont si profonds que les gens préfèrent les taire et les dissimuler”. – Elias Canetti, Masse et puissance
Que va faire le Dow, à présent ? Aucune idée. Il se dégage cependant de tout cela un tableau vertigineux : quoi que fasse le Dow… peu importe ce que nous disent les gros titres ou les sondages… le cycle, en profondeur, est à la baisse. Il l’est depuis 1999.
Rendez-vous avec le destin
Il se poursuivra probablement jusqu’à atteindre enfin son rendez-vous avec le destin – c’est-à-dire lorsque la crainte règnera partout… et que l’espoir, l’optimisme et la confiance en l’avenir seront écrasés à des planchers historiques.
Nous saurons que ce moment est arrivé en regardant notre jauge avidité/crainte, qui mesure la relation entre les prix des actions et l’or. Les gens investissent dans les actions lorsqu’ils pensent que tout va très bien, madame la Marquise (avidité). Ils se tournent vers l’or lorsqu’ils craignent que tout n’aille pas si bien, monsieur le Marquis (crainte).
Lorsque la jauge avidité/crainte passe sous le cinq (lorsqu’on peut acheter toutes les actions du Dow pour moins de cinq onces d’or)… le point d’anxiété maximum est proche.
À ce moment-là, on pourra acheter quasiment toutes les actions que l’on veut pour environ un quart (nous parlons là en termes d’argent réel… mesuré en or) de ce que l’on paie actuellement.
Et les obligations ? Ne soyez pas surpris en découvrant que la plupart d’entre elles n’auront plus aucune valeur à ce moment-là.
C’est ce que l’inflation fait aux obligations : des ravages.
Il n’y a pas d’inflation, et autres idées fausses
Vous protestez sans doute en lisant ces lignes : « il n’y a pas d’inflation. » Ou peut-être pensez-vous que « l’inflation n’est pas une menace. » Ou encore qu’« un peu d’inflation est une bonne chose. »
Si c’est le cas, vous vous trompez. L’inflation a déjà infligé des milliers de milliards de dollars de dommages à l’économie américaine. Et si le tableau que nous dressons est juste… ce n’est qu’un début.
Alors regardons comment cela fonctionne.
L’inflation fait allusion à une augmentation de la masse monétaire. Les gens utilisent familièrement ce terme pour décrire l’augmentation des prix à la consommation. Toutefois, gonfler la masse monétaire ne fait pas nécessairement grimper les prix à la consommation. Tout dépend où va l’argent et comment il y parvient.
Suite à chacun des deux éclatements de bulle de ce siècle, les autorités ont décidé de « stimuler » l’économie avec de la fausse monnaie.
L’idée tout entière était cinglée dès le départ. La fausse monnaie (de l’argent que personne n’a gagné ou épargné) ne peut jamais produire de croissance réelle.
Le choix des autorités
En 2008, les autorités avaient un choix.
Si elles voulaient stimuler l’économie, elles pouvaient utiliser la politique monétaire (abaisser les taux d’intérêts… et utiliser le quantitative easing (QE) pour acheter des obligations).
[En achetant des obligations, la Fed contraint les rendements et les taux d’intérêts à baisser dans toute l’économie. En théorie, cela mènerait à plus de dépenses et d’investissements.]
Ou bien elles pouvaient utiliser la politique budgétaire. Au lieu d’acheter des obligations, par exemple, elles auraient pu prendre leur programme de QE à 3600 milliards de dollars et l’utiliser pour envoyer un chèque de crédit d’impôts aux contribuables. Chaque contribuable aurait pu toucher 27 000 dollars environ, non-imposables évidemment.
Ou bien encore, au lieu de gaspiller l’argent dans des guerres, des subventions aux compères ou des allocations aux zombies ces 10 dernières années, les autorités auraient pu répartir les 11 000 milliards de dollars de déficits. Cela aurait représenté environ 85 000 dollars supplémentaires pour chaque contribuable américain. Une sacrée relance !
L’argent aurait quasi immédiatement été dépensé en biens de consommation. L’économie aurait connu un boom.
L’inflation ou la mort ?
Évidemment, ce boom aurait lui aussi été factice. Il se serait arrêté dès la fausse monnaie épuisée.
Telle est l’idée du dicton de Richard Russell : l’inflation ou la mort. Une fois qu’on a déclenché un boom de fausse monnaie, on ne peut le faire durer qu’en lui donnant plus de fausse monnaie. Sinon, il meurt.
Lorsqu’on injecte de l’argent dans l’économie par le biais du canal monétaire, on augmente les prix des actions, des obligations et de l’immobilier. Lorsqu’on le fait par le biais du canal budgétaire, les prix à la consommation augmentent. Généralement, ils commencent par augmenter lentement… puis ils augmentent rapidement.
Ensuite, soit on « fait un Volcker » – c’est-à-dire que l’on devance l’inflation en resserrant radicalement le crédit (l’ancien président de la Fed Paul Volcker a mis le taux directeur jusqu’à 20 % en 1980)…
… Soit on laisse l’inflation courir.
En 2008, alors que l’inflation atteignait les 5,6 % et que les fed funds rates approchaient des 4 %, les autorités ont choisi la voie monétaire : l’inflation. Mais elles ont ainsi gonflé l’économie financière de Wall Street, non l’économie de consommation réelle.
La vraie signification de la décision de Jerome Powell
Toutefois, la règle de « l’inflation ou la mort » s’applique encore. La seule manière pour les autorités de faire durer le boom financier, c’est de créer encore plus d’inflation. Telle est la vraie signification de la volte-face de la Fed. Le président de la Fed, Jerome Powell, a fait une pause dans son programme de hausse des taux et envisage désormais de nouvelles baisses.
La Fed doit gonfler le secteur financier avec davantage de crédit bon marché, sans quoi le boom mourra.
Volcker avait fait son choix : il avait décidé de tuer lui-même le boom factice. Ainsi, alors que l’inflation se résorbait, un véritable boom pouvait commencer.
À présent, Powell a lui aussi fait son choix. Il ne va pas faire un Volcker. Il a préféré une augmentation de l’inflation.
D’abord, la Fed tentera de gonfler plus encore les marchés financiers. Lorsque cela échouera, elle gonflera aussi l’économie de consommation – finançant des déficits de plus en plus profonds avec de plus en plus d’argent factice.
Les États-Unis sont en route… vers le Venezuela… l’Argentine… et l’Enfer. Youpi !
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Pour plus d’informations, c’est ici
Tout de même comparer l’avenir des USA avec le Vénézuela ou l’Argentine c’est aller un peu vite en besogne.
Et il me semble que l’augmentation récente de l’or tient plus de la guerre commerciale et des tensions avec l’Iran que du fait monétaire.
L’appétence de l’auteur pour l’or gâche sa prose. Pourtant, dans cette situation d’hyperinflation de tous les actifs, l’or n’échappera pas au même sort.
Voudrait-il dire qu’il est encore trop tôt pour entrer sur les marchés action avec l’or que l’on a thésaurisé, mais que ce moment approche?
@indivisible
La solution « douce »de l’inflation peut être une solution pour freiner les dettes abyssales qui ne peuvent être ignorées.
Le cas de l’hyper inflation au moment de la république de Weimar est bien là pour rappeler les dangers d’une inflation galopante!
Oui mais voilà, le taux doit être proche de 0%.