Capitalisme : les quatre grandes erreurs de Bruno Le Maire

Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, prend position vis-à-vis du capitalisme. Débriefing en quatre points.

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Bruno Le Maire UMP Photos (Creative Commons)

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Capitalisme : les quatre grandes erreurs de Bruno Le Maire

Publié le 10 août 2019
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Par Nicolas Lecaussin.

Un article de IREF Europe

Dans une interview accordée au magazine Le Point (24 juillet), le ministre Bruno Le Maire affirme que « le capitalisme que nous avons connu au XXe siècle est dans une impasse ». Selon lui, « le capitalisme ne peut plus se donner comme seul objectif de générer du profit. Il doit avoir un sens politique et social. Il a conduit à la destruction des ressources naturelles, à la croissance des inégalités et à la montée des régimes autoritaires. Entre le capitalisme financier américain et le capitalisme d’État chinois, nous devons définir un capitalisme européen durable et responsable ». Ces deux adjectifs – « durable et responsable » — sont utilisés par tous les politiques français pour absolument tout et n’importe quoi, des couches-culottes à la production de l’énergie. On sait maintenant qu’il s’agit de l’assurance qu’aucune réforme importante ne sera faite. C’est le cas en particulier avec notre ministre de l’Économie. Au lieu de réformer l’économie française, baisser les impôts, les taxes et supprimer les réglementations, il veut changer le capitalisme mondial ! M. le Maire se trompe de cible et ses affirmations sont erronées.


1. En pseudo-marxiste, le ministre s’en prend au profit. Marx faisait le lien entre la lutte des classes et le profit, considérant que celui-ci est un instrument d’exploitation dans les mains de la bourgeoisie. Or, l’histoire du capitalisme a montré exactement le contraire : le profit capitalistique a créé les richesses qui ont sorti les masses de la pauvreté. S’en prendre au « capitalisme du XXe siècle » est non seulement cautionner une attitude gauchiste et idéologiquement très dangereuse mais aussi faire preuve de mépris à l’égard d’un monde qui s’est développé comme jamais dans l’histoire. À aucune autre période de l’humanité, nous n’avons été aussi riches et aussi bien portants. Et cela grâce au capitalisme et au profit.


2. Contrairement à ce que soutient M. Le Maire, les inégalités dans le monde baissent. Il en subsiste, il est vrai, d’importantes dans des autocraties comme la Russie et la Chine, ou dans des pays encore en développement comme l’Inde. Mais globalement, dans le monde, elles se réduisent, tout comme la pauvreté. Selon un rapport de la Banque mondiale, « les inégalités dans le monde sont en recul constant depuis 1990 et, bien souvent, les inégalités au sein de la population d’un même pays refluent depuis 2008 ». Toujours selon la Banque mondiale, désormais 800 millions de personnes ne disposent que de moins de 1,90 dollar par jour pour vivre, contre 1,95 milliard en 1990, alors même que la population de la planète a augmenté de 50% sur la même période. M. Le Maire devrait aussi regarder les dernières données concernant l’économie américaine qui montrent que les grands gagnants (hausse des salaires, nombre d’emplois, etc.) des réformes depuis 2016 sont, non les 1 % les plus riches, mais… les 99 % de la population restants !


3. Le capitalisme n’a pas conduit à la destruction des ressources naturelles. Au contraire. Grâce à l’innovation, de nouvelles ressources sont découvertes et de nouveaux moyens pour les extraire sont utilisés. En fait, les ressources naturelles n’ont jamais été aussi abondantes. L’exploitation du gaz et du pétrole de schiste a complètement bouleversé la donne. Au début de l’année 2018, les États-Unis avaient déjà dépassé l’Arabie saoudite et la Russie en production de pétrole, ils sont donc devenus les premiers producteurs au monde. Alors que, dans les années 1970, tout le monde craignait les humeurs des 15 membres de l’OPEC, aujourd’hui, l’Amérique est en train de briser leur domination et de s’en passer complètement. Au lieu de blâmer le capitalisme et assener des contre-vérités, M. Le Maire devrait accorder à la France la possibilité d’exploiter ses ressources en gaz et pétrole de schiste. Car dans notre pays, même la recherche est interdite !


4. Non, contrairement à ce que soutient le ministre, les régimes autoritaires ne sont pas plus nombreux aujourd’hui. En 1989, moins de 50 % de la population mondiale vivait dans des pays démocratiques contre deux tiers maintenant. Il n’y a pas plus de guerres meurtrières : on comptait en 2017 deux fois moins de morts causées par les guerres qu’au milieu des années 1980. Le mythe de l’augmentation des guerres dans le monde depuis la fin de l’URSS et du communisme est largement répandu en France et se base sur une fausse idée concernant la « stabilité » à l’époque des deux blocs d’avant 1989. En réalité, il y avait alors beaucoup plus de conflits. Ce constat erroné est également émis par l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin dans une tribune publiée par Le Figaro (29 juillet) et dans laquelle, en tant que président de l’organisation « Leaders pour la paix », il appelle à un « réveil des consciences alors que la guerre semble de retour dans nos sociétés modernes ». Le verbe « sembler » en dit beaucoup sur le caractère scientifique de cette organisation dont le siège est situé avenue Suffren…


Non, Monsieur le ministre, le capitalisme n’est pas dans une impasse. Ce n’est pas en taxant les GAFA que vous allez le « changer ». Réformez l’économie française et, vous verrez, le capitalisme va nous enrichir encore plus.

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  • on voit bien ou mènent les convictions versus l’opportunisme des carrières politiques…le gaullisme a fait une belle place aux valeurs communistes le pouvoir était en jeu..là c’est pareil
    on est plus a une trahison prés pour faire partie des happy few ..
    La déliquescence de la 5 eme republique n’est plus a démontrer

  • Ce n’est pas taxant les gafa que………..en effet mais cela rajoute du beurre dans les épinards de mr lemaire, des homards chez derugy et peut etre le chauffage de la piscine provisoire d’un president qui n’aime pas la piscine mais …

  • Monsieur Le Maire est un Monsieur très satisfait…de lui même. Je ne pense pas que Monsieur Le Maire, pur produit technocrate français, ait jamais travaillé dans une entreprise. Monsieur Le Maire adore son pouvoir : il veut laisser une trace dans l’histoire et il en laissera une : le ministre les plus incompétent des années 2010. Quand à son image, elle est d’autant plus ridicule ! Monsieur se pavane, inondé de suffisance ! J’ai adoré la réaction d’Amazon à sa taxe GAFA. Mais c’est mauvais pour les français !
    Bref, Monsieur Le Maire me fait penser à la baronne de Jacques Brel qui allait à Varsovie !
    Dégagez le, vite ! Dire que j’ai voté UMP pendant 20 ans ! Quelle horreur !

  • La baisse des inégalités et ou la baisse du nombre de pauvres extrêmes ne seraient-elles pas dues plutôt à l’appauvrissement des classes moyennes? Ce qui fait que les pauvres pas encore extrêmes sont et seront plus nombreux!

    • les calculs se font sur des moyennes , çà permet de cacher la merde au chat

    • Non. Quand on parle de « pauvres extrêmes » au niveau mondial on ne parle pas du chômeur français propriétaire de son pavillon en zone industrielle sinistrée. On parle du paysan bengladais ou chinois qui survivait de débrouille et de troc avec moins de 1,90$/jour (définition de l’extrême pauvreté pour la Banque Mondiale).
      Pour ces gens-là (ils sont encore environ 800 millions dans le monde, principalement dans les zones de guerre), les pays occidentaux sont des paradis.

    • le problème est que les inégalités sont naturelles…

      on a le droit de se plaindre des injustices pas vraiment des inégalités.

  • La presse du XXème siècle a dévoyé la démocratie en un concours de blabla populiste: les politiciens aux manettes sont les vecteurs de ce scenario, il n’y a pas de raison que le ministre Lemaire fasse exception.

  • Le capitalisme a conduit « à la montée des régimes autoritaires » ? Heureusement, le communisme y a échappé, lui !
    Ce type me fait un malaise, avec son regard fourbe et ses manières de félon : il est bon à tout. Pas étonnant qu’il ait réussi ; enfin, jusqu’à ce jour.
    Et la tactique est toujours la même : à force d’assener des contre-vérités, elles finissent par être acceptées en tant que dogmes.
    Grâce au socialisme, il n’y aura bientôt plus de pays en voie de développement sur terre ; seulement des pays sous-développés – et fiers de l’être.

  • Je comprends comment il pense. Il dénonce sa propre politique en fait. Il déteste le capitalisme de connivence et voudrait du capitalisme « propre » Étatique. Hélas Mr le ministre l’Etat et les fonctionnaires ne produisent pas de richesses. Ils les consomment. C’est bien cette politique moite de socialisme mixé avec du capitalisme qui est l’origine de nos problèmes. Par contre comment va t’il payer son délire désormais ? Il faudrait faire un débat à la TV, hseize vs le maire ! Je payerais cher pour ça 😉

  • Appelez Le Maire a réformer ou pisser dans un violon…

  • La refondation du capitalisme alors qu’il n’y a jamais eu de fondation. Bruno Le maire / agrégation de lettres modernes devrait au moins produire l’acte de création. Mais sait-il de quoi il parle ?
    Enfin le capitalisme étant la propriété des moyens de production. Ceux-ci sont soit dans des mains privées ou étatiques (la France possède 1.800 participations dans des entreprises privées!) ou un mélange brouillon des deux.

  • Comment LE MAIRE peut-il parler du capitalisme sans avoir vécu une seule seconde en entreprise ? Ses connaissances livresques diffusées à Sciences PO. et à l’ENA en disent long sur ses expériences. Il est triste et inquiétant que le pouvoir en France soit détenu par des incompétents notoires seulement capable de faire de la démagogie et du populisme pour protéger « leurs petits intérêts privés ». A virer à coup de pied au derrière…

  • « Nous devons définir un capitalisme européen durable et responsable ».
    Phrase incroyable qui trahit son indécrottable socialisme.
    Comme si le capitalisme n’était pas européen, continent qui l’a inventé; durable, voilà plusieurs siècles qu’il existe, prospère et s’étend au monde entier; et responsable, ce qu’il est forcément puisque c’est le système de la liberté.
    Et dire que cet homme qui ne comprend pas le capitalisme est ministre de l’économie et des finances.
    Les entreprises, dont le « seul objectif est de générer du profit », doivent se battre contre lui en plus de subir la pression de la concurrence. Pas étonnant que certaines préfèrent se délocaliser.

    • Jacques, c’est Macron qui a mis un tel ignare économique à la tête de ce ministère qui est le seul fautif. Macron aurait trop à perdre de mettre un véritable économiste à ce poste. Le pantin n’y est pour rien.

  • Dans la primaire contre Fillon, Le Maire a été le plus mauvais de la classe ce n’est pas pour rien et ces électeurs l’avaient bien compris.
    Il est Ministre de l’Economie, simplement parce que Macron sait bien qu’il va pouvoir lui faire défendre n’importe qu’elle ineptie.
    Dans ces conditions le seul fautif du contre-emploi (pour nous) de Le Maire, c’est Macron et ce dernier ne fait rien pour nous mettre un véritable économiste à la tête de ce ministère, il aurait trop à perdre.

    • Macron a mis des potiches, c’est lui qui décide

    • Pierre, on n’a même pas besoin d’un « véritable économiste ». Il suffit d’un homme qui comprenne l’importance des libertés économiques. Qu’il se contente de débarrasser l’économie des réglementations et taxes excessives qui l’étouffent, et comme par miracle la prospérité viendra et il sera peut-être même réélu par une population reconnaissante. Mais, je suis d’accord, la prospérité n’est pas la priorité de Macron.

    • Cela amène une réflexion sur notre système démocratique: Le Maire qui a été largement désavoué par une proportion non négligeable de la population (2,4% de voix sur 4,5 millions de votants) à la primaire, se retrouve Ministre…

  • Le Maire est l’exemple typique de la tête bien pleine mais bien mal faite ; sans parler de l’inévitable déformation mentale générée tant par Sciences po (école de gauche anti-capitaliste bien connue) et l’ENA (école de l’étatisation bien connue), comment quelqu’un qui a fait sa thèse de l’Ecole Normale supérieure sur « la statuaire dans La Recherche du Temps Perdu » a-t-il pu un instant être considéré comme crédible sur le plan économique ? Sa nomination à ce poste par Macron est un grand pied de nez qu’on ignore.

  • Il est important de savoir de quoi on parle.
    Le capitalisme financier est de la prédation, ni plus, ni moins.
    M. Le Maire a raison de critiquer le capitalisme d’Etat chinois, mais qu’il en tire les conséquences: il ferait bien aussi d’alléger le poids de l’Etat dans l’économie française (l’Etat a des parts dans plus de 1300 entreprises).
    La critique des inégalités peut se défendre dans la même ligne que celle du capitalisme financier: leur ampleur est inédite si l’on inclut les 0,01% les plus riches. Sinon, en effet, les inégalités se sont réduites, et le niveau de vie global a augmenté.
    Pour finir, il est plaisant d’entendre un membre du gouvernement Macron parler des régimes autoritaires …

  • On a rarement vu un hypocrite et faux jeton pareil comme ministre. Un prétendu de droite faisant une politique socialiste!

  • C’est bien une des énigmes de nozélites à la française ,comment ces bêtes à concours as du thème et de l’équation qui réussissent des concours sélectifs sont ils si mauvais après?Gestion de carrière uniquement et chaises musicales attribuées grâce à leur rang de sortie dans un état ruiné et en déliquescence?

  • Le lieu d’où parle Bruno Lemaire annule ce qu’il dit. Peut-être veut-il parler de « capitalisme à visage humain » comme on parlait jadis de « socialisme à visage humain ». Le fait est qu’il y a des lois économiques qui se vengent quand on ne les respecte pas. La première de ces lois est que le profit engendré par la production ne peut être supérieur au montant des avances financières (acomptes sur dividendes et autofinancement des entreprises) distribuées par les détenteurs du capital. Si ces profits payés d’avance peuvent être reconstitués sur les marchés, tout ira bien. S’ils s’évaporent et disparaissent dans la nature, tout ira mal. Dans les lieux où ils s’expriment, ni Bruno Lemaire, ni ses adversaires, n’échappent au galimatias véhiculé dans le mainstream de l’idéologie dominante. Il faut changer de point de vue si l’on veut vraiment changer les choses.

  • Lemaire est comme tous ses prédécesseurs depuis au moins 40 ans: il se contente d’un discours de gauchisme mou, consensuel, infantilisant et qui permet de rester tranquillement assis dans son fauteuil, en d’éviter la question des (vraies) réformes. La France est toujours dirigée par des hauts-fonctionnaires (élus ou nommés) qui se contentent de ménager la chèvre et le chou, en attendant la prochaine élection.

  • C’est du marketing pour se donner une image verte. Du blah blah déconnecté de la réalité.
    Les éoliennes, panneaux solaires et matériaux d’isolation sont produits par l’industrie.

    Les politiques ont bien compris que l’écologie est un terme porteur.
    Le catastrophisme des médias alimente une hystérie collective propice à la manipulation des masses.
    La ficelle du rempart contre l’extrême droite commence à être usée. Le rempart contre la catastrophe climatique est un bon remplaçant.

  • il attaque la liberté économique en dénonçant le capitalisme de connivence…
    mais la notion de capitalisme ne veut sans doute pas dire grand chose.

  • Et la plus grande erreur d’entre toutes , c’est lui!!

  • Les commentaires sont fermés.

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