La descente aux enfers de la finance, de Georges Ugeux

Dans La descente aux enfers de la finance, Georges Ugeux remonte aux tenants et aboutissants de la crise financière de 2008 pour noter que pas grand-chose n’a changé dans l’univers de la finance.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La descente aux enfers de la finance, de Georges Ugeux

Publié le 4 mai 2019
- A +

Par Thierry Godefridi.

Préfacé par Jean-Claude Trichet, l’ancien président de la Banque centrale européenne (c’est du sérieux), La Descente aux enfers de la finance est le dernier livre de Georges Ugeux. Une relation financière m’en disait l’autre jour : « Oui, on connaît. La fin du monde est pour bientôt. À force de la prédire, Ugeux finira bien un jour par avoir raison ! » Ne faudrait-il pas s’en inquiéter ?

Dans La Descente aux enfers de la finance, Georges Ugeux, qui dispose de la double nationalité belge et américaine, fut vice-président du New York Stock Exchange, enseigne à l’école de droit de la Columbia University et a fondé une société de conseil, Galileo Global Advisers, remonte d’abord aux tenants et aboutissants de la crise financière de 2008 pour noter que pas grand-chose n’a changé dans l’univers de la finance, à savoir sa duplicité, les complicités et l’opacité dont cet univers profite – et pas seulement au figuré – au niveau le plus haut du pouvoir. Il écrit :

La finance est un terrain de jeux où les milliards sont parfois légitimes, parfois frauduleux, souvent dénués de toute colonne vertébrale sociale.

Il n’est pas le premier à le constater. John Kay, parmi d’autres, l’avait déjà observé dans un livre qui fit l’objet d’une autre recension Other People’s Money : Masters of the Universe or Servants of the People ?

La politique des banques centrales

Ce qui a changé par contre, c’est que les politiques monétaires d’assouplissement quantitatif menées par les principales banques centrales (États-Unis, Europe, Grande-Bretagne, Japon) ont transformé le paysage financier et considérablement accru le risque systémique de tsunami financier mondial. L’endettement des États, c’est-à-dire leurs obligations vis-à-vis de leurs créanciers publics et privés, s’élève à 63 000 milliards de dollars à travers le monde : un tiers pour les États-Unis, un tiers à parts égales pour l’Europe et le Japon, un tiers pour 126 autres pays.

Confrontées à la crise financière de 2008, les banques centrales ont pallié les lenteurs des processus de décision des pouvoirs publics et agi dans l’urgence pour éviter l’effondrement du système. Mais ce faisant elles ont mis le doigt dans un engrenage qui a entraîné la perte de leur indépendance vis-à-vis d’États dont elles ont, volens nolens, gorgé leurs bilans d’emprunts et encouragé l’indiscipline budgétaire des gouvernements. Les banques centrales font désormais « partie intégrante du triangle des Bermudes ».

Comment en sortir ? Nous voilà donc repartis pour un sauvetage du système bancaire sur le compte des contribuables ? Prenons le cas de la Banque centrale européenne. La confiance dont elle jouit repose sur son actionnariat, à savoir les 27-28 membres de l’Union européenne. Que se passerait-il si à la suite d’une crise de liquidité, d’une crise de crédit ou des deux, les banques faisaient l’objet d’appels de fonds et étaient amenées à retirer précipitamment les fonds qu’elles ont déposés auprès de la BCE ?

Taux négatifs

Comment l’épargne ne serait-elle pas mise à contribution, plus encore qu’elle ne l’est déjà au travers des taux artificiellement bas, voire négatifs ? « C’est, écrit Georges Ugeux, ce biais en faveur des emprunteurs qui constitue le cœur de l’accusation que je partage du comportement non éthique des banques centrales. Expropriation ou taxation déguisée, il s’agit de faire payer les épargnants pour favoriser les emprunteurs, et particulièrement nos États gloutons. »

Même le FMI s’en est inquiété, c’est tout dire !

Qu’après que leurs carrières les ont incidemment fait passer par la banque d’affaires Goldman Sachs, des Italiens ont occupé ou occupent des fonctions importantes dans les instances européennes et que le président Macron se montre aussi « européen » tandis que les dettes publiques de l’Italie et de la France s’élèvent respectivement à 2300 et à 2400 milliards d’euros, ne constituent peut-être pas des coïncidences.

Solidarité bien comprise commence par soi-même, laisse entendre Georges Ugeux, qui consacre deux chapitres aux situations de l’Italie et de la France, ces deux pays foncièrement nationalistes mais en panne de compétitivité et en plein déni de réalité, auxquels la politique d’assouplissement monétaire de la Banque centrale européenne a offert un répit inespéré ; sans toutefois avoir atteint les objectifs assignés en termes d’emploi et de croissance économique.

Que pouvons-nous faire à titre personnel ? « Comme individus, assurons-nous que nous sommes en mesure de faire face à une baisse importante de nos actifs et que notre endettement est à taux fixe et sur une longue durée », préconise Georges Ugeux, tant il est bien connu que la macro-économie, quel que soit le niveau d’érudition ou de pouvoir auquel elle s’exerce, ne s’intéresse guère à ce genre de détail méthodologique. Il vaut mieux y pourvoir soi-même. La Descente aux enfers de la finance vous aide à y réfléchir.

La Descente aux enfers de la finance, Georges Ugeux, 336 pages, Odile Jacob (mars 2019).

Sur le web

Voir les commentaires (4)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (4)
  • Je n’ y connais rien mais en France, les complices de la finance se trouvent plutôt à gauche puisque ce sont précidément eux qui ont une facheuse tendance à dépenser plus , donc emprunter plus pour finallement taxer plus pour de rembourser les créanciers. Quand Hollande à dit : « mon ennemi c’ est la finance », il nous aurait donc menti o : ))

    • Il se dit qu’à l’époque, un certain E.M. se serait rendu à la City avant le fameux discours pour prévenir qu’il ne fallait pas prendre cette phrase (électoraliste) au sérieux…

    • en effet , l’alliance objective de la gauche avec la finance fait du contribuable le cochon de payant obligé des capitaux internationaux

  • Un livre préfacé par JC Trichet, ce pitre qui monta les taux à 4,5% en Juillet 2008, ne peut être que frelaté.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Selon la croyance populaire, le prêt est une activité bancaire. On pense que les banques sont responsables de l'expansion du crédit. Mais est-ce bien le cas ?

Article original paru dans Mises Institute.

 

La signification du crédit

Prenons l'exemple d'un agriculteur, Joe, qui a produit deux kilogrammes de pommes de terre. Pour sa propre consommation, il a besoin d'un kilogramme, et il décide de prêter le reste pour un an à un agriculteur nommé Bob. Le kilogramme de pommes de terre non consommé qu'il accepte de prêter... Poursuivre la lecture

Les politiques monétaires des banques centrales constituent l'intervention gouvernementale la plus perverse. Leurs conséquences sont désastreuses, durent très longtemps et les gens ne les perçoivent pas comme des problèmes ou ne comprennent pas les dommages qu'elles causent. La politique monétaire (expansion monétaire et taux d'intérêt artificiellement bas) a cinq conséquences principales qui nuisent au niveau de vie général.

Article original paru dans Mises Institute.

 

Inflation des prix

C'est la conséquence la plu... Poursuivre la lecture

Les chiffres récemment publiés par Eurostat révèlent que la dette publique des 20 États membres de la zone euro a atteint le niveau record de 88,7 % du PIB, contre 88,2 % au trimestre précédent. Les spéculations selon lesquelles la Banque centrale européenne pourrait bien recommencer à réduire les taux d'intérêt, précisément pour tenter de limiter ces niveaux de dette publique, dans la pire tradition des républiques bananières, sont étroitement liées à ces chiffres. En fin de compte, ce sont les épargnants qui finissent par payer pour la poli... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles