Accord Union Européenne – Mercosur : défendre le libre-échange

La France ne doit pas céder à la tentation protectionniste.

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Accord Union Européenne – Mercosur : défendre le libre-échange

Publié le 13 août 2019
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Par Laurence Daziano.
Un article de Trop Libre

En 1930, le président Herbert Hoover avait lancé la course au protectionnisme et aux dévaluations dans la foulée de la crise financière qui déboucha sur le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Toutes proportions gardées, Donald Trump renoue avec le même mécanisme économique en sapant les fondements de l’OMC, remettant en cause les accords commerciaux conclus et relevant les droits de douane de l’ensemble de ses partenaires, le tout sur fond de montée des tensions politiques avec la Russie, l’Iran et la Chine.

La guerre commerciale est désormais enclenchée avec des conséquences majeures pour l’équilibre économique, commercial et monétaire mondial. Or, le déficit extérieur américain ne pourra pas être résorbé puisque l’origine profonde ressort de l’insuffisante épargne des ménages américains.

Dans ce contexte, une série d’accords commerciaux conclus par l’Union européenne a récemment été mise en lumière : débat au Parlement français sur la ratification de l’accord CETA (UE – Canada), signature de l’accord de libre-échange UE – Vietnam et conclusion de l’accord entre l’UE et le Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay), après vingt ans de négociation. Ce dernier a été le plus critiqué, notamment par les agriculteurs français qui accusent la Commission d’avoir ouvert les frontières à des produits agricoles sud-américains ne répondant pas aux exigences des normes européennes. Sous l’effet de la politique commerciale de Donald Trump, plusieurs voix se sont même élevées dans le débat politique européen pour réclamer une certaine dose de protectionnisme et ne pas ratifier les accords conclus par une Commission en fin de mandat.

Puissance de négociation. La conclusion d’un accord commercial est le résultat d’un compromis qui obéit à des concessions réciproques. Si les Sud-américains ont obtenu de pouvoir exporter davantage de produits agricoles en Europe, la Commission a obtenu un meilleur accès aux marchés automobiles et aux marchés publics.

L’UE a obtenu d’augmenter sensiblement les exportations laitières, de vins et spiritueux. L’accord permet de protéger les indications géographiques protégées et consacre un paragraphe sur le respect de l’Accord de Paris sur le climat. Ce point est majeur car il permet d’ancrer le Brésil dans l’accord, alors que Donald Trump escomptait rallier Jair Bolsonaro, le président brésilien, à sa remise en cause.

À l’heure où Washington et Pékin ont engagé une guerre commerciale globale, l’UE doit s’affirmer comme la puissance de négociation des traités commerciaux du XXIe siècle, élargis aux services, aux normes sociales et sanitaires, à la protection des investissements et au climat.

La France ne doit pas céder à la tentation protectionniste, notamment la droite française. Le retour de la croissance en France ne viendra pas d’un regain protectionniste, mais du redressement de notre appareil productif, ce qui nécessite l’amélioration de la productivité du travail, le financement des investissements et le soutien à l’innovation. Il serait temps pour les dirigeants politiques européens de défendre un libre-échange équilibré, offensif et conforme à leurs intérêts, sans céder aux sirènes du protectionnisme.

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  • Sur le volet agricole, il est à noter que l’Espagne (ainsi que le Portugal) est désormais favorable aux accords du Mercosur.
    Cela se comprend quand on voit que l’Espagne a fortement amélioré sa productivité en agriculture et considère sans doute qu’elle est apte à pouvoir affronter la concurrence.
    Chose que la France n’a pas su ou voulu faire pour de multiples raisons qui ont déjà été débattues ici. Ce qui peut expliquer la position française de tentation du protectionnisme.

  • Mélanger climat et libre-échange n’a pas de sens ! Le libre-échange consacre l’intérêt matériel commun aux deux parties, comme tout échange volontaire. Le climat consacre la volonté de faire passer des questions idéologiques avant les intérêts matériels avérés. C’est mettre le ver dans le fruit avant de l’exposer sur l’étal.

    • D’autant que soumettre l’autre partie à ces accords (ce dont en réalité on se f…) a dû avoir des contreparties qui sont pénalisantes pour l’Europe. Ça s’appelle échanger de l’or contre du papier….

  • « l’UE doit s’affirmer comme la puissance de négociation des traités commerciaux du XXIe siècle, élargis aux services, aux normes sociales et sanitaires, à la protection des investissements et au climat. »

    Tout est dit:
    Encore plus de social, plus de normes, plus de taxes, plus de socialisme vert, plus de « libre échange » avec des subventions, quel beau programme !

  • En tout cas le libre echange est toujours positif pour les consommateurs et les producteurs..et la conccurrence est toujours bonne pour ameliorer les processus de fabrication….sans oublier l’handicap du transport ,petit bonus pour le local.
    Mais on aura toujours pas de la bonne viande aux hormones ,qui rend malade personne dans ces pays ni du bon poulet au chlore vous empechant les desordres gastriques….

    • Non, la concurrence n’est pas toujours bonne, en particulier quand elle est faussée (passe-droits, connivences diverses…)

  • L’anti-trumplsme rend à première vue l’escroquerie écologiste tout à fait acceptable même pour des gens à priori intelligents. Mélanger les intérêts économiques et l’accord de Paris qui est la route directe vers la faillite européenne me laisse pour le moins perplexe….

    • @pabizou : Exact. La remise en question par Trump de « l’Accord de Paris sur le climat » est une excellente chose. Critiquer Trump ou Bolsonaro pour leur septicisme envers certains écolos, alors qu’ils pourraient être critiqués pour tant d’autres choses, est vraiment la pire connerie à faire.

  • Dans un monde vraiment libre on n’aurait pas besoin de négocier des accords commerciaux. Il suffirait de garantir le liberté des échanges pour le plus grand bien des consommateurs.
    Et on laisserait le climat à la nature, se contentant de s’adapter à ses variations.

    • Le mot « libre » (ou liberté) est parfois un leurre pour s’affranchir de ce qu’il est censé signifier.
      Après la guerre, les Américains ont financé, à travers le Congrès pour la liberté de la Culture, de multiples instances éducatives et culturelles. Le but, non affiche, était d’imposer l’ « American way of life » en Europe…

      • Le but, sans lequel les USA auraient eu du mal à trouver les fonds, n’était pas d’imposer l’American way of life, mais d’écarter le Russian way of life de ceux qui pouvaient être des partenaires commerciaux. Le succès de l’opération a été mitigé, je le reconnais.

        • Dans la mesure où l’un des axes de la politique americaine était d’empêcher tout rapprochement entre l’Europe occidentale et la Russie, ce sont les deux faces de la même politique. Sur le fond, ce n’est pas très différent maintenant.

  •  » En 1930, le président Herbert Hoover avait lancé la course au protectionnisme et aux dévaluations dans la foulée de la crise financière qui déboucha sur le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.  »
    La seconde guerre mondiale a bien d’autres causes, et les crises financières et économiques ne viennent pas de nulle part…
    D’autre part, ces accords de libre-échange (bien mal nommés), fruit de longues négociations, sont de l’ordre de la macroéconomie et servent les intérêts de grandes entreprises. Ils font peu de cas de la microéconomie et des possibilités d’adaptation des hommes.
    Enfin, concernant l’agriculture, ce n’est pas le protectionisme qu’il faut défendre mais les moyens qui permettent d’assurer éventellement l’autosuffisance alimentaire. De graves conflits ont toujours possibles.

  • « les agriculteurs français accusent la Commission d’avoir ouvert les frontières à des produits agricoles sud-américains ne répondant pas aux exigences des normes européennes. »


    C’est ce qu’on appelle en anglais « crabs in a bucket mentality » (la mentalité des crabes dans un seau) : lorsque des crabes sont piégés dans un seau, et qu’un des crabes s’élève pour s’échapper du seau, il est retenu et redescendu dans le fond par les autres crabes. Donc, au final, tous les crabes restent piégés dans le seau.

    Traduction: l’absence de normes européennes trop contraignantes permet aux agriculteurs sud-américains de s’élever pour s’échapper d’une situation difficile, tandis que la présence de normes européennes trop contraignantes empêche aux agriculteurs français de s’élever.
    Face à cette situation, les agriculteurs français ont l’option de remettre en cause les normes européennes, mais beaucoup d’entre-eux préfèrent faire en sorte qu’elles soient imposées aux agriculteurs sud-américains, ce qui aura pour conséquence de retenir ces derniers dans une situation difficile. Donc, au final, tout le monde, les français comme les sud-américains, resteront dans une situation difficile.

    • Les normes européennes, bien souvent sur-transposées en France. Ensuite, le politique français auront tout loisir de reporter la faute sur l’Europe.

  • Pourquoi vouloir un traité d’échange sur des produits que nous avons déjà et dont le seul soucis est son coût (même si le boeuf argentin est excellent) ? Déjà qu’il y a des divergences entre les pays de l’Europe (bloc est/ouest) sur le sujet, il faudrait déjà légiférer là dessus avant de s’en rajouter une couche non ?
    On nous rabâche à longueur de journée qu’il faut sauver la planête et éviter la surproduction, blablabla, et là on veut se faire un traité qui va faire produire plus les pays d’amérique du sud… Encore une belle cohérence de nos politiques…

    • Oui mais en enrichissant les pays du sud ..on peut doper les ventes de produits de luxe ,les pates premier prix n’interessent pas nos amateurs de homards

      • Exactement ! Que le consommateur puisse obtenir son produit du plus apte à le fournir au meilleur prix, et vendre à son fournisseur en échange ce que lui parvient à produire au meilleur prix. Evidemment, ça demande à chacun de se consacrer à ce qu’il parvient à bien faire pour pas cher, et certains préféreraient ne pas trop se fatiguer et vendre cher ce qu’ils font mal, tant pis pour leurs consommateurs…

      • Au bout du bout, si cela fonctionne, il y a une interdépendance totale entre les pays, ainsi qu’un alignement des législations sur ce qui est le moins coûteux.
        La question de fond est politique et démocratique: est-ce que les peuples veulent que des pans entiers d’activité disparaissent de leur territoire (avec les savoir-faire)? Veulent-ils que la décision politique soit finalement transférée aux puissances économiques? Leur demande-t-on leur avis?
        Et enfin: l’homme doit-il être considéré seulement comme un consommateur?

  • « redressement de notre appareil productif, ce qui nécessite l’amélioration de la productivité du travail, le financement des investissements et le soutien à l’innovation » Une conclusion qui me laisse dubitatif…
    La productivité des entreprises françaises est bonne; quant au financement des investissements et soutien à l’innovation et bien il suffirait de baisser les taxes sur les entreprises plutôt que de laisser à des fonctionnaires et politiques éparpiller des subventions à leur bon vouloir et avec bien sur tous les petits avantages entre amis…

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